Né de l’exploitation des recherches de Faraday par l’ingénieur belge Théo Vermeiren, le premier brevet d’un appareil magnétique date de 1946. La lecture de l’article écrit par M. Deren dans le numéro d’avril 1985 de la présente revue apporte un certain nombre d’éclaircissements sur le sujet.
Les études scientifiques réalisées à ce jour permettent de démontrer que le fait de faire circuler un fluide dans un champ magnétique provoque un déséquilibre des charges électrostatiques des ions contenus dans ce liquide. L’application sur l’eau donne les résultats suivants :
- — modification du temps de nucléation (temps nécessaire à la fabrication d’un germe critique susceptible de donner naissance à un cristal) ;
- — forte augmentation du nombre de germes de cristallisation des carbonates de calcium ;
- — modification du précipité ainsi obtenu après traitement (on relève 80 % d’aragonite et 20 % de calcite contre l’inverse avant traitement), ce qui permet d’obtenir un précipité beaucoup plus homogène de boues amorphes, non incrustantes et restant en suspension dans l’eau (au lieu de précipiter sous forme de tartre dur sur les surfaces d’échange et sur les tuyauteries). Les boues obtenues sont véhiculées par l’eau ou doivent être recueillies par purges périodiques dans les points bas des installations.
[Photo : Passage de l'eau dans l’appareil antitartre magnétique.]
Si, par le biais de cristallographies ou par la méthode de comptage des germes, il est aisé de vérifier ce résultat, le problème du traitement magnétique de l’eau vient essentiellement du manque d’irréversibilité de ce procédé. En effet, l’eau possède une certaine rémanence dont l’effet maximum de quarante-huit heures diminue graduellement jusqu’au huitième jour, la structure cristalline d’origine étant alors recouvrée. Cet effet disparaît beaucoup plus rapidement en cas d’aération de l’eau. D’autres précautions, comme le contrôle du choc thermique (non pas lié à la notion de température maximum de l’eau — contrairement à la notion généralement reçue — mais au pouvoir d’échange calorifique : on peut ainsi observer un choc thermique entre 17 et 21 degrés et ne pas en obtenir entre 15 et 120 degrés). Le dernier critère déterminant est le contrôle de débit des installations à protéger ; il est en effet indispensable de contrôler la vitesse du passage de l’eau dans l’entrefer du champ magnétique : une vitesse trop lente ou une vitesse excessive ne permettent pas une induction électrique satisfaisante et le résultat escompté n’est que partiellement atteint, phénomène d’autant plus sensible que le débit est faible. Les constructeurs admettent une tolérance de plus ou moins cinquante pour cent du débit initial des appareils : ainsi, un modèle de 14 litres/minute couvrira une fourchette de 7 à 28 litres/minute, même si ses caractéristiques hydrauliques lui permettent un débit de 46 litres.
Les appareils magnétiques antitartres
Les appareils à conditionnement électromagnétique par induction comportent essentiellement, pour le modèle de base utilisé à des débits de 0,6 à 200 l/min, un aimant permanent de forme circulaire dont l’entrefer comporte un rétrécissement (du genre Venturi) assurant une accélération de la vitesse de l’eau lors de son passage. Leur diamètre intérieur à l’admission varie, suivant les modèles, de 12 mm à 300 mm.
Les modèles Polar et Aqua-Dial sont basés sur le même principe, mais comportent des aimants du type coaxial. Aqua-Dial, plus récent (1976), a apporté des innovations importantes, l’aimant étant protégé par de l’acier inoxydable, ce qui résout les problèmes de corrosion, lui assurant ainsi une longévité accrue. Le plus petit modèle de la gamme comporte un préfiltre à tamis en inox, qui sert
[Photo : Schéma de l’appareil Aqua-Dial.]
également au réglage de l’induction magnétique et qui apporte une solution définitive au problème des faibles débits (0,6 à 28 l/min).
Le traitement physique de l’eau ne peut être présenté comme une découverte récente qui, miraculeusement, résoudrait instantanément tous les problèmes d’entartrage sans les inconvénients des procédés chimiques. Certes, le traitement physique n’est ni une panacée ni un « mouton à cinq pattes » (contrairement aux annonces de certains fabricants)...
Quel avenir est-il réservé à ce type de traitement ?
Présent sur le marché depuis quarante ans, le traitement physique de l’eau offre, à plus d’un titre, une alternative valable aux traitements par résines échangeuses et aux doseurs proportionnels : c’est avant tout un système très économique face aux coûts sans cesse croissants des frais d’entretien et des produits chimiques ou sels (il faut 1 kg de sel pour adoucir un m³ d’eau de 50 à 15 degrés TH). Ces appareils ne nécessitent en effet aucune alimentation électrique ni rejet à l’égout. Leur entretien est remarquablement simple, surtout s’ils sont précédés de filtres.
C’est de plus un système écologique : il n’entraîne pas de surconsommation d’eau due au cycle de régénération, ni utilisation de produits phosphatés (sources de nuisances pour l’environnement) ni de problèmes de rééquilibrage du pH comme avec l’eau adoucie ; il respecte les caractéristiques naturelles de l’eau.
Enfin, c’est un système qui entre dans le cadre de la directive européenne du 15 juillet 1980, laquelle demande que les eaux destinées à la consommation humaine aient un TH supérieur à 15 degrés et une teneur en sodium inférieure à 150 mg/l d’eau, ce qui ne permet plus d’abaisser de plus de 30 degrés le titre initial de l’eau.
Depuis quarante ans, le traitement physique de l’eau oppose ses adeptes et ses détracteurs, ceux-ci considérant qu’un procédé qui ne peut être mis en équations et dont les résultats varient d’une application à l’autre ne peut revendiquer une place d’honneur dans le traitement de l’eau. Les premiers, plus humblement, pensent que la science mettra un jour en évidence les limites de ce système...
[Photo : Un appareil de la gamme Aqua-Dial.]
En attendant, l’industrialisation permet à certains fabricants de produire annuellement plus de 20 000 conditionneurs à des coûts inférieurs à 800 F par m³/h de débit potentiel. En tout état de cause, quelle que soit l’installation protégée, on a pu constater que des appareils bien installés et bien dimensionnés permettent de lutter très efficacement contre les incrustations de tartre avec un faible prix de revient, tout en assurant un temps de retour rapide de l’investissement...
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