Your browser does not support JavaScript!

Le traitement, la valorisation et l'élimination des déchets industriels : une chaine de solutions

28 février 1984 Paru dans le N°80 à la page 58 ( mots)
Rédigé par : A.-f. ZECH

Société Tredi

L’industrie a depuis toujours été productrice de déchets et d’effluents qui sont composés soit de sous-produits de fabrication, soit d’agents de transformation usés et rejetés : par exemple les bains chimiques ou électrolytiques qui sont utilisés dans la préparation ou la fabrication des surfaces métalliques doivent être rejetés après un certain temps d’utilisation. Chaque industrie, chimique, pétrochimique, métallurgique (pour ne citer que quelques cas) connaît de tels exemples qui posent autant de problèmes d’environnement à résoudre.

La toxicité (ou la non-biodégradabilité) de ces déchets entraînerait des pollutions graves des rivières ou des nappes phréatiques, aussi depuis une dizaine d’années la réglementation française fait-elle obligation aux industriels produisant des déchets de ne pas les rejeter dans le milieu naturel sans traitement préalable.

C’est ainsi que la circulaire de juillet 1972 et la loi de 1975 fixent les modalités de ces rejets.

Cette situation a conduit la Société Tredi à mettre au point une chaîne de solutions, cinq centres, des unités mobiles d’intervention et des kits de traitement in situ, permettant en pratique de répondre à la plupart des problèmes de traitement des déchets industriels.

Les chaînes principales de solutions qui y sont utilisées sont les suivantes :

Destruction des déchets cyanurés

Les solutions cyanurées sont oxydées à l’état de gaz carbonique et d’azote ; les acides, les bases et les solutions détoxiquées de cyanures sont neutralisés et envoyés dans la chaîne d’insolubilisation des métaux lourds.

Traitement des solutions contenant du chrome hexavalent

Ces solutions sont réduites à l’état de chrome trivalent, nettement moins toxique. Les solutions déchromatées suivent alors un circuit identique aux solutions cyanurées, ce qui conduit à produire, après l’insolubilisation des métaux, une boue épaissie, décantée et transférée par pompe vers la lagune de séchage.

Insolubilisation des centres polluants (bassin de décapage, bains de galvanisation, etc.)

Cette chaîne d’insolubilisation conduit à neutraliser les polluants en utilisant les solutions de déchets acides et basiques. La boue produite, constituée de gypse et d’hydroxydes métalliques, suit le même circuit que précédemment et la phase liquide suit un traitement de finition (essentiellement au sulfure de sodium) pour éliminer les dernières traces de métaux lourds avant le rejet.

Solidification et mise en mine

Ce type de déchets, constitués principalement de sels de trempe, de déchets arsenicaux et mercuriels divers, sont solidifiés, mis en fûts, palettisés et transférés pour stockage en mines de sel.

Échangeur d’ions mobiles (EIM)

C’est une technique qui s’est beaucoup développée ces dernières années pour l’épuration des solutions diluées des polluants chez les industriels. L’EIM fonctionne comme un adoucisseur d’eau qui retiendrait non pas le calcium mais les polluants tels que Cr⁶⁺, CN, métaux lourds, etc. L’EIM se présente sous forme de cartouche, propriété de l’industriel qui, lorsqu’elles sont saturées, sont envoyées dans un centre Tredi pour être régénérées. Ce système comporte deux avantages principaux :

  • — le contrôle de la dépollution « chez et par » l’industriel ;
  • — le transport de déchets concentrés dans les cartouches (pas de transport inutile d’eau).

Incinération

Plusieurs types de fours sont utilisés (fours tournants, fours statiques) permettant la destruction de déchets liquides, pâteux ou solides (goudrons, peintures, résines, eaux phénolées, pâte d’impression, etc.). Des systèmes de captage des poussières (avec filtre à manche essentiellement) sont mis en place pour réduire aux normes en vigueur les rejets de poussières dans l’atmosphère. Un des fours utilisés permet par sa puissance calorifique et le lavage des gaz aval de détruire les PCB, les déchets chlorés et les pyralènes. C’est le seul centre français de ce type.

LES UNITÉS MOBILES D’INTERVENTION

Le procédé Petrifix *

Dans toute l’Europe et en particulier en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, il est possible de voir des monuments romains quasi intacts (lorsque leurs matériaux n’ont pas été utilisés localement). Du Panthéon au Pont du Gard, du port d’Ostie (près de Rome) à la « Cloaca maxima » (égout du VIᵉ siècle à Rome), ces structures témoignent de la technique romaine qui a su créer des pseudo-minéraux dont les propriétés sont proches de certaines roches naturelles.

On peut témoigner de l’existence de telles structures en certains endroits où les pierres ont été dégradées, alors que le mortier subsiste.

C’est la connaissance scientifique de ces matériaux et de ces structures qui ont bien supporté les siècles (les bétons romains sont basés sur une réaction pouzzolanique) qui a permis de mettre au point un procédé d’une fiabilité remarquable : le « Petrifix ».

Dans ce procédé, on mélange à la boue un ensemble de réactifs mettant en particulier en jeu une réaction pouzzolanique ; il se forme des silicates de calcium d’une composition particulièrement stable. La tobbermérite ou l’ettringite, pour ne citer que deux composés formés lors de la prise (appelée hydratation), sont des composés que l’on trouve dans la nature, ce qui est le signe d’une grande stabilité.

La formation de tous ces composés (silicates, aluminates…) provoque une consommation importante d’eau (32 molécules d’eau pour la formation d’ettringite par exemple). L’eau libre de la boue est transformée en « eau liée ». Au sens strict, il y a consommation de l’eau contenue dans la boue pour réaliser un produit solide. Par ailleurs, lors de la réaction des composés stables du Petrifix, il y a formation de produits de substitution ; par exemple, un atome d’aluminium peut être remplacé par un atome de chrome hexavalent.

On peut affirmer que ces phénomènes de substitution confèrent au Petrifix les qualités non pas des réactions d’enrobage, mais des réactions de fixation au niveau moléculaire. On trouve là les raisons de l’insolubilisation des toxiques (métaux lourds en particulier) constatée lors de la mise en œuvre du procédé. Nous donnons ci-après quelques résultats de tests de lixiviation officiels effectués sur divers types de boues que nous avons traitées de cette façon, ainsi que des tests de résistance.

TESTS MÉCANIQUES

Échantillon aux normes de l’industrie du béton, c’est-à-dire 4 cm × 4 cm × 16 cm : — résistance à la flexion : 15 b — résistance à la compression : 98 b

RÉSULTATS DE LIXIVIATIONS (TEST LOREC)

BOUES DE RAFFINERIE DE PÉTROLE — pH : 7,7 — 40 : 5,87 %

PROCÉDÉ PETRIFIX — SR TREO-1983

BOUES DE L’INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE (clivage très acide) — pH : 6,5 — 10,75 %

CaCeFeNiZnCuTotalTaPhang
Boues brutes :11059500170165016068150325050
Après 28 jours — eau de lixiviation :0000,4200,030,3993575
Boues pétrifiées — après 28 jours :000,17000,350,05070

Le traitement des boues de bacs, de lagunes, de marais se fait par l’utilisation d’une technologie montée sur véhicule (qui garantit sa mobilité) dont le matériel est décrit dans le schéma ci-dessous. On peut considérer cette unité mobile comme unique en Europe par sa capacité de traitement (1 000 t/j).

[Schéma : Schéma procédé Petrifix]

On obtient ainsi des résultats spectaculaires illustrés par des photos montrant le dépôt lagunaire de Noyelles-sous-Bellone (Nord), pollué par des goudrons sulfurés, avant et après traitement.

[Photo : La lagune de Noyelles-sous-Bellone. (On aperçoit au second plan l’unité mobile Pétrifix).]

(*) Ce procédé a été décrit de façon détaillée dans le n° 60 (décembre 1981) de la revue « L’EAU ET L’INDUSTRIE ».

[Photo : La lagune de Noyelles-sous-Bellonne... après traitement.]

LES UNITÉS DE FILTRATION ET DE SÉCHAGE

Ces unités mobiles sont capables d’effectuer sur place la déshydratation des déchets boueux, afin de pouvoir récupérer éventuellement le produit sec. L’unité mobile de filtration possède une capacité de déshydratation de 10 à 20 t/h d’un produit contenant 80 à 95 % d’eau. L’unité mobile de séchage possède une capacité de déshydratation de 3 à 5 t/h d’un produit contenant 40 à 45 % d’eau.

Ces unités sont particulièrement adaptées à la revalorisation des produits contenus dans les « gâteaux » de filtres ou les résidus de séchage.

LES KITS DE TRAITEMENT

Des unités Petrifix modulables sont intégrées dans la chaîne de production du déchet. Suivant le module choisi, la capacité de traitement unitaire des boues, mesurée à l’entrée, varie de 2 à 20 t/h. En continu, ces unités permettent d’évacuer les déchets boueux solidifiés et neutralisés, directement vers une zone à remblayer ou une revalorisation autre.

[Photo : KIT PETRIFIX – traitement de déchets liquides et boueux]

CONCLUSION

Notre société, spécialisée dans le traitement des déchets industriels, possède ainsi, pour l’ensemble des choix proposés à l’industriel, une solution adaptée au problème posé par l’évacuation ou l’élimination des déchets.

Son expérience, fondée au cours des années au cœur d’un groupe chimique, lui confère les références nécessaires pour contribuer à l’évolution de l’industrie de l’environnement dans des perspectives législatives et techniques qui s’avéreront de plus en plus contraignantes et rigoureuses.

[Photo : Une unité mobile de séchage]
[Publicité : S.A. pour l’Exploitation des Sables et Graviers de Loire]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements