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Le Gulf Stream au secours de l'abbaye de lona

30 mars 1984 Paru dans le N°81 à la page 57 ( mots)
[Figure : Figure 1]
[Photo : L’Église d’Écosse restaura l’église de l’abbaye de 1902 à 1910...]

L'île de Iona est située près de la côte ouest de l'Écosse et fait partie d'une série d’îles connues sous le nom de Inner Hebrides.

En 563, Saint Columba y fonda une communauté chrétienne qui, au cours des siècles, devint un centre important de la propagation du christianisme en Écosse. Les bâtiments de l’abbaye furent détruits à plusieurs occasions par les Vikings et ce ne fut qu’au XIIᵉ siècle qu’une communauté de Bénédictins s’y établit. Elle survécut jusqu'à la Réforme en 1560, date à laquelle tous les monastères furent détruits.

Les bâtiments demeurèrent en ruines jusqu’en 1899, quand le VIIIᵉ duc d’Argyll en fit don à l’Église d’Écosse qui restaura l'église de l'abbaye entre 1902 et 1910. La restauration du reste des bâtiments fut achevée par la Communauté de Iona de 1938 à 1966, sous la direction de l’architecte Ian Lindsay. Le cabinet Ian G. Lindsay et associés est toujours chargé de l’entretien et des réparations de l’abbaye qui, aujourd’hui, est ouverte au culte : elle est fréquentée aussi bien par le public que par les invités et les membres de la Communauté de Iona ; ces derniers sont logés dans les communs.

Comme les locaux de l’abbaye et de ses annexes restent frais durant l’été et deviennent très froids pendant l’hiver, il se produit fréquemment et avec persistance de la condensation sur les parois froides comme les statues de pierre, les murs, etc. Cette condensation, alliée à la forte humidité ambiante, détériore les surfaces et favorise la croissance des moisissures. Pour prévenir ces effets il convenait de maintenir le degré hygrométrique de l’air à un niveau convenable pendant toute l’année et de préférence en dessous de 70 %. À cette fin, il fut envisagé initialement d’installer deux systèmes dans l’abbaye et ses annexes pour maintenir ce niveau.

Une première étude conduisait à installer un système de chauffage destiné à porter pendant l’hiver la température intérieure des locaux à 6 °C au-dessus de la température extérieure dans l’abbaye et la plupart des autres bâtiments ; dans le reste des locaux, qui sont normalement occupés pendant cette période, le chauffage serait calculé pour obtenir des conditions de confort acceptables. Pendant l’été un procédé de déshydratation aurait fonctionné, mais seulement dans l'abbaye. Toutefois, un rapport ultérieur du Centre de recherches du bâtiment aurait fait ressortir que ce der-

nier n’était pas indispensable durant la période estivale, et de ce fait les choses restèrent en l'état.

Dans un deuxième temps, et comme Iona est une île absolument dépourvue de toutes sources d’énergie pouvant être utilisées pour le chauffage, une recherche de combustibles fut effectuée sur l’île voisine de Mull, compte tenu de la possibilité d’utiliser le bois et la tourbe qui y existent.

L’étude entreprise amena à conclure que la source d’énergie la plus appropriée était celle offerte par l’électricité qui pouvait être fournie par un câble venant du continent, via Mull. En effet, si l’électricité utilisée pour le chauffage conventionnel est une source d’énergie fort onéreuse, il n’en est pas de même lorsqu’on l’emploie pour faire fonctionner une pompe à chaleur ! Celle-ci a essentiellement pour objet de transférer l’énergie calorifique extraite d’une source à basse température comme l’air, le sol ou la mer, et de la rendre utilisable en obtenant une température plus élevée. On réchauffe ainsi un autre fluide, comme l’air ou l’eau, qui est alors utilisé dans divers types de chauffage. On peut citer comme rendement obtenu, celui d’une pompe à chaleur utilisant le cycle de réfrigération pour transférer l’énergie et qui produit approximativement 3,2 kW de chaleur utile pour 1 kW d’énergie électrique absorbée.

Dans le cas de Iona, le choix existait entre l’utilisation de l’air ou de l’eau de mer comme sources de basse température. Le principal inconvénient de l’air est que l’efficacité du système décroît au fur et à mesure que la température extérieure baisse, si bien qu’il est particulièrement peu rentable pendant les périodes de pointe du froid (au moment où les locaux doivent être particulièrement chauffés). Par contre, la mer représente une source de température relativement stable, spécialement dans cette région côtière qui bénéficie de l’influence du Gulf Stream, lui assurant une température variant de 7,5 °C en février à 14 °C en août, avec une moyenne annuelle de 10 °C.

[Figure : Figure 2]
[Photo : Un plaisant contraste]

Cette situation, à laquelle s’ajoutaient certains autres critères, rendait particulièrement séduisante l’idée d’installer une pompe à chaleur utilisant de l’eau de mer comme source froide, et cela encore plus lorsque le « Highlands and Islands Development Board » et le département « Énergie » de la C.E.E. décidèrent de subventionner à titre d’expérimentation le projet d’un procédé pouvant offrir un développement commercial potentiel.

La méthode la plus pratique pour chauffer les locaux étant d’utiliser un système classique de tuyaux et de radiateurs, l’eau chaude à basse température fut choisie comme fluide caloporteur.

La pompe à chaleur est maintenant en cours d’installation suivant le schéma de la figure 2 dans une chambre souterraine construite à proximité des locaux à chauffer. Une pompe submersible, installée dans la mer à 600 m de la pompe à chaleur, lui fournira l’eau et assurera son retour par des canalisations de 90 mm de diamètre en matière plastique. Des pompes installées dans les bâtiments assureront la circulation d’eau chaude dans les radiateurs ; celle-ci sera amenée à la température de 50 °C et renvoyée à la température de 42 °C après passage dans les radiateurs vers le circuit de recyclage.

Après que l’installation sera terminée et opérationnelle, les performances et l’efficacité de la pompe à chaleur seront étudiées sur une période suffisante pour apprécier la possibilité du développement commercial d’un tel procédé.

(Traduit d’une notice fournie par Comark Europe, International Communications Consultants).

R. G.

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