Le Danube a bien souffert ces derniers temps. Les conséquences de la guerre dans les Balkans, les pollutions aux métaux lourds et au cyanure de son affluent roumain la Tisza, les inondations qui ont causé plusieurs morts, toute une série d'événements dramatiques ont placé cette artère européenne sous les feux de l'actualité. Nous évoquerons successivement les pollutions consécutives à la guerre, l'aide de l'armée française pour la reconstruction, les pollutions de l'eau, les aménagements contestés (grands barrages), mais aussi le rôle irremplaçable des zones humides, la mobilisation institutionnelle et financière internationale ainsi que les progrès de Vivendi Water dans cette région.
The Danube: a roughly treated European artery
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Le Danube a bien souffert ces derniers temps. Les conséquences de la guerre dans les Balkans, les pollutions aux métaux lourds et au cyanure de son affluent roumain la Tisza, les inondations qui ont causé plusieurs morts, toute une série d’événements dramatiques ont placé cette artère européenne sous les feux de l’actualité.
Nous évoquerons successivement les pollutions consécutives à la guerre, l'aide de l’armée française pour la reconstruction, les pollutions de l'eau, les aménagements contestés (grands barrages), mais aussi le rôle irremplaçable des zones humides, la mobilisation institutionnelle et financière internationale ainsi que les progrès de Vivendi Water dans cette région.
The Danube has suffered greatly in recent times: the consequences of the war in the Balkans, heavy metal and cyanide pollution from its Romanian tributary, the Tisza, floods that have claimed numerous lives, a whole series of dramatic events that have kept this European artery in the headlines.
We shall be dealing successively with the various forms of pollution resulting from the war, French army assistance in reconstruction, water pollution, disputed civil engineering projects (major dams), and also the irreplaceable role of wetlands, international institutional and financial mobilisation and the progress achieved by Vivendi Water in this region.
On ne bombarde pas un pays pendant 80 jours sans laisser aussi des traces dans l’environnement. Les frappes aériennes engagées par l’Otan contre la Serbie du 24 mars au 10 juin 1999 ont provoqué, outre la destruction de vies humaines, de nombreux dégâts matériels. Il en a résulté de multiples pollutions de l'air, du sol et de l'eau dans toute la région.
Des ONG et des associations de défense de l'environnement, soutenues par les images télévisées de raffineries en feu, ont alors parlé de véritable « catastrophe écologique ». Les militaires alliés ont argué que leurs cibles avaient été sélectionnées avec beaucoup de précaution pour occasionner peu de « dommages collatéraux » et donc avoir un impact limité sur l'environnement.
Pour y voir clair, une soixantaine de scientifiques de 19 pays différents ont été dépêchés sur les lieux du drame après le conflit pour tenter de dresser un bilan objectif et neutre : la mission Balkans. Engagée conjointement par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le Centre des Nations Unies pour l’Habitat (CNUH), la BTF (Balkans Task Force) a enquêté de juillet à octobre 1999 sur les territoires affectés par les bombes. Elle a ensuite rendu un verdict en demi-teinte : « Le conflit du Kosovo n’a pas causé de catastrophe environnementale à l’échelle de la région des Balkans. Néanmoins, la pollution enregistrée sur certains sites est grave et constitue une menace pour la santé humaine ».
La BTF a identifié notamment quatre points noirs, Pancevo, Kragujevac, Novi Sad et Bor, qui demandent une action de décontamination immédiate si l’on veut éviter d’autres dommages sur la santé humaine et l'environnement.
Mais elle précise que, sur certains sites, une partie de la pollution préexistait au conflit, due au défaut de stockage et de traitement de déchets dangereux.
La BTF a émis une série de recommandations d’actions à engager plus ou moins rapidement sur ces points chauds par les autorités de Belgrade.
À Pancevo, par exemple, l’action la plus urgente doit concerner le canal, long de près de deux kilomètres, qui relie les eaux usées et pluviales d'un grand complexe industriel au Danube. La raffinerie de pétrole et l'usine pétrochimique de Pancevo étaient considérées par l’Otan comme des objectifs stratégiques majeurs en ce qu'elles fournissaient l’armée yougoslave. Elles furent copieusement arrosées de bombes. Résultat : des tonnes de pétrole, d’ammoniaque, de mercure et de produits chlorés se sont échappées du site industriel, polluant l'air, les sols et les eaux, et engorgeant le canal.
Il faut en premier lieu protéger tout l'environnement aquatique du Danube en isolant le canal, en le curant et en nettoyant ses rives et la végétation. Il faut également sécuriser et nettoyer le site en son entier.
Navigation sur le Danube interrompue
À Kragujevac, l’Otan cibla l'usine de construction automobile et d’armement Zastava, l'une des plus grosses installations industrielles de toute la région des Balkans. L’usine fournissait également différents produits et services, comme le chauffage pour une bonne partie de la ville.
Les bombardements causèrent la fuite de plusieurs tonnes de PCB, de dioxines et de métaux lourds qui se répandirent sur les sols et dans la Morava, un affluent du Danube.
L'usine, qui avait mis en place, juste avant la guerre, un système de management environnemental ISO 14000, a rapidement nettoyé les lieux. Mais les problèmes de stockage des déchets dangereux demeurent.
Après les attaques sur les transformateurs électriques de Belgrade, les autorités ont tenté pendant une semaine de pomper les 150 tonnes d'huiles de refroidissement (pyralène) particulièrement toxiques, qui s'étaient répandues dans les rivières voisines.
Avec 180 000 habitants, Novi Sad est la deuxième ville de l'ex-Yougoslavie. Elle fut lourdement frappée durant le conflit : raffinerie de pétrole (250 cuves dont les deux tiers furent détruits), ponts sur le Danube (qui faisaient également transiter des canalisations d'eau et de gaz), installations militaires, etc. Les menaces pèsent toujours sur l'eau potable dont les champs captants ont reçu de grosses quantités de pétrole et de produits chimiques.
Il faut ajouter à ces problèmes la rupture de la navigation sur le fleuve, qui prive les mariniers roumains, bulgares et ukrainiens d'une voie d'accès majeure vers le cœur de l'Union européenne. Le déblayage du lit du fleuve est d'ailleurs l'objet d'âpres négociations entre Slobodan Milosevic, le président yougoslave, qui tente d'arracher une aide internationale pour la reconstruction des 64 ponts détruits ou endommagés. Les experts ont estimé à environ 100 millions d'€ le coût des opérations de drainage et de reconstruction des ponts.
Or, la communauté internationale accepte seulement d'aider au nettoyage du Danube, pour des raisons humanitaires. Elle refuse d'aider à la reconstruction qui serait elle considérée comme une relance de l'économie. Ce qui serait contraire aux sanctions dont le pays fait toujours l'objet...
En attendant, 200 entreprises et 140 000 ouvriers ont travaillé pratiquement jour et nuit, pour des salaires plus que modiques (quand ils sont versés) à rebâtir ces ouvrages.
Enfin, à Bor, ce sont le dioxyde de soufre et les PCB, échappés de la mine de cuivre, de la fonderie et des transformateurs, qui ont causé la pollution.
* À l'exception de la Chine dont Milosevic a reçu une aide d'un montant de 30 millions de dollars.
With the exception of China, from whom Milosevic received 30 million dollars in aid.
Kosovo : l'armée française aide à rétablir l’eau
Un des premiers soucis d'ordre pratique des militaires français arrivés au Kosovo, juste à la fin du conflit, a été de maintenir ou de rétablir l'eau potable. Les villes et les principaux villages étaient couverts par un système d'approvisionnement géré par 22 compagnies d'eau différentes et 3 grosses entreprises (Batlava, Radonic et Gazivoda). Les frappes avaient surtout endommagé les canalisations. De nombreux puits étaient pollués. L’alimentation en eau était parfois réduite à deux heures par jour.
Les Kosovars d'origine albanaise, rentrés en 1999 après avoir été chassés par les Serbes en 1989, avaient perdu entre-temps beaucoup de leur savoir-faire et avaient peu de moyens. Les troupes françaises ont dû pallier ces lacunes. Entrant à Mitrovica, par exemple, elles purent en un week-end résoudre l'absence de chlore gazeux, en repérant et en allant chercher des bonbonnes stockées à Marseille. Avec l'appui de la Compagnie Générale des Eaux, les militaires ont réhabilité les stations de pompage et de traitement et remplacé les canalisations défectueuses. L'entreprise française, qui agissait ainsi dans le cadre de ses opérations humanitaires, a pu remporter l’appel d’offres organisé par l’ONU pour l'entretien du système d'eau de Mitrovica.
L'armée s'est également consacrée à l'organisation sanitaire des camps de réfugiés en Albanie (avec la CGE) et en Macédoine (avec Suez-Lyonnaise des Eaux). « Alors que dans d'autres camps, les toilettes n’étaient qu’un trou creusé dans le sol et entouré de tôles, explique un responsable des actions civilo-militaires (ACM), nous avons aménagé un équipement avec porte fermée, évacuation par siphon et système de rétention sommaire ».
Les ACM désignent les actions entreprises par les forces engagées sur un « théâtre » d'opérations permettant de « prendre en compte l'interaction entre ces forces et leur environnement civil ». L'une de leurs missions essentielles, concernant ce dernier, est le rétablissement de la vie normale. Elles font d’abord l'expertise des hommes, des institutions et des entreprises existants, s'efforcent de rétablir l'état de droit et contribuent à la restauration des services publics. L'eau étant, bien évidemment, avec l'électricité, l'une des grandes priorités.
L'an dernier a été créée, en liaison avec le cabinet du Premier ministre, une Mission interministérielle pour l'Europe du Sud-Est. Son but : jeter une passerelle entre l'armée et le monde des entreprises, des collectivités locales françaises et des ONG qui interviennent en matière d'aide humanitaire, de reconstruction et de développement dans la région des Balkans.
Elle contribue aussi à faire bénéficier les entreprises françaises des financements multilatéraux et européens mis en œuvre, assurant notamment la liaison avec les bailleurs de fonds bilatéraux et multinationaux, européens et du système onusien. Présidée par Roger Fauroux et créée pour une durée de six mois, elle a déjà été prolongée une fois et le sera en tant que de besoin. Après s'être d'abord concentrée sur le Kosovo, l'intervention de la Mission s'étend à l'Albanie, à la Macédoine et au territoire du Monténégro, ainsi que, le moment venu, à la Serbie.
« L'eau vient en quatrième position, à mon avis, dans l'ordre des priorités, note le colonel de Courtivron, chargé de mission. Elle vient après le développement des PME, celui de l'État de droit pour que les entreprises puissent travailler sans craindre les structures mafieuses et toutes les infrastructures de liaison (téléphone, routes, etc.). La région ne souffre pas de pénurie d'eau, bien au contraire. Les Balkans en regorgent dans leurs montagnes. Mais une grande quantité est simplement perdue. C'est seulement quand elle arrive dans les villes et les zones industrielles qu’elle connaît des problèmes de qualité et d'approvisionnement. À Tirana, on a estimé à près de 70 % le taux de fuites ! Une situation qui tient bien plus au mauvais entretien qu’à la guerre... »
L’enquête menée par les experts des Nations Unies a pointé les conséquences sur l'environnement, qui risquent de durer, de ces actions militaires : contaminations de l’eau potable et de la nourriture par les sols pollués, effets toxiques sur la santé humaine des radiations (reconnues par un porte-parole de l’Otan) et des substances toxiques, pollution des eaux et détérioration de l’environnement (décharges incontrôlées, coupe de bois de chauffage, etc.) dues aux déplacements de populations et aux camps de réfugiés, etc.
L'un des effets regrettables de cette guerre se niche aussi sur le plan institutionnel, occasionnant la rétrogradation des objectifs environnementaux. Les autorités vont donner en effet la priorité à la reconstruction des infrastructures et la protection de l’environnement viendra ensuite.
Le 27 janvier, les ministères de l'Environnement de huit pays de la région ont décidé de lancer un programme de reconstruction environnementale pour l’Europe du Sud-Est, sous l’égide du Pacte de stabilité qui régit la politique internationale dans les Balkans après la guerre.
truction des infrastructures. La protection de l'environnement passera après...
Le 27 janvier dernier, les ministères de l'environnement de huit pays de la région ont décidé le lancement d'un programme pour la reconstruction environnementale du sud-est de l'Europe, sous l’égide du Pacte de stabilité qui règle la politique internationale dans les Balkans à la suite de la guerre. Son secrétariat est assuré par le Centre environnemental régional pour l'Europe du centre et de l'est.
Cette ONG, baptisée REC en anglais, est basée à Budapest. Elle emploie une centaine de personnes, toutes dédiées à la résolution des problèmes d’environnement dans la région. Elle organise la coopération d’autres ONG, des gouvernements et des entreprises, en diffusant des informations et en encourageant la participation du public aux décisions touchant l’environnement. La France et les États-Unis, notamment, participent à son financement. Le REC dispose d'un budget, en 2000, d’environ 6 millions €.
L'Europe, par le biais de son Programme d'action environnementale, s'est également engagée dans le financement de ces opérations qui s'étendront du renforcement des institutions à la démocratisation des décisions, en passant par les bilans environnementaux et différents projets de réhabilitation et d’équipements.
« Si la responsabilité première pour le nettoyage de l'environnement incombe aux autorités yougoslaves, a expliqué Pekka Haavisto, président de la Balkan Task Force, la communauté internationale aidera à la restauration des sites pollués les plus dangereux. Il faut éviter des dommages supplémentaires sur les populations et l’environnement en Yougoslavie et plus largement dans les Balkans. »
Les zones humides, pièges à nutriments
Deuxième fleuve européen après la Volga, le Danube parcourt 13 pays au cœur de l’Europe centrale, sur 2 857 km. Son bassin hydrographique couvre 817 000 km² et comprend 300 affluents dont 30 sont navigables, les plus importants étant l'Inn, la Drava, la Tisza et la Sava. En son delta, le débit du fleuve varie de 1 610 m³/s à 15 540 m³/s.
Le Danube comporte d'importantes et nombreuses aires naturelles, dont le fameux delta classé « monument naturel » au patrimoine de l'humanité, au même titre que la forêt amazonienne et la Grande Barrière de corail. La biodiversité y est très riche avec quelque 180 espèces d’oiseaux, 100 de poissons et 2 000 de plantes. Malgré les protections dont ces zones bénéficient, plusieurs espèces sont menacées, comme l'aigle à courte queue, le pélican ou le castor.
Les problèmes les plus importants qui affectent l’écosystème du bassin sont les charges en azote et en phosphore, les modifications artificielles des cours du fleuve et de ses affluents ainsi que du régime d’écoulement des sédiments, la contamination par des substances toxiques et par des bactéries, l’eutrophisation.
Trois sources principales de pollution ont été recensées : les municipalités, dont les stations de traitement d'eau usées sont inadéquates ; l'industrie, qui épure peu ou pas du tout ses eaux de process et ses effluents, et traite rarement ses déchets solides contaminés ; l'agriculture, qui abuse de pesticides et de fertilisants et dont les pratiques laissent beaucoup à désirer sur le plan environnemental.
Poussés par les directives européennes et la Convention sur la protection du Danube, l'Allemagne et l'Autriche, aux sources du fleuve, ont investi près de 3 milliards d'€, entre 1994 et 1998, dans des usines d'épuration.
Malgré ces efforts, la charge polluante persiste. L’Allemagne participe à 12,3 % du total des charges azotées et 7,6 % du phosphore ; l'Autriche, respectivement à 13,9 % et 7,7 %.
Parmi les choix possibles envisagés pour réduire l’essentiel des charges polluantes arrivant en Mer Noire, les études de coûts-bénéfices effectuées par secteurs (municipal, industriel, agricole) ont montré un net avantage pour la restauration des zones humides comme piège à nutriments. Une formule peu coûteuse et naturellement efficace qui doit compléter les autres investissements prévus pour conduire les stations de traitement vers les standards européens.
La capacité auto-épuratoire du Danube et le rôle filtrant des marais et du delta sont de plus en plus considérés comme les principaux facteurs d’amélioration de la qualité des eaux du fleuve. Dans la section basse du Danube et à son embouchure, la qualité de l'eau s’améliore souvent. Par exemple, à Bazias, là où le Danube entre en territoire roumain, les taux de phosphates, silicates, détergents ou même de certains métaux lourds sont bien plus élevés qu’au moment où le
fleuve se déverse dans la Mer Noire...
Onze pays dans une Convention
Les problèmes de pollution se jouant des frontières, les différents acteurs concernés par le fleuve éprouvèrent le besoin de se concerter. La Convention sur la protection du Danube réunit aujourd'hui onze des treize pays traversés par le Danube. L'Ukraine ne l’a pas encore ratifiée et la Yougoslavie en est exclue. Pour l'application de ce texte, une Commission internationale a été créée, qui est opérationnelle depuis un an. Composée de huit personnes, cette structure vient de définir un nouveau plan jusqu’en 2005.
Selon Joachim Bendow, secrétaire exécutif de la CIPD, ce plan se décline en cinq priorités :
“Il faut d'abord consolider les législations des différents pays et mettre en place des mécanismes de contrôle. Ensuite, il faut assainir le système économique, changer le système socialiste en économie de marché, revoir les tarifs pour assurer la pérennité des services, installer des compteurs d'eau, par exemple. Puis, inciter les milieux industriels à prendre en compte les meilleures technologies disponibles et les meilleures pratiques environnementales. Quatrièmement, attirer les crédits qui attendent que toutes les conditions soient réunies. Enfin, appliquer pleinement les termes de la convention pour la protection du Danube.”
Concrètement, le plan d'action vise les buts suivants :
- Réduire les impacts négatifs des activités sur le bassin du Danube, sur ses écosystèmes riverains et sur la Mer Noire
- Maintenir ou améliorer la disponibilité et la qualité de l'eau
- Prévenir et contrôler les risques de pollutions dangereuses accidentelles
- Développer une gestion régionale et coopérative de l'eau.
Ce sont ces grandes lignes qui guident les investissements aidés par la communauté internationale. L’aide s'est accélérée avec le désir de ces pays de rejoindre l'Union européenne. Mais elle demeure insuffisante.
Une mobilisation financière insuffisante
Les différences de revenus entre les pays du Danube montrent clairement la nécessité d’aider financièrement les pays à accéder à l'Union européenne. Quand on regarde les revenus, on assiste à un déclin croissant depuis les pays de l’amont (Allemagne, Autriche), avec près de 25 000 € par an et par personne, vers les pays de l'aval où les Ukrainiens, par exemple, gagnent moins de 1 000 €.
JOCE n° L 342 du 12/12/97, Commission internationale pour la protection du Danube (CIPD).
Le fonds Ispa
L'objectif d'Ispa est la mise à niveau des infrastructures des PECO. Il pourra financer des projets dans deux secteurs : l'environnement (eau potable, traitement des eaux usées, gestion des déchets, pollution atmosphérique) et les transports (route, rail, aéroport). Pour la Commission européenne, comme pour les pays bénéficiaires, c'est le traitement des eaux usées qui constitue la première des priorités. Actuellement, c'est la direction E-Fonds de cohésion de la DG Politique régionale, à Bruxelles, qui assure la gestion opérationnelle d’Ispa. Mais il est probable qu'une direction préadhésion soit créée au sein de cette DG.
Les projets soutenus doivent atteindre au moins 5 millions d’€. Ils peuvent être financés à 75 %, voire, exceptionnellement, à 85 %.
L'Union européenne vient également de lancer le Pepa, projet d'environnement prioritaire pour l'adhésion.
Différents financements sont d’ores et déjà engagés pour aider à la réhabilitation de l'environnement dans ces pays :
- La Banque mondiale prépare, en relation avec le Programme des Nations Unies pour le développement et son Fonds global pour l’environnement (PNUD/FGE), un programme de 600 à 800 millions d’€ de prêts pour des projets d’assainissement pour les villes moyennes, la réforme de l'agriculture et la restauration des zones humides.
- Le PNUD/FGE va mettre dix millions d’€ dans un projet destiné à développer des stratégies pour réduire les sources de pollution et développer la gestion durable des ressources.
- La BERD va investir dans un programme comprenant 50 projets de réduction de la pollution dans les pays en transition.
- L'Union européenne est l'institution la plus généreuse. Dans le cadre du Pacte de stabilité, elle réserve environ 3 milliards d’€ pour les pays du Danube. Dans le cadre d’ISPA (instrument structurel de pré-adhésion), près d’un milliard et demi d’€ est programmé chaque année jusqu’en 2006, dont la moitié ira aux pays du Danube. Ceux-ci recevront également environ 1,8 milliard d’€, dans le cadre des fonds Sapard (accession), pour améliorer leur agriculture. Enfin, par exemple, gagnent moins de 1000 d'€.
Alexandre Zinke : “Préserver et mieux gérer les zones intactes“
Biogéographe, consultant international en environnement, Alexandre Zinke coordonne une équipe d'experts européens pour le management écologique et la restauration des zones humides de la Morava et de la Dyje, deux affluents du Danube à la biodiversité très riche. Cette action transfrontière (Tchéquie, Autriche, Slovaquie), particulièrement innovante dans son principe et ses méthodes, est soutenue par l'Union européenne (programme Phare). Ce programme fait partie d'une suite d'actions menées depuis 1990 par un ensemble de gouvernements, d’organismes financiers et d’ONG pour la protection de l'environnement dans le bassin du Danube. Il est accompagné par un programme Life en Autriche pour la réhabilitation des plaines alluviales.
- Comment jugez-vous la situation écologique du fleuve aujourd'hui?
- « Il y a encore beaucoup de points noirs, surtout dans les pays anciennement communistes. Cela dit, hors la pollution émise par les centres urbains, les industries et l’agriculture, la nature est mieux préservée que dans d'autres parties de l'Europe centrale. Les institutions, aujourd'hui, veulent préserver les zones encore intactes et s'efforcent de réduire les pollutions existantes. Les sources d’effluents polluants sont maintenant bien connues et de nombreux projets ont été montés. Malheureusement, les inventaires et les investissements réalisés n’ont pas été suivis de beaucoup d'effets. On sait beaucoup de choses sur la situation, sur les causes et les impacts des pollutions, sur les priorités à attaquer, mais les résultats concrets sont maigres. Les sommes promises par les organismes internationaux sont énormes, mais elles ne trouvent pas toujours des projets à la hauteur. Globalement, on peut dire que la situation s'améliore lentement, mais certainement plus du fait de la fermeture d'usines que de la réduction de la pollution produite. Hormis les points noirs qui durent aujourd'hui, la guerre dans la région a été un facteur d’amélioration de la qualité écologique : l'ex-Yougoslavie, la Croatie et la Bosnie polluent beaucoup moins qu’avant. La Roumanie et la Bulgarie sont en crise économique. Les investissements internationaux les boudent, à la différence de la Hongrie, de la Tchéquie et de la Slovaquie. »
Le programme Phare, autre programme de pré-adhésion, versera autour de 5 milliards d’€ à ces pays.
On estime à environ 7 milliards d’€ le total des engagements financiers européens en faveur de l'environnement, et particulièrement en matière d’eau et d’assainissement, dans les pays du Danube. En regard des 50 millions de personnes que comptent les pays du moyen et du bas Danube, l'investissement par habitant représente 36 € par an ou 250 € jusqu’en 2006.
Si ces sommes paraissent importantes à première vue, elles sont loin de satisfaire Joachim Bendow, qui anime la CIPD. « Si l'on compare, indique-t-il, les investissements consentis pour la protection des ressources et de l'environnement aux centaines de milliards dépensés par la Nasa, le programme MIR ou l’Agence européenne de l'espace, ils paraissent insignifiants. Ils montrent l'énorme écart qui réside entre les bonnes intentions affichées dans l'Agenda 21 et décidées par les gouvernements, et les actes. Cela ne reflète pas une responsabilité réelle pour la terre sur laquelle nous vivons. Il faut réveiller les gens, les décideurs, les scientifiques et les politiques et démontrer qu'avant d'aller dans l'espace, il nous faut sauver notre environnement ! »
Un discours musclé pour une urgence qui n’est pas toujours considérée comme telle.
De l’Allemagne à la Bulgarie : les projets de Vivendi
Vivendi Water est présente depuis l’an dernier en Allemagne, pays où le Danube prend sa source. La compagnie a remporté l’offre…
Usine d'eau de Berlin, en consortium avec RWE et Allianz.
En Slovaquie, où la situation politique n’était guère favorable jusqu'à présent, elle devrait participer à un prochain appel d’offres.
En Hongrie, elle s'est liée avec Berliner Wasser Betriebe pour remporter la privatisation du service d’assainissement de Budapest, FCsM. Une première phase de travaux a été menée sur la station d'épuration du Budapest nord (renouvellement des équipements d’aération). Une autre phase de travaux est en cours pour porter la capacité de l'usine à 200000 m³/jour. Des études ont été lancées pour la construction du collecteur principal des eaux usées de la ville. Générale des eaux est également présente à Budapest (2 millions d'habitants) par une filiale de sa filiale Sade, créée en 1995. Sade Hongrie participe aux travaux de construction et de renouvellement du réseau d’assainissement de la capitale, utilisant notamment la technique innovante Maxibrust, qui permet de renouveler les réseaux d'eau potable sans creuser de tranchée.
Troisième activité de la compagnie française, celle d’Inox Kft, une des toutes premières sociétés franco-hongroises en 1989, au départ spécialisée dans la fabrication de produits en inox utilisés pour conditionner les boues d’épuration. La collaboration des experts de la Générale avec leurs collègues hongrois a débouché sur la mise au point par OTV de la technique Cyclofloc, utilisée pour faire décanter les polluants en suspension dans une eau à potabiliser, après les avoir agglomérés.
« Pour assurer l'alimentation de l'eau potable sur le long terme, explique Tamas Gampel (Vivendi Water Hongrie), le gouvernement favorise l'utilisation d’usines de traitement robustes et de bonne qualité et encourage le recyclage des eaux industrielles. La réglementation des services publics d'eau et la modernisation des tarifs sont parmi ses priorités. »
Vivendi Water détient également 49 % de la société des eaux de Szeged, 170000 habitants, depuis 1994, et 33 %, par le biais de la Sade, de
MVK, société spécialisée dans les réseaux (eau, gaz, téléphone).
98 % de la population est raccordée au service de distribution de l’eau dont l’essentiel (95 %) vient du sous-sol. La Hongrie a adopté un cadre juridique permettant à la distribution d’être effectuée aussi bien en régie municipale que dans le cadre d'une concession, comme c’est le cas dans plusieurs grandes villes du pays (Budapest, Szeged, Pécs, Kaposvar). Mais c’est surtout dans le domaine du traitement des eaux usées que les lacunes sont les plus flagrantes. Les réseaux de tout-à-l’égout et les stations d’épuration se sont développés à un rythme beaucoup moins rapide que les services de distribution des eaux. En 1997, sur 800 millions de m³ d’eaux usées, 34 % étaient rejetés sans aucun traitement et 27 % étaient partiellement traités, soit moins de 40 % des eaux qui subissaient un traitement suffisant. Les objectifs du gouvernement sont d’atteindre le taux de 68 % en 2010.
En Roumanie, Vivendi vient de remporter la concession du service d’eau et d’assainissement municipal de Bucarest, la plus grosse opération de privatisation en Europe centrale et orientale dans ce domaine. Elle est candidate à celle de Sofia en Bulgarie. Enfin, installée en Bohême, Générale des Eaux gère 1,7 million d’habitants en République tchèque au travers de cinq sociétés d’exploitation : Vodama Pilzen, Voss Sokolov, ScVK, CTSE Olomouc (filiale à 50-50 de Vivendi Water et Saur) et JVS. Cette dernière a été acquise en mars 1999 en partenariat avec Saur.
Dans ce pays, les groupes français alimentent en eau un habitant sur trois.
Des aménagements de plus en plus contestés
Mais le Danube est aussi célèbre pour sa navigation et ses barrages. L’aménagement du fleuve dans ce but ne date pas d’hier. Cent ans après J.-C., l’empereur romain Trajan faisait construire un chemin de halage à la Porte de Fer (gorge de Djerdap entre la Roumanie et la Yougoslavie), portion du fleuve qui comporte de nombreuses parties encaissées entre des falaises qui tombent parfois de 600 mètres !
Source PEE Hongrie.
Près de 2000 ans plus tard, deux énormes barrages hydroélectriques (Portes de fer I et II) ont supprimé les rapides qui rendaient la navigation hasardeuse. Mais ils ont aussi brisé le cours du fleuve : vingt millions de tonnes de sédiments sont ainsi retenus chaque année, créant des problèmes d’érosion à l’aval et accumulant les dépôts de matières toxiques.
Le deuxième barrage par sa taille est le Gabcikovo, près de Bratislava, commencé en 1992. Là, 8000 ha de forêts humides et un réseau de bras secondaires sont artificiellement irrigués. Ils sont séparés du fleuve qui ne reçoit plus que 10 à 20 % de son débit. Le reste est dirigé vers l’usine qui produit environ 10 % de l’électricité slovaque.
Entre la source du Danube, en Forêt Noire, et Bratislava (Slovaquie), on ne compte pas moins de 58 barrages, soit la moyenne d’un ouvrage tous les 17 km !
Parallèlement, de nombreux travaux furent entrepris, particulièrement à partir de la fin du 19ᵉ siècle, pour réguler le fleuve. 4000 km de digues furent élevées pour drainer quelque 3 700 000 ha de zones inondables ou inondées. Les affluents subirent le même sort, raccourcissant leur parcours de plusieurs dizaines de kilomètres, abaissant les étiages et augmentant les niveaux élevés, accroissant les risques d’inondations. En février 1999, 320 000 ha du nord de la Hongrie avaient disparu sous les eaux lors d’une inondation.
Les effets nocifs de ces aménagements ont fini par provoquer des doutes puis des oppositions de plus en plus nettes. L’attention internationale fut même attirée par des conflits à répétition à propos de barrages sur le fleuve : Hainburg, Gabickovo-Nagymaros (en 1988), Bavarian Danube et Croatian Danube. Échaudés, les organismes financiers mondiaux ont décidé de ne plus financer les barrages. Et des opposants de tous pays ont créé une « Journée internationale contre les barrages et pour les rivières, l’eau et la vie » (le 14 mars).
Le barrage de Gabcikovo est le plus connu des ouvrages contestés.
8,3 milliards de m³, 270 km de long.
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In the Czech Republic, French firms supply water to one in three of the population.
8.3 billion m³, 270 km long.
Tisza : la crue et la pollution du siècle
“L'année dernière, personne n’avait voulu acheter de poisson, soi-disant à cause de la possible radioactivité suite aux bombardements, gémit le président d’une association de pêcheurs serbes, cité par la journaliste Jelena Grujic. Cette année, c'est à cause du cyanure et maintenant, nous apprenons qu'un nouveau déversement de grandes quantités de métaux lourds a eu lieu en Roumanie ! Nous sommes atterrés, nous allons probablement changer de profession”.
Effectivement, la Tisza, principal affluent du Danube, avait subi une importante pollution au cyanure, le 30 janvier dernier, à la suite de la rupture d'une digue d'un bassin de décantation sur le site appartenant à l'usine de traitement de minerais Aurul SA, située à Baia Mare, au nord-est de la Roumanie.
Environ 350 000 m³ d’eaux polluées se sont déversées dans la Somes, ont franchi la frontière roumano-hongroise avant de contaminer la Tisza et de gagner la Bulgarie, l’Ukraine et la Moldavie. La quantité de cyanure déversée a été estimée à 110 tonnes.
À la mi-mars, 20 000 tonnes de boues polluées ont à nouveau descendu la Tisza, transportant des résidus de métaux lourds (fer, zinc et plomb) en provenance d'usines métallurgiques. Une nouvelle fois, une retenue d’eau avait cédé, polluant la section est de la rivière, celle qui avait été laissée intacte par la première contamination.
Différentes missions d'expertise européennes sont venues se pencher sur ces drames, concluant à la nécessité de surveiller étroitement le devenir des pollutions dans les terres et les nappes phréatiques, et d’appliquer le principe pollueur-payeur. Mais les différents acteurs concernés, gouvernements et entreprises, se renvoient la balle et se menacent de procès.
Le ministre roumain de l’Environnement a indiqué qu’il avait identifié 44 sites miniers potentiellement dangereux pour l’environnement et qu’il allait demander à leurs dirigeants quelles mesures ils comptaient prendre pour prévenir les désastres. Mais, pour l’heure, aucune sanction sérieuse n’a été prise.
L’on apprend même que le plus grand gisement d’or d’Europe vient d’être découvert en Roumanie. La société roumano-canadienne Rosia Montana Gold Corporation y a effectué depuis deux ans des études géologiques et des explorations approfondies. Selon Franck Timis, président de la compagnie canadienne Gabriel Resources, qui détient 65 % des actions de la société, environ 800 000 onces d’or peuvent être extraites de la zone. Il faut souhaiter que les autorités sauront être plus regardantes qu’elles ne l’ont été jusqu’ici sur les conditions d’exploitation du précieux minerai ! « Avec celui des enfants handicapés, a affirmé Pierre Moscovici, notre ministre des Affaires étrangères, lors d’un voyage en avril dernier dans ce pays, le problème de l’environnement est l’un des obstacles les plus importants dans la voie de l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne ».
À ces drames s’est ajoutée cette année la crue du siècle pour la Tisza, qui a fait plusieurs morts et noyé plus de 70 000 hectares…
en Europe. Et il fait toujours la une de l'actualité, les parties en cause ne parvenant pas à s’entendre définitivement.
Le 16 septembre 1977, la République populaire de Hongrie et la République socialiste tchécoslovaque signent un traité pour la construction d'un complexe hydroélectrique à Gabcikovo (Tchécoslovaquie) et à Nagymaros (Hongrie), sur un tronçon commun du Danube. Un an plus tard, les Tchèques démarrent le chantier.
En 1989, la Hongrie suspend puis abandonne la réalisation du projet, arguant qu'il comportait de graves risques pour l'environnement en Hongrie et pour l’alimentation en eau de Budapest. La Slovaquie conteste ces allégations et insiste pour que la Hongrie s'acquitte des obligations que le traité met à sa charge. En 1991, elle met en service un projet de substitution (la variante C) qui détourne le Danube sur le territoire tchécoslovaque et déplace en même temps la frontière (dans tous les traités, il est écrit que la frontière passe au milieu du
fleuve). L’exploitation a également des effets sur l’accès de la Hongrie aux eaux du Danube.
Pour se dédommager du retrait hongrois, la Slovaquie consomme toute l’électricité produite par le complexe, alors qu'une partie était destinée à la Hongrie. En même temps, elle perd 2 mètres de chute d'eau du fait que la Hongrie n’a pas terminé ses travaux.
Pour tenter de départager les antagonistes, l’affaire est portée devant la Cour internationale de justice de La Haye qui, pour la première fois de son histoire, se déplace elle-même et au complet sur les lieux du projet contesté.
Dans son arrêt du 25 septembre 1997, le tribunal international rend un jugement de Salomon et conclut que tant la Hongrie que la Slovaquie ont violé leurs obligations : la Hongrie n’a pas respecté ses engagements de 1977 et la Slovaquie, entre-temps séparée de la Tchéquie, a “volé” les eaux du Danube. Elle invite les deux États à négocier de bonne foi afin d’assurer la réalisation des objectifs du traité qui, selon la Cour, est toujours en vigueur.
Les deux parties négocient puis paraphent un projet d’accord-cadre. Mais le nouveau gouvernement hongrois entré en fonction à la suite d’élections dénonce ce projet et sursoit encore à l’exécution de l’arrêt. Le 3 septembre 1998, la Slovaquie revient devant la Cour de justice pour lui demander de faire appliquer l’arrêt.
Aujourd’hui, les installations hydrauliques de Gabcikovo, côté slovaque, sont achevées. Elles auront coûté 2 milliards de dollars. Le site de Nagymaros est un vaste chantier en friche...
Et les deux parties discutent toujours. Les implications politiques, économiques et écologiques du dossier ne facilitent pas son règlement...
Le WWF a publié en 1997 une étude sur les conséquences du barrage. Il a constaté des impacts négatifs sur les zones de forêts humides, la nappe phréatique et la biodiversité dans les marais. L’association internationale formule des recommandations, notamment qu’au moins les deux tiers du débit soient retournés dans l'ancien lit du fleuve.
Les promoteurs slovaques du projet crient à la désinformation et assurent que les craintes des opposants sont fondées sur des raisons autres qu’écologiques : “Le projet apporte de fait des bénéfices économiques et environnementaux précieux”, s'insurge Julius Binder, le directeur de l'entreprise, propriété de l'État.
In 1989, Hungary suspended and then abandoned the project, arguing that it posed serious risks for the environment in Hungary and for the water supply of Budapest. Slovakia contested these allegations and insisted on Hungary fulfilling its obligations under the terms of the treaty. In 1991, it brought into service an alternative project (alternative C) diverting the Danube onto Czechoslovak territory and at the same time moving the border (all the relevant treaties state that the border runs along the middle of the river). The development also affects Hungary's access to the water of the Danube.
To compensate for the Hungarian withdrawal, Slovakia uses all the electricity produced by the complex, whereas a part had originally been intended for Hungary. At the same time, the country lost a two-metre drop in water level due to Hungary's failure to complete its construction work.
To try to resolve the dispute, the matter was brought before the International Court of Justice in The Hague, which moved for the first time in its history, the entire court visiting the site of the project in dispute.
On 25 September 1997, the international tribunal delivered a judgement of Solomon, concluding that both Hungary and Slovakia had failed to respect their obligations: Hungary had not respected its 1977 commitments and Slovakia, now separated from the Czech Republic, had “stolen” waters from the Danube. The Court invited the two States to negotiate in good faith to fulfill the objectives of the treaty which, according to the Court, was still in force.
The two parties undertook negotiations and signed a draft framework agreement. However, the newly elected Hungarian government terminated the draft agreement and postponed the application of the judgement. On 3 September 1998, Slovakia applied to the Court of Justice to have the judgement enforced.
Today, the hydraulic installations at Gabcikovo, on the Slovakian side, are finished. At a total cost of 2 billion dollars. Nagymaros, however, is a vast abandoned construction site... And the two parties are still negotiating. The political, economic and ecological implications of the case do not make it easy to resolve.
In 1997, the WWF published a study on the consequences of the dam. It recorded the negative impact on moist forest areas, the water table and biodiversity in marshland areas. The WWF made recommendations, notably that at least two-thirds of the flow should be returned to the former bed of the river.
The Slovakian promoters of the project protested that it was a disinformation campaign and claimed that their opponents' fears were based on reasons that were not ecological: “The project effectively brings precious economic and environmental benefits”, protested Julius Binder, the manager of the State-owned enterprise.