Les procédés de traitement des eaux usées et les équipements associés sont en pleine évolution. La complexité des problèmes à régler rend nécessaire la mise en œuvre de procédures de vérification et de moyens complémentaires pour la mise au point de matériels pour une meilleure économie de l’épuration : efficacité, fiabilité, coût raisonnable.
Créé à l’initiative de l’« Association pour le Développement à Nantes d’un Pôle de Recherche sur l’Aménagement du Cadre de Vie » — RCV Nantes, le Centre d’Essais et de Recherche sur les Équipements de Dépollution des Eaux vient s’associer aux actions déjà menées par de nombreux organismes publics ou privés chargés de la mise au point ou du contrôle des équipements de dépollution.
Ce Centre, unique en France, a nécessité un investissement de 3 120 000 F (Établissement Public Régional, Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes, Agence de Bassin Loire-Bretagne, l’École Nationale Supérieure de Mécanique) ; il a été réalisé par la CCI de Nantes. L’ENSM gère le CEREDE dans le cadre réglementaire applicable aux établissements publics à caractère scientifique et culturel et fait l’objet d’une gestion individualisée.
Pour mener à bien ses actions de vérification et de mise au point des équipements, le CEREDE dispose :
- — d’une « plate-forme d’essais » alimentée en effluents, du fait de la proximité de la station d’épuration de Nantes-Sud, et comprenant : une plate-forme d’essai de pompes, un bassin de 1000 m³ modulable, un bâtiment d’exploitation regroupant les bureaux, laboratoire, atelier et hall d’essais ;
- — d’un personnel spécialisé : 5 personnes.
L’effectif est encore limité, mais dispose des moyens importants de l’ENSM et peut établir également des relations suivies avec les laboratoires spécialisés comme le CETIM, le LCPC, etc.
Cette structure légère et le créneau volontairement limité au domaine des équipements de dépollution des eaux lui donne la souplesse nécessaire pour adapter ses interventions, sur sa plate-forme ou « in situ », aux problèmes posés, dans des conditions financières intéressantes.
Cette courte présentation (1) des moyens et objectifs du CEREDE a pour but de donner une idée précise sur les possibilités qu’offre la « plate-forme d’essais » à ses partenaires potentiels : fabricants de matériels, gérants, collectivités, maîtres d’œuvre, constructeurs, industriels… ; il apparaît comme particulièrement adapté pour entreprendre des actions dans des domaines variés :
- — vérification de l’efficacité d’un équipement en conditions standard ;
- — contrôle des performances de divers matériels et suivi de l’évolution en fonction du temps ;
- — innovation : participation à des opérations pilotes de mise au point, de sensibilisation des maîtres d’œuvre.
(1) Une description complète des objectifs et des moyens techniques du CEREDE de Nantes a été présentée dans cette revue : voir L’EAU ET L’INDUSTRIE, n° 32, février 1979, pages 39 et suiv.
1 Station de relèvement eaux brutes domestiques
2 Refoulement eaux brutes mélangées grilles
3 Refoulement eaux traitées
4 Station d'essoreuse des pompes
5 Stockage sédiment
6 Bassin tampon 50 m³
7 Zone de dégrillage
8 Zone desserte de matériel
9 Bâtiment d'exploitation
Eau brute
Amenée des boues
Collecteur existant
Refoulement eaux brutes
Collecteur E.U.
Refoulement eaux traitées
Poteau incendie
Vanne
L'INAUGURATION DU CENTRE
C’est le 3 avril de cette année que le CEREDE a été inauguré par M. Thierry CHAMBOLLE, Directeur de la Prévention des Pollutions au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie.
De nombreuses personnalités ont participé à l’animation de la réunion d’information sur le thème « Qualité de la vie et équipements de dépollution ». On notait en particulier la présence de :
M. FLOCH, Maire de Rezé-les-Nantes ;
M. PICARD, Directeur de l’Agence de Bassin Loire-Bretagne ;
M. REGENT, Président de la CCI Nantes ;
M. SAUDRAY, Recteur de l’Université de Nantes ;
M. VILAINE, Président de l’Université de Nantes.
Plus de 300 personnes ont visité à cette occasion la plate-forme d’essais : élus régionaux et locaux, fabricants de matériels, chercheurs, industriels, maîtres d’œuvre, représentants des administrations et ministères...
Les orateurs ont insisté sur :
— l’originalité du CEREDE venant souligner les efforts consentis par la Région des « Pays-de-Loire » en matière de recherche sur le cadre de vie et la reconquête du marché de l’équipement antipollution ;
— le rattachement du CEREDE à l’ENSM avec ses laboratoires spécialisés et la nécessité d’une collaboration élus-université-industrie ;
— la nécessité de disposer d’équipements avec des performances certifiées et fiables, les stations d’épuration devant fonctionner correctement 365 jours par an.
M. PICARD souhaite la confirmation des performances annoncées par les constructeurs, la vérification de la fiabilité des matériels et l’information des utilisateurs des résultats obtenus. Il se pose des problèmes de renouvellement de matériels importants (amortissement 5 à 10 ans) avec la nécessité d’adaptation et de progrès dans les techniques pour une meilleure utilisation des crédits.
M. CHAMBOLLE a confirmé le nouveau départ des crédits publics en augmentation de 25 % par rapport à l’année 1978. Il a insisté sur l’intérêt du CEREDE, son originalité et la nécessité d'une articulation avec les autres centres existants (Colombes, Agences de l’eau, Limoges, etc.).
« L’ingénierie publique fournit des stations d’épuration « clés en main », le matériel reste encore mal connu... Le CEREDE peut apporter, par le dynamisme de ses hommes, leur compétence et son rattachement à l’ENSM, de nombreux avantages...
... C’est un terrain neutre de rencontre pour les Collectivités par rapport aux Maîtres d’œuvre et pour les constructeurs d’ensembles, par rapport aux fabricants de matériels...
Pour sa capacité technique et la qualité de ses essais, tout en évitant le monopole de type label, le Centre peut apporter une contribution à l’augmentation de la fiabilité des équipements, une meilleure gestion du matériel mécanique, et favoriser l’innovation et les économies d’énergie et soutenir l’exportation...
TABLEAU : démarrage des activités – bilan des premiers travaux
| STN | mai/juin 79 : fin 79 |
| STEREAU | choix de matériels pour enquête préalable fin 1979 |
| AIR LIQUIDE | divers matériels – nouvelle utilisation d’oxygène fin 1979 ©1980 |
| UNITEC-NENCO | limites utilisation matériels fin 1979 |
| travaux, pompes, presses avant, pendant, après réception | |
| ABOUES... | 1979 1980 |
LE DÉMARRAGE DES ACTIVITÉS
Si les possibilités et les exigences des principales filières de traitement des eaux usées sont de mieux en mieux connues, il est possible « d’optimiser » le fonctionnement des stations d’épuration en améliorant les matériels.
Un programme d’essais et de recherche appliquée sur la technologie des appareils moins exigeants en énergie, en réactifs et plus performants, peut être envisagé dans un avenir proche. Cette évolution n’est pas sans risque ; les constructeurs et utilisateurs doivent rechercher avec le CEREDE, les formules permettant un abaissement du coût des équipements tout en conservant un rendement satisfaisant et une exploitation aisée.
Le tableau n° 1 donne un rapide bilan des premiers essais effectués par le Centre et qui portent en particulier sur la mise au point ou la vérification de
Performance des turbines, appareils de déshydratation, etc., sur des périodes variant de quelques jours à six mois.
Nos méthodes de contrôle en « conditions standards » sont encore imparfaites mais devraient s’améliorer rapidement parallèlement à un effort de normalisation des matériels et de choix d’un langage commun.
Pour la fin de l’année 1979 et le début de l’année 1980, le programme d’activité du CEREDE prévoit la réalisation d’essais sur (tableau 2) :
- — les aérateurs : la tendance actuelle est à la séparation des fonctions brassage-aération (énergie-régulation),
- — les pompes et appareils de déshydratation des boues : avec recherche des limites d’utilisation, des risques de colmatage, de l’amélioration des rendements énergétiques, de la résistance à l’abrasion et à la corrosion et l’adaptation aux exigences de l’exploitation,
- — l’automatisation se développe rapidement avec pour justification l’économie de main-d’œuvre, d’énergie et l’amélioration des performances d’épuration,
- — l’assainissement individuel est appelé à conserver une place importante, d’où la nécessité de disposer d’équipements fiables, peu onéreux et répondant aux exigences de protection des milieux récepteurs,
- — les « capteurs » : avec vérification des performances des différents appareils (oxymètre, débitmètre, capteur de vitesse (brassage), etc.).
CONCLUSION
L’évolution rapide des équipements de dépollution des eaux, la complexité des problèmes à régler rend nécessaire un effort à tous les niveaux de responsabilité pour la mise en œuvre de procédures de vérification, afin d’améliorer la connaissance des matériels.
Ainsi, la « plate-forme d’essais » devient une nécessité pour faciliter le travail des maîtres d’œuvre, l’information des utilisateurs, l’amélioration progressive de matériels moins exigeants en énergie, plus performants, afin d’assurer une meilleure maîtrise du traitement des eaux usées domestiques et industrielles.
La véritable chance du CEREDE réside dans son originalité face à une évolution rapide des équipements d’épuration. Son utilité est évidente :
- — renforcer la vérification des matériels,
- — améliorer l’information des utilisateurs et conseillers : gérants, collectivités, industriels,
- — participer à l’effort de mise au point d’appareils rustiques, plus fiables, et faciliter ainsi l’innovation et l’exportation.
J-P. DAUTAIS – Y. BAUDRY.
