Une matière première
Riche en phosphore, l'amendement* contient 35 kg/t de P₂O₅, dont 60 % sont assimilables par les plantes la première année. Un apport de 10 à 15 t/ha couvre ainsi les besoins en phosphore d'une rotation, tout en apportant 87 kg de chaux par tonne. De même, 50 % de la matière sèche des boues sont constituées par la matière organique (soit 220 kg/t). Du fait du traitement thermique et de la déshydratation poussée des boues, la teneur en azote des boues est faible (2,8 kg d'azote par tonne).
* Commercialisé sous le label Fertifond P.
Les boues se révèlent donc comme une matière première de qualité, particulièrement adaptée aux sols carencés et surtout aux cultures comme la pomme de terre et la betterave.
Notons que la valeur intrinsèque des boues en équivalent-engrais peut être évaluée au moins à 110 F la tonne, soit le double de la moyenne des boues urbaines classiques.
Le Cadmium : aux normes...
En 12 ans, la teneur en cadmium des boues d'Achères a subi une réduction notable : elle est passée de 160 mg/kg de MS en 1978 à 25 mg/kg de MS en 1990. Leurs teneurs limites en métaux lourds telles qu'elles sont fixées par la norme Afnor U 44-041 figurent sur le tableau I, sur lequel sont reportées celles relevées dans lesdites boues.
Compte tenu de la teneur en cadmium relevée, la quantité maximale de boue pouvant être apportée en 10 ans est de 34 tonnes (soit 22 tonnes de MS).
Tableau ITeneurs en métaux lourds (en mg par kg de MS)
Métaux |
Fertifond P. |
Norme Afnor |
Cadmium |
25 |
40 |
Zinc |
3 440 |
6 000 |
Cuivre |
890 |
2 000 |
Plomb |
739 |
1 600 |
Chrome |
318 |
2 000 |
La filière EAC
Jusqu'en mai 1989, l'évacuation des boues en agriculture était confiée à des transporteurs. Pour assurer une valorisation conforme à la réglementation, une filière de type EAC (Épandage Agricole Contrôlé) fut alors mise en place.
Plusieurs mois d'étude ont permis de mettre au point cette filière, qui se décompose de la façon suivante :
— Démarche auprès des exploitants agricoles et suivi des clients : des ingénieurs technico-commerciaux spécialistes présentent le produit dans l'Île-de-France et les départements limitrophes.
— Reprise des boues stockées et transport ; après leur chargement, les boues sont transportées et stockées en bout de parcelles agricoles. Une dizaine de transporteurs assurent l'évacuation journalière des boues.
— Gestion et contrôle des stocks : les
stocks, les commandes, les livraisons sont gérés et traités par informatique. Chaque camion est pesé et enregistré avant son départ.
— Suivi agronomique du produit, des sols et des cultures : le suivi agronomique a pour objectif de contrôler de façon rigoureuse l'épandage des boues sur les terres agricoles.
Il consiste à maîtriser le contrôle analytique des boues, leur évolution dans les sols, et à suivre le comportement des parcelles de référence.
Le suivi agronomique constitue le garant du bon déroulement de la filière.
Le suivi des sols...
Le suivi des boues...
Le produit fait l’objet d’analyses mensuelles et complètes par le Laboratoire des sols de l’INRA d’Arras ; des études en cours, effectuées à l’I.N.A. Paris-Grignon, permettent d’approfondir les connaissances acquises en matière de libération du phosphore des boues. Des parcelles expérimentales sont mises en place et sont suivies sur plusieurs années (analyses de sol, récoltes et profils d’azote). Par ailleurs, une analyse de sol est effectuée pour toute livraison de boue supérieure à 300 tonnes.
Un matériel adapté : l’épandeur de boues solides
L’épandage est réalisé soit directement par l'agriculteur avec un matériel traditionnel, soit par des entrepreneurs de la région, qui utilisent l’EBS (Épandeur de Boues Solides) en relation avec la société distributrice. L’EBS (figure 1) a été spécialement conçu pour l'épandage agricole des boues de stations d’épuration.
[Photo : Le stockage des boues.]
[Photo : L'épandeur à boues solides (EBS).]
La filière de valorisation agricole ainsi exploitée à Achères permet une économie d’engrais pour les agriculteurs situés dans une zone de 100 km de rayon qui atteint la Beauce et la Picardie. Elle constitue en outre pour le SIAAP une solution moins onéreuse que la mise en décharge ou l'incinération.
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