MELUN HIER ET AUJOURD’HUI Chef-lieu du département de Seine-et-Marne et patrie de l’humaniste Jacques Amyot, Melun est située sur la Seine à 45 km en amont de Paris. MELODUNUM du temps de César, cette importante place forte, résidence royale sous les premiers capétiens, fut à travers l'histoire l'enjeu de bien des compétitions et connut des sièges mémorables. Bien placée au débouché des riches plaines de la Brie et relais de la batellerie de Haute-Seine qui alimentait traditionnellement la capitale par l'amont, Melun constitue depuis toujours un important marché régional. Elle possède de plus un certain nombre d'activités industrielles : mécanique, fabrications pour l'aéronautique, produits pharmaceutiques, industries agro-alimentaires, qui en font une cité équilibrée. De nos jours s'est constituée progressivement autour de la ville elle-même, avec le développement des communes voisines de Boissettes, Dammarie-les-Lys, la Rochette, le Mée-sur-Seine, Livry-sur-Seine et Vaux-le-Pénil, une agglomération melunaise groupant dans son ensemble 90 000 habitants et tendant rapidement vers les 100 000, ce qui la classera parmi les métropoles moyennes types. De plus, un destin particulier devait être réservé à Melun au moment où fut tracé le schéma directeur de la Région Île-de-France avec la conception des « villes-nouvelles », car la ville nouvelle de Melun-Sénart est un des cinq pôles de développement décidés à l'époque pour la Région. Le nouveau tissu urbain qui en résulte désormais ne manque pas de poser de multiples et sérieux problèmes aux responsables, en particulier sur le plan de l'assainissement.
L’ASSAINISSEMENT DE L’AGGLOMÉRATION MELUNAISE
Avant que le projet de ville nouvelle ne voie le jour, s'était créé, le 23 décembre 1960, le Syndicat Intercommunal du Groupement d'Urbanisme n° 47 de l'Agglomération de Melun (S.I.G.U.A.M.) regroupant les sept communes énumérées ci-dessus. Il va l'an prochain atteindre sa vingtième année d’existence.
L'assainissement fut parmi les premiers problèmes que le S.I.G.U.A.M. inscrivit à son programme de travaux, avec la volonté de réaliser un réseau moderne.
d'assainissement pour desservir les habitants et les industries situés de part et d'autre de la Seine. Ainsi furent lancées successivement la construction du réseau et du collecteur de la rive droite en 1963, puis de la rive gauche en 1964. En 1965 suivait la construction des postes de refoulement nécessaires et la réalisation d'une traversée sous-fluviale permettant la connexion des deux réseaux.
On passait ensuite en 1966 à la construction de la première tranche de la station d'épuration implantée sur la rive gauche, sur le territoire de Dammarie-les-Lys.
À cette époque, le développement industriel de l'agglomération était centré, en effet, presque exclusivement sur cette rive gauche et le S.I.G.U.A.M. était conduit à mettre en service successivement la totalité des trois tranches de la station d’épuration de Dammarie-les-Lys, conçue pour 105 000 habitants-équivalents et pouvant traiter un débit de 16 250 m³/j pour une pollution moyenne de 6 300 kg de DBO₅/j.
Mais entre 1966 et 1975 la situation évoluait, en ce sens que l'agglomération melunaise portait son développement sur la rive droite avec :
- — la création de la zone industrielle de Melun-Vaux-le-Pénil ;
- — le développement du Mée-sur-Seine et du secteur du Syndicat communautaire d’aménagement du Grand Melun de la Ville Nouvelle.
Il fallait dès lors porter la capacité d'épuration à 90 000/100 000 habitants + 40 000 habitants-équivalents pour les nouvelles industries raccordées, soit un total de l'ordre de 140 000 habitants-équivalents uniquement pour l'agglomération melunaise sans tenir compte des habitants et des industries en « ville nouvelle ».
Ayant écarté la solution d'une station d’épuration propre à la Ville Nouvelle de Melun-Sénart, deux options étaient alors possibles :
1) accroître la capacité de traitement de Dammarie-les-Lys et construire une nouvelle traversée sous-fluviale pour raccorder la Ville Nouvelle ; 2) créer une nouvelle station en rive droite.
Cette dernière solution fut retenue, pour des motifs économiques et de protection du milieu naturel : la nouvelle station rive droite à Boissettes est située plus en amont par rapport à l'usine d'eau potable de Morsang-sur-Seine.
LA STATION D’ÉPURATION DE BOISSETTES
Cette station d’épuration vient d’être inaugurée le 12 mai 1979 par M. le Préfet de Seine-et-Marne et le sénateur-maire de Melun, M. Marc Jacquet. À cette occasion, M. le Préfet, rendant hommage au travail des concepteurs et des réalisateurs de la nouvelle station d’épuration, s'exprimait comme suit :
« Je tiens à féliciter très chaleureusement tous ceux qui ont participé à la construction de cette très belle station d’épuration. Les critères qu'ils ont retenus sont exemplaires, tant en ce qui concerne le choix du site qu’en ce qui concerne les techniques retenues. »
Le site
La station d'épuration a été implantée sur un terrain marécageux de 5,34 hectares. Sans affectation particulière, cet emplacement verdoyant était malheureusement devenu une décharge sauvage. Ce bord de Seine, en zone inondable, pose pour le technicien des problèmes particuliers : le sol a une mauvaise portance ; la coupe géologique se compose de :
- — 0 à 0,20 m : terre végétale ;
- — 0,20 à 1,50 m : limons fluviatiles ;
- — 1,50 à 3 m : alluvions fines, vasardes ;
- — 3 à 4,50 m : alluvions fines marneuses à lits sableux ;
- — 4,50 à 7 m : alluvions grossières ;
- — au-delà de 7 m : horizon calcaire de Champigny.
Le terrain naturel a une cote voisine de 39,50 et les cours de la Seine peuvent atteindre la cote 42. Il a donc été nécessaire de remblayer le terrain sur une hauteur d'environ 2,50 m pour constituer une plateforme hors d’atteinte des crues. Ce remblaiement indispensable techniquement n'a pas été systématique : des modelés paysagers appropriés ont permis d'intégrer les ouvrages terminés dans leur environnement naturel.
La première tranche et les extensions futures
La station d'épuration sera réalisée en trois tranches permettant, en situation future, de traiter les eaux usées d'une population équivalente à 420 000 habitants-équivalents. Les travaux de la première tranche permettent de traiter 120 000 habitants-équivalents.
Les responsables de la construction de la première tranche
Le maître d’ouvrage de ces travaux a été le S.I.G.U.A.M. La Direction Départementale de l'Équipement de Seine-et-Marne a assuré la maîtrise d’œuvre, et la construction des ouvrages a été exécutée par un groupement d'entreprises, lauréat du concours lancé en 1975. Ce groupement était composé d'une entreprise pilote : LA COMPAGNIE INTERNATIONALE DES EAUX (CIE) (équipement électromécanique) et des deux entreprises co-traitantes : MOISANT-LAURENT-SAVEY (M.L.S.) pour le génie civil et INOR pour le traitement des boues par déshydratation mécanique.
CONCEPTION ET FONCTIONNEMENT DE LA STATION
La première tranche a les caractéristiques suivantes :
STATION D'ÉPURATION 1ʳᵉ TRANCHE
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- | |||
TYPE DU RÉSEAU | S.I.G.U.A.M. (Unitaire) | VILLE NOUVELLE (Séparatif) | TOTAL |
---|---|---|---|
Capacité (Hab.-équi.) | 75 000 | 45 000 | 120 000 |
— habitants | 39 000 | 26 000 | 65 000 |
— industries | 36 000 | 19 000 | 55 000 |
Débit journalier (m³/j) | 14 430 | 8 970 | 23 400 |
Débit moyen (l/s) | 167 | 104 | 271 |
Débit de pointe (l/s) | 668 | 181 | 849 |
Pollution entrante (kg/j) | |||
— M.E.S. | 5 250 | 3 150 | 8 400 |
— D.B.O₅ | 5 250 | 3 150 | 8 400 |
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
Le rejet s'effectue dans la Seine. Le niveau de traitement retenu est le niveau V. Ce niveau de rejet vise à protéger les prises d’eau potable de Morsang-sur-Seine situées à 13 kilomètres en aval.
Choix du procédé
Pour obtenir les rendements imposés, nous avons opté pour une installation en boues activées classique à faible charge dont nous pouvions maîtriser le fonctionnement, ce qui était très important pour assurer le contrôle des divers paramètres en adaptant le fonctionnement aux conditions locales.
Les boues éliminées lors de la décantation primaire ainsi que les boues engendrées par le processus biologique sont concentrées et déshydratées de manière à les réduire à un volume minimum pour permettre une évacuation par benne et une valorisation en agriculture.
Le poste de relèvement
La cote du radier de l'émissaire Ø 1 200 mm à l'entrée des installations étant de 35,50 NGF, le rejet devait se faire en Seine à une cote d’environ 40 NGF.
[Schéma : SCHEMA DU PROCEDE]avec des crues jusqu'à 42 NGF. Il était indispensable de prévoir un relèvement des eaux en toute saison.
Ce relèvement est assuré par deux groupes électro-pompes de caractéristiques :
- — débit unitaire : 425 l/s
- — hauteur maximale de relèvement : 9,70 m
- — puissance : 75 kW
Ces pompes FLYGT du type à vis d'Archimède permettent, par démarrage automatique asservi au niveau, une alimentation des ouvrages sans à-coup, au fil de l'eau, la hauteur de relèvement ayant été déterminée de manière à permettre ensuite un fonctionnement entièrement gravitaire de l'usine.
Ce type de pompes a été choisi compte tenu de sa capacité à accepter des matières solides qui peuvent être transitées par un égout en partie unitaire, sans risque de blocage, tout en ayant un rendement énergétique convenable.
Toutefois, une grille à espacement entre barreaux de 40 mm et à nettoyage manuel permet de protéger les pompes contre l'arrivée de matières nettement trop importantes.
Le dégrillage
Les effluents relevés sont d'abord débarrassés des matières en suspension volumineuses en traversant une grille courbe de caractéristiques :
- — largeur : 2 m
- — rayon : 1,50 m
- — espacement entre barreaux : 20 mm
Le nettoyage de cette grille est automatique, asservi au fonctionnement des vis de relèvement, les déchets tombant sur un tapis transporteur qui les évacue dans une benne reprise par un camion pour être mis en décharge.
Le dessableur/déshuileur
Les effluents débarrassés des matières volumineuses pénètrent ensuite dans un ouvrage de déshuilage/dessablage permettant d'éliminer d'une part les flottants, d'autre part les parties minérales les plus lourdes qui pourraient perturber la suite du traitement.
L'ouvrage, de forme rectangulaire, a pour dimensions : longueur, 22 m ; largeur, 3 m ; profondeur, 4,70 m.
Ce canal de dessablage est équipé d'une insufflation d'air favorisant la flottation des huiles et graisses et le dépôt du sable dans la partie inférieure.
En outre, cette insufflation d'air permet la réaération des eaux après leur séjour dans les égouts, évitant ainsi le développement de fermentations anaérobies, génératrices d'odeurs.
L'air est fourni par deux surpresseurs de caractéristiques :
- — débit : 430 Nm³/h
- — pression : 0,35 bar
- — puissance : 7,5 kW
Un pont roulant équipé d'un « air lift » permet l’évacuation du sable dans un regard d'où il est repris après lavage à l'air pour être mis en décharge. Les flottants, accumulés en surface par le mouvement de spirale hydraulique de l’eau, sont évacués en extrémité de bassin.
Afin de limiter les risques d’odeurs toujours possibles au débouché d’un égout, un système de protection par mur odorant ALAMASK ceinture l'ensemble des ouvrages de prétraitement pour éviter leur diffusion éventuelle.
Le décanteur primaire
Les eaux prétraitées sont ensuite introduites dans la partie centrale d'un décanteur cylindro-conique circulaire de caractéristiques :
— diamètre ................. 42 m — volume ................... 4 400 m³
Les matières en suspension décantent à la partie inférieure tandis que les eaux débarrassées de ces matières sont reprises par surverse.
Un pont-racleur radial ramène en permanence les boues dans une fosse de pompage. Leur temps de séjour dans l'ouvrage ayant été limité de manière à éviter tout risque de fermentation, l'eau, ainsi débarrassée des matières en suspension, pénètre dans le traitement biologique.
Le bassin d’aération
Première étape du traitement biologique : dans ce bassin les eaux polluées sont mises en contact avec la flore bactérienne qui absorbe la pollution dissoute. Pour permettre le rendement maximum imposé par les normes, il a été retenu un traitement « faible charge » dans un bassin rectangulaire de dimensions :
— longueur ................. 56 m — largeur .................. 34 m — profondeur ............... 3,60 m — volume ................... 6 750 m³
Le bassin d'aération est divisé en 7 compartiments, l'alimentation en eau étant étagée sur les 1er, 2e et 4e compartiments, la charge volumique choisie étant de 0,8 kg de DBO5/m³. Le dispositif d'aération retenu est l'insufflation d’air au fond du bassin par l'intermédiaire de diffuseurs « AIR COMB ». Ce dispositif a été sélectionné en raison de son excellent rendement par rapport aux aérateurs de surface ; en outre, il présente l'avantage de limiter la diffusion d’aérosols, ce qui est important dans une zone résidentielle.
Enfin, ce système est, en ce qui concerne le bassin, beaucoup plus silencieux que le brassage des aérateurs de surface, qui engendrent des bruits non négligeables.
La centrale souterraine
L'alimentation en air est effectuée par 4 surpresseurs ROOTS dont deux à 2 vitesses et de caractéristiques :
— débit unitaire ........... 7 100 m³/h — vitesse de rotation ...... 1 000 t/mn ou 750 t/mn — puissance ................. 90 kW
Une attention toute particulière a été apportée à l'étude de l'insonorisation du bâtiment. Les surpresseurs engendrant une intensité sonore supérieure à 100 dB, il était imposé de redescendre au moins à 55 dB pour atteindre un niveau sonore acceptable. L'usine a donc été conçue entièrement enterrée, avec une entrée formant sas. En outre, les études acoustiques très poussées ont été effectuées sur le système d'aspiration d'air qui est souvent à l’origine de la transmission des bruits vers l'extérieur.
Un dispositif de régulation par mesure d’oxygène dissous permet d’adapter automatiquement la vitesse et le nombre de surpresseurs en service à la demande, limitant ainsi la consommation énergétique au strict nécessaire.
Le décanteur secondaire
Le mélange eau épurée-boues activées est ensuite introduit dans la partie centrale d’un décanteur secondaire circulaire de caractéristiques :
— diamètre ................. 55 m — volume total ............. 6 160 m³
Les boues décantent à la partie inférieure de l’ouvrage, tandis que les eaux épurées, débarrassées de leurs matières en suspension, sont évacuées par surverse.
Les boues décantées sont reprises par l’intermédiaire d’un pont suceur diamétral dont les tubes de succion permettent leur aspiration sur un diamètre complet en adaptant les extractions à la courbe réelle de décantation. Les boues activées sont ainsi reprises très rapidement, évitant les risques de désoxygénation au cours de leur séjour dans le décanteur.
Le comptage et le rejet en Seine
Les eaux décantées passent par un canal de comptage avant leur rejet en Seine. Ce rejet s’effectue par un diffuseur permettant d’orienter les filets liquides et favorisant leur dispersion dans le fleuve.
La recirculation et les boues en excès
Les boues, extraites en permanence du décanteur par les tubes de succion, sont évacuées par un syphon vers un poste de relèvement équipé de deux pompes FLYGT, de caractéristiques :
- — débit 970 m³/h
- — hauteur 2,50 m
Ces pompes du type à vis d’Archimède permettent le retour rapide, au fil de l’eau, des boues en tête du bassin d’aération pour maintenir la quantité de bactéries nécessaire à l’absorption de la pollution entrante.
Les boues en excès produites sont reprises par deux groupes de pompage de débit 54 m³/h, pour être refoulées en tête du décanteur primaire où elles sont mélangées aux boues primaires afin d’être extraites et déshydratées.
La reprise des boues fraîches
Les boues ramenées dans la fosse centrale du décanteur primaire sont extraites par une vanne télescopique permettant le réglage du débit pour éviter un temps de séjour trop long.
Elles sont reprises par deux groupes électro-pompes à passage intégral, de caractéristiques : débit 25 m³/h et puissance du moteur 5,5 kW. Elles sont ensuite envoyées vers un épaississeur.
L’épaississeur des boues
Les boues sont refoulées au centre d’un épaississeur cylindro-conique raclé de : diamètre 13 m et volume 425 m³. Un pont racleur radial à entraînement central muni d’une herse épaississeuse permet aux boues d’épaissir à un taux de matières sèches d’environ 5 %.
Une couverture légère sur l’ouvrage limite les risques de dégagement d’odeurs. L’eau provenant de l’épaississement est évacuée par surverse pour être recyclée en tête de station.
Les boues épaissies au fond d’ouvrage sont reprises par deux pompes volumétriques de débit réglable, jusqu’à 10 m³/h, pour être refoulées sur la déshydratation.
La déshydratation mécanique des boues
Les boues soutirées de l’épaississeur sont mélangées aux réactifs de floculation dans une bâche de mélange. Nous avons choisi une floculation par réactifs chimiques plutôt qu’un conditionnement thermique afin de limiter la consommation énergétique et d’éviter les risques de dégagement d’odeurs.
Le conditionnement est effectué à la chaux, au chlorure ferrique et aux polyélectrolytes avant alimentation du filtre.
Ce filtre type « ROLLPRESS » permet de déshydrater jusqu’à 10 m³/h de boues pour une surface de déshydratation de 9,8 m².
Les boues déshydratées avec une siccité de l’ordre de 25 % sont reprises par une bande transporteuse pour être évacuées par bennes et utilisées en agriculture.
Les eaux claires provenant de la déshydratation sont, elles, recyclées en tête d’installation.
Les installations complémentaires
Afin d’assurer le fonctionnement le plus sûr des installations, l’ensemble des indications et commandes est regroupé en salle de contrôle, avec visualisation sur un tableau synoptique.
Pour éviter les consommations d’eau accessoires, une partie de l’eau traitée est reprise par un groupe hydrophore pour être distribuée comme eau industrielle pour les besoins de services : lavage, préparation de réactifs, etc.
Un groupe électrogène de secours, d’une puissance de 295 kVA, assure les fonctionnements essentiels en cas d’arrêt d’alimentation électrique par le réseau, évitant ainsi les risques de perturbation prolongée.
Enfin, un bâtiment d’exploitation regroupe l’ensemble des locaux, bureaux, laboratoire, atelier, nécessaires à l’entretien et au suivi du bon fonctionnement des installations.
Pour garantir une surveillance constante, le logement du responsable de l’exploitation a été intégré à l’enceinte de la station.
LE FINANCEMENT
Le financement de la construction de la station d’épuration de BOISSETTES a fait l’objet d’une convention, en date du 7 janvier 1977, entre le S.I.G.U.A.M. et le S.C.A. du Grand MELUN. Cette convention prévoit que le S.I.G.U.A.M. est maître d’ouvrage de la construction de la première tranche de la station et que le S.C.A. du Grand MELUN participe au financement par apport en capital. La répartition des financements s’établit en fonction des usagers raccordés, suivant le principe :
- — S.I.G.U.A.M. : 65 %
- — S.C.A. : 35 %
Le bilan général de l’opération, y compris les acquisitions foncières, est de 28 M.F. T.T.C., ce qui correspond à un coût relativement faible : 225 F valeur 1979 à l’habitant équivalent installé.
Ce montant se décompose en :
- — acquisitions des terrains : 5 %
- — travaux annexes (remblaiement, E.D.F., eau potable, accès) : 10 %
- — ouvrages d’épuration : 85 %
Les travaux de la station ont obtenu des subventions du département de Seine-et-Marne et du Ministère de l’Intérieur, qui représentent 38 % du montant des travaux. De plus, l’Agence Financière de Bassin « Seine-Normandie » a apporté une aide représentant 30 % du montant hors taxes des travaux. Le complément du financement est assuré par les collectivités locales qui ont contracté des emprunts.
LA RÉALISATION
L’ordre de service prescrivant le démarrage des travaux de la construction de la station d’épuration de BOISSETTES a été donné le 16 novembre 1976. La station a effectué ses essais en fin d’année 1978 et les derniers travaux d’aménagement ont été terminés en avril 1979. La réception provisoire des ouvrages d’épuration a eu lieu le jeudi 3 mai 1979.
Les techniques de Génie Civil
Étant donné les caractéristiques mécaniques du sol, il était prévu de fonder les ouvrages sur des pieux. Leur longueur était comprise entre 7 et 8 m, leur diamètre variant de 450 à 600 mm.
L’Entreprise QUERET a réalisé les 332 pieux nécessaires à la totalité des cuveries, des bâtiments ou des ouvrages annexes.
Le chemisage des pieux était mis en place par battage ; une plaque métallique perdue permettait d’obturer le tube pendant cette phase.
Ensuite, le chemisage était retiré au fur et à mesure du bétonnage des pieux.
Le béton fourni par la Centrale du MEE-SUR-SEINE (Béton Rationnel Contrôlé) avait la composition suivante :
- — fines : 195 kg/m³
- — sables 0/4 : 595 kg/m³
- — graviers 4/10 : 375 kg/m³
- — graviers 10/20 : 565 kg/m³
- — ciment CLK 325 dosé à 400 kg/m³
- — eau : 206 l/m³
Avec ce dosage, la résistance du béton était de :
- — 265 bars à 7 jours
- — 375 bars à 28 jours
Le Laboratoire Central de l’Est Parisien a assuré le contrôle de la qualité des bétons et l’ensemble des études de mécanique des sols.
Avant durcissement du béton, les pieux recevaient leurs armatures longitudinales. Ensuite, les têtes de pieux étaient recépées et les armatures ainsi dégagées étaient reprises dans le ferraillage des longrines supportant les radiers.
Des coffrages métalliques type « nid d’abeille » ont permis le bétonnage des parties circulaires en élévation (bords extérieurs des décanteurs en particulier). La SOCOTEC avait une mission générale de
contrôle pour l'ensemble du Génie Civil de la station d’épuration.
Malgré deux mois d’arrêt du chantier dus aux intempéries et aux crues de la Seine, le délai de 18 mois prévu pour la réalisation des ouvrages a pu être respecté.
LES CANALISATIONS SEMI-RIGIDES
Les bassins nécessaires à l’épuration ont été fondés sur pieux. Le terrain étant compressible, les canalisations reliant les ouvrages entre eux devaient être rigides ou de type souple et s’adapter aux déformations du terrain ; l’objectif final étant d’assurer des liaisons parfaitement étanches.
La technique des conduites rigides a été envisagée ; mais, vu la distance entre les ouvrages, il aurait été nécessaire d'utiliser des fondations spéciales. L'intérêt économique du chantier nous a conduits à préférer la technique des canalisations de type souple, avec emploi de tubes en polyéthylène à haute densité. (1)
Pour la station d’épuration de BOISSETTES, les tuyaux fournis par la Société FRANS BONHOMME ont été livrés en longueur de 12 ml. Leurs diamètres variaient de 1 200 mm à 160 mm.
Trois machines spéciales effectuèrent sur le chantier une centaine de polyfusions qui permirent d’assembler les linéaires suivants : — 230 ml de Ø 1 200 mm — 150 ml de Ø 1 000 mm — 180 ml de Ø 800 mm — 850 ml de Ø inférieur à 400 mm.
Plusieurs techniques de liaison entre les ouvrages et les tuyaux ont été employées ; toutes devaient permettre de créer à chacune des extrémités des canalisations : — un ancrage totalement fixe pour une extrémité : une couronne en polyéthylène est soudée à l’extrémité du tube ; la bague est noyée dans le béton, créant ainsi un point fixe ; — une liaison étanche laissant une possibilité de mouvement uniaxial au tuyau : un joint torique néoprène, positionné sur le tube assure l’étanchéité ; les remblaiements ultérieurs du sol induisent des tassements différentiels qui modifient le tracé de la canalisation, donc sa longueur ; à l’extérieur du bassin, sur le pourtour de la canalisation, une réservation permet le mouvement transversal du tube en évitant le risque de cisaillement.
Voir « L'EAU ET L'INDUSTRIE », n° 33, mars 1979, pages 28 et suivantes, et n° 35, mai 1979, pages 25 et suivantes.
D’autres raccordements fixes ont été réalisés par collet d’ancrage. Un collet d’ancrage polyfusé à l’extrémité d'un élément est fixé sur la paroi extérieure du bassin, avec une bride boulonnée. Les raccordements coulissants sont réalisés par joints toriques, soit directement noyés dans le béton, soit assurant l'étanchéité d’une pièce appelée « accès de regard ».
en P.V.C. constituant un manchon lui-même noyé dans le béton armé de la paroi.
La légèreté des canalisations (140 kg au ml en Ø 1 200 mm) a facilité une mise en place rapide sur un terrain particulièrement instable pour lequel il était financièrement intéressant d’écourter la durée des pompages.
CONCLUSION
La mise en service de la première tranche de la station d’épuration de BOISSETTES permet de disposer d'un équipement adapté aux besoins de MELUN et de sa région, y compris la « ville nouvelle ».
Cette réalisation n'a été rendue possible que par l’association des élus locaux de deux Syndicats Intercommunaux, la mobilisation des aides financières de l'État, du Département, de l'Agence Financière de Bassin « Seine-Normandie » et le concours technique d'un groupement d’entreprises de taille nationale.
Souhaitons que pour les nouvelles tranches à construire, cette même union d'efforts puisse se renouveler afin de poursuivre une politique cohérente d’équipements publics au service de tous.
M. JACQUET – P. GELOT –J.-C. BOIXIERE – M. LESCURE.