C'est ce que découvrirent les membres du SIVOM du Journans, lorsqu’en 1984, aidés des ingénieurs de la Direction départementale de l'agriculture de l'Ain, ils étudièrent les offres présentées par les entreprises en vue de la construction d'une station d’épuration d’eaux usées de 16 000 EH, intéressant les communes de : Gex, Ségny, Cessy, Echenevex, Prévessin, Ornex. Le projet prévoyait une utilisation agricole des boues, leur débouché étant assuré sur des terres situées à Ségny.
Il était impossible d’envisager un épandage liquide ; d’autre part, une déshydratation sur filtre à bande de boues aurait conduit à des siccités faibles, rendant les manipulations difficiles. Les études menées avec les diverses entreprises conduisirent à envisager une solution basée sur un traitement des eaux en moyenne charge, après décantation primaire, suivi d’un traitement des boues par digestion anaérobie et déshydratation par filtre-presse.
Une étude approfondie en large concertation avec les deux syndicats d’assainissement voisins (SIVOM de l’Allondon et SIVOM de l’Est Gessien) permit d’aboutir à une solution globale pour le traitement des boues produites par les trois principales stations du pays de Gex : celles de Ferney-Voltaire, de St-Genis-Pouilly et la future unité du Journans.
[Photo : La chaufferie avec l’échangeur de chaleur et les trois cogénérateurs.]
Cette dernière, située sur la commune de Prévessin, et géographiquement la plus centrale, recevrait les boues secondaires en excès des deux autres unités et assurerait leur stabilisation par digestion anaérobie, suivie d’une déshydratation sur filtre à bande et ce, dans le cadre d'une capacité totale de 47 000 EH.
Cette solution conduisit à réaliser, de 1986 à 1987, la station de Prévessin sur les bases ci-après. La station se compose de deux parties correspondant d’une part au traitement des eaux et d’autre part à celui des boues.
Traitement des eaux
D'une capacité de 16 000 EH et un débit, en pointe, de 540 m³/h, cette installation comporte :
- — un relèvement par vis d’Archimède,
- — un dégrillage à mailles de 25 mm,
- — un dessableur-déshuileur avec système d’aération,
- — un décanteur primaire de 21,50 m de diamètre.
L’étage biologique est assuré par un traitement avec boues activées à moyenne charge, dans un bassin de 728 m³ de capacité. L’aération par insufflation d’air a été retenue autant pour des raisons climatiques que pour la protection de l’environnement, l’absence de bruit et d’aérosols. L’air est fourni par deux surpresseurs, et diffusé en très fines bulles par 132 éléments poreux.
La clarification des eaux est assurée par un décanteur avec aspiration, de 24 m de diamètre.
Mise en service en juillet 1987, cette installation traite en moyenne 6 000 m³/jour d'effluents.
Traitement des boues
Les boues mixtes primaires et secondaires de la station d'épuration sont épaissies dans un silo, puis envoyées en digesteur après avoir été chauffées à 35 °C par passage dans un échangeur de chaleur.
Les boues provenant des deux autres stations sont transportées, à la concentration de 65 g/l, dans une fosse de reprise et introduites dans le digesteur après avoir été portées à 35 °C dans l’échangeur de chaleur. Les boues en excès des trois stations se retrouvent donc dans un digesteur d'un volume de 1 000 m³ où elles sont brassées et chauffées après avoir été épaissies par centrifugation à la station de St-Genis-Pouilly et par tambour-égoutteur à celle de Ferney-Voltaire.
Après stockage dans un silo secondaire, la déshydratation est assurée par une presse à bande de 2 m de largeur.
Les boues déshydratées sont déposées, avant leur reprise pour épandage.
agricole, sur une aire bétonnée de 600 m².
La récupération du biogaz produit par le digesteur a fait l'objet de dispositions particulières : trois générateurs, d'une puissance unitaire de 13 kW et capables de fournir 33 800 Kcal/h sous forme d'eau chaude, ont été installés, ce qui permet de chauffer le digesteur et les locaux. L’énergie électrique est consommée par la station, principalement pendant les heures de pointe.
La digestion a été mise en service en novembre 1987. Les résultats d’exploitation du premier semestre de 1988 permettent de dresser un bilan satisfaisant :
- — la moyenne mensuelle des boues traitées ressort à 60 t de MS envoyées en digestion à la concentration moyenne de 63 g/l ;
- — la production mensuelle de biogaz s'est élevée en moyenne à 12 000 m³ et les cogénérateurs ont fourni 93 800 kWh durant le semestre, assurant ainsi la presque totalité des besoins de l'installation de traitement des boues.
Pendant cette période, l'épandage des boues a nécessité l’acquisition d'un appareillage spécifique, et l'aire de stockage a dû être couverte de manière à assurer la bonne tenue du produit.
Cette réalisation a permis d’apporter une solution fiable, durable, et économe en énergie, au problème du traitement de boues d’épuration du pays de GEX.
[Photo : Aire de stockage des boues déshydratées.]
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