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La problématique de l'eau en Algérie

30 decembre 2003 Paru dans le N°267 à la page 43 ( mots)
Rédigé par : Bachir DJARIZI

Dotée de ressources en eau limitées, l'Algérie doit faire face à un régime climatique capricieux et à une sécheresse qui dure depuis une vingtaine d'années. Le pays, confronté à une croissance démographique importante, devra mobiliser dans les prochaines années de nouvelles ressources en eau. Ou mettre en oeuvre un plan drastique d'économies d'eau. Dans tous les cas, le recours à des ressources non-conventionnelles sera nécessaire. Explications.

Les ressources en eau de l'Algérie sont globalement estimées à 19,4 milliards de m³/an : 12,4 milliards de m³ en eau superficielle et 1,8 milliard de m³ en eau souterraine pour les régions nord, auxquels s’ajoutent 5 milliards de m³ exploitables dans les régions sahariennes.

Les ressources en eaux superficielles sont évaluées sur la base des séries chronologiques correspondant à une période relativement longue. Elles sont susceptibles d'être revues à la baisse, compte tenu de la persistance de la sécheresse. Ainsi, pour la période climatique des 30 dernières années, les potentialités en eau ont chuté à 16 milliards de m³/an, soit 11 milliards de m³ pour les régions nord et 5 milliards de m³ pour les régions sahariennes.

[Photo : Carte de l’Algérie – altitudes, population des villes, principales voies de communication et aéroports]

Les ressources en eau souterraine des régions steppiques sont encore mal connues. Mais celles des nappes profondes du Sahara septentrional sont évaluées à 5 milliards de m³/an. Des études et des simulations, menées actuellement dans le cadre d'un Projet Maghrébin, devront permettre de préciser les potentialités et les ressources exploitables de ces nappes.

Ne sont naturellement pas prises en compte dans ces chiffres les ressources non conventionnelles susceptibles d'être mobilisées, notamment à partir du dessalement de l'eau de mer.

De ce fait, l'Algérie se situe, à l'instar des 17 pays africains touchés par le stress hydrique, dans la catégorie des pays pauvres en ressources, au regard du seuil de pénurie fixé par le PNUD ou celui de rareté par la Banque mondiale fixé à 1 000 m³/hab/an.

Le pays, situé dans une zone déficitaire, est susceptible de connaître des sécheresses prononcées. La faiblesse de ces ressources est aggravée par une mauvaise répartition spatiale, une irrégularité saisonnière et interannuelle des écoulements hydriques et des pertes dues à la vétusté des réseaux de distribution ainsi qu’à la mauvaise gestion de l'eau. Les phénomènes de pollution et l'insuffisance des infrastructures existantes sont également des facteurs à prendre en compte. Les coûts des investissements nécessaires à la mobilisation et au transfert des ressources en eau sont sans cesse plus importants, rendant nécessaire l’élaboration d’une nouvelle stratégie.

Les grands axes de la nouvelle stratégie

La stratégie de l’Algérie pour le secteur de l'eau vise deux objectifs : la sécurisation de l'alimentation en eau potable des populations et l'amélioration du taux de couverture alimentaire par l'extension des superficies irriguées.

L'objectif de développement de l'irrigation dans la zone nord du pays (hors Sahara) vise l'extension des superficies irriguées.

[Encart : Les objectifs visés dans le cadre de la nouvelle stratégie de développement du secteur des ressources en eau nécessiteront au cours de la prochaine décennie, la mobilisation d'une enveloppe budgétaire de l'ordre de 1958 milliards de DA. Le niveau d'investissement projeté pour les années 2004 à 2009 sera donc relativement conséquent. Cette évolution s'explique par deux raisons : - la résorption du retard accumulé en matière d'investissements en infrastructures hydrauliques destinées à l'AEP, à l'assainissement et à l'irrigation ; - le maintien d'un niveau d'investissement moyen annuel en infrastructures hydrauliques indispensables à la prise en charge d'une demande croissante d'alimentation en eau potable, d’assainissement et d'hydraulique agricole. Dès l'année 2010, la tendance de l'investissement dans le domaine de l'eau, reflétera une phase de stabilisation d'une part, et d'évolution qualitative dans la maîtrise et la gestion des infrastructures hydrauliques d’autre part.]

des grands périmètres irrigués à 350.000 ha environ à l'horizon 2020 et le maintien des superficies actuellement irriguées en petite et moyenne hydraulique. Les efforts seront concentrés sur la rénovation et la réhabilitation des grands périmètres existants dont les infrastructures ont subi, depuis longtemps, des dégradations et des dommages, faute d'entretien et d'une gestion adéquats.

Pour assurer les ressources nécessaires à l'extension de la grande irrigation, le Ministère des Ressources en Eau envisage de transférer une partie des réserves des barrages de la zone côtière vers la zone de l'Atlas Tellien, dont l'excédent sera à son tour transféré vers les Hautes Plaines et Hauts Plateaux. Le déficit de la zone côtière devrait alors être compensé par le dessalement de l'eau de mer et l'économie de l'eau, cette dernière option étant la priorité.

Un programme d'investissement prévoit des unités de dessalement pour une capacité de production totale de 484 millions de m³/an à l'horizon 2013 et de 1464 milliards de m³/an à l'horizon 2020. Ce programme confirme la dimension stratégique du secteur de l'eau, qui sera axé sur la mobilisation de ressources conventionnelles et non-conventionnelles (dessalement de l'eau de mer et réutilisation des eaux usées), la réhabilitation des infrastructures existantes et la réorganisation des organismes de gestion. La réalisation de ce programme s'appuiera sur l'introduction de la participation du secteur privé et l'adaptation de la politique de tarification.

Par ailleurs, le Plan National d’Actions pour l'Environnement et le Développement Durable, adopté par le gouvernement algérien en juin 2002, définit les objectifs de développement du secteur de l'eau de la manière suivante :

  • l'amélioration de l'accès des citoyens aux services d'alimentation en eau potable en mettant l'accent sur la gestion intégrée de la ressource (gestion de l'offre, de la demande et de la conser-
[Photo : Les régions hydrographiques de l’Algérie.]
  • - l'intégration des technologies qui augmentent l'efficacité de son utilisation ;
  • - l'amélioration du service public de l'assainissement : mieux gérer les stations d'épuration et développer les services d'assainissement en milieu rural ;
  • - l'adoption de technologies de production adaptées : gérer de manière rationnelle les eaux d'irrigation et développer des directives opérationnelles pour la réutilisation des eaux usées épurées dans le domaine agricole ;
  • - la rationalisation de l'utilisation des ressources en eau par l'industrie et la diminution des pollutions industrielles.

Évaluation des besoins en eau à l'horizon 2013

L'évaluation des besoins en eau potable et industrielle à différentes échéances a été effectuée dans le cadre du Plan National de l'Eau (PNE). Sur la base de ces éléments, et compte tenu de l'évolution démographique du pays, les besoins en eau potable et industrielle pour l'Algérie, aujourd'hui évalués à 3,07 milliards de m³/an, sont estimés à environ 4,22 milliards à l'horizon 2013.

[Photo : 1 - Transfert In Salah - Tamanrasset : Étude lancée : Analyse des offres en cours – Longueur : 700 km – Volume à transférer : 50 millions m³/an. 2 - Transfert Albien vers Hauts Plateaux : Étude en cours]
[Encart : Réformes institutionnelles Les réformes institutionnelles engagées dans le secteur de l'eau depuis 2000 seront poursuivies. Il s'agit notamment des actions suivantes : - intégration des entreprises de production d'eau locales au niveau de l'Algérienne des Eaux (ADE) ; - transformation de la nature juridique de l'Agence Nationale des Barrages (ANB) et de l'Agence Nationale de l'Irrigation (AGID) du statut d'EPA en statut d'EPIC. Ce projet de transformation se justifie par la mise en place d'un système de recouvrement des coûts d'exploitation et de maintenance des ouvrages de mobilisation et de transfert d'eau auprès des organismes distributeurs, par la rémunération à sa juste valeur de la maîtrise d'ouvrage déléguée et par la réduction de charges de fonctionnement. Le statut EPIC permettra la mobilisation de moyens humains, matériels et financiers assurant une meilleure prise en charge de la gestion, l'exploitation et la maintenance des infrastructures stratégiques. Les partenariats public/privé seront développés pour assurer une meilleure efficacité dans la prestation des services d'eau potable et d'assainissement. Cette démarche sera soutenue par des incitations financières et institutionnelles, à savoir la révision du Code de l'Eau, l'élaboration des textes d'application et la définition des modes d'intervention des opérateurs privés (contrat de services, de gestion, affermage, concession et BOT dans le domaine du dessalement d'eau de mer). Enfin, une nouvelle politique de tarification devra aboutir à la détermination des prix d'équilibre à long terme en intégrant l'amortissement des investissements futurs et à une structure tarifaire optimale tenant compte à la fois des objectifs sociaux et économiques et des actions d'économie sur la demande en eau.]

Du côté de l’irrigation, les Grands Périmètres Irrigués (GPI) existant actuellement en Algérie sont au nombre de seize.

Ils totalisent une superficie globale de 173 150 ha dont 103 800 ha irrigables, soit une proportion de 60 %. Les besoins en eau d’irrigation pour la superficie totale irrigable sont évalués à 742 hm³.

L’irrigation en petite et moyenne hydraulique (PMH), qui couvre une superficie de l’ordre de 300 000 hectares dans le nord du pays, utilise un volume d’eau annuel qu’on estime à 900 hm³ provenant essentiellement des eaux souterraines à partir de forages, puits et sources et, dans une moindre proportion, par retenues collinaires et petits barrages.

Les études de sols menées à ce jour ont permis d’étudier près de 5,8 millions d’hectares et d’identifier, dans les régions nord du pays, une superficie de terres aptes à l’irrigation de 1,154 million d’hectares dont 652 000 ha de sols facilement irrigables. L’irrigation de ces sols nécessite des besoins en eau estimés à quelques 4,5 milliards de m³/an.

Les ressources en eau à l’horizon 2013

Dans les régions du nord, les ressources mobilisées à ce jour, régulées par les 112 barrages en exploitation, sont de 2,2 milliards de m³/an environ, sur une capacité de stockage de l’ordre de 5 milliards de m³. En ce qui concerne les eaux souterraines, les volumes exploités actuellement sont estimés à 1,8 milliards de m³/an. Les 14 barrages et transferts en cours de construction doivent permettre la mobilisation de 1,5 milliards de m³/an supplémentaires pour une capacité de stockage additionnelle de 3 milliards de m³. Cette nouvelle mobilisation ramènera à 2013 la capacité de stockage à 8 milliards de m³ et le volume global régularisé à 3,7 hm³/an. De plus, et toujours à l’horizon 2013, il est prévu de réaliser

[Photo]

Le dessalement à marche forcée

L’Algérie possède des ressources en eau limitées. La pluviométrie, inégale, oscille entre 100 et 600 mm/an. Le pays est en proie à une sécheresse persistante depuis une vingtaine d’années. Sur les cinq dernières années, un déficit hydrique de 20 % a été enregistré. Pour s’assurer une alimentation pérenne en eau potable, l’Algérie a donc choisi de se tourner vers la mer. Une solution alternative qui s’avère de plus en plus nécessaire et facilitée par le fait que le pays dispose d’un littoral de 1 200 km et que la population ainsi que les industries grandes consommatrices d’eau se trouvent sur le littoral, ce qui réduit les prix de revient du m³ d’eau. Des orientations ont donc été données pour la concrétisation du programme suivant :

  • - Étude et réalisation d’une unité de dessalement d’eau de mer selon la formule BOT dans la wilaya de Ain Temouchent avec une capacité de 100 000 m³/j ;
  • - Étude générale sur le dessalement d’eau de mer en Algérie pour recenser les sites potentiels et l’élaboration des études de faisabilité des sites prioritaires ;
  • - Étude de trois grandes stations de dessalement d’eau de mer à Alger, Oran et à Skikda dont la capacité de chacune d’elles dépasse les 100 000 m³/j.

Dans le cadre du programme d’urgence pour le renforcement de l’alimentation en eau potable des agglomérations de Tipaza, Alger, Boumerdes, Tlemcen et Skikda, une consultation restreinte a été lancée pour l’acquisition de stations de dessalement d’eau de mer de type « Monobloc » d’une capacité totale de 50 000 m³.

14 grands barrages, 6 grands transferts et 12 interconnexions entre 28 grands barrages, une centaine de petits barrages susceptibles de mobiliser 70 hm³. 100 000 ml de forages de renouvellement pour les régions nord du pays, susceptibles de maintenir la production en eau souterraine à son niveau actuel (1,8 hm³/an), seront construits ainsi que 400 000 ml de forages pour les régions sahariennes permettant la mobilisation nouvelle en eau souterraine d’environ 1,0 milliard de m³/an.

Mais les aléas climatiques observés ces deux dernières décennies ont mis en évidence le caractère aléatoire des apports aux barrages et aux nappes souterraines, et ont sensibilisé les décideurs sur la nécessité de recourir aux ressources non conventionnelles. Il faut donc envisager de pondérer les valeurs mobilisables citées plus haut d’environ 30 % et peut-être même de 50 % au cas où la sécheresse atteindrait l’intensité vécue ces trois dernières années.

Dans les régions sahariennes, les ressources en eau superficielle mobilisées actuellement par 5 barrages en exploitation sont limitées à 148 hm³. Les principales ressources en eau du Sahara sont situées au niveau des deux grands systèmes aquifères profonds du « Complexe Terminal » et du « Continental intercalaire », dont les potentialités sont évaluées à 5 milliards de m³/an. Ces ressources sont actuellement exploitées à hauteur de 1,8 milliard de m³/an. Les possibilités de mobilisation des eaux superficielles à l’horizon 2013 dans cette région sont négligeables. Par contre, les volumes mobilisables des eaux souterraines pourront atteindre les 5 milliards de m³/an. Pour satisfaire les besoins croissants de l’AEP et de l’irrigation, il est prévu la mobilisation supplémentaire d’un milliard de m³.

Confrontation besoins-ressources à l’horizon 2013

Le Sahara, riche en potentialités en eau souterraine, sera excédentaire en 2013 grâce à la mobilisation de 1 milliard de m³ qui sera destiné essentiellement au développement de l’irrigation. De même, pour cette région où le problème de l’assainissement des eaux usées est particulièrement aigu, il a été décidé la réalisation de 7 nouvelles STEP et des stations de déminéralisation en appoint aux ressources mobilisées.

Dans l’ensemble, cette région est excédentaire en ressources en eau et elle le sera même au-delà de 2013. Si les circonstances l’exigeaient, de l’eau pourrait être transférée vers les régions nord du pays déficitaires, notamment les Hauts Plateaux. Une étude sur le transfert sud-nord est actuellement en cours.

[Photo]

Une exportation d'eau vers certaines régions déficitaires du nord du pays, essentiellement les régions des Hauts Plateaux, pourrait être envisagée. Une étude de transfert sud-nord est actuellement en cours.

Pour les régions du nord de l'Algérie, la situation est plus complexe. Si l'on prend en compte le scénario de base (période climatique de 50 ans jugée moyenne), la situation globale au nord de l'Algérie sera très proche de l'équilibre besoins/ressources. L'alimentation en eau potable sera correctement assurée à l'échelle nationale durant la décennie 2004-2013, ainsi que celle de l'irrigation pour les régions algéroise et constantinoise. Par contre, les besoins de la région oranaise et celle du Chéliff ne seront pas totalement couverts. Les déficits de ces régions ne pourront être résorbés que par le choix, soit d'une politique soutenue de mobilisation de nouvelles ressources non conventionnelles (dessalement d'eau de mer), ce qui permettra de déconnecter une partie des ressources conventionnelles vers les besoins de l'irrigation, ou bien par une politique de révision à la baisse de l'extension des superficies proposées à l'agriculture.

Si l'on se base sur le scénario pessimiste (période climatique des 25 dernières années, jugée sèche), les données sont différentes. Les observations enregistrées durant les 25 dernières années sur le régime pluviométrique ont montré que les précipitations moyennes ont baissé d'environ 30 %. Cette baisse généralisée de la pluviométrie à l'échelle du pays a entraîné une réduction dans les mêmes proportions des apports hydriques enregistrés aux stations de mesures et aux barrages en exploitation. Cette réduction des apports a eu une incidence directe sur les volumes régularisés par les barrages en exploitation, donc sur les ressources mobilisées.

La diminution de 30 % des volumes régularisés entraînera une diminution égale des ressources mobilisées par les barrages en exploitation et ceux programmés durant la décennie 2004-2013, sans omettre la diminution qui pèsera sur le renouvellement et le niveau d'extraction des nappes d'eau souterraine. L'impact de ce scénario, catastrophique pour le pays et son économie nationale, serait de plus de 1,5 milliard de m³ de déficit.

Par voie de conséquence, et en supposant que la sécheresse touchera chaque année une partie, et non la totalité du territoire comme cela est observé depuis de nombreuses années, le niveau de satisfaction en eau des grandes et moyennes agglomérations, qui ne seront pas pourvues d'unités de dessalement, deviendrait alors très critique. La priorité serait sans aucun doute accordée à l'alimentation en eau potable des populations. L'irrigation serait très restrictive et de nombreux périmètres ne seraient pas couverts à 40 %, et certains pas du tout.

Quelle que soit la politique de l'eau qui sera arrêtée sur le devenir de l'irrigation en Algérie, les actions engagées à ce jour ne sont pas suffisantes. Il faudra agir sur la demande en eau potable et agricole par :

- une lutte soutenue contre les pertes des réseaux de distribution qui constituent un gisement important qu'il faudra exploiter : on estime un gain de 25 % à 30 % sur la demande en eau globale exprimée ;

- un programme d'économie d'eau par des systèmes adaptés pour réduire les dotations brutes en eau et à l'hectare exigées par l'irrigation et par des process plus économes dans l'industrie ;

- une politique tarifaire dissuasive qui incite à l'économie d'eau ;

- un programme d'information, d'éducation et de sensibilisation de tous les usagers pour la protection et la préservation des ressources en eau, bien collectif et national.

Conclusion

Le programme de mobilisation, de transfert, de réhabilitation, en cours de réalisation et de lancement, et, en ne prenant en compte que les seules ressources conventionnelles, porte globalement à l'horizon 2013 sur :

- 35 réhabilitations de réseaux d’AEP de grandes villes ;

- 14 grands barrages en construction ;

- 56 barrages en projet ;

- 6 grands transferts ;

- un programme de réalisation de 649 retenues collinaires et la réhabilitation des 458 existantes ;

- un programme de forages portant sur un linéaire de 500 000 mètres sur la période décennale ;

- 12 interconnexions entre 28 grands barrages.

Une première confrontation besoins/ressources en eau conventionnelles fait apparaître un déficit dans plusieurs régions hydrographiques avec plus ou moins d'intensité à l'horizon 2013. Afin de réduire les déficits observés, malgré la mise en œuvre de ce programme, il sera nécessaire de réaliser à l'horizon 2013 :

- 13 unités de dessalement pour une capacité de production installée de 484 millions de m³/an ;

- 77 stations d'épuration et recyclage des eaux usées épurées et la réhabilitation de 19 STEP qui permettront l'utilisation en REU d'un volume de 102 hm³/an au profit de l'irrigation ou l'industrie.

Les actions programmées par la stratégie décennale, exception faite pour la région sud du pays, ne constituent qu'un répit assurant un équilibre besoins/ressources. Elles ne feront que retarder les échéances de la rupture qui pointe à partir de 2013 à 2020 et au-delà entre les besoins en eau croissants de la population, de l'industrie et surtout de l'irrigation et les disponibilités en eau encore mobilisables. En effet, de 2013 à 2020, la population va croître à 42 millions, ce qui correspond à une augmentation de l'alimentation en eau de 30 %. Le développement industriel implique une augmentation de la production et ainsi de la demande en eau, estimée dans le PNE à 1,5 % par an jusqu'à l'année 2020, soit une augmentation de 30 % du total exigé par ce secteur. Au niveau de l'agriculture, la demande à l'horizon 2020 est basée sur l'extension des superficies irrigables devant atteindre environ 900 000 ha. Par conséquent la demande en

eau du secteur agricole va doubler d'ici 2013.

En considérant la mise en œuvre de tous les projets de mobilisation des ressources en eau, la demande totale va augmenter à 2020 à un niveau de 9 à 10 milliards de m³/an, selon les conditions climatiques considérées. Dans le même temps, le total des ressources pourrait être augmenté pour atteindre un maximum de 8,5 milliards de m³ en 2020. Le bilan global besoins/ressources ne sera donc plus équilibré. Il sera plus déséquilibré encore si des conditions climatiques sèches prévalaient.

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