Dans cet article, nous tenterons de façon très succincte d’examiner les deux cas typiques de pollution sus-indiqués (région de Bel Abbès et plaine de la Mitidja).
Nappe de Sidi Bel Abbès
L’étude (1) menée en 1990 par une équipe de l’U.S.T.H.B. sur la pollution de la nappe superficielle de la plaine de Sidi Bel Abbès a fait ressortir que les teneurs en nitrates des eaux de cette nappe dépassent souvent la norme admise (la concentration maximale admissible pour les nitrates en Algérie est de 50 mg/l, avec une concentration guide de 25 mg/l), en particulier au voisinage de la ville de Sidi Bel Abbès. Les résultats d’analyses ont révélé des teneurs en nitrates allant jusqu'à 196 mg/l, surtout pour certains puits situés au centre de la plaine sur une bande d’environ 9 km². Ces fortes teneurs sont dues au chevelu hydrographique de la région de Sully vers le centre de la plaine. Ce chevelu entraîne un écoulement et un drainage vers les puits à fortes teneurs.
Cette contamination de la nappe est due à l'utilisation excessive des engrais azotés en agriculture, d’autant plus que la ville de Sidi Bel Abbès est une ville à vocation essentiellement agricole. Le principal engrais azoté utilisé est l'ammonitrate 33,5 % de formule chimique NH4NO3.
Plaine de la Mitidja
L’étude (2) menée en 1986 par une équipe de l’U.S.T.H.B. sur la pollution par les nitrates des eaux souterraines de la plaine de la Mitidja a révélé que les trois quarts de cette plaine ont une bonne probabilité d’être contaminés par une pollution d'origine agricole. De manière générale, les teneurs en nitrates des eaux de la plaine de la Mitidja sont importantes, aussi bien dans les zones urbaines ou industrielles que dans certaines zones rurales. Sur les 103 échantillons prélevés et analysés, 77,66 % des échantillons ont une teneur en nitrates inférieure à 50 mg/l, contre 23,34 % dépassant les 50 mg/l.
Les régions les plus touchées sont celles situées à l’Est et au Centre. La bande Est passant par El-Harrach, Bab Ezzouar, Rouïba et Khemis El Khechna possède des eaux fortement chargées en nitrates. Au Centre, deux bandes de pollution où les teneurs en nitrates sont plus élevées : une bande de 13 km² au voisinage de Baba-Ali et l’autre (15 km²) allant de la ville de Boufarik vers le Nord-Est de la plaine. L’augmentation des teneurs en nitrates dans les bandes Est et Centre suit le sens d’écoulement des eaux. Cependant, pour ce qui est de la bande Ouest de la plaine, mis à part une petite bande de 4 à 5 km² située entre les villes de Hameur El Aïn et le lac de Halloula, la pollution des eaux par les nitrates est pratiquement nulle.
Les principales origines de la pollution par les nitrates de la plaine de la Mitidja semblent multiples ; néanmoins, la principale origine de cette pollution est l’activité agricole, qui utilise les engrais azotés (comme l'ammonitrate 33,5 % de formule chimique NH4NO3) nécessaires à la fertilisation des sols.
Tel qu'il ressort à travers les premiers résultats de cette étude de la pollution par les nitrates des eaux souterraines de la Mitidja, en l’état actuel de la situation, certaines zones situées au Centre et en bordure Est de la plaine peuvent présenter un danger réel pour les eaux de l’aquifère de l'Astien. La pollution sera d’autant plus accentuée dans la mesure où cette partie de la plaine présente des épaisseurs souvent faibles et les niveaux piézométriques se situent à de faibles profondeurs.
Cet aperçu sur les cas de contamination par les nitrates des eaux souterraines n’est cependant pas généralisable. Seules les régions de Bel Abbès et de la Mitidja sont à surveiller, particulièrement pour la santé infantile.
Quelles solutions à ce problème de pollution
Les méthodes d’épuration présentent des coûts élevés. Par conséquent, il faut s’attaquer au problème à la source. Considérant que la principale source diffuse de nitrates est l’agriculture, une législation sévère et responsable devrait réglementer les activités agricoles dans les zones de captage, et ce, par la limitation des doses globales d’épandage d’engrais.
Les épandages d’engrais devraient faire l'objet de calculs de bilan serrés ou de recommandations semblables à celles que préconisent les services agricoles. Ils devraient se baser sur :
- @ l’évaluation des besoins des cultures,
- @ l’évaluation des reliquats et des disponibilités,
- @ la mesure de la composition des engrais organiques,
- @ la réduction des risques de pertes, en s’informant sur les prévisions météorologiques avant les applications.
L'idée essentielle qui se dégage de ces travaux est que la rareté de la ressource eau, de plus en plus significative, doit pousser à une réflexion sérieuse sur les problèmes de pollution et sur la mise en œuvre d’une réglementation adéquate s’inscrivant dans le cadre de la protection de cette ressource.
(1) K. Brahim : « Étude hydrogéologique de la plaine de Sidi Bel Abbès », 1990, U.S.T.H.B.
(2) Akli et Chibane : « Pollution par les nitrates des eaux souterraines de la plaine de Mitidja », 1986, U.S.T.H.B.
* Extrait du numéro 1 de la revue algérienne « Edil Inf-Eau »