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La pollution microbiologique des plages

30 novembre 1994 Paru dans le N°177 à la page 71 ( mots)

La pollution microbiologique peut être due à des rejets directs à la mer (pollution de proximité) mais également à des pollutions véhiculées par les rivières. Une étude récente a montré que des bactéries rejetées au niveau de Frévent (sur la Cauche) ont été retrouvées sur le littoral. Donc, même s’il apparaît urgent de traiter les pollutions locales, il faut aussi traiter les pollutions de l’amont.

Bien que représentant une faible part de la flore bactérienne présente dans l’eau et les sédiments, des germes pathogènes peuvent être retrouvés dans les eaux marines et les coquillages. La probabilité de présence de ces germes pathogènes dans une eau résiduaire domestique, épurée ou non, est élevée.

Isoler et identifier ces germes pathogènes relève de techniques compliquées et coûteuses. Le risque épidémiologique est évalué par le dénombrement de populations bactériennes fortement représentées dans la flore intestinale humaine. Ces germes représentatifs de la flore intestinale sont appelés germes tests de contamination fécale.

Les bactéries pathogènes

On distingue :

  • - Les bactéries dont l’habitat normal est l’intestin de l’homme ou de certains animaux à sang chaud. On y trouve les agents responsables des grandes épidémies hydriques (Vibrio cholerae, Salmonella typhi et paratyphi B, Shigella responsable de dysenteries bacillaires, coliformes fécaux entéropathogènes). Émises en grand nombre par les individus malades, mais aussi par des porteurs sains, guéris ou immunisés, ces bactéries sont souvent présentes dans les effluents domestiques.
  • - Les leptospires, apportées par l’urine des rats : la contamination peut se faire par voie orale, mais le plus souvent par voie transcutanée.
  • - Les bactéries susceptibles de provoquer des infections cutanées ou cutanéo-muqueuses (Staphylocoques et Streptocoques fécaux).

Les virus

Les eaux côtières peuvent être souillées par des adénovirus, des entérovirus (polio virus), le virus de l’hépatite A, des rotavirus (gastro-entérite infantile).

Les virus dont les méthodes d’isolement et d’identification sont complexes, peuvent être transmis par l’intermédiaire des coquillages qui les concentrent et les accumulent dans leur chair.

Les parasites

Les champignons et les levures peuvent provoquer des affections cutanées. Certaines formes de protozoaires ou d’helminthes sont pathogènes.

Le devenir en mer des germes pathogènes

Lorsque les bactéries arrivent en mer, elles rencontrent un milieu très différent de leur milieu d’origine et leur survie dépend de la température, de l’éclairement, de la salinité et de la matière organique présente dans le milieu. Dans les estuaires, les bactéries et les virus rencontrent des conditions de vie plus favorables et la remise en suspension des sédiments fins peut provoquer une contamination des eaux.

Le risque d’infection d’un sujet dépend de la concentration des germes pathogènes dans le milieu et de l’état du sujet. L’analyse complète des germes pathogènes est pratiquement impossible à réaliser, d’où l’utilisation d’indicateurs de qualité bactériologique pour évaluer le risque de contamination.

Les germes tests de contamination fécale

Deux types de germes sont reconnus en tant qu’indicateur de risque global d’origine fécale : les coliformes fécaux et les streptocoques fécaux. Ils sont présents en grand nombre dans l’eau usée et sont faciles à analyser. Leur utilisation en tant qu’indicateur de l’efficacité d’un traitement, comme la désinfection, est plus délicate ; il faut s’assurer que le traitement a la même efficacité sur les pathogènes que sur les germes tests.

Ces germes tests sont utilisés pour exprimer la qualité des eaux de baignade et contrôler la qualité des produits conchylicoles.

Les conséquences sanitaires

Pour apprécier le devenir des bactéries en mer, on observe le temps de disparition des bactéries et on utilise le T90 (temps de disparition de 90 % des bactéries). Ce temps qui peut être de quelques heures en Méditerranée a donné des valeurs de 24 ou 48 heures sur le littoral Artois-Picardie. La présence de bactéries pathogènes a des conséquences sanitaires :

  • - Les études épidémiologiques récentes montrent que la baignade dans une eau polluée augmente, de façon significative, les risques de maladies gastro-intestinales ;
  • - Les mollusques concentrent les bactéries et les virus d’un facteur 10 à 100 par rapport à la concentration dans l’eau de mer. La contamination des coquillages non purifiés peut être à l’origine de gastro-entérites et d’hépatites.

* NDLR : Après les séjours passés cet été au bord de l’océan de la Manche et de la Méditerranée, il est bon d’évoquer comme l’a fait ci-dessus le n° 13 de la revue Contre-courant éditée par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, les dangers auxquels nous avons échappé pour la plupart d’entre nous, en dégustant des coquillages...

(1) Revue "Contre-courant" - Agence de l’Eau Artois-Picardie : B.P. 818 - 59508 Douai - Tél. 27 99 90 00.

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