Face au développement des collectes séparatives, de nouveaux besoins apparaissent : acquérir des connaissances générales et tendre vers une " expertise " de ces opérations. Dans cette optique, Le Groupe SITA s'est fixé sur trois sites, les objectifs suivants : tester et valider la méthode Modecom, analyser les résultats qui en découlent et mettre en ?uvre des indicateurs d'efficacité des collectes séparatives. Au regard des résultats issus des travaux, ces mesures permettent d'apporter un éclairage général et innovant sur les collectes séparatives.
Toute activité nouvelle - ou approche nouvelle - d’une activité traditionnelle suscite un certain nombre d’interrogations. La collecte séparative¹, compte tenu de son développement depuis 1992, ne déroge pas à cette règle, notamment en matière d’indicateurs d’efficacité technique.
¹ On entend par collecte séparative d’une part, la collecte des ordures ménagères « résiduelles » et, d’autre part, les collectes sélectives. Ces dernières correspondent à certaines fractions des ordures ménagères préalablement séparées par les ménages, afin de permettre leur valorisation optimale ou un traitement spécifique. Comme le précise Gérard Bertolini (chargé de recherche au CNRS) : « la collecte séparative correspond à une optique de gestion intégrée des déchets, plus conforme aux préoccupations des collectivités territoriales ».
Face à l’extension quantitative et territoriale des collectes séparatives, de nouveaux besoins ont vu le jour :
- acquérir des connaissances (données) générales sur ces opérations ;
- tendre vers une « expertise » de la collecte séparative, en termes : d’efficacité, de logistique - « dimensionnement » des outils de collecte et de tri -, de respect de la réglementation nationale et européenne.
Pour répondre à ces besoins, le Groupe SITA a entrepris un certain nombre d’actions : suivi des collectes et des centres de tri dans ses filiales régionales de service ; mise en œuvre de campagnes de caractérisation Modecom² ; mise au point d’indicateurs d’efficacité des collectes séparatives.
Les démarches entreprises n’ont pas pour but de faire table rase du passé et de bâtir ex nihilo un système d’informations cohérent ; mais, plus exactement, d’améliorer de façon progressive l’état des connaissances afin d’aboutir à terme à la constitution d’une base de données.
Grâce à ce programme d’études, les objectifs suivants ont été atteints : tester et valider la méthode Modecom ; analyser les résultats qui en découlent ; mettre en œuvre les indicateurs d’efficacité des collectes séparatives.
² Ademe - Équipe Déchets Municipaux, 1993. Modecom = Méthode de Caractérisation des Ordures Ménagères. Angers, 61 p.
La méthode
Les sites
Pour mener à bien ces travaux, il a été choisi trois sites de collectes, partenaires d’Éco-Emballages. Il s’agit du District Nord de l’Agglomération Messine - D.N.A.M - (17 500 habitants - Moselle), du Hurepoix (87 000 habitants - Yvelines et Essonne) et de Louviers (19 130 habitants - Eure).
L’échantillonnage et la caractérisation
Afin de déterminer l’efficacité d’une collecte séparative, il s’avère indispensable de connaître et d’analyser la composition des ordures ménagères et des collectes sélectives. La méthode Modecom permet cette opération grâce au tri et à l’identification d’échantillons par catégories de produits, prélevés dans le contenu des bennes. Pour mener à bien une campagne Modecom, il convient de respecter quelques principes fondamentaux :
- définition du site d’étude : il faut souligner que les moyens logistiques et les temps de tri sont des facteurs limitants. Il convient, le plus souvent, de découper ces zones d’études en secteurs représentatifs, afin d’obtenir une meilleure homogénéité des facteurs influençant la composition des ordures ménagères (type d’habitat, nombre d’habitants, type de collecte, saison, activités saisonnières...). Dans ce cadre, il est primordial de vérifier qu’il
Matériaux ciblés dans les collectes
1 Déchets de jardin
2 Papiers
3 Cartons
4 Briques alimentaires
7 Bouteilles (PVC, PET, PEhd > 0,5 l)
9 Verres
10 Emb. acier
Emb. aluminium
lp — rigide et semi-rigide
OM : 14 catégories
1 Déchets fermentescibles
2 Papiers
3 Cartons
4 Composites
5 Textiles
6 Text. sanitaires
7 Plastiques
8 Combustibles non classés
9 Verres
10 Métaux
11 Incombustibles non classés
12 Déchets spéciaux
13 Pertes (en eau)
14 Fines (< 20 mm)
Déchets d’emballages
2 Papiers
3 Cartons
4 Composites
5 Textiles
7 Plastiques
8 Combustibles non classés
9 Verres
10 Métaux
11 Incombustibles non classés
12 Déchets spéciaux
il existe une superposition entre les véhicules de collecte sélective et ceux des ordures ménagères sur le site étudié ;
- - prélèvement des échantillons : l’opération dite d’échantillonnage se décompose de la façon suivante :
- - tirage au sort des bennes à échantillonner, chaque tour de collecte étant à distinguer ;
- - réalisation d’un prélèvement aléatoire des échantillons dans le contenu des bennes. Il a été convenu d’extraire des masses d’environ 500 kg pour les ordures ménagères et de 200 à 400 kg pour les collectes sélectives, en fonction du type de collecte.
- - caractérisation et analyse : il faut respecter le tri des 13 catégories et des sous-catégories préconisées par Modecom. Cette opération permet d’identifier les matériaux ciblés dans les collectes sélectives : fermentescibles ; papier ; carton ; composites ; textiles ; textiles sanitaires ; plastiques ; combustibles divers ; verre ; métaux ; incombustibles divers ; déchets spéciaux ; fines. Une analyse de l’humidité est ensuite réalisée sur chacune des fractions.
Il semble nécessaire de souligner qu’une campagne Modecom est ponctuelle et en général réalisée au cours d’une, voire deux semaines. Les résultats, sur la base des poids, correspondent donc à la production de déchets pour un secteur. Une caractérisation des déchets ménagers, réalisée selon la procédure Modecom, est une photographie en un temps, un site (ou secteur d’étude) et une population donnés. Dès lors, la « saisonnalité » et le secteur d’étude de l’opération sont déterminants dans la composition et la quantité de ces déchets. Il est important de souligner que l’interprétation des résultats en dépend.
Gisements et indicateurs
À travers ces opérations de caractérisation des déchets ménagers, il est possible de distinguer quatre types de gisements :
- - le gisement global : la composition de tous les déchets d’un secteur d’étude ;
- - le gisement ciblé : l’ensemble des matériaux ciblés dans la collecte sélective ;
- - le gisement capté : tous les matériaux captés par la collecte sélective ;
- - le gisement valorisé (matière) : les matériaux dirigés vers une valorisation de la matière après tri.
Afin d’obtenir une analyse qualitative et quantitative des collectes sélectives, l’élaboration d’indicateurs d’efficacité de ces collectes s’avérait nécessaire. Ils ont été définis par la combinaison de quatre sources différentes : l’existant au niveau du métier de la collecte ; la collaboration avec E.R.R.A (European Recovery and Recycling Association), qui s’était déjà penchée sur ces questions ; l’utilisation des différents gisements issus d’une caractérisation. Les réflexions ont permis les modifications et l’adaptation de ces indicateurs au contexte français. Ainsi, nous avons obtenu les indicateurs suivants :
- - le ratio de collecte. Il détermine la quantité de matériaux collectés sélectivement par habitant et il est en général déterminé sur une longue période (1 année). C’est le seul ratio utilisé aujourd’hui pour présenter l’efficacité des collectes sélectives. S’il est indispensable, il s’avère insuffisant pour mesurer correctement l’efficacité des collectes sélectives.
RC = Gcp / Ge H = nombre d’habitants collectés sur le site.
- - le taux de captage. Il détermine, sur une période donnée et pour un secteur d’étude, le gisement capté (les matériaux non triés) par rapport au gisement ciblé dans la collecte. Le taux de captage permet d’apprécier la qualité du tri et de la collecte, par rapport au taux de valorisation des matériaux ciblés.
TCp = (Gcp / Ge) × 100
- - le taux de valorisation (matière). Il détermine le gisement valorisé par rapport au gisement ciblé. Il est possible de le décliner par matériaux ciblés.
TV = (Gv / Ge) × 100
- - le taux de diversion potentiel. Il détermine le gisement valorisé (matière) dans le cas où l’ensemble des produits ciblés était collecté ;
- - le taux de diversion réel, calculé pour le gisement des matériaux valorisés. Il détermine le gisement valorisé (matière).
Tableau I
Tableau récapitulatif des résultats en brut du DNAM (Maizières).
Campagne Modecom d’avril 1995 (sans le verre des bornes d’apport volontaire)
« Gisement total des OM (dans les encombrants) »
Gisement | Gisement | Gisement | Gisement | ||
---|---|---|---|---|---|
global | ciblé | capté | valorisé | ||
Secteur | global (%) | (kg/hab/an) | (kg/hab/an) | (kg/hab/an) | matériaux |
(hab/an) | (kg/hab/an) | collectés | triés) | ||
Fermentescibles | 10,4 % | 35,5 | |||
Papier | 24,9 % | 85,0 | 61,8 | 19,3 | 13,5 |
Carton | 5,5 % | 18,7 | 14,6 | 1,1 | 0,7 |
Composites | 1,7 % | 5,9 | 2,9 | 0,5 | 0,4 |
Textiles | 2,1 % | 7,3 | 1,6 | 0,3 | |
Textiles sanitaires | 4,4 % | 45,0 | 1,1 | 5,5 | |
Plastiques | 11,6 % | 39,3 | 10,6 | 5,5 | 4,3 |
Combustibles non classés | 5,0 % | 17,2 | 7,5 | 0,7 | 0,7 |
Verre | 14,9 % | 50,8 | 39,3 | 40,7 | |
Métaux | 3,8 % | 13,0 | 1,3 | 2,0 | |
Incombustibles non classés | 0,4 % | 1,5 | 0,1 | ||
Déchets spéciaux | 0,2 % | 0,7 | 0,4 | ||
Fines | 15,0 % | 51,3 | 2,9 | ||
Total | 100,0 % | 341,0 | 142,5 | 72,7 | 68,6 |
Évaluation du gisement valorisé : la collecte sélective est composée en : corps plats (*) et corps creux (**).
* Les corps plats sont triés chez l’industriel ; l’évaluation du gisement valorisé est faite sur la base des produits ciblés et captés.
** Les corps creux sont triés sur le site ; le poids sortant (taux de refus = 5 %) est réparti proportionnellement au poids des produits ciblés et captés.
A = Gisement global 341,0 kg/hab/an Taux de diversion potentiel = B/A 41,8 %
B = Gisement ciblé 142,5 kg/hab/an Taux de diversion réel = D/A 20,1 %
C = Gisement capté 72,7 kg/hab/an Taux de captage = C/B 51,0 %
D = Gisement valorisé 68,6 kg/hab/an Taux de valorisation = D/B 48,1 %
Tableau II
Tableau récapitulatif des résultats en sec du DNAM (Maizières).
Campagne Modecom d’avril 1995 (sans le verre des bornes d’apport volontaire)
Gisement | Gisement | Gisement | Gisement | ||
---|---|---|---|---|---|
global (%) | global | ciblé | capté | valorisé | |
Secteur | (kg/hab/an) | (kg/hab/an) | (kg/hab/an) | (kg/hab/an) | |
Fermentescibles | 2,6 % | 5,1 | |||
Papier | 75,1 % | 28,1 | 41,8 | 10,6 | 17,0 |
Carton | 5,2 % | 7,8 | 4,2 | 4,0 | |
Composites | 0,7 % | 1,4 | 0,4 | 0,1 | |
Textiles | 2,0 % | 4,7 | 0,4 | ||
Textiles sanitaires | 0,4 % | ||||
Plastiques | 13,3 % | 25,0 | 11,3 | 5,2 | 4,6 |
Combustibles non classés | 0,6 % | 3,2 | 0,9 | ||
Verre | 2,5 % | 5,1 | 4,4 | 4,0 | |
Métaux | 0,3 % | 0,6 | 0,2 | ||
Incombustibles non classés | 0,6 % | 1,3 | |||
Déchets spéciaux | 0,1 % | 0,3 | |||
Fines | 1,2 % | 2,4 | |||
Total | 100,0 % | 23,3 | 12,3 | 7,0 | 6,6 |
Évaluation du gisement valorisé : la collecte sélective est composée en : corps plats (*) et corps creux (**).
* Les corps plats sont triés chez l’industriel ; l’évaluation du gisement valorisé est faite sur la base des produits ciblés et captés.
** Les corps creux sont triés sur le site ; le poids sortant (taux de refus = 5 %) est réparti proportionnellement au poids des produits ciblés et captés.
A = Gisement global 23,1 kg/hab/an Taux de diversion potentiel = B/A 53,3 %
B = Gisement ciblé 12,3 kg/hab/an Taux de diversion réel = D/A 28,7 %
C = Gisement capté 7,0 kg/hab/an Taux de captage = C/B 57,0 %
D = Gisement valorisé 6,6 kg/hab/an Taux de valorisation = D/B 53,7 %
Résultats et discussion
Pour l’analyse des résultats des trois sites, nous avons pris comme référence les poids des produits bruts et secs. Les poids bruts s’avèrent être une constante dans ce type d’étude ; une campagne de caractérisation démontre également l’intérêt des mesures en poids sec. Ces dernières permettent d’éliminer le facteur « humidité », particulièrement présent dans les papiers-cartons et les plastiques. Les matériaux sont ainsi pris en compte avec leurs poids réels. Les indicateurs en poids sec donnent également une meilleure indication de la réelle efficacité des opérations de collectes sélectives. De ces résultats se dégage un triple intérêt : la connaissance du gisement global ; l’importance du gisement ciblé ; la pertinence des indicateurs d’efficacité.
La connaissance des gisements globaux
Pour l’ensemble des résultats présentés, il est à signaler que nous avons choisi comme unité de mesure : kg/habitant/an, celle-ci permettant d’apprécier directement l’importance du gisement. Chaque campagne SITA correspond à la production d’une ou de deux semaines précises ; ces données en équivalent kg/hab/an se rapportent à des rendements sur ces périodes étudiées et non pas à une production annuelle moyenne.
Des tableaux récapitulatifs, on peut dégager plusieurs commentaires (cf. tableaux I, II, III, IV, V, VI, VII et VIII).
Le D.N.A.M (District Nord de l’Agglomération Messine) dégage environ 340 kg/hab/an (en brut). Cela semble correspondre à l’idée générale d’une production quantitative moins importante de déchets en milieu rural et semi-rural qu’en milieu urbain ;
Le SICTOM du Hurepoix, structure intercommunale d’Île-de-France, a une production importante, avec 543 kg/hab/an, corroborant les estimations de plus de 1 kg/hab/jour en Île-de-France. La composition est révélatrice également d’un style de vie, puisque le gisement ciblé représente 336 kg/hab/an, soit 176 kg/hab/an d’emballages ciblés, hors déchets verts. Une production supérieure respectivement de 10 kg/hab/an et de 36 kg/hab/an par rapport à Louviers pavillonnaire et au D.N.A.M ;
La campagne de Louviers a été réalisée sur deux secteurs, un secteur pavillonnaire et un autre vertical, en occurrence le centre-ville. Les résultats sont présentés séparément pour ces deux secteurs. À Louviers, représentation d’une ville moyenne, si l’on prend en compte uniquement le secteur pavillonnaire, la production est de 504 kg/hab/an (en brut).
En ce qui concerne le secteur vertical, la part des commerçants est importan-
Tableau III
Tableau récapitulatif des résultats en brut de Louviers (secteur pavillonnaire).Campagne Modecom de juin 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 32,5 % | 152,7 | 43,4 | 15,6 | 15,6 |
Papier | 12,0 % | 55,4 | 35,2 | 6,8 | 5,6 |
Carton | 6,6 % | 13,1 | 35,2 | 0,1 | 0,1 |
Composites | 4,6 % | 9,0 | 0,1 | 0,1 | 0,1 |
Textiles | 2,1 % | 1,5 | 7,8 | 1,3 | 1,2 |
Textiles sanitaires | 3,5 % | 9,5 | 5,4 | 0 | 0 |
Plastiques | 9,8 % | 14,6 | 7,8 | 1 | 1 |
Combustibles non classés | 2,8 % | 11,2 | 6,7 | 3,3 | 3,3 |
Verre | 12,1 % | 22,6 | 14,3 | 3,4 | 3,3 |
Métaux | 4,0 % | 20,0 | 11,8 | 2,4 | 1,4 |
Incombustibles non classés | 4,2 % | 6,4 | 4,1 | 2,2 | 2,2 |
Déchets spéciaux | 1,1 % | 4,0 | 0,3 | 0,1 | 0,1 |
Fines | 13,7 % | 28,4 | 29,4 | 25,0 | 25,0 |
Total | 100,0 % | 504,2 | 165,4 | 58,6 | 56,1 |
A = Gisement global : 504,0 kg/hab/anB = Gisement ciblé : 165,4 kg/hab/anC = Gisement capté : 56,6 kg/hab/anD = Gisement valorisé : 56,1 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 32,8 %Taux de diversion réel = D/A : 11,1 %Taux de captage = C/B : 34,2 %Taux de valorisation = D/B : 33,9 %
Tableau IV
Tableau récapitulatif des résultats en sec de Louviers (secteur pavillonnaire).Campagne Modecom de juin 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 13,7 % | 44,3 | |||
Papier | 14,9 % | 56,7 | 35,1 | 14,6 | 13,1 |
Carton | 7,3 % | 42,3 | 11,4 | 14,9 | 14,9 |
Composites | 4,6 % | 9,4 | 2,3 | 0,1 | 0,1 |
Textiles | 2,3 % | 6,3 | 8,4 | 2,1 | 0,4 |
Textiles sanitaires | 4,1 % | 9,5 | 5,4 | 0 | 0 |
Plastiques | 14,5 % | 8,3 | 7,7 | 1 | 1 |
Combustibles non classés | 3,7 % | 4,3 | 5,4 | 3,3 | 3,3 |
Verre | 17,0 % | 60,7 | 14,8 | 5,2 | 5,2 |
Métaux | 5,3 % | 8,4 | 6,3 | 1,2 | 1,2 |
Incombustibles non classés | 5,9 % | 19,3 | 17,7 | 17,8 | 17,8 |
Déchets spéciaux | 4,4 % | 7,8 | 0,4 | 0,3 | 0 |
Fines | 10,9 % | 22,6 | 32,4 | 29,4 | 25,0 |
Total | 100,0 % | 327,0 | 140,7 | 58,6 | 56,1 |
A = Gisement global : 327,0 kg/hab/anB = Gisement ciblé : 140,7 kg/hab/anC = Gisement capté : 51,6 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 43,0 %Taux de diversion réel = D/A : 15,6 %Taux de captage = C/B : 36,6 %
Tableau V
Tableau récapitulatif des résultats en brut de Louviers (secteur vertical).Campagne MODECOM de juin 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 11,5 % | 93,2 | 57,9 | 42,2 | 41,6 |
Papier | 16,8 % | 102,2 | 90,3 | 24,7 | 24,3 |
Carton | 15,2 % | 93,2 | 90,9 | 42,2 | 41,6 |
Composites | 4,0 % | 9,2 | 34,0 | 0,1 | 0,1 |
Textiles | 3,5 % | 5,7 | 13,6 | 2,2 | 1,5 |
Textiles sanitaires | 5,4 % | 33,1 | 5,4 | 22,2 | 22,2 |
Plastiques | 3,3 % | 37,0 | 7,7 | 2,4 | 2,4 |
Combustibles non classés | 3,1 % | 7,9 | 6,7 | 42,9 | 42,9 |
Verre | 9,9 % | 60,3 | 56,4 | 22,7 | 22,4 |
Métaux | 5,6 % | 34,0 | 13,3 | 6,2 | 5,5 |
Incombustibles non classés | 3,2 % | 8,3 | 34,1 | 3,7 | 3,6 |
Déchets spéciaux | 0,9 % | 5,4 | 11,3 | 2,8 | 2,8 |
Fines | 7,4 % | 39,6 | 22,1 | 17,7 | 17,5 |
Total | 100,0 % | 612,0 | 256,2 | 95,0 | 93,6 |
A = Gisement global : 612,0 kg/hab/anB = Gisement ciblé : 256,2 kg/hab/anC = Gisement capté : 95,0 kg/hab/anD = Gisement valorisé : 93,6 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 41,9 %Taux de diversion réel = D/A : 15,3 %Taux de captage = C/B : 37,1 %Taux de valorisation = D/B : 36,5 %
te, à travers notamment des productions de papier (102 kg/hab/an), carton (93 kg/hab/an), métaux (34 kg/hab/an). Ce qui explique une production de 612 kg/hab/an (en brut).
Ces mesures réalisées à Louviers restent néanmoins éloignées des 378 kg/hab/an de la dernière campagne de caractérisation de l’Ademe en 1993. À ce titre, il s’avère intéressant de comparer l’ensemble des résultats obtenus à ceux de l’Ademe.
L’importance des gisements ciblés
Il paraît essentiel de s’attarder sur eux, ainsi que sur les matériaux ciblés composant ces gisements. Ces produits avec les déchets fermentescibles ont un poids déterminant dans le gisement. Néanmoins, nous ne tiendrons pas compte de la collecte sélective des déchets verts du Hurepoix (nous avons considéré Le Hurepoix avec les déchets fermentescibles dans les ordures ménagères résiduelles).
On observe que les papiers/cartons et le verre composent la quasi-totalité des tonnages ciblés dans les collectes sélectives. Ainsi ces matériaux (papier/carton et verre) représentent :
- D.N.A.M : 117 kg/hab/an soit 82 % du poids des emballages ciblés ;
- Le Hurepoix : 146 kg/hab/an soit 83 % du poids des emballages ciblés ;
- Louviers pavillonnaire : 140 kg/hab/an soit 84 % du poids des emballages ciblés ;
- Louviers vertical : 222 kg/hab/an soit 87 % du poids des emballages ciblés.
Il est intéressant de mettre en rapport les gisements ciblés avec les OM résiduelles. En ce qui concerne Le Hurepoix, on considère que les déchets verts collectés sélectivement ont été incorporés aux OM résiduelles. Cela permet de comparer entre autres, les gisements ciblés sur les mêmes bases : papiers, cartons, composites, plastiques, verre, métaux.
Nous pouvons constater que les trois gisements ciblés sont relativement proches :
- 142 kg/hab/an : D.N.A.M ;
- 176 kg/hab/an : Le Hurepoix ;
- 165 kg/hab/an : Louviers pavillonnaire.
Le gisement ciblé de Louviers vertical (256 kg/hab/an) est plus important du fait de son positionnement dans le centre-ville. Cette différence s’explique, principalement, par de fortes proportions de papiers (91 kg/hab/an = 35 % du total) et de cartons (72 kg/hab/an = 28 % du total) provenant des déchets des commerçants.
On peut souligner dans ces gisements ciblés, que les matériaux tels que le
3 Les matériaux ciblés dans les collectes sélectives sont : le verre, les journaux-magazines, les cartons d’emballages ménagers, les bouteilles plastiques (PVC, PET, PEhd), les briques alimentaires, les boîtes acier et aluminium.
Tableau VI
Tableau récapitulatif des résultats en sec de Louviers (secteur vertical).
Campagne Modecom de juin 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 8,5 | 32,3 | 87,3 | 21,2 | – |
Papier | 18,6 | 57,5 | 73,4 | 63,2 | 56,3 |
Carton | 16,8 | 73,4 | 71,8 | 36,9 | 30,3 |
Composites | 1,5 | 10,0 | 23,0 | 0,1 | 0,1 |
Textiles | 3,0 | 4,8 | 3,5 | 3,4 | 2,6 |
Textiles sanitaires | 4,3 | 13,5 | 3,3 | 3,0 | 2,4 |
Plastiques | 9,9 | 43,6 | 75,0 | 21,0 | 20,0 |
Combustibles non classés | 3,5 | 21,5 | 53,5 | 20,0 | 20,4 |
Verre | 12,4 | 53,4 | – | 3,8 | 3,1 |
Métaux | 6,6 | 21,5 | – | 3,9 | 3,1 |
Incombustibles non classés | 4,0 | 11,0 | 53,3 | 3,3 | 3,3 |
Déchets spéciaux | 1,0 | 3,0 | – | 1,0 | 1,0 |
Fines | – | 40,7 | – | – | – |
Total | 100,0 | 442,0 | 211,6 | 84,1 | 82,8 |
A = Gisement global : 442,0 kg/hab/an
B = Gisement ciblé : 211,6 kg/hab/an
C = Gisement capté : 84,1 kg/hab/an
D = Gisement valorisé : 82,8 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 47,9 %
Taux de diversion réel = D/A : 18,7 %
Taux de captage = C/B : 39,7 %
Taux de valorisation = D/B : 39,1 %
Tableau VII
Tableau récapitulatif des résultats en brut du Hurepoix.
Campagne Modecom de mai 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 32,6 | 174,2 | – | – | – |
Papier | 11,3 | 61,2 | 26,1 | 14,2 | 13,5 |
Carton | 5,1 | 27,8 | 23,4 | 36,6 | 32,0 |
Composites | 1,4 | 7,5 | 6,0 | 4,4 | 4,4 |
Textiles | 2,1 | 11,0 | – | – | – |
Textiles sanitaires | 3,8 | 19,5 | – | – | – |
Plastiques | 10,5 | 56,9 | 10,4 | 7,5 | 7,4 |
Combustibles non classés | 6,8 | – | – | – | – |
Verre | 13,9 | 75,3 | 8,3 | 43,4 | 41,2 |
Métaux | 1,0 | 5,0 | – | – | – |
Incombustibles non classés | 0,5 | 2,8 | – | – | – |
Déchets spéciaux | 0,6 | 3,2 | – | – | – |
Fines | 13,7 | – | – | – | – |
Total | 100,0 | 543,8 | – | – | – |
A = Gisement global : 543,8 kg/hab/an
B = Gisement ciblé : 336,8 kg/hab/an
C = Gisement capté : 159,3 kg/hab/an
D = Gisement valorisé : 155,3 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 61,9 %
Taux de diversion réel = D/A : 28,6 %
Taux de captage = C/B : 47,3 %
Taux de valorisation = D/B : 46,1 %
Tableau VIII
Tableau récapitulatif des résultats en sec du Hurepoix.
Campagne Modecom de mai 1995.
Secteur | Gisement global (%) | Gisement global (kg/hab/an) | Gisement ciblé (kg/hab/an) | Gisement capté (kg/hab/an) | Gisement valorisé (kg/hab/an) |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | 28,7 | 112,9 | 130,4 | 82,1 | 81,8 |
Papier | 41,5 | 73,2 | 142,2 | 132,1 | 125,0 |
Carton | 4,9 | 73,3 | 17,8 | – | – |
Composites | 1,5 | – | – | – | – |
Textiles | 2,0 | – | – | – | – |
Textiles sanitaires | 2,3 | 11,8 | – | – | – |
Plastiques | 10,7 | 74,9 | 13,7 | 11,4 | – |
Combustibles non classés | 1,8 | – | – | – | – |
Verre | 7,2 | 87,7 | 9,4 | 43,4 | 41,2 |
Métaux | 4,2 | 16,5 | 4,8 | – | – |
Incombustibles non classés | 0,8 | 2,2 | – | – | – |
Déchets spéciaux | 0,7 | 2,7 | – | – | – |
Fines | 14,6 | – | – | – | – |
Total | 100,0 | 395,5 | – | – | – |
A = Gisement global : 393,8 kg/hab/an
B = Gisement ciblé : 256,0 kg/hab/an
C = Gisement capté : 129,5 kg/hab/an
D = Gisement valorisé : 125,7 kg/hab/an
Taux de diversion potentiel = B/A : 65,0 %
Taux de diversion réel = D/A : 31,9 %
Taux de captage = C/B : 50,6 %
Taux de valorisation = D/B : 49,1 %
Verre, les plastiques et les papiers ont des taux de valorisation supérieurs aux autres produits.
La pertinence des indicateurs
Les différents indicateurs d’efficacité (cf. les tableaux récapitulatifs des résultats en brut et en sec des sites étudiés) se révèlent convaincants du fait qu’ils :
– donnent des informations synthétiques et utilisables par tous ;
– livrent des données, des arguments, reconnus et considérés comme fiables par l'ensemble des acteurs du monde des déchets, dans le but entre autres de répondre à la réglementation ;
– apportent des supports techniques à ce type de service ; ces indicateurs permettent d’envisager d’éventuelles modifications des systèmes de collectes, en fonction des résultats d’efficacité.
À ce titre, le taux de diversion semble particulièrement judicieux, puisqu’il permet de dégager le flux de matériaux qui sera dirigé vers une valorisation matière. À partir des trois sites étudiés, nous avons établi une comparaison intéressante entre les taux de diversion potentiels et réels.
Compte tenu de la collecte sélective des déchets verts effectuée au Hurepoix, nous avons considéré le Hurepoix (1) avec les déchets verts dans le gisement ciblé. Le taux de diversion potentiel pour le Hurepoix (1) est de 62 %. Ce chiffre démontre, d’une part, l‘importance de ces déchets lorsqu’ils sont ciblés ; d’autre part, ce chiffre est à modérer, attendu que la collecte est réalisée six mois par an, la caractérisation s’étant déroulée au cours de cette période.
Si l’on inclut les déchets verts du Hurepoix dans les ordures ménagères résiduelles (Hurepoix 2), cette distinction permet d’obtenir une base commune afin de comparer les taux de diversion potentiels. Ces taux oscillent entre 27 % (Hurepoix 2), 32 % (Louviers pavillonnaire) et 41 % (D.N.A.M. et Louviers vertical).
Sur cette même base, il est possible de mettre en parallèle les taux de diversion réels dans le but d’examiner les différents sites. On constate 14 % et 20 % de taux de diversion réel, respectivement pour le Hurepoix et le D.N.A.M. En ce qui concerne Louviers, les résultats peuvent être considérés comme légèrement plus faibles que les précédents, puisque Louviers pavillonnaire est à 11 %, et Louviers vertical à 15 % (la production de déchets des commerçants prise en compte est importante, notamment pour les cartons).
Dans la perspective des différentes réglementations 4, le taux de valorisation doit être constamment ajusté afin d'assurer une conformité aux objectifs légaux fixés sur le long terme, tels que les directives encadrant la valorisation des emballages aussi bien industriels que ménagers.
4 Eco-Emballages : 75 % des déchets d'emballages ménagers devront être valorisés (matière et/ou énergie) d'ici à 2002. La Directive 94/62 de décembre 1994 de l'Union Européenne relative aux emballages et aux déchets d’emballages ménagers et industriels fixe à horizon 2001 les objectifs suivants à atteindre : entre 50 % et 65 % du poids total des déchets d’emballages devront être valorisés (matière/énergie/compostage) ; entre 25 % et 45 % du poids total des déchets d'emballages devront être recyclés (matière), avec 15 % au minimum en poids pour chaque matériau d’emballage.
tion (matière) se présente comme l'indicateur le plus pertinent. D'une part, il permet de mettre en valeur un taux de valorisation global, relatif à l'ensemble des matériaux ciblés dans la collecte (pourcentages réalisés sur les résultats bruts) : D.N.A.M : 48 % ; Le Hurepoix : 46 % ; Louviers pavillonnaire : 34 % ; Louviers vertical : 36 %.
D'autre part, il est possible de décliner ce taux de valorisation (matière) par type de produits. Nous constatons alors que trois matériaux présentent des taux de valorisation supérieurs aux autres produits (pourcentages réalisés sur les résultats bruts) : le verre (valorisé entre 40 % et 80 %) ; les plastiques (valorisés entre 25 % et 70 %) ; les papiers-cartons d'emballages ménagers (valorisés entre 30 % et 40 %). Il est aisé d'observer combien la mise en pratique de ce type d'indicateurs facilitera dans un futur proche la gestion technique, réglementaire et économique des collectes séparatives.
Conclusion
L'ensemble de ces opérations a permis d'expérimenter et d'entériner la méthode Modecom, d'analyser les compositions de gisements qui en découlent et de mettre en œuvre les indicateurs d'efficacité des collectes séparatives.
Au travers de cette étude, nous percevons l'utilité de développer ce type de mesures, afin de permettre des comparaisons objectives, tant au niveau des sites de collectes, que de leur durée de vie. De plus, la réalisation de campagnes de caractérisation sur d'autres sites enrichirait une base de données commune et affinerait nos connaissances en ce domaine. Ainsi, il serait peut-être plus aisé d'établir des corrélations entre les différents types d'habitats, leurs situations géographiques et les productions de déchets.
Toutefois, le Modecom est une méthode statistique. S'il est facile d'obtenir une précision correcte sur des catégories importantes en poids (exemple le verre), il convient de rester prudent pour les catégories et les sous-catégories à faible proportion (exemple composites, déchets spéciaux).
Néanmoins, ces mesures et leurs résultats représentent une innovation de par la connaissance de la composition de nos déchets ménagers et la mise en place d'indicateurs qualitatifs en matière de collecte séparative. L'ensemble de ces opérations apportent à la profession un éclairage global et nouveau sur les collectes séparatives.
Bibliographie
Ademe. Équipe Déchets Municipaux. (1993). Modecom : Méthode de caractérisation des ordures ménagères. Angers. 61 p.
Diserens, T. (1987). Étude de la gestion des déchets – Composition des déchets ménagers et assimilés, situation actuelle. École Polytechnique fédérale de Lausanne. 60 p.
ERRA. (1995). Programme ratios. Nomenclature working group. 5 p.
Maystre, L.-Y. et al. (1994). Déchets urbains – Nature et caractérisation. Lausanne. Presses polytechniques et universitaires romandes. 220 p.
Zartarian, F. (1992). Méthodologie d'échantillonnage des déchets solides – Application aux ordures ménagères et aux déchets industriels banals. DEA Géosciences de l'environnement – Institut National Polytechnique de Lorraine (polygr). 100 p.