La maintenance assistée par ordinateur dans le traitement des eaux

La technique hypertexte ainsi que notre volonté de faire simple et efficace pour répondre aux besoins de l’exploitant a permis la réalisation d’un logiciel très ergonomique et parfaitement adapté aux stations de traitement des eaux.

Quelle que soit l'installation considérée, on constate aujourd’hui que son exploitation requiert de façon systématique la connaissance et la maîtrise des caractéristiques techniques et fonctionnelles des ouvrages et des équipements, ainsi que de la planification et du contrôle de l’entretien préventif et correctif. Cela entraîne accessoirement le traitement de la gestion des stocks de pièces de rechange, de la gestion des coûts d’entretien et la maîtrise des systèmes d'aide au diagnostic.

Dans ce contexte, l’utilisation d'outils informatiques d’aide à l’exploitation devient indispensable. La gestion de la maintenance assistée par ordinateur (GMAO) est un de ces outils, certainement le plus nécessaire, mais encore inexistant dans le traitement des eaux. En effet, une étude approfondie des logiciels de GMAO existants a montré que s’ils étaient bien adaptés aux très grosses unités de production (raffineries, centrales électriques...), ils ne l'étaient pas du tout aux unités plus modestes mises en œuvre dans ce domaine qui est le nôtre : ils intègrent de nombreuses possibilités, ce qui les rend à la fois très puissants, mais lourds à utiliser, et donc réservés à un personnel qualifié ; or, le personnel des stations d’épuration n’est pas habitué à l'informatique... Un soin particulier doit donc être apporté à l'interface utilisateur si l'on ne veut pas provoquer de phénomènes de rejet du logiciel mis à sa disposition. Dans cet esprit, la phase d’apprentissage doit être extrêmement réduite, le mode d’accès et les cheminements doivent être faciles à appréhender, et le logiciel doit être adaptable aux structures de l’exploitation.

C’est dans ce contexte que nous avons pris l'initiative de mettre au point un logiciel intégrant une interface très soignée et les fonctionnalités essentielles permettant une gestion quotidienne de la maintenance, à savoir : l'accès aux fiches caractéristiques des ouvrages et

des équipements, l’accès au planning et à l’historique de l’entretien préventif et correctif, l’ouverture vers des modules externes optionnels.

Souvent il n’est pas suffisant de proposer un logiciel nu avec son guide d’utilisation, il faut le livrer complètement configuré pour l’installation (avec tous ses ouvrages, équipements, composants et les plannings préventifs de maintenance), l’exploitant n’ayant plus alors qu’à utiliser le système et à y effectuer des modifications mineures (lors d’un changement de matériel par exemple).

C’est sur ces bases que nous avons conçu le logiciel de GMAO Aquamaint avec pour objectif de répondre de façon parfaite aux besoins des exploitants d’usines de traitement des eaux.

Réalisation du logiciel

Le logiciel réalisé, basé sur la technique hypertexte (voir encadré), fonctionne sur micro-ordinateur de type IBM AT ou compatible, comportant une mémoire de 640 K et un disque dur de 40 Mégaoctets.

Il fonctionne suivant les principes ci-après.

Les éléments constitutifs d’une station sont hiérarchisés sous une forme arborescente, selon la structure de la station. On distingue trois types de constituants sur une installation (figure 1) à savoir :

• - les ouvrages (relèvement, comptage…)
• - les équipements (vis sans fin, tapis roulant…)
• - les composants (moteurs électriques, capteurs…).

À chaque niveau de la hiérarchie, un bandeau du menu de commandes relatives à la sélection en cours et un bandeau de commandes facilitant les évolutions entre les différents niveaux apparaissent en haut de l’écran.

Les ouvrages sont représentés graphiquement sous forme de synoptique, chacun étant un bouton hypertexte sur lequel on peut cliquer avec sa souris pour passer au niveau des équipements de l’ouvrage, pour obtenir soit des informations techniques le concernant, soit une documentation informatique externe, soit le menu de gestion des opérations de maintenance.

Lorsque l’on sélectionne un ouvrage, un équipement, un composant, une opération de maintenance (et plus généralement tout ce qui est un bouton hypertexte sur une page), seuls les menus se rapportant à la sélection apparaissent à l’écran afin de ne pas encombrer l’utilisateur avec des possibilités de commandes n’ayant aucun rapport avec les actions qu’il est en train d’entreprendre. Dans ce cas c’est la notion d’objet qui a guidé le développement conduisant à rendre les informations présentes à l’écran dépendantes du contexte actuel de travail.

Les informations techniques nécessaires à l’exploitation quotidienne des différents constituants de l’installation sont consignées dans deux pages de texte libre que l’utilisateur peut modifier à loisir. Les documentations externes, accessibles en cliquant sur un bouton documentation et en opérant une sélection dans une liste sont par exemple les plans CAO d’un moteur ou d’une notice informatique livrée par le fournisseur.

Les trois niveaux (ouvrages, équipements, composants) fonctionnent d’une manière identique, si ce n’est que les éléments d’équipements et composants sont représentés sous forme de liste et non plus graphiquement. En effet, si la représentation graphique est une solution idéale pour localiser rapidement un ouvrage, l’accès graphique aux matériels nécessite l’affichage des plans de l’installation, la recherche sur l’écran d’un matériel sur ces plans devenant alors bien fastidieuse.

À chaque constituant de l’installation peuvent être associées des opérations de maintenance (OM). Si elles sont prévues ce sont des OM préventives, sinon elles correspondent à des casses de matériels et elles sont appelées correctives.

Le menu des opérations de maintenance permet :

• - d’associer à chaque OM un bon de travail comportant des informations détaillées concernant les travaux à effectuer : définition des travaux, outil-

l'âge nécessaire, consignes, mode opératoire, pièces nécessaires...

• - de consulter les prévisions de maintenance entre deux dates données, avec le calcul de la charge de travail ;
• - de lancer des OM préventives ou correctives avec édition de leur bon de travail ;
• - de consulter les OM lancées, de mettre en évidence les retards et de clôturer les OM au retour de l'opérateur ;
• - de consulter l'historique des OM clôturées (figure 2).

Toutes ces fonctionnalités sont réalisées en hypertexte, ce qui les rend très conviviales. Une aide en ligne contextuelle est présente à tout moment sur un simple clic avec la souris.

Configuration

La configuration se déroule en quatre étapes :

1. 1) il faut identifier tous les constituants à intégrer dans Aquamaint, puis en construire la hiérarchie, et enfin collecter toutes les informations dont l'exploitant désire disposer sur ces matériels pour lui faciliter l'exploitation de tous les jours ;
2. 2) un contact avec un pétrolier permet de définir un planning de graissage, conditionnant les opérations de maintenance à configurer sur les machines tournantes. Les autres opérations à configurer sont définies avec l'exploitant ;
3. 3) personnaliser le logiciel afin d'y intégrer une image de présentation de la station (photographie au scanner de l'installation), puis dessiner le synoptique en fonction de la hiérarchie identifiée pour cette installation ;
4. 4) saisir les données répertoriées dans les étapes précédentes.

Conclusion

Par cette réalisation, nous avons réussi à montrer que la GMAO appliquée à une installation de traitement des eaux était une solution tout à fait souhaitable à condition de respecter les contraintes suivantes :

• - retenir les fonctionnalités nécessaires à l'exploitant ;
• - soigner l'ergonomie afin que l'utilisateur n'ait pas besoin ni de prérequis, ni d'explications dans le domaine de l'informatique (car ce n'est pas son métier) ;
• - ouvrir le logiciel vers des modules externes optionnels ;
• - proposer une solution « clé en main » incluant la configuration afin que l'exploitant ne passe pas un temps parfois très important pour adapter le système à son installation, mais qu'il n'ait à effectuer que des modifications mineures (en général lors d'un remplacement de matériel).

L'Aquamaint installé à Évry a été bien accepté et il a pu être mis en service rapidement, en améliorant l'efficacité du personnel de maintenance grâce à une organisation de travail plus performante : accroissement de la rapidité d'intervention, simplification des tâches d'ordonnancement par le personnel d'exploitation, amélioration de la sécurité, allègement des tâches de suivi, analyse des historiques de pannes...