Sur le territoire de la ville, qui s'étend sur 22 000 hectares, on dénombre en dehors de l'Huveaune, du Jaret et du ruisseau des Aygalades, 32 ruisseaux se développant sur 100 km de longueur.
Les différents sous-bassins sont par ordre d'importance : les bassins de l'Huveaune, du Jaret, des Aygalades, les bassins du littoral (sud et nord) et les bassins du centre de Marseille.
Les réseaux d’assainissement
Ils comprennent :
- * le grand égout qui dessert le centre de Marseille et qui fut réalisé entre 1850 et 1853 ;
- * un grand réseau desservant la totalité des voies de la ville, soit un total de 192 km de canalisations et de galeries destinés à desservir une population de un million d’habitants ;
- * un réseau séparatif, avec collecte séparée des eaux usées et des eaux pluviales ;
- * une grande station d’épuration qui, située au nœud hydraulique des réseaux comprend :
- — une usine de traitement des eaux entièrement souterraine, de 270 mètres de long, 50 m de large et 10 mètres de hauteur, qui assure les fonctions suivantes : dégrillage, désablage, déshuilage, séparation des graisses, pré-décantation, floculation, décantation lamellaire, pompage des eaux et des boues,
- — une usine de ventilation,
- — une usine de traitement des boues.
[Photo : Figure 1.]
Les objectifs principaux
Les installations d'assainissement ont été établies en fonction de deux grands objectifs principaux, qui sont, d’une part la lutte contre la pollution, et, d’autre part, la protection contre les inondations.
À cet effet, les équipements suivants ont été réalisés :
- * télésurveillance des réseaux et des équipements (pollution des zones balnéaires, inondations),
- * télégestion des équipements :
- — station de pompage,
- — vanne de partition ou de bassin,
- — vanne by-pass du réseau pluvial sur le réseau sanitaire (temps sec et premières pluies, zones balnéaires),
- — télémesures (diagnostic, dimensionnement, contentieux, suivi en temps réel),
- — cartographie numérique des réseaux et banques de données assainissement,
- — outil d'aide au pilotage par système-expert.
Les équipements de télétransmission et d'informatique
Ces équipements se trouvent rassemblés au poste central et sur le terrain. Au poste central, ils comportent :
- * un frontal, qui gère le dialogue entre l’outil informatique et les stations périphériques reliées par deux supports qui sont soit des lignes spécialisées, soit le réseau téléphonique commuté ;
- * un ensemble informatique, qui rassemble :
- — 1 microvax 3600 monté en réseau LAVC (disque 1 gigaoctet),
- — 3 VS 3500 et 3 VS 2000,
- — les terminaux traditionnels (synoptique mural, imprimantes, consoles, traceurs, digitaliseurs).
Les stations de terrain assurent :
- * l'interrogation des capteurs (télémesure, télésurveillance),
- * le traitement local,
- * le stockage local (secours),
- * le dialogue avec les organes,
- * le dialogue avec le PC,
- * l’automatisation de certaines stations et en particulier de la station centrale d'épuration.
Les 91 stations existantes comprennent ainsi :
- * 23 pluviographes (stockage au pas de 6 min quand il pleut),
- * 90 limnigraphes US et PIEZO (stockage au pas de 6 min quand il y a une variation significative et un seuil haut atteint),
- * 5 stations US de débit,
- * 45 stations de pompage télésurveillées,
- * 12 stations automatisées,
- * 15 vannes by-pass (pluvial, sanitaire).
Les liaisons
Le dialogue se fait sur le réseau PTT, matérialisé par :
[Photo : Le Centre de gestion du réseau d’assainissement de la ville de Marseille.]
- • des lignes spécialisées multipoints (1 200 bauds avec un appel toutes les 15 secondes en séquence) desservant 36 stations ;
- • des lignes commutées (300 bauds) avec appel à l’initiative de la station dans le cas d’une alarme, ou à l’initiative du PC quand il y a consultation à la demande, ou quand il s’agit d’un appel automatique programmé à raison d’une fois par jour.
Les divers matériels et installations énumérées ci-dessus sont exploités et dirigés par le système d’aide à la décision de l’opérateur dénommé Lacydon.
Système d’aide à la décision de l’opérateur
Préalablement à la réalisation du système Lacydon, plusieurs techniques ont dû être conçues puis maîtrisées au cours de leur élaboration, ce qui a nécessité de faire appel à plusieurs organismes compétents dans les différents domaines : système-expert, cartographie numérique, réseau informatique centralisé. Lacydon est un projet qui se gère dans la durée et nécessite une collaboration active de ses utilisateurs. Des résultats positifs ont déjà été enregistrés, mais seules l’accumulation des expériences et l’observation régulière du fonctionnement de ce système permettront d’en améliorer progressivement l’efficacité.
Le projet et les objectifs atteints
Le flux considérable d’informations à traiter ainsi que les situations aléatoires à gérer ont imposé le recours à l’intelligence artificielle comme outil de transfert des technicités vers l’opérateur (complexité, sûreté du jugement...).
Les quatre missions de l’opérateur sont les suivantes :
- • permanence du service de l’Assainissement vis-à-vis de l’extérieur ;
- • surveillance des installations par le réseau informatique centralisé ;
- • gestion des interventions et des travaux vers les réseaux (ordonnancement) ;
- • participation à la gestion des périodes de crise (orages, pollution, accidents, etc.).
Une maquette démonstrative construite en 1987 a justifié l’élaboration en cours d’un prototype opérationnel.
À titre d’exemple, on peut présenter l’apport de l’intelligence artificielle par rapport à l’informatique traditionnelle dans la gestion du scénario d’orage par le schéma porté sur la figure 1, avec les précisions ci-après :
- — veille : après rappel de la situation actuelle (rafraîchissement), le système propose une multitude d’options conditionnelles ;
- — traitement des appels : sur la base de sa connaissance (hydrométéorologie, cartographie des réseaux, historique des interventions), le système guide l’opérateur dans son interview du correspondant pour aboutir au diagnostic ;
- — déclenchement des alertes : après analyse méthodique des prévisions, des logiciels de calcul concernent une cinquantaine de points inondables ; ce modèle gère le déclenchement de l’alerte ;
- — gestion des moyens d’intervention : en fonction du niveau d’alerte, le système optimise les moyens humains et matériels en prenant en compte des données aussi diverses que le déroulement spatio-temporel de la crue, les moyens nécessaires, la localisation initiale de ces moyens, la disponibilité des agents.
[Photo : Synoptique du centre.]
En ce qui concerne l’outil lui-même, il faudra attendre d’avoir observé puis validé un nombre significatif d’événements pour en tirer toutes les conclusions.
D’ores et déjà, on peut retenir les observations suivantes :
- • la surveillance et la prévision au point de débordement ont très vite apporté une amélioration dans l’exploitation ;
- • la surveillance en temps réel et l’automatisation des déversements d’eau sur le littoral ont amélioré significativement la qualité des eaux de baignade ;
- • la banque de données urbaines à support cartographique a été nettement enrichie par la personnalisation de l’outil ;
- • l’approche effectuée par l’intelligence artificielle a été très bien perçue par les experts car elle ne vient pas les remplacer dans leurs fonctions, mais transfère seulement une partie de leur expertise vers l’opérateur. Ce dernier a très vite utilisé l’outil, y voyant un transfert instantané d’expertise artificielle valorisant de facto son statut.
En conclusion, Lacydon est un projet qui se gère dans la durée et nécessite une collaboration active de ses utilisateurs.
Des résultats positifs ont déjà été enregistrés, mais seule l’accumulation des expériences et l’observation régulière du fonctionnement de ce système permettront, grâce à l’extrême fiabilité des matériels et des logiciels mis en place, d’en améliorer progressivement l’efficacité.
Nous remercions les ingénieurs de la Direction de l’Assainissement de la ville de Marseille dont la compétence nous a permis de mettre au point cet outil informatique très performant.