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La désinfection d'eau potable

30 mai 1989 Paru dans le N°128 à la page 74 ( mots)
Rédigé par : W. ROESKE et J.p. MULLER

« L'eau potable doit être exempte de germes pathogènes », telle est la prescription légale figurant dans le texte du Code de la santé publique (décret du 1er août 1961, arrêté du 10 août 1961, circulaire du 15 mars 1962, loi du 16 février 1969). Le rôle joué par l'eau dans la transmission de certaines maladies infectieuses, en général d’ordre intestinal, est bien connu ; il s’agit de maladies telles que le typhus, le choléra, la dysenterie, la leptospirose ainsi que des maladies d'origine virale telles que l’hépatite ou la poliomyélite. Alors que dans la plupart des pays industrialisés, ces épidémies sont immédiatement endiguées grâce à la désinfection des eaux polluées, on constate, selon un rapport de l'OMS, que dans les pays du tiers monde, par contre, 80 % des maladies et des épidémies ont pour origine l'eau utilisée pour la consommation. Un lit d'hôpital sur quatre dans le monde est ainsi occupé par un patient qui a ingéré une eau insalubre et l'on peut estimer que 10 millions de personnes meurent annuellement par suite de la pollution des eaux.

Le développement du tourisme, en particulier dans des zones à haut risque épidémiologique, amène lui-même des facteurs de contamination de nos propres réseaux d'eau potable… la démonstration en a été faite en 1978 lors de l’épidémie de dysenterie qui a sévi à Ismaning, près de Munich, au cours de laquelle près de 2 400 consommateurs d'eau « du robinet » contractèrent la dysenterie.

[Photo : Puisage d’eau contaminée dans un fossé en Afghanistan : de dangereuses bactéries sont ainsi souvent amenées dans les foyers.]

Une épidémie causée par de l'eau infectée se caractérise par une extension explosive de la maladie et par sa limitation géographique à une zone de distribution d'eau « potable ». Les épidémies se produisent en fait là où des conditions favorables et défavorables au développement des bactéries se sont succédé durant des années, là également où les eaux de surface ne sont pas désinfectées ou sont insuffisamment traitées. Il en est de même lorsqu'il n’existe pas de périmètre de protection, ou lorsqu’on utilise des sources dont l'eau se pollue après chaque précipitation.

L'eau insalubre peut engendrer des épidémies par deux voies différentes : d'une part, à la suite de l'introduction massive dans l'eau potable de matières fécales ou d'eaux usées et, d'autre part, à la suite d'emploi d'eau insalubre dans les industries alimentaires, ce qui entraîne la multiplication de germes pathogènes dans les aliments contaminés. C'est pourquoi la législation de l'eau potable intègre aussi celle des eaux alimentaires.

[Photo : La mort à la pompe à eau (extrait de Histoire de la médecine en étudiant l’art, Edit. Du Mont - Cologne) et du journal satirique FUN n° 518, août 1866.]

Le but consiste à détruire les bactéries pathogènes et à inactiver les virus pathogènes, domaines où, depuis la fin du siècle dernier, la chloration a démontré son efficacité puisque partout où elle a été installée, aucune épidémie importante n’a plus été constatée. C’est toujours l'un des procédés les plus efficaces utilisés actuellement, les produits employés à cet effet étant le chlore gazeux, l'hypochlorite de sodium et le dioxyde de chlore, lesquels depuis des décennies ont montré leur efficacité, et cela à des taux très faibles.

[Photo : Pompe à main utilisée dans les bidonvilles de Calcutta (appelée dans le passé « Capitale mondiale du choléra »).]

Chlore gazeux à dose élevée détériorerait d’ailleurs le goût de l'eau potable et pourrait entraîner certaines réactions chimiques indésirables par combinaisons avec les corps contenus dans l’eau, sans pour autant améliorer les résultats de l'opération. La législation relative au traitement des eaux recommande de ce fait de ne pas dépasser un taux de chlore résiduel libre supérieur à 0,3 mg/l sauf dans certaines circonstances exceptionnelles où ce taux peut être porté à 0,6 mg/l, si cela s’avère nécessaire. Par ailleurs, à la sortie de l'usine de traitement, le taux de chlore résiduel ne doit pas être inférieur à 0,1 mg/l.

On a constaté en 1974 qu'une chloration pouvait entraîner la formation de trihalométhanes (Haloformes), résultat de la combinaison entre le chlore et diverses substances humiques (acide humique, acide fulvique...). Indésirables dans l'eau potable, leur teneur y a été limitée à 25 mg/l ; cette valeur ne doit donc pas être dépassée dans le traitement de l'eau potable bien qu’il n’ait pas été démontré à ce jour que des concentrations plus importantes soient nuisibles.

Cette formation de trihalométhanes, qui est notamment fonction du dosage du chlore et de la durée de la réaction, peut être contrôlée aisément par une régulation de l'injection du chlore. Une injection modérée de chlore combinée aux possibilités technologiques actuelles de contrôle et de régulation permet ainsi de maintenir leur valeur au-dessous du seuil de 25 mg/l. On peut aussi choisir un traitement au dioxyde de chlore, lequel ne conduit pas à la formation de trihalométhanes.

Aujourd’hui comme hier, la chloration représente une solution efficace et économique de prévention des risques d’épidémies. Le dessin satirique (figure 1) paru dans le journal FUN montre à quel point la population était autrefois sensibilisée aux risques entraînés par la consommation d’eau polluée. Bien que le problème soit pratiquement résolu, à quelques rares exceptions près, en Allemagne fédérale et en France, il n’en va hélas pas de même dans les pays déshérités du tiers monde et ce, aussi bien au niveau des populations vivant dans les bidonvilles que dans les campagnes (figures 2 et 3).

Même chez nous, bien que cela soit devenu rare, on peut parfois rencontrer des situations contraires aux règles élémentaires de l’hygiène : la figure 4 représente un puits tel qu’il était encore exploité dans une ferme de montagne, il y a peu de temps...

[Photo : Schéma d’un puits utilisé jusqu’en 1982 pour l’alimentation d’une ferme de montagne pratiquant l’élevage, lequel recevait en permanence les impuretés de la cour de ferme.]
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