Ces dernières années, le tonnage des déchets tend à stagner, et l’accent est mis sur les techniques de recyclage et de valorisation, mais les décharges industrielles restent cependant promises à un bel avenir.
Les Français produisent chaque année :
- — 16 000 000 tonnes d’ordures ménagères ;
- — 36 000 000 tonnes de déchets industriels assimilables aux ordures ménagères ;
- — 1 500 000 tonnes de déchets encombrants (électroménager surtout) ;
- — 100 000 000 tonnes de déchets inertes (minéraux divers) ;
- — 18 000 000 tonnes de déchets industriels spéciaux dont la toxicité et l’élimination sont à surveiller ;
- — 2 000 000 tonnes de déchets industriels toxiques.
Les déchets industriels
Trois étapes : stockage, transport, élimination
Les déchets industriels sont très variés et leurs origines multiples :
- — poussières obtenues à la suite de balayage ;
- — rebuts de fabrication, tournures et copeaux ;
- — indirects : emballages et palettes (à 90 % en papier, bois et carton) ;
- — listings et papiers administratifs ;
- — eaux grasses, huiles usées de restauration, produits chimiques, etc.
Malgré cette diversité, chaque intervention sur des déchets industriels peut se résumer en trois étapes exigeant chacune un matériel spécifique :
- — la première étape est le stockage et le pré-stockage sur les lieux mêmes de production ; ceci nécessite l’installation de conteneurs de formes et de capacités très variables qui doivent être mobiles pour permettre leur changement sur camion. Un compacteur peut aussi être utile pour réduire le volume des déchets et par la même le nombre d’enlèvements ;
- — la seconde étape est le transport des déchets, compactés ou non ; cette phase coûteuse doit être aussi courte que possible. Les déchets valorisables sont soit réintroduits sur place dans le processus de production, soit récupérés directement par les professionnels du recyclage ;
- — la troisième étape est celle de l’élimination et de la valorisation.
SITA et ses filiales interviennent sur les trois étapes mais au niveau de la troisième, elles n’assurent la mise en décharge que jusqu’à un certain degré de toxicité. La gestion d’une décharge constitue une lourde responsabilité pour l’exploitant, qui doit répondre devant la collectivité de la préservation de l’environnement, aussi doit-il procéder à de nombreux contrôles sur site.
Pour accueillir les déchets industriels spéciaux, une décharge doit être étanche
Le groupe SITA gère plusieurs décharges dites de classe 1 situées sur des terrains imperméables et qui peuvent accepter des déchets spéciaux : il en existe treize en France.
[Photo : Vue aérienne de l'ancienne décharge et des nouveaux alvéoles en exploitation.]
La décharge contrôlée de classe 1 est née de la collaboration des pouvoirs publics, des scientifiques et des exploitants : elle accueille les déchets industriels qui ne sont pas réellement toxiques, mais qui sont impossibles à traiter en compostage ou incinération en raison de leur composition. Elle reçoit également des déchets urbains, indispensables à la bonne tenue de la décharge du fait de leur capacité d’absorption et de rétention de l’eau.
Les déchets industriels solides ne posent pas de problèmes spécifiques si ce n’est la nécessité de les enfouir en général très rapidement et profondément (cas de l’amiante) pour empêcher leur dissémination par le vent.
Les déchets pâteux (jusqu’à 75 % d’eau), qui représentent la majeure partie des déchets industriels spéciaux, soulèvent de nombreux problèmes ; c’est le cas des boues des stations d’épuration qui ne sont pas totalement inoffensives malgré leur « détoxication » et qui présentent un risque de relargage par suite d’infiltrations d’eau qui les solubilisent. Il y a bien évidemment un seuil à ne pas dépasser : en vue de le contrôler, le groupe SITA possède donc sur place ses propres laboratoires : la cargaison des camions subit un test de lixiviation qui détermine son acceptation en décharge, mais ces contrôles en amont ne suffisent pas, d’où une série de vérifications en aval, qui concernent l’analyse et la surveillance de tous les effluents potentiels, qu’ils soient :
- — gazeux ; le suivi s’effectue alors au niveau des cheminées de dégazage ;
- — liquides souterrains ; normalement ceux-ci ne doivent pas exister dans un site étanche, cependant une surveillance est indispensable et elle s’effectue au niveau de piézomètres de contrôle si les moyens d’intervention existent ; ils sont cependant coûteux et difficiles à mettre en œuvre, d’où l’intérêt primordial de sites réellement étanches ;
- — liquides superficiels ; ce sont les principaux vecteurs d’une pollution éventuelle par rupture d’une digue, débordement d’un casier, rejet accidentel… Par l’analyse régulière des cours d’eau, ce risque est cerné et l’origine de la pollution peut être combattue.
[Photo : Puits de pompage automatique des effluents.]
La gestion d’une décharge : une lourde responsabilité civique
La législation française oblige l’exploitant à assumer la responsabilité de la décharge ; cette gestion à long terme très contraignante a certainement rendu le métier plus technique. La maîtrise de tous les problèmes devient d’autant plus indispensable que les habitants, comme les élus locaux, sont souvent hostiles à l’implantation d’une nouvelle décharge (en particulier à cause des odeurs). Le nombre de sites potentiels diminue. La SITA et le laboratoire central de la Lyonnaise des Eaux poursuivent donc leurs recherches pour améliorer l’exploitation en ayant conscience qu’une décharge polluante risque de bloquer toute nouvelle implantation dans une région pendant plusieurs années.
Les efforts se portent aussi sur la transformation de l’image de marque : réhabilitation des sites par réaménagement, reverdissement…
Recyclage et valorisation des déchets
Ces dernières années, on a pu constater une baisse du tonnage des déchets liée à la fois au ralentissement global de l’activité industrielle et à une volonté des entreprises de développer le recyclage ou en tous cas de produire moins de déchets.
Il est donc primordial de faire porter les efforts à la fois sur l’amélioration de la collecte (matériels plus performants, prestations nouvelles) et sur la valorisation.
Les déchets de bois, comme les palettes collectées dans les grandes surfaces, étaient brûlés ou jetés. Désormais, ils peuvent faire l’objet d’une collecte sélective pour être dirigés sur des centres de broyage et être ainsi réutilisés dans l’industrie du bois et notamment des scieries ; des taillis, des branches d’abattage peuvent aussi servir au chauffage de logements et même d’un hôpital, comme à Lannion (Côtes-du-Nord).
De même la récupération des déchets de restauration et notamment des eaux grasses de restaurant débouche sur la fourniture d’aliments pour animaux (on a calculé que le potentiel d’eaux grasses de la région Île-de-France suffirait à nourrir près de 200 000 porcs…).
Les pneus usagés, qui se situent à mi-chemin entre les déchets industriels et les ordures ménagères, représentent chaque année une masse de l’ordre de 400 000 tonnes, composée principalement de caoutchouc ; brûlés à l’air libre ou abandonnés dans la nature, ils sont une cause de nuisances. Leur récupération soit par le rechapage, la transformation en fioul lourd ou en poudrette est une perspective intéressante. Cependant les coûts du recyclage sont souvent prohibitifs, c’est pourquoi les techniques de décharge sont sans cesse perfectionnées car il s’agit en fait et dans l’état actuel des techniques, de la solution la plus appropriée pour l’élimination complète des déchets, même lorsque ceux-ci ont pu subir un traitement préalable en vue de leur recyclage partiel.
VAIVRE : UNE DÉCHARGE CONTRÔLÉE MODERNE POUR DÉCHETS INDUSTRIELS SPÉCIAUX
La décharge contrôlée de Vaivre, près de Vesoul en Franche-Comté, est née en 1974 d’une volonté commune des élus locaux et de Monin Ordures Service, de trouver une solution au problème d’élimination des déchets banaux de Peugeot-Vesoul, qui se posait du fait que ceux-ci étaient brûlés à l’air libre à longueur de journée, sur un terrain situé à l’embranchement de l’actuel chemin menant à la décharge.
D’autres industriels et commerçants emboîtèrent le pas à Peugeot puis la réglementation évolua, ainsi que les techniques de gestion de décharges. M.O.S. fut donc amené à déposer pour Vaivre un dossier de classement pour déchets spéciaux.
Le 5 août 1983, un arrêté autorisait Vaivre à devenir le 13ᵉ site de classe 1 en France. Une année de travaux a été nécessaire pour réaliser toutes les infrastructures. Un laboratoire y contrôle les ordures avant leur mise en décharge et une station automatique Degrémont traite, par décantation et oxygénation, les eaux de pluie qui s’accumulent sur ce terrain étanche.
Cette réalisation, destinée à accueillir les déchets industriels de la Haute-Saône et de Montbéliard, est unique en son genre dans la région franc-comtoise.