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L'analyse en continu, aujourd'hui une réalité technique

30 novembre 1990 Paru dans le N°141 à la page 71 ( mots)
Rédigé par : Yannick RICHOMME et Didier MAMMA

Dans le cadre de la politique d’auto-surveillance des unités de traitement d’eaux mise en œuvre depuis quelques années, par les Agences Financières de Bassin ainsi que les DRIR, l’acquisition des données en continu devient, dans de nombreux cas, obligatoire. Elle permet d’évaluer les performances des équipements mis en place pour prévenir les pollutions et limiter tous les rejets accidentels. Les résultats obtenus peuvent être utilisés pour optimiser le fonctionnement des installations, permettant ainsi de distribuer une eau de qualité dans le cas des stations d’eaux potables ou d’eaux usées, ou de produire des eaux propres voire ultrapures dans le cas de processus industriels.

L’analyse en continu ?

De nombreuses sources de pollution existent aujourd’hui, notamment d’origine industrielle, qui sont la conséquence de nos besoins en matières premières. Le niveau de toxicité de certaines d’entre elles se trouve être de l’ordre du PPB, ce qui explique la mise en œuvre d’outils sophistiqués pour leur détermination. Parmi ceux-ci, on trouve généralement les techniques spectrométriques d’absorption atomique, d’émission flamme ou plasma. Elles représentent malheureusement de grandes difficultés d’automatisation (coût, limite de détection, dynamique).

Une autre voie existe avec l’emploi des techniques électrochimiques, qui permettent une analyse multi-éléments avec des limites de détection basses tout en conservant une dynamique exceptionnelle (figures 2, 3, 4). C’est dans cet esprit que toute une gamme d’analyseurs en ligne dédiée au traitement d’eau (potables, usées, ou eaux de procédés) a vu le jour.

Prenons l’exemple d’un COTmètre AC 200 DOC multivoies équipant une station d’épuration (figure 1). Cet appareil permet de contrôler en continu le taux de carbone organique dissous dans l’eau, analyse qui est effectuée après transformation de ce carbone en CO₂ par digestion sous ultraviolets.

Le CO₂ dégagé est mesuré à l’aide d’une électrode spécifique sensible aux ions, principe de base des analyseurs en ligne, dont la fiabilité est prouvée depuis longtemps.

La reproductibilité des résultats est garantie par plusieurs facteurs :

  • - haut rendement du digesteur UV,
  • - précision de l’électrode,
  • - thermostatisation de la cellule de mesure,
  • - traitement de l’échantillon par l’unité d’ultrafiltration.

Le mode opératoire est simple : échantillons et réactifs sont prélevés à l’aide

[Photo : Vue générale de l’appareil]

d'une pompe péristaltique ; après acidification, le carbone organique total est oxydé par suite de l’addition de persulfate dans le digesteur UV. Le CO₂ est pompé au travers d’une cellule de mesure contenant l’électrode spécifique. Une tension électrique proportionnelle au CO₂ dégagé est alors générée, laquelle est mesurée par un système électronique qui la convertit en mg/l (ou PPM) de carbone. Un cycle de calibration périodique permet d’optimiser les conditions opératoires.

[Photo : Principe de mesure du colorimètre]

La concentration des échantillons traités peut être de 0-20 mg/l de carbone ; la solution d'origine peut être 100 fois plus concentrée au départ et traitée par dilution.

L'intégration d’un tel analyseur dans une station d’épuration dont les eaux à traiter sont d’une qualité physico-chimique sujette à des fluctuations saisonnières ou accidentelles, permet la gestion et le contrôle du bon fonctionnement de l’installation en évitant tout danger lié à la surcharge de celle-ci. Toutes les mesures sont centralisées, l'archivage et l’édition de statistiques s’effectuant automatiquement.

Les tendances des années 90

  • • exigence de qualité de plus en plus poussée pour les procédés d’industries de pointe ;
  • • dégradation de la qualité des eaux naturelles disponibles et inadéquation avec la demande, rendant nécessaire la mise en œuvre de traitements correctifs parfois très poussés ;
  • • tendance, dans de nombreuses branches d’activité, à recycler ou réutiliser des eaux déjà utilisées et de qualité plus ou moins dégradée sur les plans physique, chimique et microbiologique.

Toutes ces tendances rendent de plus en plus nécessaire l'utilisation de critères de qualité des eaux en fonction de l’usage auquel on les destine ; c’est pourquoi, outre le COTmètre, une nouvelle génération de moniteurs destinés au traitement de l’eau est apparue : les Moniteurs 90.

[Photo : Principe de mesure de l’ionomètre]

La première installation en France de ces nouveaux systèmes est prévue à la Fondation de l’Eau de Limoges qui constitue un site de démonstration et de référence.

Le Moniteur 90 est conçu pour les installations de traitement d’eau (usées, potables ou de processus). Il assure dès maintenant le suivi automatique en continu de trois paramètres : phosphate, ammoniaque et nitrate. Il peut de plus intervenir simultanément sur quatre points d’échantillonnage. D’autres applications sont en cours d’élaboration, notamment la détection de la silice, du sodium et du carbone organique total. À terme, toutes les déterminations réalisées par les modèles d’analyseurs précédents seront effectuées par l'appareil.

Un point particulièrement appréciable est la convivialité qui caractérise le nouvel ordinateur incorporé au système. Le terminal intégré permet en effet de vérifier facilement les paramètres et, par exemple, de choisir des étalonnages automatiques de façon interactive. Le résultat peut être relevé directement en affichage numérique. Il est doté en outre d'une interface à deux voies permettant de le connecter à une centrale d’exploitation, à une imprimante ou à un système d’alarme avec seuils haut et bas.

Dans la partie analyse, la concentration en ammoniaque et nitrate est mesurée en continu par ionométrie grâce à une électrode sélective qui est intégrée à une cellule de mesure thermostatée spécialement conçue pour cette application. Le colorimètre mesure en permanence les concentrations de phosphate à l’aide d’un photomètre à débit continu, nécessitant peu d’entretien.

[Photo : Principe de mesure du titromètre]

La précision se situe à 2 % (NO₃, NH₄ et PO₄) pour des taux compris entre 0 et 10 mg/l.

Cet appareil compact, dont le coût d’exploitation a été réduit de 30 %, apporte une réponse adaptée à des besoins qui croissent en permanence pour suivre l’évolution de la réglementation.

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