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L'alimentation en eau des collectivités locales - La journée d'étude du 7 décembre 1978

30 mars 1979 Paru dans le N°33 à la page 58 ( mots)

La Journée d’étude du 7 décembre 1978, organisée sous le patronage du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, au Parc des Expositions, dans le cadre de la 3e Semaine Internationale de l’Environnement.

Nous avons rendu compte comme il se doit des Assises Internationales de l’Environnement et de l’exposition « POLLUTEC » qui s’est tenue conjointement du 4 au 9 décembre 1978 (1), et nous avions annoncé que nous reviendrions sur cette journée d’étude du 7 décembre à laquelle ont participé vraiment trop peu de techniciens de l’eau. Pourtant, le sujet était important et les conférenciers des spécialistes éminents. Nos lecteurs bénéficieront des résumés de leurs conférences, présentés par ces conférenciers eux-mêmes.

LE PROGRAMME DE LA JOURNÉE

Il était conçu en deux temps :

Une matinée débat, présidée par M. Claude LEFROU, Chef du Service des Problèmes de l’Eau au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, qui a prononcé une allocution d’ouverture pour orienter les travaux et présenter les conférenciers.

Deux thèmes généraux étaient ensuite développés :

1° La ressource en eau, avec deux conférences suivies de débat :

— Les grands types de ressources et leur mise en œuvre, par M. Alain HOUDAILLE (Compagnie Générale des Eaux) ;

— Le modèle mathématique utilisé pour la réalimentation de la nappe de la craie à Moulle (P.-de-C.), par M. François MARTIN (Société Lyonnaise des Eaux).

2° Le traitement des eaux : le point sur les nouvelles technologies, exemples d’optimisation des chaînes de traitement, avec également deux conférences suivies de débat :

— à l’usine de Méry-sur-Oise, par M. Jean-Claude NASTORG (Compagnie Générale des Eaux) ;

— à l’usine de Morsang-sur-Seine, par M. François FIESSINGER (Société Lyonnaise des Eaux).

Un déjeuner-débat, présidé par M. Thierry CHAMBOLLE, Directeur de la Prévention des Pollutions au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, et animé par :

— M. Claude LEFROU, Chef du Service des Problèmes de l’Eau au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie ;

— M. Patrick PHILIP, Chargé de Mission à la Direction de la Prévention des Pollutions au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie ;

— M. René COULOMB, Directeur de la Société Lyonnaise des Eaux ;

— M. Paul-Louis GIRARDOT, Directeur de la Compagnie Générale des Eaux ;

— M. Michel MERCIER, Directeur Général des Services Techniques de Meudon ;

— Association des Ingénieurs des villes de France, section Île-de-France.

À noter que M. Alfred-Marcel VINCENT, Président du Syndicat des Communes de la Banlieue de Paris pour les Eaux, empêché au dernier moment, s’était fait excuser.

L’EXPOSÉ DU PRÉSIDENT LEFROU

Ce colloque consacré à l’alimentation en eau des collectivités locales ne nous permettra pas en une seule matinée d’aborder complètement l’ensemble des problèmes auxquels doivent faire face les responsables municipaux pour fournir à leurs concitoyens à chaque instant l’eau dont ils ont besoin et avec une qualité irréprochable.

[Photo : Le Président Claude LEFROU.]

Aussi, je vous propose de nous contenter d'aborder les problèmes posés par les formes nouvelles de pollution que nous constatons dans les eaux brutes destinées à la production d'eau potable.

Une première série de polluants apparaît de plus en plus souvent dans les bulletins d'analyse : ce sont les micropolluants minéraux et organiques. Cette apparition est due en partie aux progrès des techniques analytiques. On les trouve parce que maintenant on sait les chercher et parce que les seuils de détection ont été considérablement abaissés. Mais il n'en reste pas moins que nous savons maintenant que cette forme de pollution existe, qu'elle tend à croître du fait de la croissance des produits industriels nouveaux mis sur le marché, et que certaines de ces substances sont dangereuses pour la santé : qu'il s'agisse de métaux lourds comme le mercure, le cadmium, le chlore, le plomb, ou de produits de synthèse organique dont certains sont cancérigènes.

Par ailleurs, les résultats de l'inventaire national de la pollution des eaux superficielles ont montré que si la pollution dite classique régressait, d'autres formes de pollution bien connues augmentaient : il s'agit essentiellement de l'azote sous ses diverses formes (ammonium, nitrates) et du phosphore. Cette croissance est due sans doute partiellement à l'industrie, mais également au développement de l'usage des engrais minéraux et surtout à l'amélioration de la collecte des eaux issues des agglomérations.

Des moyens peuvent être mis en œuvre — et commencent à l'être — pour réduire ces diverses formes de pollution dans le milieu. Mais il importe dès maintenant de se préoccuper des répercussions de ces problèmes nouveaux sur la production de l'eau potable.

Une première question mérite alors d'être posée : les eaux souterraines et les eaux superficielles sont-elles atteintes également par ces différentes formes de pollution ? Quelle conséquence en tirer sur la politique de gestion globale des eaux ? Bien sûr, dans cette comparaison, nous essaierons d'approcher cette question en y introduisant les nuances qui s'imposent : les rivières françaises drainent les eaux de régions très différentes où les taux d'urbanisation et d'industrialisation sont très variés, de même que les techniques agricoles employées : la qualité résultante des eaux superficielles est donc loin d'être uniforme. Quant aux eaux souterraines, il faut également distinguer entre les nappes alluviales, les nappes phréatiques et les nappes profondes.

Une deuxième partie de la matinée sera consacrée à l'étude des progrès récents en matière de traitement des eaux brutes destinées à la production d'eau potable. Nous pourrons examiner dans quelle mesure ces traitements éliminent ces nouvelles formes de pollution que j'évoquais tout à l'heure et nous assurer ainsi que malgré l'existence de ces risques nouveaux au niveau de la matière première utilisée pour fabriquer de l'eau potable, on est toujours en mesure de livrer au robinet du consommateur un produit irréprochable sur le plan de la santé publique...

LES GRANDS TYPES DE RESSOURCESET LEUR MISE EN ŒUVRE

La sécheresse de 1976 a agi, dans l'opinion publique et même auprès de spécialistes, comme révélateur d'un certain nombre de problèmes concernant les ressources en eau, superficielles et souterraines, et plus particulièrement quant à leur utilisation pour l'alimentation en eau potable.

Il faut bien reconnaître que le sujet a donné lieu à un grand nombre de réflexions et à des documents divers dont certains, à large diffusion, comportent des jugements hâtifs, des schématisations excessives qui concourent souvent à répandre des idées fausses.

C'est la raison pour laquelle il nous est apparu nécessaire de rappeler quelques idées de base surtout en ce qui concerne les eaux souterraines.

Au plan quantitatif, les nappes, du fait de leurs réserves, jouent un rôle très important dans le cycle de l'eau. Le débit qu'on peut y exploiter est souvent régulier et cet avantage a bien été mis en évidence, pour les grands aquifères, lors de la sécheresse de 1976. Le débit exploitable est fonction du débit d'alimentation du système et doit tenir compte, paramètre moins connu, des répercussions sur l'écoulement superficiel. Par ailleurs, il faut rappeler que les fortes exploitations exigent souvent des champs captants étendus et parfois éloignés des centres de besoins.

Au plan qualitatif, les eaux souterraines présentent très généralement de bonnes caractéristiques. Ceci repose, très schématiquement, sur deux facteurs :

  • — l'intervention d'une roche-magasin ayant une forte inertie, d'où le pouvoir tampon des nappes vis-à-vis des variations extérieures de qualité.
  • — la lenteur de la percolation et de la circulation de l'eau dans les terrains qui entraîne des phénomènes de « traitement » très poussés : action biologique, adsorption, échange d'ions...

On doit cependant souligner qu'en dehors de toute pollution résultant de l'activité humaine, certaines caractéristiques des eaux demandent à être corrigées : agressivité, dureté trop importante, teneur en fer...

En ce qui concerne les pollutions proprement dites, les eaux de nappe sont, à l'évidence, mieux protégées que les eaux superficielles :

— elles sont rarement l'objet de pollution permanente (exception faite dans certains secteurs de la pollution azotée) ;

— elles peuvent être « bien armées », du fait de leur inertie, contre les pollutions accidentelles.

Ces caractéristiques générales peuvent toutefois varier notablement puisqu’elles sont directement fonction du contexte géologique : taille et type d’aquifères, type de terrains... Quelques exemples illustreront cette diversité.

EN NAPPE CAPTIVE, l’exemple typique de l’Albien est celui d’un aquifère bien protégé par plusieurs centaines de mètres de terrains sus-jacents peu perméables. L’eau de l’Albien a une qualité excellente (une déferrisation est toutefois souvent nécessaire). Mais l’isolement (et donc la protection) de la surface confère, par contre, à ce type de nappe des faibles possibilités d’exploitation permanente, car l’aquifère est relativement peu alimenté.

POUR LES GRANDES NAPPES LIBRES, les conditions varient fortement, par exemple en fonction du matériau aquifère :

— dans les terrains granulaires (sables, grès...) la lenteur des circulations offre une garantie importante pour la qualité de l’eau (nappe du Cénomanien de Touraine...) ;

— dans les terrains calcaires, où existe une perméabilité de fissures plus ou moins importante, on trouve des terrains très hétérogènes, de type karstique, où les conditions en nappe sont très voisines de celles des eaux superficielles (pertes de rivières par des gouffres...). On trouve également des types intermédiaires (nappe de la Craie) où coexistent plusieurs types d’écoulement.

On conçoit bien que la vulnérabilité, vis-à-vis des pollutions, de ces aquifères puisse être excessivement variable suivant les zones.

LES NAPPES ALLUVIALES, qui fournissent une part très importante des prélèvements pour la distribution de l’eau, constituent un type de nappe bien particulier du fait de leur liaison avec le cours d’eau adjacent. La plupart des exploitations provoquent, en effet, une réalimentation induite de la nappe par la rivière qui représente souvent une part importante (70 %, 80 %, 90 % et plus) du débit prélevé. Mais par les phénomènes biologiques qui se développent au niveau des berges et la durée du séjour dans le terrain, les eaux exploitées dans les nappes alluviales présentent, le plus souvent, de bonnes caractéristiques. La qualité de l’eau de la rivière adjacente est bien entendu un paramètre important.

Ces quelques réflexions et exemples permettent de dégager deux conclusions principales :

1) La première est l’intérêt indéniable des ressources en eaux souterraines, compte tenu de leurs caractéristiques, pour l’alimentation en eau potable.

On doit cependant noter l’extrême diversité des nappes souterraines, qui est directement fonction des conditions géologiques locales : par exemple, il n’y a rien de commun entre l’eau de l’Albien et l’eau d’une nappe dans les calcaires karstiques.

En particulier, il faut bien avoir à l’esprit que les eaux souterraines sont, sauf cas particuliers limités, plus ou moins vulnérables à la pollution. Le problème de la protection des nappes fait d’ailleurs l’objet d’études nombreuses de la part des administrations concernées, tant au niveau national qu’international.

Malgré ces nuances, les eaux souterraines restent généralement une ressource privilégiée pour l’alimentation en eau potable et c’est bien la raison pour laquelle elles sont très souvent utilisées à cette fin.

En effet, une statistique portant sur la totalité des services de province gérés par la Compagnie Générale des Eaux (alimentant environ 7 millions d’habitants) montre que la production provient pour environ 70 % d’eaux souterraines et 30 % d’eaux de surface ; si l’on enlève les régions de terrains anciens (Bretagne, Massif Central) où on sait que les ressources en eaux souterraines sont très limitées, on arrive à environ 85 % d’eaux souterraines et 15 % d’eaux superficielles.

2) La seconde conclusion, tout aussi évidente, est la liaison, souvent étroite, et la complémentarité des ressources en eaux, souterraines et superficielles.

En premier lieu, toute exploitation d’eaux souterraines a bien évidemment une répercussion sur les disponibilités en eaux superficielles. D’autre part, les exemples présentés ont montré les liaisons souvent étroites qui existaient dans de nombreux cas : nappes de pays calcaires, nappes alluviales, dispositifs d’alimentation artificielle...

Il en résulte, comme le notait un rapporteur lors d’un récent congrès sur les ressources en eaux souterraines de la France, que l’opposition classique entre eaux superficielles et souterraines ne semble pas avoir de sens, car il n’existe qu’une ressource en eau.

C’est bien sous cet aspect global que doit être conçue la gestion de l’eau.

Ajoutons enfin, compte tenu de l’existence de contraintes (géologiques, historiques, environnement...) très variables suivant les régions, que chaque projet d’alimentation en eau nécessite une étude, technique et économique, particulière. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, les idées générales, et les schématisations qui en découlent, peuvent être très éloignées de la réalité...

LE MODELE MATHEMATIQUE UTILISE POUR LA REALIMENTATION DE LA NAPPE DE LA CRAIE À MOULLE (PAS-DE-CALAIS)

par F. MARTIN (Sté Lyonnaise des Eaux).

1. Rappel historique :

La plaine maritime flamande est dépourvue de ressources en eau potable abondantes et de bonne qualité. Les eaux de surface fréquemment saumâtres ne peuvent être utilisées dans la zone littorale. C'est pour cette raison que, dès 1888, il fallut réaliser, pour l'alimentation en eau de l'agglomération dunkerquoise, une adduction lointaine à partir des sources de la Houlle qui proviennent du débordement de la nappe de la craie sénonienne, au pied des collines de l'Artois. Actuellement, le Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eau de la Région de Dunkerque (S.L.A.E.R.D.) a concédé son service à la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Éclairage qui exploite la nappe de la craie au moyen de quinze forages pour satisfaire des besoins de l'ordre de 19 millions de mètres cubes par an.

En 1971, après un hiver 1970-1971 sec et un prélèvement de 16 millions de mètres cubes pour l'année 1970, le niveau de la nappe descendait à la cote −25, alors que le marnage normal se situe entre 0 et 10 m. Le débit des forages devint insuffisant pour satisfaire les besoins. Pour faire face à cette situation critique, la S.L.E.E. réalisa en urgence une installation provisoire de réalimentation de nappe (1).

Ce dispositif apporta très rapidement une amélioration spectaculaire : la nappe remonta de 15 mètres en quatre mois. Ceci démontrait clairement l'efficacité de la réalimentation et la S.L.E.E. réalisa en 1973 une installation définitive d'une capacité de 25 000 m³ par jour. Cette installation comprend une chaîne de traitement complète avec préchloration, coagulation, décantation dans un décanteur dynamique de type « Pulsator » de la Société Degremont, filtration sur charbon actif en grain. L'eau ainsi traitée est infiltrée dans un bassin d'un hectare.

Depuis cette époque, la réalimentation a été conduite pour équilibrer le bilan annuel de la nappe. L'étude des chroniques d'exploitation montre que la ressource nette est de 12 millions de mètres cubes en année de pluviométrie moyenne, qu'elle peut descendre à 10 millions de mètres cubes en année sèche et atteindre 17 millions de mètres cubes en année pluvieuse. Le volume à introduire en réalimentation était déduit par différence entre les besoins prévus et le prélèvement net possible estimé en fonction de la pluviométrie.

II. Le modèle mathématique.

Pour améliorer cette connaissance empirique de la nappe, la S.L.E.E. a confié, en juillet 1977, à Arlab, son étude sur modèle mathématique.

II.1. Données de base du modèle :

L'étude a porté sur la nappe de la craie sénonienne, limitée au nord-ouest par la rivière la Hem, à l'est par l'Aa, et au sud par la ligne de crête des collines formant ligne de partage des eaux. Cet aquifère est actuellement exploité par la S.L.E.E. entre Moulle et Nordausque et par la Société des Eaux de Saint-Omer, sur la commune de Saint-Martin au Laert. Entre les deux zones de captage se situent les émergences artésiennes de Serques et Tilques utilisées pour l'alimentation de cressonnières.

[Photo : La zone aquifère des collines de l'Artois.]

II.2. Calage du modèle :

Le programme utilisé par Arlab est le programme NEWSAM, avec des mailles variables de 300, 600, 1 200 et 2 400 m de côté. Pour l'étalonnage du modèle, Arlab est parti de la saison d'hiver 1974-1975, exceptionnellement pluvieuse (1 031 mm), qui conduisait à un remplissage complet de l'aquifère qui servit d'état de référence.

Par approximations successives ont été ajustés :

— l'infiltration efficace, qui a été déterminée comme 90 % de la pluie efficace calculée à l'aide de la formule de Thornthwaite ;

— le coefficient d'emmagasinement.

Un calage satisfaisant a été obtenu après 60 passages en machine.

Le modèle fait apparaître un débit de la nappe vers la Hem de l'ordre de 100 à 160 l/s qui est, bien sûr, une perte pour l’exploitation.

11.3. Phase de prévision :

a) ÉTÉ 1978 :

L’alimentation de la nappe, fonction de la pluviométrie de l'hiver 1977-1978 étant connue et les prélèvements étant estimés à la moyenne des trois dernières années, trois hypothèses de réalimentation ont été faites :

Hypothèse 1 :

Réalimentation uniforme de 10 000 m³/j. Le débit artésien à Tilques disparaît, la réalimentation est insuffisante.

Hypothèse 2 :

Réalimentation uniforme de 20 000 m³/j. Le relèvement de la piézométrie est important. Le débit à Tilques est de 30 l/s, la réalimentation est trop forte.

Hypothèse 3 :

La réalimentation est modulée suivant le programme ci-dessous :

Avril : 8 300 m³/j  
Mai : 13 000 m³/j  
Juin : 16 000 m³/j  
Juillet : 18 000 m³/j  
Août : 18 500 m³/j  
Septembre : 21 000 m³/j

Moyenne saisonnière : 16 000 m³/j

Un débit de 18 l/s est conservé à Tilques avec une économie moyenne de 4 000 m³/j par rapport à l’hypothèse précédente, soit 700 000 m³ sur la saison. C’est donc la formule de réalimentation la plus économique.

[Photo : Vue aérienne du site de Moulle : — au centre, l'usine — en haut, les bassins de réalimentation — en bas à gauche, sous les arbres, la rivière la Houlle. (Photo : Aéroport de Lille-Lesquin.)]

b) HIVER 1978-1979 et ÉTÉ 1979 :

Il y a alors lieu de faire trois hypothèses sur la pluviométrie de l'hiver 1978-1979.

Année pluvieuse :

530 mm de pluie hivernale (octobre-mars).

Année moyenne :

300 mm de pluie hivernale (octobre-mars).

Année sèche :

200 mm de pluie hivernale (octobre-mars).

En année pluvieuse :

Le modèle a montré qu’il n’était pas possible d’arrêter totalement la réalimentation pendant l’hiver.

Année moyenne :

Trois hypothèses ont été étudiées en modulant les prélèvements dans les différentes zones du champ captant.

Année sèche :

Une réalimentation permanente de 20 000 m³/j correspondant aux installations actuelles est insuffisante. Un deuxième scénario a défini le programme de réalimentation ci-dessous :

Octobre 78 : 16 000 m³/j  
Novembre 78 : 19 000 m³/j  
Décembre 78 : 20 500 m³/j  
Janvier 79 : 20 500 m³/j  
Février 79 : 20 000 m³/j  
Mars 79 : 20 000 m³/j  
Moyenne hiver 78-79 : 19 000 m³/j

Avril 79 : 22 500 m³/j  
Mai 79 : 25 000 m³/j  
Juin 79 : 26 000 m³/j  
Juillet 79 : 26 300 m³/j  
Août 79 : 26 300 m³/j  
Septembre 79 : 28 300 m³/j  
Moyenne été 79 : 26 000 m³/j

III. — CONCLUSION

a) Le modèle confirme un certain nombre d'idées acquises avec l’expérience de l’exploitation de la nappe :

— le volume disponible en année de pluviométrie moyenne est de 12 millions de mètres cubes ;

— les installations actuelles ont une capacité insuffisante en cas d'hiver sec. Ceci confirme le bien-fondé de la décision prise d’extension de la capacité de traitement.

b) Le modèle a totalement modifié notre schéma de pensée statique de bilan annuel en permettant d'intégrer l’évolution dynamique de la piézométrie. Il a mis en évidence deux éléments :

— la drainance de la Hem.

— l'intérêt de moduler la réalimentation.

c) Pour la gestion future de la nappe, un passage en machine au mois d'avril de chaque année permettra de définir après intégration des éléments de l'année précédente et des prévisions de pompage :

  • — le programme de la réalimentation pour l'été suivant ;
  • — des prévisions pour l'année suivante en fonction de trois hypothèses sur l'hiver : pluvieux, moyen ou sec.

Le modèle devient ainsi un véritable outil de gestion et de prévision permettant d'utiliser au mieux tout en la préservant la ressource précieuse que constitue une nappe d'eau souterraine...

[Photo : La nouvelle usine de Méry / Oise – le prélèvement]

OPTIMISATION DU TRAITEMENT À LA NOUVELLE USINE DE MÉRY-SUR-OISE (95)

par J.C. NASTORG (Cie Générale des Eaux)

Depuis 1911, la plus grande partie de la banlieue nord-ouest de Paris est alimentée en eau par le Syndicat des Communes de la Banlieue de Paris pour les Eaux, à partir d'une usine traitant l'eau de l'Oise, à Méry-sur-Oise.

Cette usine, initialement basée sur le procédé de la filtration lente, a été reconstruite en 1962 sur les principes de la filtration rapide.

Il est important de constater que, malgré une forte détérioration de la qualité de l'eau d'Oise constatée au cours de la dernière décennie, c'est une eau toujours conforme aux normes de potabilité qui put être produite par cette usine de Méry-sur-Oise.

En contrepartie, les quantités de produits chimiques mises en œuvre ont crû dans des proportions considérables. C'est un phénomène inquiétant, qui nuit aux qualités organoleptiques de l'eau distribuée et qui est loin de satisfaire les hygiénistes.

Un autre aspect de cette situation nous semble fondamental : c'est la variation instantanée de la pollution. L'enregistrement, sur une période de 24 heures, des taux d'ammoniaque relevés dans l'eau d'Oise l'illustre parfaitement. Pour ajuster à chaque instant le traitement à la demande, l'usine doit disposer d'appareillages électroniques complexes qui vont à l'encontre d'une certaine rusticité et donc d'une certaine fiabilité.

Face à cet état de fait, le Syndicat des Communes de la Banlieue de Paris pour les Eaux et la Compagnie Générale des Eaux — son régisseur — ont pris conscience que des mesures appropriées s'imposaient.

LA NOUVELLE USINE DE MÉRY-SUR-OISE

L'action entreprise se situera à deux niveaux : en tête du traitement et au cœur même de la filière actuelle (2).

La réserve d'eau brute.

Deux bassins d'eau brute, de 350 000 m³ de capacité chacun, vont être creusés à proximité immédiate de l'usine.

Ils permettront tout d'abord de réguler la qualité de l'eau à traiter, ce qui est déjà d'un intérêt considérable.

[Photo : USINE DE MÉRY-SUR-OISE]

Ils permettent aussi d’obtenir, par effet d’emmagasinement (« storage » pour les anglophones), une amélioration très importante de la qualité de l’eau à traiter. Les effets du storage sur les germes et l’ammoniaque sont particulièrement intéressants, car ils conduisent à atténuer, dans la suite du traitement, les taux de chloration, principale responsable de la formation des haloformes.

Cette réserve d’eau brute constitue enfin un excellent moyen pour « laisser passer » les pointes de pollution et s’affranchir ainsi des inconvénients inhérents au puisage direct dans la rivière.

L’activation biologique.

Les bassins de storage permettront donc une bonne élimination biologique de l’ammoniaque. Cette action biologique se poursuivra au sein même de l’usine de traitement par suppression de la préchloration au break-point.

L’élimination des matières organiques sera obtenue par adjonction — au sein même de la filière actuelle du traitement — d’un étage de filtration sur charbon actif à vitesse raisonnable, dont les effets seront stimulés par une ozonation préalable de l’eau.

La chaîne de traitement sera alors :

— floculation-décantation,
— filtration sur sable,
— ozonation,
— filtration sur C.A.G. (charbon actif en grains),
— chloration.

Placés dans un tel contexte, le charbon actif ne nécessitera pas les régénérations fréquentes qui constituent le coûteux handicap d’un charbon mal utilisé.

CONCLUSION

Réserve d’eau brute, activation biologique, mise en œuvre combinée de charbon en poudre et de charbon actif granulé, telles sont les modifications essentielles que nous nous proposons d’apporter à l’usine de Méry-sur-Oise et dont l’achèvement est prévu pour l’année 1980.

Elles devraient permettre de diminuer considérablement la quantité de produits chimiques mise en œuvre et d’accroître notablement la sécurité de fonctionnement de l’usine et, au total, c’est ce qui importe le plus, de distribuer aux abonnés une eau de très haute qualité…

(1) Voir deux articles parus antérieurement dans L’EAU ET L’INDUSTRIE : n° 24, avril 1978, pages 27 et suiv. : « La Lyonnaise des Eaux à Dunkerque et une solution pour la ressource en eau potable : la réalimentation de la nappe de Moulle » par F. MARTIN ; n° 25, mai 78, pages 25 et suiv. : « Le traitement de l’eau : la réalimentation de Moulle et l’emploi du chlorosulfate ferrique », par J.-M. TRISTRAM et J.-C. COURNARIF.

(2) Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE, n° 26, juin-juillet 78 : « Maîtrise du prétraitement chimique dans les usines du Syndicat des Communes de la Banlieue de Paris pour les Eaux », par G. BOURDONNAY, pages 51 et suiv.

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OXYGÉNATEUR D. 367

Principe :

Une turbine, montée sur flotteurs et équipée d'une hélice multi-plans, introduit dans une gaine profilée (1) un débit Q qui subit une accélération en sortie de gaine de façon à créer une aspiration entraînant un débit D en (2).

Le débit D est saturé en oxygène pur par diffusion de micro-bulles dans un circuit travaillant plein (donc pas de désorption d'O₂) et dont l'importante longueur en forme de serpentin permet de dissoudre la totalité de l'oxygène injecté.

ENCOMBREMENT APPAREILS TYPE 2GP/3GP/4GP

Étant à pression atmosphérique, donc à température égale 5 fois supérieure en oxygène pur qu'à l'air, on obtient dans le circuit (3) un mélange dont la concentration en oxygène correspond à la saturation à la pression atmosphérique, donc aucun risque de désorption.

Un système de régulation permet la mise en service et l'arrêt automatique pour maintenir le taux d'oxygène dissous préalablement choisi.

La saturation de l'eau à pression atmosphérique étant égale à 5 fois à l'oxygène pur.

CAPTEUR DE pH ET REDOX EN ÉCOULEMENT D. 368

Le capteur 8326 transparent permet d'un seul coup d'œil les vérifications suivantes, importantes en exploitation industrielle :

  • — l'électrode immerge-t-elle dans du liquide ?
  • — est-elle sale ou endommagée ?
  • — reste-t-il de l'électrolyte de référence ?

Les électrodes combinées, équipées de raccords à fiches — autre nouveauté — s'échangent très facilement. Le temps nécessaire pour l'échange d'une électrode en cas de panne se réduit à quelques secondes.

Les raccords sont prévus en DN 25. La pression admissible est de 6 bars et la température est de –10 à +60 °C.

STÉRILISATEUR U.V.

Description :

La puissance des lampes est d'une parfaite constance d'émission pendant la durée de vie indiquée, soit plus de 7 500 heures en service continu. Ces lampes ont la robustesse nécessaire pour résister aux manipulations et à l'humidité. Le remplacement s'effectue en quelques minutes.

Procéder au nettoyage une fois par an est suffisant.

D. 369

Le montage avantageux des lampes à décharge garantit un service de longue durée ainsi qu'une haute intensité germicide superficielle.

La dose calculée du rayonnement ultraviolet garantit l'inactivation des bactéries, virus, ferments de l'eau et ceci à 99,99 %.

Caractéristiques techniques :

  • — Débit : jusqu'à 10 000 l/h selon modèle (il en existe six) ;
  • — Puissance consommée : 40 W ;
  • — Puissance germicide : 6,6 W ;
  • — Durée de vie de la lampe : 7 500 heures environ ;
  • — Diamètre d'entrée et de sortie : 1" à 2" gaz ;
  • — Longueur : 985 à 1 050 mm ;
  • — Tension électrique : 220 V — monophasé.

TURBIDIMÈTRE TYPE GTU D. 370

Voici deux nouveaux convertisseurs de mesure de turbidité type GTU 701 et GTU 702 pour la mesure photométrique en continu et par passage direct de la turbidité de liquide suivant le principe de la mesure de la lumière dispersée dans laquelle l'extinction du fluide à mesurer sert de grandeur de correction.

Caractéristique linéaire : compensation continue de la souillure des fluides et du vieillissement des composants optoélectroniques. La fourniture comprend le convertisseur de mesure, son alimentation secteur et un coffret de maintenance.

Caractéristiques :

Fluide : température 0-50 °C, pression jusqu'à 10 bars, débit jusqu'à 500 l/min. Alimentation : 220 V alternatif, puissance absorbée inférieure à 10 VA, sortie intensité continue imposée commutable 0-20 mA / 4-20 mA.

Gammes :

  • 6 cartes enfichables pour 0-25 FU (unités Formazine),
  • 8 cartes enfichables pour 0-1 000 FU.

Montage vertical, poids 3 kg — dimensions 215 × 225 × 230 mm.

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