Le Salon INOVA (1), toujours effervescent, nous donne l'occasion de parler du déchet, avec des sociétés sur les stands très « in », comme Aérospatiale (torche à plasma thermique pour la destruction des déchets thermoréfractaires toxiques), Bertin & Cie (digesteur méthanique automatisé), des organismes dynamiques comme CEA, CNRS, INRA, INSERM, MRT, Armines, UTC, GdF, EdF, LRCCP, OCDE... (potentiel de recherches et d’avancement multidisciplinaire des connaissances nécessaires à la maîtrise du déchet) et des représentations étrangères actives, comme celle de l'Espagne, de la Chine et de la Finlande (procédés de désulfuration-valorisation des fumées de combustion des centrales thermiques (2)) (figure 1).
Petite initiation à la rudologie
Rudologie ? Kezako ?... Naguère, un chercheur universitaire baptisait la « science du déchet » de ce nom sans grâce (3). Depuis l'attribution de son nom de baptême, la rudologie a bien progressé.
(1) INOVA 90, 8e Semaine mondiale de l'Innovation du 3 au 6/04/90 au CNIT à Paris-La Défense, grand carrefour des Technologies et Services pour le développement de l’innovation industrielle qui offre par 600 organisations proposantes une sélection de 1 000 produits, procédés et savoir-faire techniques nouveaux.
(2) En particulier, les procédés de désulfuration Wellman-Lord & Pritchard-Fraxon qui réalisent la valorisation de l'engrais résiduaire K₂SO₄ (de Rauma-Repola Oy d'Helsinki), le procédé Lifac avec injection de CaO dans le four (de Tampella Boiler Division de Tampere) et le procédé Sulfred utilisant Na₂SO₄ (d’Outokumpu Engineering d’Espoo).
(3) Du latin rudus, ruderis : décombres (exemple, plantes rudérales, plantes qui croissent dans les décombres), selon PIL, Petit Larousse Illustré, éd. 89.
Face à son gigantisme, on en est venu à s'interroger sur l’existence inéluctable du déchet. Et même, on est en voie d’accomplir le passage du « pourquoi jeter bête, sale et criminel » au « comment jeter propre, intelligent et responsable », les notions de propre et de sale intervenant fréquemment comme critères normatifs de la qualité de vie. De la sanction initiale du principe pollueur-payeur (qui symbolise le droit à salir que l'on acquiert en réglant une note de pollution à l'Agence Financière de Bassin), il semblerait que l’administration s’oriente vers une attitude plus positive et réaliste de transformeur-gagneur nécessitant ainsi une modification radicale des comportements. Car si la société industrielle nous a appris à consommer, il est sûr qu’elle ne nous a jamais appris à jeter. Il faut donc manifestement apprendre à jeter autrement ; en particulier à valoriser (M. Mettelet, Directeur ANRED, Colloque ALSAPE, 11/1989).
En effet, l'homme de Cro-Magnon pouvait jeter ses détritus autour de lui sans en être incommodé, car il vivait en petits groupes disséminés, loin les uns des autres, pouvant migrer quand bon leur semblait et dès que leur habitat se maculait d'immondices (tout au moins, l’anthropologue peut-il l'imaginer ainsi).
Aujourd’hui, la densité de population est telle dans les métropoles modernes que toutes les parcelles de sol, toutes les étendues d'eau, tous les massifs forestiers et toutes les atmosphères doivent être considérés comme bien commun qu'il faut préserver des souillures, car la limite des capacités de régénération et d'auto-épuration de la terre, des mers, des végétaux et de l'air est vite atteinte, saturée, voire dépassée irréversiblement. Les médias s'affolent en annonçant que « les voyants rouges clignotent et que la poubelle commence à être sérieusement pleine ».
La poubelle étant à ras bord, il est grand temps de philosopher sur la pérennité de l'objet dans notre société de consommation. La philosophie de la post-modernité insiste sur le fait que nos objets et marchandises seraient éphémères parce que leur obsolescence est rapide (et en déduit que l'histoire s’efface, que rien ne dure, que l'homme moderne ne croit plus dans les choses sinon dans celles immuables, stables dans le temps...). Le design de l'objet est-il pris en défaut ? Design, terme pris dans son sens large de plan, intention, organisation des choses selon un dessein, et non au hasard ou à l'aveuglette (comme le définit Hume, véritable concepteur de l'économie et des manufactures). En fait, beaucoup d’objets industriels perdurent trop longtemps sous forme d’épaves indestructibles, carcasses de voiture, cuvettes de plastique, vieil électroménager, et sous forme de produits chimiques résiduaires et persistants qui intoxiquent insidieusement les systèmes biologiques.
Pourquoi ces objets voulus, prémédités, étudiés se comportent-ils si mal une fois qu'ils ont fini de servir et retournent à l'oubli ? (F. Guery, Pr de philo-
sophie à l'Université de Lyon, Revue « Design Magazine », 04/1990) (4).
Comme la loi de conservation de la matière le laisse présager, toute tentative d'élimination des déchets issus de l'activité humaine se traduit par la libération d'autres déchets, gaz, poussières, boues, solutés, moins encombrants ou moins discernables peut-être, mais non moins existants.
Ne plus les voir dans leur aspect premier, est-ce vraiment une amélioration ? Si la pollution visuelle peut révéler une souillure plus profonde (bloom d'algues toxiques pour les poissons et consommateurs de fruits de mer affectant les plans d'eau de marées colorées), elle peut aussi nuire simplement à l'esthétique du milieu (la présence de bouteilles en plastique sur une plage est déplaisante, mais celle de tessons de bouteille de verre est plus dangereuse bien que moins visible).
Bien entendu, la pollution la plus insidieuse est celle qui ne se voit pas et la cacher ne résout rien (5). Les exemples de décharge insidieuse de déchets sont nombreux où on se donne bonne conscience écologique en s'attaquant aux pollutions spectaculaires plutôt qu'aux risques réels. Si la nature ne peut être la poubelle de nos déchets, elle ne doit pas plus être la poubelle des déchets de nos déchets. Il convient d'identifier et traiter les problèmes jusqu'au bout, en se méfiant de la politique de gribouille qui finalement transformerait en produits à risques des objets qui ne le sont pas (Philomène, Revue « Plastiques Environnement », 03/1990).
(4) F. Guery, chargé de recherches par le Ministère de l'Environnement, est auteur de l'ouvrage « La société industrielle et ses ennemis », éd. Olivier Orban.
(5) Cette remarque concerne aussi les déchets nucléaires dont le traitement se solde par un stockage hors la vue, stockage souterrain ou immersion pour les déchets de faible et moyenne radioactivité dans les conditions de la Convention de Londres depuis 1967. Évidemment, leur disparition dans les profondeurs marines ne leur confère aucune innocuité et ce n'est pas parce qu'ils sont enfouis que les radio-éléments cessent d'être dangereux (C. Allègre, Institut de Physique du Globe, 1982).
Sera-t-on obligé de ne fabriquer en série que des produits soit recyclables soit biodégradables, à une époque où la décharge publique prend des proportions planétaires et gâche Dame Nature, au point d'en faire la victime de notre industrie, alors que l'une ne va pas bien sans l'autre ? Biodégradables irrémédiablement quand ils ne sont pas recyclables ?
À une nuance près : l'aptitude à la biodégradation d'un déchet n'apporte pas l'assurance de son innocuité, les métabolites pouvant se révéler plus toxiques que le produit biodégradable dont ils sont issus. Depuis 20 ans, certains spécialistes se sont inquiétés de cette confusion, en soulignant que friabilité moléculaire et toxicité sont des caractéristiques indépendantes : « L'orientation actuelle vers l'imposition de produits dégradables n'est saine que dans la mesure où d'une part l'ensemble des stations d'épuration est susceptible de traiter efficacement cette charge supplémentaire et d'autre part si les produits de dégradation sont effectivement des produits inoffensifs » (Armangau et Van Beneden, Revue du Cebedeau, 1971).
C'était alors l'époque du lancement des détergents ménagers biodégradables. Or, un tensioactif très moussant peut, même à l'état de traces, provoquer des amoncellements de mousse persistante à la surface de l'eau, mais peu toxique. Le même tensioactif, légèrement modifié dans sa structure moléculaire pour le rendre friable, perdra son « pouvoir spumogène », son pouvoir moussant, mais libérera un phénol toxique lors de sa dégradation (figure 2).
Ces réserves sur la biodégradabilité des détergents sont également applicables aux plastiques photo, hélio ou biodégradables : certains films dits biodégradables sont des polyéthylènes chargés d'un produit pulvérulent consommable par les bactéries ; d'une part la poudre de polymère est perdue pour le recyclage mais encore le devenir des métabolites de la charge est mésestimé.
Rude, très rude la rudologie ! Car il faut maintenant savoir « jeter utile », entre autres déchets biodégradables... à bon escient.
L’Art du futur
Le progrès ne consiste pas à « arrêter les frais » pour s'en remettre à Dame Nature. L'avenir du design n'est pas de s'effacer pour laisser l'univers hostile reprendre ses droits (le froid, la faim, les bêtes féroces, les instincts primitifs...). Il réside au contraire dans une extension de son aire d'intervention, à ce temps indéfini qui succède à la jeunesse des marchandises désirables, et qui nous fait croire, à tort, « que l'humanité est fâchée avec ses propres produits parce qu'elle les abandonne comme des chiens crevés au bord des routes dès qu'ils ont cessé de plaire » (F. Guery, Revue « Design Magazine », 04/1990).
La sinistrose sévit. Les désastrologues font florès. L'opinion publique, tous pays confondus, se préoccupe des menaces pesant sur l'environnement : l'effet de serre, l'amenuisement de la couche d'ozone, les pluies acides, les déchets toxiques. Il faut bien reconnaître que du point de vue du risque majeur, nous sommes entrés dans une nouvelle ère industrielle de l'humanité, celle des catastrophes technologiques.
Si les progrès de la science ont éliminé net toute une série de catastrophes autrefois implacables (la grippe espagnole, par exemple, qui fit littéralement explosion et tua plus de 20 millions de personnes
En ce qui concerne les détergents, la biodégradabilité se limite à la décomposition du syndet « en produits incapables de former des sels solubles dans le chloroforme avec le bleu de méthylène », le taux de biodégradation étant le pourcentage de substance active au bleu de méthylène MBAS éliminé dans les conditions du test. Selon la formule réactionnelle suivante :
H H | | H₂C — CH₂ — (CH₂)ₙ — COOH | + 3/2 O₂ → Bacillus → (OH) n dodécylbenzène acide parahydroxy sulfonate de sodium phénylacanoïque
Si l’on utilise comme méthode de mesure la méthode classique du bleu de méthylène, on en déduira que le produit est biodégradé à 100 %, car la perte du groupe hydrophile SO₃ supprime la réaction avec le bleu de méthylène. Par contre, si l’on utilise comme méthode de mesure la spectrophotométrie UV du cycle benzénique, on en déduira que la biodégradabilité est de 0 %, puisque le cycle benzénique n’est pas affecté par l’action de cette bactérie. Ces deux conclusions sont également erronées car il serait aussi inexact de dire que le produit est totalement biodégradé puisque seul le groupement hydrophile SO₃ a disparu, que d’affirmer que l’action bactérienne a été nulle puisqu’il y a eu élimination du groupe hydrophile — O. Ce simple exemple montre qu’avec ce type de méthode de mesure ce que l’on peut affirmer, au mieux, c’est qu’un produit a été plus ou moins modifié, mais pas qu’il a été biodégradé, c’est-à-dire transformé en gaz carbonique et biomasse (P. Laboureur, UK 1976).
Fig. 2 : Appréciation de la biodégradabilité d’un détergent alkylbenzènesulfonate de sodium ABS.
Au cours de l’hiver 1917-1918, est de nos jours pratiquement jugulée), les progrès de cette même science ont apporté d’autres périls dont on ignore encore les moyens parfaits d’éradication. Leurs bienfaits sont en même temps porteurs de menaces nouvelles. Ainsi s’esquisse le bien-être, par grands coups de crayon, suivis de bons coups de gomme !
On peut toujours se consoler en se répétant qu’à l’approche de l’an 1000, on s’attendait déjà à la fin du monde et qu’il ne s’agit là que d’une résurgence des craintes ancestrales. Machiavel n’avait-il pas raison d’écrire : « Danger prévu est à moitié évité » ? Pour être efficace en prévention, la réflexion sur le futur doit s’assigner comme ambition non pas de deviner ce qui va se passer, mais de pressentir en temps utile les grands défis auxquels notre société risque d’être confrontée. Pressent-on le futur ? Il faut bien avouer que, survenu sans être aucunement anticipé, le premier choc pétrolier a contribué à discréditer pendant une décennie tout effort d’exploration de l’avenir lointain : à quoi bon réfléchir sur le long terme quand le court terme vous échappe et que le moyen terme vous prend tellement au dépourvu ! Ce sentiment pusillanime à l’égard du futur a heureusement cessé.
La prise de conscience récente de l’enjeu que constitue la préservation de notre planète a montré la nécessité d’une approche globale. Car maintenant, il est devenu primordial de sauver les baleines et les éléphants… pas pour les baleines et les éléphants eux-mêmes, mais pour trouver les qualités qu’il faut développer pour les sauver, et qui nous sauveront nous-mêmes (J.-M. Panneau, « La Nouvelle République », 06/04/1990).
En vue de cette approche, le Gouvernement entend développer un effort de structuration de la recherche pour valoriser l’apport des sciences de l’homme et de la société à l’analyse des problèmes actuels, et le MRT mobilise ses troupes (6).
(6) Le MRT, Ministère de la Recherche et de la Technologie, coordonne le jeu des différentes disciplines et institutions au moyen d’une action nationale, « Écologie et Sciences Sociales », définie par monsieur le Ministre H. Curien en février dernier, et faisant appel :
© aux sciences de l’économie et de la gestion pour l’évaluation du coût du respect de l’environnement et le chiffrage des pertes de sa non-prise en compte,
© aux sciences juridiques pour proposer de nouveaux outils de régulation sociale et de nouvelles normes,
© à la sociologie analysant les modes de prise en charge des situations d’environnement par les acteurs et les populations concernées (Lettre d’information du MRT 02/1990, « Recherche et Technologie »).
Éco-business
Chacun sait que les services de chaque Direction Régionale de l’Industrie et de la Recherche, anciens « Services des Mines », les DRIR actuels, sont chargés de faire respecter la législation appliquée aux installations classées pour la protection de l’environnement (loi refondue du 19 juillet 1976 à partir de la grande loi du 19 décembre 1917 sur les établissements dangereux, incommodes et insalubres). L’Inspecteur est donc conduit à faire subir constamment aux établissements industriels un processus de rattrapage par l’adaptation nécessaire aux nouvelles exigences réglementaires, rattrapage qui doit être négocié sans compromettre l’avenir d’une usine par des aménagements d’un coût insupportable. Et l’opinion publique a souvent quelque difficulté à réaliser que toute décision administrative est le fruit d’un arbitrage entre le désir d’atteindre un objectif de salubrité, de sécurité et d’anti-pollution indispensable dont la réalisation intégrale aurait un coût excessif, et la nécessité de n’y consacrer que les dépenses que l’on peut raisonnablement financer à échéances convenables, sans mettre en péril la vie même de l’entreprise et, par voie de conséquence, l’emploi de son personnel (J. Colliot, B. de Font-Reaulx, DRIR, 1979). Soit, mais parfois cette arme du chantage au chômage, que brandissent certains lobbies industriels, a le don d’agacer. D’ailleurs, les réticences à l’investissement préventif (en poste de dépoussiérage-lavage de gaz, en station d’épuration des eaux résiduaires et en système de sécurité intégrée) cèdent au constat de sinistre : les industries aux activités les plus nocives, notamment celles de la chimie, se sont rendu compte que le laxisme avait un coût très élevé (le groupe Hoffmann-Laroche a versé 100 millions de dollars aux victimes de Seveso, la catastrophe de Bhopal a coûté 4,5 milliards de dollars à Union Carbide, la facture de l’incendie de Protex s’est élevée à 50 MF). Aussi, longtemps considérées comme des charges financières imposant des investissements improductifs, la protection de l’environnement et la sécurité sont-elles devenues une composante stratégique et un facteur de compétitivité des entreprises, amorçant une phase de profonde mutation. Et même des labels de sécurité, d’absence de pollution, d’innocuité, de respect de l’environnement sont passés aujourd’hui en arguments commerciaux ! (voir Henkel et Rhône-Poulenc à propos des les-
POSTES BUDGÉTAIRES EN 1989 RELEVANT DES SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ
EFFECTIFS
Chercheurs | ITA | |
---|---|---|
Universités | 15 000 | |
Organismes* | ||
CNRS | 1 940 | 1 800 |
INED | 52 | 26 |
INRA (estimation) | 118 | 78 |
ORSTOM (estimation) | 270 | 27 |
INSERM (estimation) | 46 | 42 |
CEE | 25 | 37 |
Ministère de la Culture | 179 | 452 |
Autres ministères | 100 | 50 |
TOTAL | 17 730 | 2 582 |
* Centre national de la recherche scientifique, Institut national d’études démographiques, Institut national de la recherche agronomique, Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération, Institut national de la santé et de la recherche médicale, Communauté économique européenne.
VENTILATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME DU BCRD EN 1989 SELON LES ORGANISMES ET LES MINISTÈRES
SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ
(en millions de francs courants)
Ministère de la Recherche et de la Technologie | |
Organismes | |
CNRS | 113,4 |
INED | 19,3 |
INRA | 9,9 |
ORSTOM | 12,9 |
INSERM | 25,0 |
Actions incitatives | |
Département Sciences de l’homme et de la société (SHS) | 15,0 |
Département Homme, travail, technologies (HTT) | 18,5 |
Autres ministères | 3,0 |
Plan | 200,4 |
Éducation nationale | 200,4 |
Affaires sociales (MIRE) | 4,0 |
Travail (CEE) | 3,6 |
Justice | 3,9 |
Équipement | 6,3 |
Culture | 3,0 |
TOTAL | 535,0 |
Lessives ménagères avec ou sans phosphates).
L’environnement constitue désormais un segment de croissance inespéré. Et, bon an, mal an, l’écologie est un marché porteur qui stimule l’entreprise industrielle. Les grands groupes développent des délégations à l’Environnement et à l’Écologie dans le but d’identifier in situ les risques et les nuisances. Ainsi, Rhône-Poulenc mobilise un département de 120 personnes dédiées au dossier (près de 1,8 milliard de francs, le double de celui du ministère de l’Environnement). Rhône-Poulenc entend gérer les déchets avec rigueur et développer des technologies propres : en dix ans, les rejets en matières oxydables ont été réduits de 70 % et les rejets de fabrication de nylon sont passés de 5 kt/an en 1986 à 1 kt/an en 1988 (J. Salamato, Délégué Rhône-Poulenc, « Valeurs & Ça m’intéresse », 3/1990).
D’ailleurs, l’industrie chimique française tout entière consent des investissements croissants à la satisfaction des objectifs de protection de l’environnement et de sécurité, profitant de sa bonne santé économique (figure 4). Selon les estimations de l’UIC, celles-ci auraient consacré en 1988 environ 3,9 milliards de francs à la protection de l’environnement, dont 1,3 milliard de francs d’investissements (soit 7,9 % du montant global de ces investissements).
Enfin, selon le Bureau d’Études et de Prévisions économiques, le marché des produits et des services liés à l’environnement devait s’établir en 1993, dans les pays de la CEE, à un chiffre d’affaires de 385 milliards de francs et, à l’horizon 2000, à environ 520 milliards de francs.
La protection exclusive pour l’éco-industrie, en particulier pour les entreprises spécialisées dans la récupération. Car certains experts prétendent que les déchets représentent le gisement de matières premières et d’énergie en plein essor pour cette activité qui pourrait se classer au premier rang des industries européennes.
« C’est en remplissant ces conditions que nous saurons gérer la qualité de vie à l’échelle de la planète. Car, disait si justement Saint-Exupéry : “Nous n’héritons pas de la terre de nos aïeux, nous l’empruntons à nos enfants.” »