une réalisation magistrale pour l’époque…
LE « CANAL DU LANGUEDOC » ou « DES DEUX MERS » (Canal du Midi) 1661 - 1681
par , Président des transporteurs fluviaux du Midi.
PREMIÈRE PARTIE
L’IDÉE DE RIQUET ET LA VOLONTÉ DE COLBERT (1661-1665)
La jonction des Deux-Mers « l’Océan et la Méditerranée » à travers l’Isthme gaulois était une idée fort ancienne. À partir du moment où le royaume de France prit conscience de son homogénéité hexagonale, l’intérêt d’une liaison fluviale navigable reliant l’Atlantique à la Méditerranée devint une évidence économique et militaire, en particulier pour « faire cesser le passage obligatoire par le détroit de Gibraltar, profitable aux revenus du Roy d’Espagne à Cadix »… comme le faisait ressortir Riquet dans sa première lettre à Colbert, que nous reproduisons plus loin.
Les études commencèrent à partir de François Iᵉʳ, poursuivies sous Henri IV et Louis XIII à l’instigation du Cardinal de JOYEUSE et du Cardinal de RICHELIEU, avec des techniciens tels que GRAPPONE, RENAUD, LOUIS FOIX pour la période de 1598 à 1623.
Toutes les solutions adoptaient la trace la plus simple et le plus court joignant la Garonne à l’Aude, de Toulouse à Carcassonne, en empruntant le passage naturel favorisé : celui des « Pierres de Naurouze » connu sous le nom de Seuil de Naurouze, entre la Montagne-Noire au nord et les Pyrénées au sud. La difficulté insurmontable était de trouver un réservoir d’eau suffisant pour alimenter le canal, et ensuite de conduire cette eau gravitairement au bief de partage.
La Montagne-Noire paraissait être le « château d’eau » tout indiqué, mais son réseau hydrographique présentait de trop maigres débits pendant cinq mois de l’année, de juillet à novembre. Le Sor, rivière qui débouche à l’est de Revel donnait la meilleure réserve, mais lui aussi avec une longue période d’étiage. On ne sortait pas de ce dilemme : ou bien arrêter la navigation pendant les périodes sèches, ou bien investir des sommes énormes pour canaliser plusieurs cours d’eau des deux massifs.
Les idées restaient donc confuses sur ce problème crucial et le projet du canal n’avançait pas. C’est RIQUET, devenu homme du pays, qui allait trouver la solution de la Montagne-Noire, mais bien plus tard, en 1661.
L’IDÉE DE RIQUET
Pierre-Paul RIQUET, fils de Guillaume RIQUET et de Guilhaumette de VIAL, son épouse, naquit à Béziers en 1604. Il n’avait reçu qu’une éducation rudimentaire. Il avouera lui-même à Colbert dans la lettre historique du 15 novembre 1662, qu’ « il n’entendait ni grec, ni latin et qu’il était peu instruit en mathématiques »… Mais il avait le sens du commerce et un génie inventif associé à un esprit d’entreprise peu commun.
Il était arrivé à cumuler les charges de Fermier des Gabelles en Languedoc et de Fournisseur des Armées du Roy, qui opéraient en Roussillon contre l’Espagne. Louis XIV et Richelieu (ce dernier mourant pendant le carrosse) y conduisaient les…
troupes royales qui prirent Perpignan le 8 mars 1642, ce qui, par la suite, au Traité des Pyrénées (1659), valut à la France de fermer sa frontière par l'acquisition du Roussillon et de la Cerdagne.
Riquet avait amassé une importante fortune grâce à ces entreprises, et cela lui avait permis d'acquérir le domaine de Bonrepos, à quelque vingt kilomètres au N.E. de Toulouse, et le château de RAMONDENS, dans la forêt du même nom en plein cœur de la MONTAGNE-NOIRE.
Les archives nous le montrent préoccupé des difficultés de transport qu'il éprouvait en saison humide dans les chemins fangeux du Haut-Languedoc. Il rêvait de ce Canal dont on parlait tant. Par les relations qu'il avait avec les gens de qualité de la Province il connaissait la pierre d'achoppement du projet : où trouver l'eau nécessaire ?...
Il y pensait beaucoup au cours des nombreux déplacements qu'il faisait de VERFEIL à RAMONDENS et vice-versa. Il connaissait les torrents du versant méditerranéen de ce massif montagneux : le généreux ALZAU, l'impétueuse BERNASSONNE, les paisibles cours du LAMPY et du LAMPILLON, le marécageux RIEUTORT... Il suivait souvent le cours du SOR dans les gorges sauvages de CRABES-MORTES et de MALAMORT. L'idée lui vint de réunir les eaux du versant méditerranéen à celles du Sor en coupant ces ruisseaux torrentueux par une rigole à flanc de montagne qui grouperait leurs apports et les conduirait en un point de la ligne de partage des eaux dit le CONQUET, d'où on pourrait les déverser dans le Sor. C'était l'étincelle qui allait donner le « branle » au projet, comme il l'écrira à Colbert le 20 décembre 1664.
Avec l'aide du fils d'un fontainier de Revel, il allait parcourir le terrain, niveler sommairement et s'assurer de la possibilité de réalisation de ce système. Nous étions en 1661.
En juillet 1662, il était convaincu par ses mesures et observations du bien-fondé de son idée. Il en fit part à Mgr d'ANGLURE de BOURMELONT, Archevêque de TOULOUSE. Ce prélat qui était son ami, écouta ses explications, se rendit sur les lieux et fut enthousiasmé à son tour.
LE MÉMOIRE À COLBERT
L’archevêque conseilla à RIQUET d’envoyer un mémoire à Colbert, lequel venait d’être investi de la confiance de Louis XIV à la mort de Mazarin (1661). Riquet établit ce mémoire et l’adressa à Colbert joint à la lettre suivante qui a été conservée :
« À Bonrepos, ce 15 novembre 1662. « Monseigneur, Je vous écrivis de perpignan, le XXᵉ du mois dernier au sujet de la ferme des gabelles du Roussillon, ce aujourd’hui. Je fais même chose de ce village mais sur un sujet bien éloigné de cette nature là. C’est sur celui d’un canal qui pourrait se faire dans cette province du Languedoc pour la communication des deux mers Océane et Méditerranée (1). Vous vous étonnerez Monseigneur que j’entreprenne de vous parler d’une chose qu’apparemment je ne connais pas et qu’un homme de gabelle se mêle de nivelage. Mais vous excuserez mon entreprise lorsque Vous Sçaurez que c’est de l’ordre de Monseigneur l’archevêque de Toulouse que je vous escris. Il y a quelque temps que le dit Seigneur me fit l’honneur de venir en ce lieu, soit à cause que Je luy suis voisin et hommageur ou pour savoir de moi les moyens de faire ce canal. Car il avait ouï dire que j’avais fait une étude particulière. Je luy dis ce que j’en savais et luy promis de l’aller voir à Castres à mon retour de perpignan et de le mener Sur les lieux pour luy en faire voir la possibilité. Je luy fis et le dit Seigneur en compagnie de Monsieur l’évêque de St-Papoul et de plusieurs autres personnes de condition a esté visiter toutes choses qui s’étant trouvées comme Je les avais dites, ledit Seigneur Archevesque m’a chargé d’en dresser une relation et de vous l’envoyer. Elle est ici incluse mais en assez mauvais ordre. Car n’entendant ni grec ni latin et à peine sachant parler françois il n’est pas possible que Je m’explique sans bégayer aussi ce que j’entreprens est par ordre et pour obéir et non par de mon mouvement propre. Toutefois Monseigneur s’il vous plaict de vous donner la peine de lire ma relation Vous jugerez qu’il est vray que ce Canal est faisable qu’il est à la vérité difficile à cause du coust. Mais que regardant le bien qui doit en arriver l’on doibt faire peu de considération de la dépense. Le feu Roy Henry, quatrième aïeul de nostre Monarque, désira passionnément de faire cet ouvrage. Feu Monsieur le Cardinal de Joyeuse avait commandé d’y faire travailler et feu Monsieur le Cardinal de Richelieu en souhaitoit l’achèvement. L’Histoire de France, le recueil des sermons dudit Sieur Cardinal de Joyeuse et plusieurs autres auteurs aussi justifient cette vérité. Mais jusques à ce jour l’on n’avoit pas pensé aux rivières propres à servir ni su trouver des routes aisées pour ce canal. Car celles qu’on s’estoit alors imaginées consistoient avec des obstacles insurmontables et retrogradations de rivières et de machines pour eslever les eaux, aussi crois-je que ces difficultés ont toujours causé le dégoût et reculé l’exécution de l’ouvrage. Mais aujourd’huy Monseigneur qu’on trouve de routes aisées et de rivières qui peuvent être facilement détournées de leur anciens lits et conduites dans ce nouveau canal par pente naturelle et de leur propre inclination Toutes difficultés cessent excepté celle de trouver un fonds pour survenir aux frais du travail. Vous aurez pour cela mille moyens, Monseigneur et Je vous en présente Encore deux dans un mien mémoire cy-joint afin de vous porter plus facilement à cet ouvrage que vous jugerez très avantageux au Roy et à son peuple. Quand il vous plaira de considérer que la facilité et l’assurance de cette nouvelle navigation fera que le destroit de gibraltar Cessera d’estre un passage absolument nécessaire. Que les revenus du Roy Espagne à Cadix en vont diminuer et que ceux de nostre Roy augmenteront d’autant sur les fermes des Entrées et sorties des marchandises en ce royaume, outre leurs droicts qui se prendront sur le dit canal qui monteront à des sommes immenses et que les Sujets de sa Majesté en général profiteront de mille nouveaux commerces et tireront de grands avantages de cette navigation. Que si j’apprens que ce dessein Vous doive plaire Je vous l’enverray figuré avec le nombre des escluſes qu’il conviendra faire et un calcul exact des toises dudit Canal, soit en longueur soit en largeur, Je suis… »
(1) Les passages ressortis en caractères gras l’ont été pour la clarté du texte, aucun passage n’étant souligné bien entendu dans la lettre de Riquet.
Dans le mémoire joint à cette lettre, Riquet insistait sur les causes d’échec de tous les projets antérieurs dans les termes suivants (traduits cette fois en français moderne) :
« En douze lieues de ce pays on ne trouvait ni ruisseau ni rivière qui pût fournir d’eau à suffisance pour ce canal, et c’était pour cela qu’on s’imaginait de pouvoir faire rétrograder à contre-mont la rivière de l’Ariège ce qui avait été trouvé irréductable… Mais ce qui me semble le plus important est d’avoir de l’eau à suffisance pour le remplir, et de la conduire à l’endroit même où est le point de partage ; ce qui se peut aussi faire avec facilité, prenant la rivière du Sor, près de la ville de Revel, qu’on conduira par pente naturelle puisqu’il se trouve neuf toises de descente depuis ledit Revel jusqu’au point de partage, et que le pays est uni et sans éminence. Il est encore aisé de conduire le ruisseau appelé le Lampy dans le lit de la rivière de Revel, distante d’environ quinze cents pas l’un de l’autre ; il est pareillement facile de mettre dans le lit de Lampy un autre ruisseau appelé l’Alzau, distant d’environ cinq quarts de lieue, et par conséquent, plusieurs autres eaux qui se rencontrent dans cette conduite, de sorte que, jointes ensemble, étant, comme elles sont toutes, sources vives et de durée, elles formeront
une grosse rivière, qui, menée au point de partage, rendra le canal suffisamment garni des deux côtés, pendant toute l'année, et jusqu'à six pieds de hauteur sur neuf toises de large (1), si bien que la navigation sur ce canal serait sans difficulté... »
COLBERT ET LOUIS XIV FAVORABLES
Cette lettre habile, rédigée d'un ton faussement naïf, et le projet qu'elle apportait à COLBERT se situaient dans le droit fil de la politique d’expansion économique que COLBERT, continuateur de MAZARIN « deux grands serviteurs de la monarchie » s'apprêtait à mener pendant ses années de service auprès du Roi.
La France qui était alors un « pays en voie de développement », connut à cette époque son vrai « décollage industriel » par une activité manufacturière dans toutes sortes de branches et sur tout le territoire, tandis que son commerce prospérait au-delà des mers.
COLBERT et RIQUET étaient faits pour s’entendre, et d’ailleurs le ministre d'État restera jusqu'au bout un protecteur fidèle du père du Canal du Midi, puisque plus de vingt ans après, en 1676, on retrouve un « projet de Riquet » pour amener l'OURCQ à Paris au moyen d'un canal navigable qui aurait débouché juste au pied de l'arc-de-triomphe du faubourg Saint-Antoine. Associé à son gendre, Jacques de MANSE — l'auteur d'une des machines du Pont Notre-Dame — RIQUET obtint des lettres patentes qui lui concédaient l'entreprise. Mais l'affaire échoua, combattue par les marchands de grains de la Brie et le bureau de la ville. La mort de Riquet en 1680, suivie de celle de Colbert, trois ans après, privèrent M. de Manse de ses soutiens (2)...
Colbert s'intéressa donc au mémoire de Riquet. Il saisit le trait de génie qu'il contenait : la découverte du moyen d'alimenter le canal à partir des torrents et ruisseaux de la Montagne Noire. Il fit part au Roi de sa confiance dans les affirmations fermes d'un homme qu'il connaissait déjà pour être doté naturellement d'un sens pratique très développé.
Mais, le Roi ? Louis XIV avait au plus haut point le don de deviner le degré d'efficience des idées qui lui étaient soumises. Il consentit à faire étudier sur les lieux les dires de Riquet. Par un arrêt de son Conseil daté du 18 janvier 1663, il ordonna que l'examen du projet de Riquet serait effectué sur place par les Commissaires du pouvoir royal auprès des États du Languedoc et par ceux que ces États voudraient bien déléguer à cet effet.
Compte tenu de la date de la lettre de Colbert (15 novembre 1662), des distances et des durées de transmission au XVIIe siècle, on pourrait souligner en passant que le « pouvoir central » savait, pour des affaires d'État de cette importance, prendre des décisions rapides et efficaces. Il est vrai qu'on s’acheminait vers la période marquant l'apogée du « Grand Règne »...
(1) La toise représentait : 1 m 949 et le pied : 0 m 3248.
Ces dimensions correspondent à l'élément de bief creusé dans le parc du Château de Bonrepos à titre d'essai.
(2) Louis Figuier – « Les merveilles de l'industrie » (1875).
LES ETATS DU LANGUEDOC TERGIVERSENT
Cette « Commission de vérification » des États du Languedoc se constitua avec une lenteur extrême : elle mit plus de vingt mois à se former, et ne tint sa première réunion que le 7 novembre 1664 pour nommer des experts destinés à l’éclairer au point de vue technique. Le « pouvoir régional » agissait en la circonstance différemment du « pouvoir central » !… Curieuse cette passivité, car on savait bien à l’époque que les voies navigables sont des « chemins qui marchent » et qu’un bateau (de rivière) avec 6 hommes et 14 chevaux portait la charge de 400 chevaux à terre, escortés par 200 hommes… (1).
La composition de cette commission était la suivante (2) :
- — Les évêques de Montauban, de Mende, de Saint-Papoul ;
- — Les barons de Castries, de Lanta, de Ganges ;
- — Le sieur de Chambonas, vicaire général de Viviers ;
- — d’Aigrin, vicaire général du Puy ;
- — de Bressols, envoyé de Polignac ;
- — de Canes, envoyé de Coufoulens ;
- — Les sieurs Capitouls de Toulouse ;
- — Les consuls de Narbonne, du Puy, de Castres ;
- — Le diocésain de Saint-Pons ;
- — Rochepierre, syndic du Vivarais ;
- — Le syndic du diocèse de Saint-Papoul ;
- — Les syndics généraux de la Province ;
- — Les sieurs de Roquier et de Guillemet, secrétaires des États.
Les experts commis furent (2) :
- MM. Hector de Bourtheroue de Bourgneuf, fils du constructeur et concessionnaire du Canal de Briare ;
- Étienne Jacquin de Vaurousse, directeur général des Gabelles de Provence et Dauphiné ;
- assistés de :
- MM. Marc de Noé, maréchal de camp, armées du roi ;
- Joseph Avessens de Tabarel
- et de :
- MM. Andréossy, Pelafigue, Cavallier et Bressieu, géomètres.
Durant ce temps mort des deux années 1663 et 1664, Riquet reprit en détail les études qu’il avait exposées dans son Mémoire de novembre 1662.
Le 29 mai 1663 il écrivait à Monseigneur d’Anglure qu’il « était passé partout avec le niveau, le compas et la mesure, avait fait dresser les plans et devis de ce grand ouvrage et affermi sa foi en la réussite ».
En novembre 1664 ces commissaires, experts et géomètres allèrent enfin sur les lieux examiner les devis et dessins présentés à Sa Majesté par Pierre-Paul Riquet, seigneur et baron de Bonrepos (ainsi désigné dans le rapport de la Commission)… et conclurent à la nécessité de « tirer un canal de deux pieds, pour faire couler un filet de la rivière du Sor, jusqu’au point de partage… afin qu’étant persuadés par cet essai, dont la dépense sera médiocre, on pût entreprendre plus hardiment le plus avantageux ouvrage qui ait jamais été proposé »…
Ce n’était point par excès de prudence que les commissaires et experts avaient demandé cet essai. Ils avaient fort bien apprécié la possibilité de conduire les eaux du Sor jusqu’à Naurouze par « pente naturelle » ; mais ils craignaient que le coût de la rigole alimentaire fût excessivement élevé par rapport à celui du canal proprement dit. Leurs évaluations, faites sur un tracé défini par les géomètres qui les assistaient, confirmaient d’ailleurs ces craintes.
Ils firent mystère à Riquet du résultat de leurs estimations à ce sujet et ne le tinrent pas au courant des conclusions qu’ils se préparaient à rendre publiques sur les difficultés de financement du projet.
LA VOLONTÉ DE COLBERT
Riquet, qui dès l’origine avait été mêlé à leurs travaux, ne comprit pas cette défiance subite. Il s’en ouvrit directement à Colbert dans la lettre qu’il lui écrivait le 27 novembre 1664. Il convenait dans cette lettre que l’amenée des eaux du Sor à Naurouze coûterait fort cher mais il disait surtout « concevoir la chose de différente manière que les autres pour l’avoir longtemps étudiée… ». Il affirmait n’y pas trouver les obstacles qu’on pouvait s’imaginer et s’engageait à exécuter lui-même cette rigole à forfait…
Quelques jours plus tard, le 20 décembre 1664, il précisait enfin dans une nouvelle lettre écrite par lui à Colbert depuis Montpellier (1) qu’il serait au désespoir si les conclusions des experts devaient empêcher la réussite de son projet et il ajoutait : « C’est aussi pour cela, Monseigneur, qu’au refus de tous les autres je veux bien m’engager par un forfait à cette difficile besogne, tout ainsi que je vous l’ai ci-devant écrit. Je la ferai, Monseigneur, à un prix très raisonnable et modique, avec cette stipulation que je ne pourrai recevoir aucun argent de mon forfait je n’aie fait connaître par une démonstration sensible, ou, pour mieux m’expliquer, par une petite rigole, qu’il est possible de mener toutes les dites rivières aux Pierres de Naurouse… »
(1) Marcel Reinhard (1954) : « Histoire de France », tome 1 : « Des origines à 1715 ». (2) Dumage : Histoire générale du Languedoc. au seuil de Naurouze.
Ces propositions furent soumises à la Commission. Mais les Commissaires tardèrent à leur donner un avis favorable parce qu’elles étaient basées sur un tracé bien différent de celui qu'ils avaient adopté pour leurs estimations.
Riquet se plaignit à Colbert de ce retard dans une lettre datée du 20 janvier 1665. Finalement, impatient, il se rendit à Paris, eut une conférence avec Colbert et le 27 mai 1663, avant que les experts se fussent prononcés, il obtint les lettres-patentes lui attribuant la Commission de : « faire travailler aux rigoles nécessaires pour faire l’essai de la pente et de la conduite des eaux... ».
Riquet avait enfin le droit de prouver ses dires ! Il le fit avec un tel succès que le grand Colbert pouvait lui écrire le 14 août 1665 la lettre suivante :
« À Paris, le 14ᵉ Aoust 1665. « Au Sr RIQUET. « Monsieur, J’ay receu vos deux lettres des dernier Juillet et 4ᵉ Aoust par lesquelles j’ay esté tres aise de veoir l’Espérance ou vous estes du succes du grand dessein de la jonction des Mers. Et comme vous avez esté celuy qui l’avez fait renaistre dans notre temps, Et qui y avez donné les premières dispositions, vous ne devez pas douter qu’outre la Gloire que vous en acquerrez, le Roy ne vous en sache, beaucoup de gré. Sa Majesté ayant résolu de le faire executer par vos soins par préférence à tous autres. Ainsy quand la Rigole d’Essay sera achevée, aquoy vous ne trouverez pas les obstacles qu'on avait d'abord appréhendez, vous pourrez vous mettre en chemin pour venir icy, vous priant Cependant de bien discuter tous les moyens que vous avez en main pour faire trouver au Roy Celuy d’y fournir en partie, afin qu'estans digerez nous puissions icy les proposer à Majesté. Je suis, Monsieur, Vostre trés affectionné Serviteur, signé : COLBERT. »
C’était la victoire du génie accompagné de la ténacité, la gloire promise avec l'ordre du roi de creuser le fameux « Canal des Deux-Mers » en Languedoc.
Au bout de cinq années de combats pour imposer son idée, Riquet pouvait commencer. Bien des épreuves l'attendaient ! Il avait 61 ans...
G. HOULIE.
TABLE DES ANNONCEURS
— A —
AFEE .................................................... 21 AFNOR ................................................... 31 A.I.N.F. ................................................ 78 ALFA-LAVAL .............................................. 74
— B —
BAT TARABLEX ........................................... 70 BINET ................................................... 76
— C —
CALIDYNE ............................................... 76 CEBEDEAU ............................................... 42 CELLOPHANE (La) ........................................ 78 CERCHAR ................................................ 80 C.F.G. .................................................. 83 CGEE ALSTHOM ........................................... 8 et 70 CIFEC .................................................. 84 CODIREP ................................................ 83 COMPTOIR GENERAL DES FONTES ........................... 10 C.T.E. (Cie européenne de Traitement des Eaux) ........ 81
— D —
DEGREMONT .............................................. 1 C et 82
— E —
ECOPOL ................................................ 79 E.G.A. (Eau, Gaz, Assainissement) ..................... 84 ELECTRICITE DE FRANCE ................................. 68 ENDRESS ET HAUSER ..................................... 72 EQUIPEMENT MINIER (L') ................................. 81
— F —
FENWICK ............................................... 82 FILTRES-CREPINES JOHNSON .............................. 70 FISCHER S.A. (Georges) ................................ 10
— G —
FLYGT ................................................. II C et 78 FRANCAUX .............................................. 79 GAMMA TEC ............................................. 78 GERLAND ............................................... IV C GROUX ................................................. 78 GUIDE DE L'EAU ........................................ 31 GUIGUES ............................................... 84
— H —
HEPGRES ............................................... 82 HYDROCURE ............................................. 74
— I —
I.R.C.H.A. ............................................ 83 ISMA .................................................. 80
— J —
JOBIN YVON ............................................ 83
— L —
LABO-MODERNE .......................................... 56 LEROY-SOMER ........................................... 74 LURGI ................................................. 2 LYONNAISE DES EAUX (SLEE) ............................. 81
— M —
MAGIRUS DEUTZ HUMBOLDT ............................... 79
— N —
NARDONNET ............................................. 82 NEYRPIC Techniques des Fluides ....................... 70 NORIT ................................................. 72 et 76
— O —
O.D.A. (Omnium d'Assainissement) ...................... 81 OTIC-FISCHER ET PORTER ............................... 82
— P —
PHOX FRANCE ........................................... 80 PLANCHET .............................................. 74 POMPES GUINARD ....................................... 3 et 81 PRO-GRES ............................................. 4
— R —
ROUSSELET ............................................. 78
— S —
SAMBRE ET MEUSE ....................................... 84 SARLIN ................................................ 74 SATAP ................................................. 83 SAUR .................................................. 15 SEREP ................................................. 70 SERPE ................................................. 10 S.G.A.D. (Société Générale d'Assainissement et de Distribution) .................................. 79 S.G.N. (Saint-Gobain Techniques Nouvelles) ............ 80 SOAF ................................................. 80 SOCOMATEN ............................................ 70 SODERN ............................................... 84 SVP .................................................. III C
— T —
TECHNICON ............................................ 74 TECHNIME ............................................. 80
— U —
UNITEC ............................................... 76
— V —
VALCKE FRERES ......................................... 81 VAN DEN BROEK FRANCE ................................. 4 VANNES LEFEBVRE ...................................... 4
— W —
WALKER CROSWELLER .................................... 7 WILD-LEITZ FRANCE ................................... 83