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Histoire d'eau : Une mystérieuse découverte

30 janvier 2001 Paru dans le N°238 à la page 55 ( mots)
Rédigé par : Emeline TALON

Depuis six mois que nous vivions dans une nouvelle maison, j?entendais maman dire qu'elle allait ranger cette vieille cave sombre et encombrée. Et, tous les jours, elle reportait ce travail au lendemain. Il faut dire qu'il fallait du courage pour s'attaquer à ce capharnaüm.

Par Émeline Talon

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Depuis six mois que nous vivions dans une nouvelle maison, j’entendais maman dire qu’elle allait ranger cette vieille cave sombre et encombrée. Et, tous les jours, elle reportait ce travail au lendemain. Il faut dire qu’il fallait du courage pour s’attaquer à ce capharnaüm.

Mes parents avaient hérité de cette grande bâtisse après le décès, à l’âge de 107 ans, de l’oncle Alphonse, un être un peu bizarre. En effet, l’oncle Alphonse avait toujours été considéré comme un farfelu par tout le reste de la famille, mais ma mère lui témoignait une sympathie particulière. Il est vrai qu’il était attachant. Il vivait seul, dans sa grande maison et était toujours fourré dans sa cave laboratoire, à inventer des centaines de choses aussi farfelues qu’inutiles. Et puis, une fois, de temps en temps, il faisait une trouvaille qu’il réussissait à vendre et qui lui permettait de s’attaquer à de nouveaux travaux.

Depuis quelque temps, il semblait avoir abandonné la mécanique pour se consacrer à la chimie. Il était très mystérieux sur ses travaux, mais y passait de plus en plus de temps. À chaque fois que nous lui rendions visite, avec mes parents et mes sœurs, lorsqu’il n’était pas sorti en mer avec sa vieille barque, il y avait un peu plus de fioles de couleurs les plus diverses dans son laboratoire. Pour nos yeux d’enfants c’était un spectacle réjouissant et fascinant.

Pour mes deux chipies de sœurs, cet éventail de couleurs et de matières insolites réveillait leur imagination et elles échafaudaient des projets de nouvelles recettes de cuisine complètement folles, de bricolages délirants et de mélanges explosifs.

Moi, Martin, du haut de mes onze ans, j’avais pris conscience, je crois, du contenu scientifique des travaux de l’oncle Alphonse. Même si, comme tout le reste de la famille, j’avais du mal à en entrevoir le but précis.

Enfin, bref, maintenant, nous habitions cette immense maison au bord de la mer, et mon admiration pour notre oncle diminuait un peu, car depuis des semaines, nous tentions de mettre un peu d’ordre dans cet indescriptible désordre qui lui servait de milieu de vie. Et nous étions conscients que nous n’étions pas prêts d’en voir le bout.

Ce matin-là, une belle journée de printemps s’annonçait et je projetais d’aller explorer les environs, afin d’y trouver un emplacement intéressant pour y construire une cabane. Maman qui n’était pas dans un de ses bons jours, ceux où elle se lève pleine d’énergie et d’une humeur joyeuse, déclara qu’il fallait sérieusement passer à l’action. Elle décida qu’elle en avait assez de toute cette saleté et que, aujourd’hui, précisément, toute la famille allait s’y mettre. Elle dit qu’elle nous donnerait les ordres et que nous aurions intérêt à les suivre. Je peux vous dire que quand Maman démarre sa journée ainsi, nous devenons tous des êtres dociles qui ne discutent aucun ordre.

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[Encart : Emeline Talon vit en Alsace, elle a 12 ans et est en classe de cinquième. Emeline aime depuis longtemps écrire des histoires et les illustrer. Celle que vous allez lire a reçu le premier prix du concours de nouvelles associées au 15e Festival du film de la vie de l’eau qui a eu lieu début octobre 2000 à Rodez. Sans avoir pris la “grosse tête”, elle est très fière de cette reconnaissance de son talent “d’écrivain en herbe”, comme l’a qualifiée le magazine Julie qui l’a interviewée à cette occasion.]

Le matin, je fus désigné pour ranger la cabane à outils du jardin. Et, après le repas de midi, la tâche qui me fut attribuée n’était pas des plus agréables : je devais aller à la cave, prendre tous ces horribles flacons contenant des tas de produits certainement périmés, aux couleurs fades et aux odeurs nauséabondes, les mettre dans des cartons afin qu’ils puissent être expédiés au centre de tri des déchets. Cette activité ne me plaisait pas du tout car la cave était sinistre, sale, puante, pleine d’énormes et affreuses araignées et certainement colonisée par des centaines de souris. Enfin, Maman l’avait ordonné, alors, j’exécutais.

Je plaçais soigneusement chaque flacon dans sa caisse quand j’aperçus, au fond d’une étagère, comme dissimulé, un curieux pot en verre, à moitié rempli par une substance non moins curieuse, d’une couleur rose bonbon (couleur qui tranchait avec le reste des produits présents dans cette cave). Au milieu, était planté un pinceau, dont les quelques poils qui dépassaient ne semblaient pas le moins du monde avoir été séchés par le temps passé.

Je pris le flacon dans une main, empoignai le pinceau et le remuai doucement dans son récipient. Le produit était d’une consistance un peu identique à celle d’une peinture fraîche. Sur une étiquette était inscrit:

“PEINTURE DE VIE”... J’étais vraiment intrigué. Mon imagination commençait déjà à s'exciter lorsque Maman me sortit de mes rêveries en passant la tête par la porte de la cave : Goûter, les enfants !

J'empoignai rapidement le pot et courus jusqu’à la cuisine où une bonne odeur de pain grillé nous mettait tous en appétit. Quand Maman vit ma trouvaille, elle dit d'un air dégoûté :

- Mon Dieu, qu’est-ce que c'est que cette cochonnerie ?

- Oh c'est juste un peu de peinture. Je ne l'ai pas jetée..., euh..., je me suis dit qu'elle pourrait servir à repeindre la vieille barque d’Oncle Alphonse. Elle a l’air encore en bon état et une fois repeinte, elle pourra nous servir à faire de petites balades en mer.

Maman ne me contredit pas. Je crois même qu'elle pensait que ce n’était pas une si mauvaise idée. Je finis donc, rapidement, mon goûter et partis vers la cabane, au fond du jardin, qui jouxte le bord de l’océan, avec ma trouvaille à la main.

Là, je m’apprêtais à appliquer ma première couche de peinture sur la vieille barque quand la voix de ma sœur Émétine perturba mes projets. Elle m’appelait au secours pour une histoire de porte qu'elle n’arrivait pas à fermer. Je lâchai mes ustensiles et filai, en vaillant chevalier, régler son problème.

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que pendant ce temps, Constance, ma chipie de sœur, s’attaquerait à une nouvelle bêtise. Ce sont ses hurlements qui nous firent courir, Émétine et moi, jusqu’au bout du jardin.

- Au secours ! Elle parle ! La barque d’Oncle Alphonse m’a parlé ! Au secours, j’ai peur... Mamaaaaaaaannnnnn...

mais Maman ne répondit pas. Elle était partie faire des courses.

Quand nous nous approchâmes de l’embarcation, nous fûmes tétanisés par le spectacle qui s’offrait à nous. En effet, Constance n’avait pas rêvé : la vieille barque de l’Oncle Alphonse semblait avoir pris vie. Elle toussotait et marmonnait quelques gros mots. Ses rames se mirent à battre l’air.

Mes deux sœurs poussaient des cris incessants et, bizarrement, je réussissais à rester calme, même si je n’en menais pas large. La vieille barque s’approcha de nous !

Nous avions l'impression qu’elle nous regardait fixement. Et après quelques secondes, elle nous dit d’une voix forte :

- Taisez-vous, bandes de braillardes ! On ne s’entend plus depuis que vous êtes dans cette maison !

Impressionnées, elles se turent et, même si des larmes de terreur coulaient le long de leurs joues, plus un son ne sortait de leurs bouches.

J'observai cette barque en me demandant si elle était une réincarnation de l’Oncle Alphonse, et pourquoi ce dernier avait bien pu choisir ce tas de bois pour reprendre vie. Quand j’aperçus sur la proue du bateau une trace rose, du même rose que celui que j’avais trouvé dans la cave.

Je ne sais pas si Constance lisait dans mes pensées mais elle éprouva subitement le besoin de se justifier :

- Je..., je voulais juste essayer la peinture sur le vieux bateau de l’Oncle Alphonse, avant, juste pour voir..., et quand je l’ai touchée avec le pinceau..., elle s'est mise à parler..., Martin, j’ai peur, est-ce que tu crois que c’est un fantôme ?

Je fus incapable de lui répondre et la vieille barque, qui semblait s’être calmée, s'adressa à nouveau à nous :

- Ah là là !..., n’ayez pas peur. Je ne suis qu'une vieille embarcation inoffensive. Ne vous inquiétez pas..., je peux même vous donner des explications sur ce qui vient de se passer.

Nous nous sentions rassurés et notre nouvelle amie à rames nous raconta une histoire incroyable.

- Le curieux pot de peinture rose, que tu as trouvé, Martin, est un reste de ce que j’estime être la plus grande invention de votre Oncle Alphonse ! C’est une peinture de Vie, pour nous, les objets. Chaque objet touché par ce produit prend vie pendant un certain temps. Votre oncle avait compris que chaque chose avait une âme et une histoire et il a passé une partie de sa vie à chercher comment les faire s’exprimer. Il aimait, grâce à son invention, communiquer avec les objets, les écouter raconter leur vie, partager leurs émotions. Ah, c’était le bon vieux temps... Nous pensions que la vie qui nous animait de temps en temps avait disparu avec notre regretté Alphonse...

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[Photo : sans légende]

mais, mais, mais..., ne me regardez pas comme cela, je ne suis pas un fantôme.

– Et si je vous proposais de monter à bord, histoire de faire une petite balade touristique sur les flots ? Qu’en pensez-vous ?

Je suis certaine que j’ai beaucoup de choses à vous apprendre. Vous savez, cette vaste étendue d’eau qui s’offre là, à vous, n’est pas seulement une piscine géante pour garnements ayant envie de barboter.

Elle est avant tout un livre d’histoire vivant, et elle m’a souvent confié ses émotions, ses joies, ses peines et ses colères. Si vous êtes sages, je vous raconterai quelques-uns de ses secrets.

Bon, alors, qu’attendez-vous ? Montez ! Nous étions tous les trois tremblants de peur, mais nous sommes montés à bord de la curieuse embarcation attirés par une force qui nous était familière : la curiosité.

Nous quittâmes rapidement la jetée pour voguer tranquillement vers le large.

Notre amie, la barque, ne cessait de nous parler du “bon vieux temps”, celui où l’eau sur laquelle elle aimait glisser était propre, transparente et colonisée par une multitude de poissons, aussi nombreux que variés. Elle nous racontait que les pêcheurs respectaient la mer, qu’ils faisaient corps avec elle car c’était elle qui les faisait vivre. L’histoire disait aussi qu’elle était capable de piquer de sacrées colères pour se débarrasser de tous les indésirables pirates qui profitaient d’elle pour s’enrichir.

Ses récits étaient passionnants et nous avons ainsi passé plus d’une heure à écouter notre embarcation nous conter ses bons et ses moins bons souvenirs en mer. À un moment donné elle nous proposa de nous emmener dans un petit coin charmant où, jadis, Oncle Alphonse et elle aimaient aller pour, comme disait ce dernier, “réfléchir et se ressourcer”.

Nous arrivâmes alors dans un endroit qui n’avait absolument rien de paradisiaque. Notre barque s’en arrêta de voguer et de parler. Nous étions tous éberlués par le spectacle qui s’offrait à nos yeux. Le “coin charmant” annoncé n’était qu’un cloaque. C’était effrayant. Des bidons, en plastique délavé, flottaient sur une eau brunâtre, recouverte d’une sorte d’écume anormalement dense. Quelques poissons morts nous montraient leurs ventres. Ils étaient gonflés et d’une couleur curieuse.

De gros tuyaux noirs arrivaient d’un terrain vague au pied duquel les flots continuaient inlassablement à s’écraser. De ces tuyaux sortait un liquide noir qui venait se déverser sans interruption dans l’eau. Pour couronner le tout, une odeur nauséabonde planait sur tout le secteur.

Nous étions complètement décontenancés et je fus le premier à parler et à interroger notre embarcation :

– Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ?

Quelques secondes passèrent, mais aucune réponse ne nous parvint. Je secouai un peu la barque et reposai ma question. Mais toujours pas de réponse.

La barque était muette... elle semblait avoir perdu la vie qui l’animait auparavant.

En fait, elle était redevenue normale. La petite trace de peinture rose, sur sa proue, avait disparu. Je compris que l’effet magique de la “peinture de vie” était terminé, et nous avions laissé le reste du pot à la maison.

Je compris également que nous étions tous trois perdus près d’un morceau de côte inconnue, et qui plus est, terrifiante. Nous fûmes alors pris de panique.

Aucune solution à notre problème ne me vint à l’esprit et je fondis en larmes.

Tout à coup, semblant flotter au beau milieu des immondices, un objet volumineux et gris se mit à bouger et à émettre de petits sons. Nous ne fûmes qu’à moitié étonnés car nous commencions à nous habituer à entendre les objets parler. J’empoignai alors les rames et approchai notre barque de l’objet gris.

Et quelle ne fut pas notre surprise quand nous nous aperçûmes que l’objet en question était un dauphin, un malheureux dauphin malade, égaré dans la décharge qui nous entourait. Il faisait, à n’en pas douter, partie des victimes de la pollution au milieu de laquelle nous nous trouvions. Tout cela était trop dur à supporter et

Mes sœurs craquèrent. Elles se penchèrent sur le pauvre animal, et face à leur impuissance, elles s’exclamèrent :

— Bon sang, mais que peut bien signifier tout cela ? Quel est cet endroit maudit qui peut saccager la nature de la sorte ? Et ce pauvre dauphin, il est si malade…, et nous sommes là, perdus, sans rien pouvoir faire pour lui… Et peut-être qu’il va nous arriver la même chose. Peut-être que notre ventre va se gonfler et qu’on va tous mourir…

Et, sur ces dernières paroles, elles se mirent à pleurer.

C’est alors que je soupirai : « Si seulement Oncle Alphonse était là. C’était un savant lui, il saurait ce qu’il faut faire… »

À l’évocation du nom de notre oncle, le dauphin eut un sursaut d’énergie. Il ouvrit les yeux et sembla chercher en lui les dernières forces qui lui restaient, pour nous indiquer quelque chose.

Il se mit alors à remuer et, avec sa nageoire, nous fit un petit signe qui pouvait très bien signifier qu’il fallait le suivre. Au point où nous en étions, nous n’avions plus rien à perdre et, pour moi, c’était clair : il allait nous tirer de là !

Et j’eus raison. Le pauvre animal, très lentement et au prix d’efforts incroyables, nous guida jusqu’à cet endroit qui nous était familier, c’est-à-dire la si jolie petite crique où se trouvait la maison d’Oncle Alphonse.

Quel soulagement ! Nous avons accosté et, aussitôt, sauté sur la terre ferme. Il nous fallut, quand même, quelques instants pour réaliser que nous n’avions pas rêvé, ou plutôt, que nous n’avions pas fait un cauchemar.

Par terre, gisait le pot de peinture, renversé… et vide… Une énorme déception m’envahit, mais je fus vite ramené à la réalité par les petits bruits plaintifs que faisait notre dauphin sauveur. Il n’était vraiment pas en forme. Nous ne pouvions pas le laisser dans cet état-là.

Mes sœurs, fermement décidées à sauver la pauvre bête, avaient déjà couru chez maman pour l’alerter. Cette dernière arriva avec sa mallette de docteur (vous avais-je dit que maman était médecin ?). Elle examina le dauphin et nous dit d’un ton inquiet :

— J’ai bien peur que votre copain ait été empoisonné. Je vais essayer de lui administrer un petit traitement, mais je ne suis pas certaine qu’il s’en sortira ! Mais…, dites-moi les enfants : où avez-vous trouvé cet animal ?

C’est alors que j’entrepris de lui expliquer notre aventure sur l’eau. Évidemment, à la fin de mon récit, je pus lire, sur son visage, qu’elle n’en croyait pas un seul mot. Elle me dit :

— Martin, je sais que tu as une imagination débordante mais je ne suis tout de même pas stupide. Néanmoins, je suis prête à vous suivre pour que vous me montriez cet endroit si « terrifiant » où vous êtes allés vous promener.

Le problème était que je fus incapable de retrouver le chemin. Il n’y avait qu’une solution : attendre que le dauphin aille mieux et essayer de le convaincre de nous y guider une fois encore.

En attendant, maman nous ordonna de nous reposer un peu. Nous nous sommes allongés sur l’herbe et nous nous sommes rapidement endormis. Je ne sais pas depuis combien de temps nous étions dans nos rêves, mais un énorme « Splatch » nous tira de notre sommeil. Quelle bonne surprise ! Notre copain le dauphin semblait avoir retrouvé sa forme. Il faisait d’énormes bonds dans l’eau et poussait des petits cris incessants.

— Génial, me dis-je.

J’appelai tout de suite maman et m’adressai au dauphin.

— Coucou mon vieux ! Tu as l’air d’aller mieux ! Dis donc, tu as eu une sacrée chance qu’on te trouve là-bas. À mon avis, tu as dû avaler toutes ces cochonneries qui traînaient dans l’eau. Tu sais, maman m’a dit qu’elle était prête à aller voir cet endroit maudit et je suis sûr qu’elle pourra faire quelque chose pour arranger la situation…

Mais, il n’y a que toi qui peux nous y conduire. Je pense et je vois que tu comprends ce que je te dis. Nous allons tous monter dans la barque et nous allons te suivre. Il faut absolument faire quelque chose pour stopper ce carnage et éviter à d’autres animaux de mourir.

Maman n’en revenait pas de m’entendre parler ainsi. Nous sommes tous montés dans la barque et nous avons suivi notre ami qui avait parfaitement compris ma demande.

Au bout d’un moment, nous arrivâmes dans cet enfer de pollution. Maman en était bouche bée. Elle regardait ce carnage et je vis sur son visage qu’une colère, dont elle seule pouvait avoir le secret, commençait à l’envahir.

— Ce n’est pas possible !… Mais quel est l’assassin, le pollueur, le monstre, qui a pu faire ça ?… Rentrons à la maison et je vous promets que nous allons trouver le coupable et en faire de la chair à saucisse.

Une fois dans son bureau, maman passa au moins cinquante coups de téléphone. Elle était très fâchée et déterminée. La dernière personne qu’elle eut au bout du fil comprit que, quand la « reine mère » disait quelque chose, il valait mieux « filer droit ». J’entendis qu’elle conclut sa conversation en disant : « Très bien, envoyez immédiatement vos hommes, vous ne serez pas déçus par le spectacle et surtout veillez à ce que l’enquête progresse vite. »

Il ne fallut que quelques jours aux gendarmes pour trouver le coupable. Il s’agissait d’un entrepreneur de « je ne sais plus quoi » qui déversait, incognito, ces déchets dans ce petit endroit caché.

Il dut tout faire nettoyer à ses frais, et il est encore actuellement en prison. Maintenant, le petit coin préféré de l’Oncle Alphonse est redevenu paradisiaque, et nous allons souvent, en promenade, nous y ressourcer.

En ce qui concerne notre aventure, nous gardons, au fond de nous, et en secret, notre découverte de la peinture de vie, et de ce qu’elle nous a fait vivre. Je me demande si, quelque part, l’Oncle Alphonse, du haut de son paradis des inventeurs, n’a pas réveillé sa vieille barque afin qu’elle nous conduise vers cet endroit saccagé.

Le dauphin est resté notre ami. Il vient souvent nous faire un petit « coucou ». Quant à la petite barque, je vais maintenant souvent la retrouver. Ensemble, nous voguons doucement sur l’eau. Je lui raconte toutes mes pensées, mes soucis, mes joies, mes peines, et même si elle ne me répond pas, je sais qu’elle m’entend et qu’elle est sensible à mes histoires.

Je crois que mon regard sur les objets qui nous entourent a totalement changé.

J’ai maintenant un profond respect pour eux et les traite avec beaucoup de tendresse.

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