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Histoire d'eau : un réseau d'eau potable en Vendée

30 mai 1995 Paru dans le N°182 à la page 70 ( mots)
Rédigé par : Eric MIESCH, Cyrille CHAILLOU et Christophe SUSSET

Un réseau départemental d’eau potable en Vendée

Pour mieux faire face aux besoins croissants en eau potable de leurs administrés, les quelque 279 communes du Département de la Vendée se sont regroupées en syndicats intercommunaux et ont pris en charge la gestion de l'eau sur l'ensemble du Département. Leur incombe de ce fait le suivi de gros chantiers tels que celui des Vals de Sèvres.

Comment faire face à des ressources en eau faibles et de qualité moyenne ? Par une organisation exemplaire comme en témoigne le chantier des Vals de Sèvres en Vendée...

L'organisation du département

Eric Miesch, du service de l'eau de la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt de Vendée, expose :

« L'alimentation en eau potable n'est pas aisée au niveau local dans un département assez pauvre en ressources : c'est la raison pour laquelle 279 des 283 communes de Vendée se sont regroupées en 23 syndicats intercommunaux. La responsabilité de la distribution d'eau potable, qui incombe normalement aux communes, leur est donc déléguée. Ils sont eux-mêmes fédérés autour d'un syndicat départemental qui assure la péréquation entre le prix de l'eau, en consolidant les recettes et les dépenses des différents syndicats. Cet organisme joue donc essentiellement un rôle d'organisation et un rôle financier. Et en Vendée, le prix de l'eau potable est le même pour les 240 000 abonnés du Syndicat Départemental.

Le rôle de la DDAF est d'assurer la direction du syndicat départemental et des syndicats intercommunaux, aux niveaux technique, administratif et financier. Nous étudions, en concertation avec les élus concernés, la nécessité d'un chantier, son coût, le financement des investissements à réaliser, et en organisons la mise en œuvre. La demande nous vient en tout premier lieu des sociétés gérantes des réseaux d’eau potable, comme la Compagnie de l'Eau et de l'Ozone, ainsi que des bureaux d'études, maîtres d'œuvre, comme le cabinet Chaillou-Susset, qui font remonter l'information ».

Mise en œuvre du chantier des Vals de Sèvres : objectif, distribuer 40 000 m³ d’eau par jour

« Il faut savoir que toute la Vendée est interconnectée grâce à un maillage intersyndical. Si nécessaire, nous pouvons envoyer de l'eau à 70 km », commente Cyrille Chaillou, directeur du Cabinet d'études Chaillou-Susset, maître d'œuvre de cette opération. « Le syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable des Vals de Sèvres regroupe, pour sa part, 19 communes. Jusqu'au lancement de ce chantier, ce syndicat, qui ne disposait pas d'une production autonome, était donc alimenté par les syndicats voisins. Or en 1990, une étude nous a montré qu'il fallait réagir : il ne restait dans les barrages qu'un volume d'eau correspondant à 15 jours de consommation. Une sécheresse aurait posé de sérieux problèmes... Or la consommation augmente en moyenne de 2 à 3 % par an, alors que la qualité des ressources baisse. Il a donc été décidé de créer, sur la Grande Maine, un barrage de cinq millions de m³, une unité de traitement d’eau potable, et tout un ensemble de réseaux d’adduction pour desservir toutes les communes ».

Christophe Susset, son associé, poursuit : « En même temps, nous avons réalisé un programme de pose de conduites acier qui permettent d’assurer de nouvelles liaisons avec les réseaux existants des autres usines. Le projet comprenait donc la mise en service de 40 km de canalisations, dont près de la moitié est destinée aux interconnexions devant assurer la sécurité du réseau, l’objectif étant de distribuer à terme 40 000 m³ par jour, soit environ un dixième de la consommation globale ».

Le choix du matériau

Les sols vendéens ne présentent pas de formes de relief particulières et ne sont pas d’une nature spécialement agressive. « La seule contrainte, dans la région, peut être liée au caractère marécageux de certains terrains », d'après le responsable de la Société Entrepose, chargée de la mise en place d'une partie des canalisations sur cette opération. « On a donc besoin d'une bonne tenue du tube. Il doit être suffisamment souple pour ce type de sols ». Cyrille Chaillou ajoute que les terrains présentent « pas mal de drainages et de fossés d'écoulement sous lesquels il faut passer, et une certaine souplesse est, là encore, la bienvenue ».

Eric Miesch précise que la procédure mise en œuvre pour la dévolution des travaux de fourniture et pose des canalisations a été un appel d'offres ouvert du Code des Marchés Publics. Les solutions acier et fonte ont été mises en concurrence, et in fine a été choisie la solution la moins-disante : l'acier, matériau qui aujourd'hui est parfaitement adapté aux besoins, contrairement à l'époque où les canalisations n’étaient pas revêtues intérieurement, alors qu’elles sont maintenant encore améliorées avec leur revêtement extérieur, ce qui les met hors d’atteinte de la corrosion devant des eaux très agressives. En outre, l'acier convient parfaitement pour ce type de chantier de grande longueur : on file tout droit à travers champs ! C'est intéressant financièrement. Propos confirmés par le maître d’œuvre : « l'acier est apparu comme étant l'offre la plus intéressante : grâce aux tubes Euro-pipe de 15 mètres de longueur, les poseurs (7 ou 8 dont deux soudeurs) peuvent aligner jusqu'à 600 m par jour en diamètre de 500 ».

Pose

La méthode de pose dépend de la nature du chantier. Dans le cas de chantiers en ligne, on descend la conduite dans la fouille après exécut-

tion des soudures. En présence de chantiers comportant beaucoup de coudes, des vagues, des pièces, des regards, on soude par 50 ou 60 mètres d'un seul coup à l'extérieur et on descend cette partie dans la fouille.

La durabilité du réseau ? Elle est considérée comme une nécessité, comme en témoigne M. Miesch : « après avoir fait du bon travail, il est impératif, économiquement, que le réseau installé tienne au moins 80 ans ».

Financement

Comme le précise la DDAF, « le financement est basé en partie sur des subventions : de l'État (30 %), du Département (20 %), et de l'Agence de l'Eau Loire-Bretagne (20 %). Le complément, soit 30 %, est à la charge du Syndicat et assuré par emprunt. Les communes n'ont ainsi aucune charge financière à supporter. Elles ont délégué leur responsabilité aux Syndicats auxquels incombe le financement de l’opération, en assurant dans leur budget l’équilibre des dépenses et des recettes et l’amortissement des emprunts, leur activité nécessitant des investissements très lourds. Les Syndicats vendent l'eau aux abonnés à un prix qui, en Vendée, est relativement élevé. Ce Département ne disposant que de très peu de ressources, il a fallu en effet réaliser de gros investissements pour assurer l'alimentation en eau potable de tous les Vendéens et de tous les touristes, avec le souci de la qualité et de la pérennité du service.

« La notion d'amortissement est nouvelle pour les collectivités locales », explique M. Miesch. « Les emprunts sont, de surcroît, étalés sur de très longues périodes, sans quoi le prix de l'eau aurait fait un grand bond en avant : dans le cas particulier de ces réseaux il faut compter un amortissement d'environ 35 à 50 ans ».

[Encart : Le Val de Sèvres, c'est : • 7 000 habitants desservis, • 17 000 abonnés au service des eaux, • 12 000 m³ d'eau potable distribués par jour (en pointe), soit 2 700 000 m³ par an • Un barrage de 5 millions de m³, • Une unité de traitement d'eau potable, produisant à terme 40 000 m³/j, Les nouvelles conduites : - 3 000 m de diamètre 350 - 17 000 m de 400 - 12 500 m de 500 - 5 000 m de 600 soit 37 000 m de conduites Europipe et un linéaire important de conduites anciennes desservant toutes les communes du Syndicat.]

Michaël David

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