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Histoire d'eau : puits de pétrole dans l'océan

30 novembre 1991 Paru dans le N°150 à la page 97 ( mots)

Voici comment, en 1898, on procédait à la construction des premiers puits de pétrole établis sur le rivage maritime dans la région de Santa Barbara (USA). On voit dans la conclusion de l'article, que des espoirs commençaient à se faire jour sur l'utilisation du pétrole en tant que combustible.. .

On voit dans la conclusion de l'article, que des espoirs commençaient à se faire jour sur l'utilisation du pétrole en tant que combustible...

Les premiers Européens, qui s'établirent en Californie, ne tardèrent pas à y remarquer de fréquents indices de la présence du pétrole dans un grand nombre de localités situées, les unes, à l'intérieur des terres, les autres, le long du rivage. Ils constatèrent même que des nappes d'asphalte devaient se prolonger sous le lit de l'Océan, car ce produit, s'élevant des profondeurs, venait surnager à la surface des eaux.

L’asphalte constituait d'ailleurs un facteur important dans l'économie domestique des premiers habitants du pays. En maints endroits du rivage, autrefois habités, on a retrouvé de l'asphalte. Les natifs l'employaient comme substratum d’une espèce de mosaïque ornementale en perles ; ils en enduisaient des paniers rendus ainsi aussi imperméables que des poteries, et s'en servaient pour une foule d'autres usages.

Les indigènes des îles voisines de la côte tiraient de la mer leur provision d’asphalte. Aujourd’hui encore, les rochers, en maints endroits, sont enduits d’asphalte qui s’y est condensé. Cela est particulièrement visible après un vent d’Est, ce qui indique qu’il y a une vaste superficie au fond du canal de Santa-Catalina, d’où l’asphalte se dégage. À Redondo (comté de Los Angeles), l’asphalte suinte à travers le sable du rivage et s’y dépose. Entre Santa Monica et Los Angeles il y a indubitablement des dépôts, et au nord de Santa Barbara, plusieurs autres considérables.

À Santa Paula, des puits de pétrole existent depuis longtemps. Dernièrement, des gisements de ce précieux liquide ont été trouvés à Puente et à Summerland, près de Santa Barbara, où l'on aperçoit actuellement un singulier spectacle.

En effet, la nappe d’huile qui s’étend sous l'Océan devient accessible à Summerland, et les chevalements des exploitations qui y ont été créées, semblables à des moulins à vent sans ailes, se sont multipliés en très peu de temps en dehors de la gorge étroite où le liquide avait été primitivement trouvé, et ont envahi le rivage dans la direction de Santa Barbara. D'abord, comme on le voit sur le dessin qui accompagne cet article, ils se sont élevés le long des pentes des collines qui, en cet endroit, bordent l'Océan ; mais, graduellement, ils se sont avancés vers la mer, jusqu'à ce qu’un des exploitants, plus aventureux que les autres, ait installé ses chevalements au milieu des vagues.

Le travail d'établissement de ce dernier puits a été entrepris à l’extrême limite découverte par les eaux à marée basse, si bien que, lorsque la mer est étale, le chevalement apparaît à vingt ou trente pieds du rivage, semblant surgir de la mer.

Notre dessin montre l'emplacement de trois puits qui, même à marée basse, ont le pied de leurs ouvrages extérieurs dans l'eau, et qui, à marée haute, sont complètement submergés, les ouvriers ayant à leur portée des plates-formes situées à différentes hauteurs sur lesquelles ils montent, lorsqu'ils doivent travailler quand la mer s'élève. Les chevalements édifiés dans la mer n'ont pas encore été soumis à l'épreuve d’un fort coup de vent du sud-ouest, et certains redoutent qu'ils soient enlevés par grosse mer.

Une machine à vapeur actionne les pompes qui amènent l’huile sur le rivage : le combustible employé est cette huile elle-même. Une seule machine suffit à l’exploitation de plusieurs puits.

Actuellement, le puits le plus éloigné du rivage gît sous plus de six pieds d’eau à marée haute, et le bruit court que d'autres sondages seront tentés plus loin encore à bref délai.

C'est probablement le seul endroit du monde où le pétrole est exploité sous les eaux de la mer.

Il est indubitable que tout le rivage voisin repose sur une nappe pétrolifère. À l'endroit connu sous le nom de wharf de More, à un demi-mille de là, l’huile monte à la surface sur plusieurs points. Au même endroit, monte un jet d'eau douce, avec une telle vélocité, que lorsqu’on y puise, on lui trouve un très léger goût salé. On connaît sur la côte de la Floride, une source marine semblable où les navires peuvent s’alimenter d’eau douce au milieu de l'Océan.

Rappelons que l'un des spectacles les plus extraordinaires fournis par les exploitations de pétrole, est celui de Los Angeles, que nous avons décrit dans le numéro de la Science Illustrée du 2 octobre 1897. Nous avons vu que le pétrole fut d'abord découvert dans la partie ouest de cette ville, qui était la résidence favorite de la haute société, et qui fut transformée, comme par magie, en une forêt de chevalements, semblable à celles que présentent les régions pétrolifères de la Pennsylvanie.

Les puits se sont avancés depuis dans la direction du nord-est et paraissent arrêtés actuellement par le grand cimetière catholique, qui couvre les couches

[Footnote : Cet article est extrait du n° 523 de la revue « La Science Illustrée » paru en 1898.]

[Photo : — Aspect de la plage de Summerland (Californie).]

pétrolifères. Non loin est la rivière de Los Angeles, qui sera probablement endiguée et dérivée pour que l'exploitation des richesses que couvre son lit devienne possible.

La découverte du pétrole à Los Angeles et aux environs a révolutionné certaines branches d'industrie, et promet un long approvisionnement de force motrice pour les manufactures. Le Terminal Railroad a adopté le pétrole comme combustible, et le Southern Pacific fait, dit-on, des expériences dans le même sens.

La Californie manque de dépôts de charbon minéral, si l'on en excepte quelques lits de lignite, qui affleurent sur divers points. Aussi le pétrole, en tant que combustible, va-t-il devenir un facteur de développement rapide pour ses cités naissantes.

Paul Combes.

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