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Histoire d'eau : Marseille, 2600 ans d'histoires au fil de l'eau

28 février 2005 Paru dans le N°279 à la page 79 ( mots)
Rédigé par : Alain PONCET

L?eau a toujours été un besoin vital pour l'homme. Au cours des 2600 ans qui font son histoire, la cité phocéenne a d'abord été chichement alimentée par des sources, puits ou citernes. Mais au fil des siècles, Marseille a su transformer la contrainte d'une alimentation en eau de qualité en un atout mondialement reconnu. Au XIXème siècle, alors que la ville assoiffée vient de traverser plusieurs siècles de privation, apparaît l'idée d'un canal qui alimentera Marseille depuis la Durance.

L’idée d’un canal depuis la Durance date du XVIIᵉ siècle. Plusieurs projets, dont un de Vauban, se sont en réalité succédé. Aucun, pourtant, n’a encore abouti jusqu’à l’engagement de Maximin Consolat. Il faudra encore quatre années de démarches administratives avant de déboucher sur le vote de la loi du 4 juillet 1838 autorisant la ville de Marseille à diviser les eaux de la Durance. La même année, le ministre des Travaux publics désigne l’inspecteur Kermaingant et l’ingénieur Frantz Mayor de Montricher pour élaborer le tracé définitif du canal. Ce délai permettra également de mettre au point le financement du projet. C’est ainsi que le 16 décembre 1837, le Conseil municipal décrète une taxe spéciale sur la farine et sur le pain.

Un chantier gigantesque

La construction du canal de Marseille est une entreprise colossale pour le XIXᵉ siècle. Il faudra ainsi deux années entières pour les travaux préparatoires, sondages, ouvertures de carrières de pierres, organisation de chantier et autres transports de matériaux à pied d’œuvre. La réalisation des ouvrages d’art, elle aussi, ne sera possible qu’après de nombreuses expérimentations. Au fur et à mesure des difficultés rencontrées, l’outillage et les techniques s’optimisent.

L’organisation des travaux est coordonnée par la municipalité et leur réalisation

[Photo : La construction du canal de Marseille est une entreprise colossale pour le XIXᵉ siècle : 84 souterrains sont percés, 18 ponts-aqueducs et 12 bassins sont construits.]

adjugée à des entreprises privées, dont on ignore le nombre exact. Celles-ci se heurtent très vite à des difficultés financières énormes et résilient même parfois leur contrat ! En fait, plus de 5 000 ouvriers participeront à la construction du canal. Une main-d'œuvre qui est fournie en grande partie par les ateliers nationaux créés après la Révolution de février 1848. Malgré cet apport considérable, le nombre d’ouvriers se révèle parfois insuffisant du fait de la concurrence des chantiers de construction des chemins de fer.

À la même époque, en effet, Marseille mène un autre projet extrêmement ambitieux : le renouveau de ses relations commerciales, en Méditerranée, avec les pays levantins comme avec les nouvelles colonies. Un projet qui nécessite la création d'un nouveau port, à la Joliette, et des moyens de communications aussi rapides que performants.

Un tracé tourmenté

En 1846, la première prise en Durance est construite en aval du pont suspendu de Pertuis. Mais dès 1858, il faut en édifier une autre pour faire face aux crues du fleuve et au charriage de ses galets. Comme la topographie du terrain est variable, le canal exige la construction de près de 250 ouvrages d'art : aqueducs pour franchir les vallées, souterrains pour passer sous les montagnes, etc.

Certains sont des ouvrages importants. Et, notamment, ceux des Taillades, de l'Assassin ou de Notre-Dame, à l'entrée de Marseille. Leur percement se fait à bras d'homme et les déblais sont enlevés grâce à des treuils actionnés par des chevaux. Il faut faire face à des roches très dures et à d'énormes arrivées d'eau dans les failles. La dureté du calcaire ne permet d'avancer qu'au rythme d'un mètre de profondeur par mois, tandis que l'argile provoque des éboulements dans les galeries, qu'il faut alors conforter par des revêtements de maçonnerie et de boisage.

[Photo : Sous l’actuel jardin public du palais Longchamp, un réservoir d'eau souterrain.]

L’Aqueduc de Roquefavour

À mi-parcours, l'aqueduc de Roquefavour enjambe la vallée de l'Arc. Il constitue l'ouvrage d'art le plus remarquable du canal, haut de 83 mètres et long de 400, avec trois rangs d'arcades en pierres taillées. Effrayées par l'ampleur de la tâche, les entreprises se désistent l'une après l'autre. Les pierres, dont certaines pèsent plus de 15 tonnes, sont amenées par une voie de chemin de fer de 9 km de long construite tout spécialement. Aujourd'hui classé monument historique, l'aqueduc de Roquefavour reste un ouvrage d'une grande beauté.

[Photo : À mi-parcours, l'aqueduc de Roquefavour constitue l'ouvrage d'art le plus remarquable du canal, haut de 83 mètres et long de 400, avec trois rangs d'arcades en pierres taillées.]

Le bassin Longchamp

Comme les eaux de la Durance sont particulièrement chargées en limon, il est nécessaire de les décanter et de les stocker avant de les offrir à la consommation. Dès l'origine, Montricher construit deux bassins de décantation, la Garenne et Galoubier. Trop petits, ceux-ci seront rapidement envasés. Montricher décide alors de construire le bassin Longchamp qui remplace la « caisse à eau » du XVIᵉ siècle, « le bassin des Présentines ». Il le dote d'un système de filtration particulier et en fait un bassin couvert sur deux étages de voûtes, divisé en deux compartiments. L'eau du canal pénètre l'étage supérieur, dont le radier est recouvert d'une couche de gravier, avant d'accéder au niveau inférieur par des tuyaux de drainage en poterie pour se distribuer ensuite dans les diverses conduites en fonte. La contenance de ce bassin était de 40 000 m³, soit 400 fois la capacité de l'ancien. Malheureusement dépourvu de tout système de lavage, son filtre est très vite colmaté. De sorte qu'il ne sert plus que de bassin de distribution d'eau pour toute la ville. Mis hors service en 1996, ces anciennes réserves d’eau retrouveront peut-être la lumière avec le projet « Grand Longchamp ».

Le bassin de Réaltor

Achevé en 1869, le barrage du vallon de la Mérindole, à Réaltor, est constitué d'une digue de 550 mètres de long et de 18 mètres de hauteur. La superficie du bassin immergé est de 70 hectares. À l'origine, sa capacité dépasse 4 millions de m³. Mais faute de moyens de nettoyage, le bassin de Réaltor s'envase rapidement et ne remplit plus sa fonction de décanteur. Il faut donc imaginer un nouveau procédé

[Photo : Dès l'origine, le bassin de St-Christophe est conçu avec un procédé révolutionnaire de décantation.]

Pour filtrer l'eau de la Durance, l'ingénieur Pascalis trace alors les plans d'un bassin de conception originale, dans un vallon resserré qui descend de Rognes et débouche dans la Durance, près du pont de Cadenet.

Le bassin de Saint-Christophe

Construit de 1878 à 1882, le bassin de Saint-Christophe dispose ainsi d’une superficie de 20 hectares et d'une capacité de deux millions de m³ environ. Dès sa conception, il est doté d’un procédé révolutionnaire de décantation : l'eau arrive par le fond de la cuvette, sillonnée d'une multitude de rigoles maçonnées et séparées par des cavaliers. Le niveau est maintenu rigoureusement constant par un système de siphons-déversoirs, de sorte que l'eau, dont rien ne trouble le repos, se décharge des matières en suspension. Le dévasement s'opère par un canal de ceinture maçonné, qui permet d'évacuer chaque année quelque 300 000 m³ de vase.

1847 : l'arrivée de l'eau à Marseille

Le mercredi 30 juin 1847, les eaux de la Durance franchissent pour la première fois l'aqueduc de Roquefavour. Le 8 juillet, elles arrivent à Saint-Antoine, où 15 000 Marseillais accourent pour assister à leur arrivée sur le territoire de Marseille. Au-delà des congratulations, la partie n'est pas totalement gagnée : il faudra en réalité deux ans de travaux, encore, pour que l'eau du “Nil de Provence” qui, provisoirement, se jette dans le ruisseau des Aygalades, atteigne enfin les hauteurs du plateau Longchamp, le 19 novembre 1849. Le résultat de onze ans d'efforts. Ce jour-là, 15 à 20 000 spectateurs sont réunis sur le vaste plateau dominant la rotonde de Longchamp. Couvertes d'invités, décorées de draperies, de banderoles, de guirlandes et d'oriflammes, des estrades monumentales se dressent en surplomb de l'arrivée de l'aqueduc et en amphithéâtre autour de la vertigineuse chute qui doit bientôt conduire l'eau de la Durance vers les galeries souterraines.

Le Conseil municipal au grand complet, les autorités civiles et militaires, ainsi que l'évêque attendent son arrivée depuis 14 heures, tandis que la commission du canal, guidée par son président, l'ancien maire Maximin Consolat, et par Montricher, accompagne la progression des eaux le long des berges, depuis Saint-Antoine jusqu'à Longchamp.

À 14 h 30, tout le monde est en place. Tout à coup, de sourds gémissements se font entendre, l'eau arrive en bondissant et se précipite en cataracte dans le gouffre de plus de cinquante pieds de profondeur qui ouvre sur la grande galerie de distribution. La foule, longtemps attentive et muette, éclate brusquement en applaudissements. Les officiels se congratulent, les canons tonnent, les cloches sonnent, les musiques militaires résonnent et Mgr de Mazenod donne sa bénédiction. Après un discours où il se félicite que Marseille, “avec ses seules ressources”, ait pu accomplir cette œuvre monumentale, le maire, suivi des autorités et de la foule, pénètre dans la galerie souterraine illuminée et suit le flot jusqu'à une sorte d'entonnoir où disparaît, avec un fracas assourdissant, cette eau féconde qui, en quelques années, va bouleverser le terroir de Marseille et permettre à la ville de tripler sa population sans crainte en l'espace de cinquante ans.

1861 : le palais Longchamp

Ce don exceptionnel méritait un écrin à sa mesure. Aussi, le Second Empire décidera-t-il d'élever, à Longchamp, un château d'eau monumental à la dimension de ses triomphes et de ses ambitions. Et d'y intégrer aussi deux musées, l'un consacré à l'art, l'autre à la science. Conçu en 1861 par Jacques-Henri Espérandieu, qui bâtissait au même moment le sanctuaire de la Vierge de la Garde, le palais Longchamp est solennellement inauguré le 14 août 1869. “Une foule élégante et aristocratique...

[Photo : Le 19 novembre 1849, on célèbre l'arrivée des eaux sur le plateau de Longchamp.]

tique” d'invités entendit d'abord le discours du maire (malade) prononcé par l'adjoint Hamaouy dans la grande salle du premier étage, puis visita les diverses parties du bâtiment avant de faire station devant le buffet dressé dans la grande salle du Muséum. Elle redescendit enfin sur la place Bernex afin d'assister à l'arrivée de l'eau saluée par une salve de bombes. Celle-ci se mit à tomber dans une féerie de cascades jusqu'au grand bassin, tandis que deux grands jets s'élevaient majestueusement dans le ciel. La fête était terminée.

Le circuit de l'eau jusqu'en 1898

La nuit, le bassin de Longchamp en remplit trois autres, de moindre capacité, et répartis sur les points culminants de la ville :

  • - le bassin des Moulins (2 000 m³) alimente la vieille ville ;
  • - le bassin Bonaparte (5 000 m³) ;
  • - le bassin Vincent (60 m³).

Un quatrième bassin, plus petit, le bassin Vauban, reçoit l'eau de la dérivation de Saint-Barnabé pour alimenter les plus hauts quartiers de la ville. Comme leur volume total permet une alimentation de 24 heures, tous les bassins distribuent l'eau pendant la journée à l'ensemble des services de la ville.

En 1851, les capacités de stockage sont considérablement accrues encore, avec la construction du bassin de Sainte-Marthe, dont la capacité est de 240 000 m³. La desserte de la ville peut alors être assurée en continu, à l'exception des deux semaines au cours desquelles le canal est mis au “chômage”. C’est-à-dire, à sec, pour être entretenu.

La double canalisation

Si la desserte du centre-ville est ainsi assurée à la fin du XIXᵉ siècle, les périodes de chômage du canal entraînent des manques d'eau graves. La dérivation Longchamp n'étant pas couverte, l'eau est en outre polluée par la population et les industries. On y trouve des “animalcules ou germes animalisés” dus à la fermentation et à la décomposition des poussières de blé rejetées par les minoteries. Pire, le seuil des 300 bactéries au centimètre cube – qui définit l'eau potable – est dépassé en zone urbanisée : « Les riverains y lavent leur linge et y déversent le produit des latrines, note en 1891 le Dr David. Telle quelle, l'eau du canal est impropre. Toujours très louche, parfois boueuse, elle répugne aux estomacs les plus délicats ».

Il se révèle urgent de réaliser une double canalisation : l'une, pour la desserte en eau domestique ; l'autre, pour la desserte en eau brute. Les travaux s'étaleront sur 32 ans, entre 1858 et 1900. Deux prises branchent l'eau directement sur la branche-mère du canal, au quartier du Four de Buze, en amont du Merlan, lieu où les eaux étaient considérées comme potables. De là, elles sont dérivées vers les bassins de Sainte-Marthe et de Saint-Barnabé pour être décantées pendant 72 heures. De nouvelles conduites doublent ensuite les anciennes – celle de Saint-Barnabé desservant les quartiers hauts, celle de Sainte-Marthe alimentant le reste de la ville. Une conduite de 90 cm de diamètre venant de Sainte-Marthe apporte alors ses eaux au Pavillon de partage, situé au boulevard des Chutes-Lavie.

Le Pavillon de partage

Dans le cadre du chantier de la double canalisation, un pavillon de partage des eaux est construit en 1901. Grâce à un siphon et à un système de surverse, elles y sont réparties entre différentes conduites ordonnées à la périphérie d'une colonne centrale. Ainsi les différents quartiers peuvent-ils être régulièrement alimentés par cinq conduites maîtresses. Les premiers “feeders” sont nés. Mais au milieu du XXᵉ siècle, un dispositif sous pression, “Le Tore”, remplace le système à air libre. Devenu inutile, le pavillon sera ainsi abandonné à la fin des années 1990.

Au XIXᵉ siècle, des problèmes de pollution et d'alimentation nécessitent de gros aménagements : une desserte en eau domestique et une desserte en eau brute.

[Photo : Conçu en 1861 par Jacques-Henri Espérandieu et inauguré le 14 août 1869, le palais Longchamp est un monument édifié à la gloire de l'eau.]
[Photo : L'incendie des Nouvelles Galeries en 1938 révèle la vétusté des réseaux marseillais.]

l'eau tout au long du canal pour actionner les organes mécaniques des premières industries. C'est notamment le cas d'un ingénieur, M. Lavie, qui a l'idée d'utiliser le relief particulier du canal, au Nord de Marseille, pour installer une minoterie sur une chute d'eau aménagée entre deux de ses méandres. Son initiative est reproduite. Des industriels s'installent, amenant avec eux de nombreux travailleurs. Ainsi naît un quartier, celui des Chutes de Monsieur Lavie. Le XIXᵉ siècle avait été celui de l’alimentation de Marseille en quantité suffisante. Le XXᵉ sera celui de la qualité...

Le temps des caisses à eau et des filtres Pasteur

Pour inviter les Marseillais à s'abonner au service des eaux, le “canal” décide alors de poser les conduites devant les habitations. Celles-ci sont desservies par des robinets de jauge d'où le liquide s'écoule à petit débit dans les caisses à eau de chaque appartement. L'orifice des robinets de jauge, infiniment petit, risquait sans cesse de se boucher. Rien d’étonnant, du coup, si ce type de desserte se trouve à l'origine de bien des réclamations, de bien des querelles de voisinage...

Malgré les bassins de décantation, la qualité de l'eau reste en outre médiocre. Les particuliers doivent s'équiper de filtres individuels, comme le “filtre Pasteur”. Mais malgré ces équipements, la typhoïde continue de frapper lourdement : 2 605 morts entre 1900 et 1909 ; 15 000 lors de l'épidémie qui durera de 1930 à 1935. Et en 1943, on en dénombrera encore près de 400 cas ! En fait, le principal progrès de ce début du XXᵉ siècle reste la construction d'une usine de filtration sur le bassin de Sainte-Marthe, en 1920.

Le drame de l'incendie des Nouvelles Galeries

La croissance de la ville est importante à cette aube du XXᵉ siècle. Sa population est multipliée par trois entre 1848 et 1936, atteignant alors 650 000 habitants. Les réseaux s’étendent de façon désordonnée, sans schéma d'ensemble. Le drame survient le 28 octobre 1938. Un incendie se déclare dans les magasins des Nouvelles Galeries, situées alors sur la Canebière, et s'étend rapidement aux immeubles voisins, dont le Grand Hôtel, où la plupart des ministres sont justement réunis autour du président du Conseil pour le congrès de leur parti, et l'Hôtel Astoria. Les services de secours sont complètement submergés et désorganisés. Les pompiers assistent, impuissants, au désastre. Le réseau d'eau, totalement sous-dimensionné et vétuste, ne permet pas d'éteindre l'incendie. Ce n'est que grâce à l'aide des marins-pompiers et de leurs bateaux-pompe venus de Toulon que le feu peut enfin être maîtrisé. Mais il a fait 73 victimes. Le maire est limogé, la ville mise sous tutelle, le bataillon des marins-pompiers de Marseille et l'administration de l'Assistance Publique de Marseille sont créés. Quant à la mise à niveau du réseau d'eau, elle s'impose comme une priorité. On reprend les études réalisées dès 1934 par la Société d'Études des Eaux de Marseille. Et en 1943, la SEEM devient la SEM, Société des Eaux de Marseille.

1943-1953 : la rénovation du réseau

Dès lors, d'importants travaux sont engagés dans toute la ville. Un nouveau réseau de feeders (conduites principales) est créé, sécurisant l'alimentation.

[Photo : Marseille, choisie en 1996 pour être le siège du Conseil mondial de l'eau, bénéficie de la meilleure eau de France selon un classement établi par le magazine “Ça m'intéresse”.]

de Marseille, mal entretenu, est réparé et bétonné. Les bassins sont dévasés, l'usine de filtration de Saint-Barnabé est inaugurée en 1947 et les postes de chloration se multiplient. Très rapidement, ces améliorations se traduisent par des résultats notables. En 1953, seuls huit cas de typhoïdes restent ainsi à signaler. Depuis 1953 les améliorations se succèdent très régulièrement. Les compteurs remplacent peu à peu les jauges, apportant débit et pression dans les nouvelles habitations. De ce fait, les caisses à eau, sources de nombreux problèmes disparaissent.

En même temps, Marseille cherche à diversifier ses ressources en eau.

En 1955, une ressource de substitution originale est mise en œuvre. Il s'agit de la station de pompage de la “galerie à la mer” qui capte, à 85 m au dessous du sol, les eaux drainées dans les houillères de Provence de Gardanne et évacuées par un souterrain de 20 km dans la rade de Marseille.

En 1976 est mis en service le complexe du Vallon Dol. Alimenté par le Verdon, par l'intermédiaire du Canal de Provence, ce nouveau site, d'une capacité de stockage gigantesque (3.200.000 m³) permet d'assurer une nouvelle ressource sécurisée pour la ville.

Au niveau du traitement, la principale avancée est la désinfection à l'ozone, mise en place dès 1981 sur les sites de Sainte-Marthe et Vallon Dol, puis sur celui de Saint-Barnabé.

Produit sur place, l'ozone permet une désinfection optimisée de l'eau filtrée. La chloration n'est alors réservée qu'au traitement préventif au départ du réseau.

L'ensemble de ces installations est contrôlé à distance par le Centre de télégestion de la SEM. Construit en 1991 puis régulièrement amélioré, il permet aujourd'hui de surveiller 7 jours sur 7 et 24 h sur 24 l'ensemble des installations. De quoi s'assurer que l'eau de Marseille reste bien la meilleure eau de France.

En 1995, le réseau d'eau brute est abandonné.

Aujourd'hui, la meilleure eau de France

Aujourd'hui, l'eau à Marseille, c'est :

  • le canal qui reste la principale alimentation en eau de la ville, secouru par l'eau du Verdon et des forages profonds ;
  • trois centres de production d'eau potable, qui produisent 90 millions de m³ d'eau potable par an ;
  • des réserves de plus de 3 millions de m³ d'eau brute et de 170.000 m³ d'eau potable, capables d'assurer l'alimentation de la ville pendant plus de 10 jours ;
  • 2.200 km de réseau d'eau potable desservant près d'un million de personnes ;
  • un centre de télégestion ultra moderne permettant la surveillance et le contrôle à distance de toutes les installations du Groupe.

L'eau de Marseille, c’est la meilleure de France, selon un classement du magazine “Ça m'intéresse”. Et la qualité du service apporté aux Marseillais devient une priorité.

Marseille, capitale mondiale de l’eau

Cette sécurité dans la distribution d'une eau de qualité valent à Marseille d’être reconnue dans le monde entier. Car l'eau est devenue un enjeu mondial. Les derniers chiffres montrent que plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et que 2,5 milliards de personnes vivent sans assainissement. En fait, les ressources mondiales pourraient permettre une alimentation correcte de la planète, l'absence d'infrastructures et une mauvaise gestion provoquent des situations souvent catastrophiques. Et lorsque le Conseil mondial de l'eau choisit Marseille, en 1996, pour y élire son siège, sans doute faut-il y voir la référence, pour l'avenir, à une ville qui a su faire d'une contrainte forte, un atout indéniable.

Fin de la seconde partie.

[Publicité : Editions JOHANET]
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