Histoire d'eau : Les stations de relevage de la biliothèque François Mitterrand

Construite au dessous du niveau de la Seine, la Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand est située le long de la Seine, dans le quartier de Tolbiac. Dernier des grands chantiers du second septennat du Président Mitterrand, elle se présente sous la forme d’un socle évidé en sa partie centrale, encadré de quatre tours en angle de 80 mètres de haut, en forme de livre ouvert. Les quatre tours sont reliées par des rues-jardins. Elles abritent, derrière un système protecteur de volets en bois, une partie des 12 millions d’ouvrages de la BNF. Le socle est une esplanade publique aussi grande que la place de la Concorde. La partie centrale a été aménagée en un jardin de 12 000 m². C’est autour de celui-ci que se situent sur deux niveaux les salles de lecture.

C’est aussi dans le socle, qui se situe à 20 mètres sous le niveau de la Seine, que sont emmagasinés la totalité des fonds patrimoniaux. On réalise l’importance du système de relevage à mettre en place pour les eaux pluviales et les eaux d’exhaure, qui devait être totalement fiable et parfaitement maîtrisé pour faire face à une configuration aussi particulière. Il s’agissait de relever les eaux pluviales en provenance du jardin central ainsi que des zones de terrasses des rues-jardin et de l’esplanade, celles-ci ne pouvant être évacuées gravitairement. Mais pour maîtriser et contrôler le niveau de la nappe phréatique (les eaux d’exhaure), il a fallu également concevoir et mettre en place un système de pompage. Il fallait donc des équipements correspondant à des critères techniques extrêmement précis, détaillés dans un cahier technique de plus de 400 pages, dont l’essentiel se résumait aux caractéristiques suivantes : submersibilité, niveau sonore de fonctionnement le plus faible possible, et fiabilité totale du matériel choisi. Ce sont les pompes Sarlin,

commercialisées par Volumax qui ont été choisies pour plusieurs raisons. Une limitation des phénomènes de colmatage et de bouchage : les roues ont un important diamètre de passage libre à l’intérieur de la pompe permettant d’éviter le colmatage par des feuilles mortes ou des solides de toutes sortes. Les solides de 80 à 145 mm passent aisément à l’intérieur de la pompe. La roue, de type semi-axial, a des aubes en forme d’hélicoïde allongée dont la longueur est le double de celles des roues traditionnelles, ce qui permet d’absorber des déchets fibreux deux fois plus longs sans qu’ils ne s’enroulent autour de la roue.

Un faible niveau sonore lié à la vitesse de rotation réduite des pompes, une fiabilité sans faille, un dispositif de contrôle et de sécurité incorporé à la pompe, surveillant en permanence le bon fonctionnement de celle-ci, sont autant d’atouts qui ont justifié ce choix.

4 stations de relevage ont donc été installées en limite du jardin central. Pour chacune d’elles, les pompes (3 + 1 de secours) installées en fosse sèche sont conçues immergeables en cas d’inondation des locaux. Une bâche de rétention de 80 m³ jouxte la fosse afin d’absorber, le cas échéant, les débits d’orage, constituant ainsi une sécurité supplémentaire. Le fonctionnement des stations de relevage est prévu avec un enclenchement en cascade par commande à flotteurs. Chaque station de relevage a un débit de 324 m³/heure et relève les eaux sur une hauteur de 28 mètres. Chaque fosse sèche comporte une ventilation de mise à l’air libre ainsi qu’un décaissé au sol, équipé d’un détecteur afin de prévenir tout écoulement d’eau anormal et de permettre un pompage éventuel par pompe mobile de secours. Pour stabiliser le niveau des eaux souterraines, 21 puits sont répartis dans le vide-sanitaire.

Le puits, à un débit horaire de 13,5 m³, les eaux d’exhaure sont pompées, canalisées, puis rejetées dans le réseau public d’évacuation par quatre stations relais équipées de pompes Sarlin.

Pour surmonter ce défi il a fallu résoudre de nombreuses contraintes techniques : contraintes d’étanchéité tout d’abord, l’ouvrage est enserré dans une paroi moulée pour éviter les infiltrations. Contraintes acoustiques ensuite, de nombreuses études ont été réalisées pour obtenir un faible niveau sonore et surtout contraintes liées à l’architecture des réseaux : il y a en effet plus de 8 000 mètres de canalisations pour les seules eaux pluviales, 2 000 mètres de canalisations pour les eaux d’exhaure auxquelles s’ajoutent 21 000 mètres de canalisations d’eaux usées et d’eaux vannes.

Le système de relevage des eaux mis en place à la BNF brille par sa simplicité. Il ne s’agissait pas de mettre en place une installation innovante sur laquelle, sans référence pour une construction de ce type, le niveau de garantie aurait été trop faible.

La simplicité et la fiabilité ont été privilégiées, garanties par un matériel correspondant à des caractéristiques techniques très précises, mais aussi par un engagement total des partenaires ayant fourni le matériel et les prestations qui permettront à la BNF de garder les pieds “au sec”.