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Histoire d'eau : Les 120 ans de l'usine des eaux de Choisy-le-Roi

28 février 1989 Paru dans le N°125 à la page 39 ( mots)

C'est en 1868 que la Compagnie générale des Eaux installa à Choisy-le-Roi une pompe à feu qui refoulait directement l'eau de la Seine dans le réseau de distribution alimentant neuf communes de la banlieue sud. Il fallait attendre près de 30 ans, en 1896, pour assister à la mise en service de la filtration lente sur sable pour alimenter 62 communes en eau épurée, puis l'année 1923 pour établir les préfiltres et le lavage mécanique de l'ensemble des installations de filtration.

Le territoire desservi augmentant, les communes s’associèrent en 1923 pour former le Syndicat des communes de la banlieue de Paris (devenu Syndicat des eaux d'Île-de-France) groupant 144 communes des banlieues qui encerclent les trois quarts de Paris, du nord à l'est et au sud-ouest. Le Syndicat, nouveau maître d’ouvrage, renforça la mission de la CGE, devenue régisseur intéressé et gestionnaire de l’exploitation.

Au fil des ans, les installations de Choisy-le-Roi se sont modernisées au cours de nouvelles étapes, marquées, en 1924, par la stérilisation au chlore, et en 1950, l’électrification du pompage, dont la capacité fut portée par paliers de 260 000 m³/j à 500 000 m³/j (notamment à l'aide d'une pompe d'un débit de 6 m³/s).

En raison de la très forte progression de la demande en eau et de l'accroissement de la pollution, les installations de filtration lente cédèrent la place, de 1959 à 1963, à une usine moderne de filtration rapide, moins encombrante (surface filtrante divisée par 20) et plus maniable en cas de modification brutale de la qualité de l'eau. La capacité de l'usine de filtration rapide ayant atteint 600 000 m³/j, les installations de filtration lente furent arrêtées définitivement.

En juillet 1967 fut mise en service une installation d’ozonation (à l'époque, et de très loin, la plus grande du monde avec une capacité de 100 kg par jour), dans le cadre d’une filière de traitement comprenant : prétraitement au bioxyde de chlore (et éventuellement au charbon actif en poudre) — coagulation-floculation — décantation — filtration rapide sur sable — ozonation.

La capacité de production de l’usine fut, dans le même temps, portée à 800 000 m³/j, ce qui la place parmi les plus grandes usines d’eau du monde.

Devant la dégradation inquiétante de la qualité de l’eau de Seine, le Syndicat a décidé de compléter cette filière par un traitement biologique. À cet effet, la préchloration a été remplacée par une préozonation renforçant l'action de la coagulation-décantation, ce qui constitue une sécurité accrue vis-à-vis des bactéries et des virus.

Une filière biologique, double filtration sur sable et sur charbon actif en grains, séparée par une ozonation intermédiaire, a été mise en service en 1985 pour une partie de la capacité de production de l’usine (450 000 m³/j). Il en est résulté immédiatement une amélioration très sensible de la qualité de l'eau purifiée.

En 1986, une station de traitement des boues est mise en service, où les boues provenant des décanteurs (équipés de racleurs longitudinaux destinés à régulariser leur qualité et leur teneur) sont dirigées vers des épaississeurs, puis filtrées sur trois filtres-presses. Les filtrats sont ensuite évacués par camion à la décharge. La station de traitement des boues de décantation élimine ainsi tout déversement dans la Seine, en contribuant à l'amélioration du cadre de vie et à la protection de l’environnement.

Où en est Choisy aujourd'hui ?

C'est pour faire le point après 120 années d’activité de cette usine que le président du Syndicat, M. André Santini, avait choisi le 24 novembre dernier, d’inviter une nombreuse assistance (comprenant les 144 délégués des communes syndiquées) pour commenter l'historique des installations et faire part des dernières améliorations intervenues.

Sur le plan du fonctionnement de l'usine, une nouvelle tranche de 12 réacteurs à charbon actif en grains, suivie d'une postchloration, vient de porter la capacité du traitement biologique à 600 000 m³/j (record du monde), bientôt adaptable, au prix d'aménagements mineurs, au débit nominal de 800 000 m³.

Un nouveau laboratoire a simultanément été mis en service, doté d'un matériel analytique aussi complet que le requièrent les besoins de l'exploitation. Un automate de dégustation y assure notamment un contrôle objectif de la saveur de l'eau produite. Il comprend également une cellule de mesure de la radioactivité (compte tenu de la présence en amont de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine).

[Photo : Les bureaux et la nouvelle salle de conférences (en superstructures).]

Pour couronner l'ensemble, un poste de commande a été installé, comprenant un calculateur central relié aux automates décentralisés qui gèrent les différents équipements de l'usine. Il comporte un système-expert d'aide à la décision, s’ajoutant au réseau de télétransmission qui régule 12 usines relais et 14 réservoirs (présenté par M. Mercier, ingénieur en chef du Sedif).

L'usine conforte ainsi sa place dans un dispositif de sécurité unique qui comporte, en cas de pollution de la Seine, la possibilité de l'alimenter à partir de Neuilly-sur-Marne par deux conduites de 1 250 mm renforcées par l’usine de refoulement de Joinville-le-Pont, dispositif qui a fait ses preuves au début de novembre 1988 lors d'une alerte en Seine.

Le président Santini a inauguré à cette occasion, en présence de M. P.-L. Girardot, directeur général de la CGE, la nouvelle salle de conférences de l'usine, dotée d'aménagements ultramodernes, qui permettra d’accueillir notamment les réunions du comité syndical. Son système audiovisuel de projection en fera un outil de communication performant à l'usage des nombreux visiteurs qui ne manqueront pas de venir puiser des enseignements à l’usine de Choisy-le-Roi...

R. G.

[Publicité : Pierre Johanet et Fils Editeurs S.A.]
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