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Histoire d'eau : Le nouveau barrage de Maisons Alfort

27 février 1997 Paru dans le N°199 à la page 61 ( mots)

Le nouveau barrage écluse de Maisons Alfort

Le nouveau barrage

écluse de Maisons Alfort

Situé sur la Marne, à un kilomètre du confluent de la Seine, le barrage écluse de Saint-Maurice Maisons-Alfort a été construit en 1910 pour répondre à l’essor de la navigation depuis Paris vers Créteil et le Port de Bonneuil. Cet ouvrage joue un rôle essentiel dans la régulation de la Marne et dans le maintien du niveau d’eau nécessaire à la navigation. Obsolète, inadapté à une gestion moderne des plans d'eau, sa reconstruction devenait une nécessité. Dernier ouvrage manuel, constitué de cinq cents petites portes métalliques appuyées sur des fermettes, il nécessitait, en période de crues, dix personnes pendant deux jours pour le démonter. L’opération se répétait plusieurs fois par saisons dans des conditions d’insécurité qui devenaient inacceptables pour notre époque.

Dans le cadre des missions qui lui sont confiées par Voies Navigables de France, le Service de la navigation de la Seine, Maître d’ouvrage du projet, en concertation avec les communes de Maisons-Alfort et de Saint-Maurice, a conçu un édifice qui concilie impératifs techniques, apports environnementaux, intégration dans le paysage et aménagement touristique (figure 2). Ainsi, le nouveau barrage, entièrement automatisé, permettra toutes les manœuvres en quelques minutes à partir d'un poste de commande commun à l’écluse qui sera également restaurée pour en accélérer le franchissement. Ce sont plus de 3 000 plaisanciers et 15 000 bateaux de marchandises qui l’empruntent chaque année pour un transport en fret de 2 millions de tonnes. Sur les extrémités du barrage se trouveront en rive gauche une passe à poissons visible du public par une chambre d’observation et en rive droite une passe à canoës et à poissons à bassins successifs. La passerelle, initialement conçue pour des besoins fonctionnels, permettra un franchissement piétonnier entre les communes de Maisons-Alfort et de Saint-Maurice. Par ailleurs, son intégration au site a fait l’objet d’une recherche architecturale approfondie.

La construction du nouveau barrage a débuté en septembre 1995 à l’amont immédiat du barrage.

[Photo : L'ancien barrage]
[Photo : Le nouveau barrage]
[Photo : Figure 3 : Début des travaux en amont de l'ancien barrage. Dépose en eau du clapet au fond du radier.]
[Photo : Figure 4 : Mise en place des clapets sur leurs charnières]
[Photo : Figure 5 : Les différentes phases de retenues]

actuel qui continue à assurer ses fonctions durant la période des travaux pour garantir la retenue du plan d'eau (figure 3). La construction de l'ouvrage, avec acheminement de matériaux par voie d'eau, s'effectue par étapes successives. Durant l'automne-hiver 1995/1996, les appuis du barrage et de la passerelle ont été réalisés, ainsi que la passe à poisson en rive gauche et la passe mixte en rive droite. Au printemps-hiver 1996, les passes du barrage ont été réalisées, ainsi que la pose des vannes clapets (figure 4) et la mise en place de la cabine de commande.

Le futur barrage se compose de deux passes de 30 mètres de large dont une permettra la navigation durant les crues les plus importantes. La bouchure du barrage comprend deux clapets mesurant chacun 30 mètres de long sur 6 mètres de haut pour un poids de 75 tonnes. La manœuvre de chaque clapet est assurée par un vérin hydraulique de 4 tonnes (figure 5) dissimulé dans le génie civil des piliers.

Au printemps 1997, la mise en place définitive de la passerelle sera réalisée. La passerelle pesant 200 tonnes repose sur deux piliers. L'un se situe en rivière tandis que l'autre prend appui sur la culée juxtaposée au mur latéral de l'écluse. Composée de trois arches, d'une

[Photo : La future passerelle vue d’aval (photomontage)]

Avec une portée totale de 110 mètres, deux travées de 38 mètres et une travée centrale de 33 mètres, elle permettra aux riverains de relier les deux rives de la Marne. La cabine de commande du nouveau barrage, commune à celui de l’écluse, sera située en rive droite. Originellement conçue pour la maintenance du barrage, la vocation de la passerelle a été élargie afin d’assurer le passage piétons entre les communes de Saint-Maurice et de Maisons-Alfort. Il fallait donc concilier impératif technique, c’est-à-dire une hauteur suffisante pour permettre la circulation des bateaux en période de crues, et l’accessibilité au public. Par ailleurs la passerelle devait s’intégrer à la qualité du paysage. L’ouvrage a fait l’objet d’un travail architectural important, mené par Marc Mimram, maître d’œuvre délégué pour la passerelle et le bâtiment, architecte de la future passerelle Solférino à Paris.

En parfaite symétrie avec la rivière, sous la forme d’un pont courbe à trois arches reposant sur des piles affinées, la nouvelle construction semble aérienne. Débuteront ensuite, au deuxième trimestre 1998, les travaux de modernisation de l’écluse, la réfection des portes, qui permettront aux bateaux et convois au gabarit de 3 000 tonnes des franchissements plus rapides.

Le mode d’écoulement du barrage sera sensiblement le même qu’auparavant. En surverse, il favorise le brassage des eaux procurant ainsi une meilleure oxygénation. La réduction du nombre d’éléments à travers lesquels circule l’eau permettra une diminution du niveau sonore. Le barrage actuel constitue une obstruction pour la migration des poissons de l’amont vers l’aval. Or, la Marne possède une véritable richesse piscicole. Le nouvel ouvrage laissera aux gardons, carpes, brèmes, rotengles, perches et chevesnes toute liberté de circuler grâce à une passe qui leur sera exclusivement réservée et à une passe mixte où ils chemineront en compagnie des férus de canoës.

L’aménagement paysager des berges, couplé à la création de la passerelle reliant les deux rives de la Marne, procurera aux riverains un site privilégié. Lieu de promenade pédestre ou cyclable, mais aussi de loisirs nautiques favorisés par la présence de la passe à canoës, c’est un véritable espace de détente à la porte de la capitale. Le financement des travaux, d’un montant total de 73,5 M F, est assuré par Voies Navigables de France à 75 % et par le Conseil régional d’Île-de-France à 25 %. Ce nouveau barrage sera mis en service à la fin de l’année 1997.

Publié avec l’aimable concours du Port autonome de Paris et du Service navigation de la Seine

Photos : Service de la navigation de la Seine

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