Les captages d’eau potable de la plaine d’Alsace sont tous situés en nappe. Le risque d’être atteint par la pollution du Rhin est lié aux infiltrations d’eau du fleuve dans la nappe. Or, celles-ci sont multiples et très importantes : 9 prises d’eau agricoles prélèvent jusqu’à 26 m³/s d’eau du Rhin dont l’essentiel s’infiltre ; il existe, en outre, plusieurs prises pour l’alimentation des canaux de navigation. Tout le réseau hydrographique alsacien est fortement anastomosé, autrement dit : il ne suffit pas de surveiller les captages proches du Rhin : des eaux issues du fleuve peuvent s’infiltrer dans la nappe à partir de presque tous les cours d’eau situés à l’est de la route Strasbourg-Colmar-Mulhouse.
Après la pollution survenue dans la nuit du 31 octobre au 1ᵉʳ novembre 1986 à Bâle, l’ordre de fermeture des vannes a été donné. Celles-ci ont été fermées pour la plupart, soit le 1ᵉʳ, soit le 2 novembre, mais certaines sont restées ouvertes pendant le passage de la pollution. La découverte d’anguilles mortes dans le Blind démontre qu’il y a eu communication avec l’eau du Rhin dans ce secteur. De même, la pollution a été constatée dans le canal de Huningue.
La première démarche a donc consisté à identifier les cours d’eau qui ont pu être atteints par la pollution puis à recenser les captages d’eau souterraine pouvant être en relation avec eux.
Ainsi, le Canal de Huningue alimente partiellement l’Ill et totalement le Quatelbach, le Canal de la Hardt (utilisé pour les irrigations) et celui du Rhône au Rhin (désaffecté mais encore utilisé par les pêcheurs). De même, sont alimentés par le Canal de Colmar, l’Ill, la Blind, la rigole de Widensohlen, le canal du Rhône au Rhin, et le Muhlbach-Ischert. Ils ont donc tous pu jouer comme moyen de transport de la pollution accidentelle du Rhin. Certaines portions de ces émissaires sont étanches ou drainantes et ne peuvent donc pas polluer la nappe, mais sur la plus grande partie de leurs cours, ils s’infiltrent dans la nappe.
[Photo : Relation eau du Rhin nappe d’Alsace.]
Au total, 34 puits d’eau potable sont concernés par les infiltrations directes ou indirectes du Rhin ; 7 autres puits pourraient compléter cette liste en fonction de l’ouverture ou non de certaines prises.
La deuxième phase consiste maintenant à suivre la qualité des eaux captées à partir des puits « à risques » pendant une durée correspondant au temps de transfert estimé entre cours d’eau et captages. Les eaux souterraines se déplaçant très lentement (de 2 à 20 mètres par jour dans la plaine d’Alsace) la surveillance devra durer jusqu’en fin 1987, au rythme d’une fois par semaine, puis une fois par mois.
[Photo : L’effet Sandoz…]
Quelques traces de propetamphos ont été déjà observées dans les puits particulièrement sensibles de Jebsheim, Ottmarsheim et Biesheim (Haut-Rhin) sans que l’eau soit déclarée non potable. Ce n’est pas le cas du puits au poste douanier de Marckolsheim (très proche du Rhin) qui, lui, n’est plus potable.
Enfin, la presse a signalé la présence occasionnelle d’atrazine dans un puits du polygone (Strasbourg) et de Seltz. Outre que les teneurs mesurées étaient très inférieures au seuil de potabilité, il faut noter que la découverte, dans certains puits, de cet herbicide très utilisé n’est pas significative : on en a trouvé en effet dans 20 % des puits observés lors de mesures menées de 1982 à 1985.
Extrait de « Rhin-Meuse Informations », organe de l’Agence de l’Eau.