[Photo : La vallée de Kali, entre crues et sécheresse.]
À quelques encablures de l’océan Indien, la vallée de Kali, au sud-ouest de l’Inde, vit au rythme de la mousson. Si l’arrivée de la saison des pluies, à la mi-juin, est connue de tous, personne ne peut prédire son intensité ni sa durée, deux mois en général. Pour la Compagnie de production d’électricité de l’État du Karnataka, toute la difficulté est de gérer, en fonction de la mousson, les barrages et les centrales hydro-électriques installés le long de la vallée. Car il faut éviter les crues, mais aussi la mise à sec pendant les longs mois sans pluie, lorsque les retenues d’eau sont insuffisamment remplies.
C’est pourquoi la Karnataka Power Corporation Limited (KPCL) a soumis à la Banque mondiale un vaste projet de mise en valeur de sa production hydraulique et thermique, évalué à plus de 600 millions de dollars. L’organisme financier a souhaité l’intervention d’experts étrangers et c’est ainsi qu’EDF est devenue ingénieur-conseil auprès de KPCL, après un appel d’offres. « Le potentiel hydraulique est important mais, jusqu’à présent, KPCL a dû gérer la pénurie. Les clients doivent réduire leur consommation de 5 % à 50 %, selon qu’ils sont agriculteurs, industriels ou particuliers », remarque , ingénieur à EDF, chef du projet. « Nous préconisons une optimisation de la production hydro-électrique non seulement par rapport aux besoins des consommateurs mais aussi par rapport aux autres équipements énergétiques de l’État. »
[Photo : En 1993, le complexe de Kalinadi comprendra quatre usines et six retenues.]
Les manœuvres se jouent à la seconde près
Actuellement, deux centrales hydro-électriques fonctionnent dans la vallée (100 MW et 810 MW), et deux autres sont en construction (120 MW et 150 MW). Enfin, deux nouvelles installations sont en projet (60 MW et 400 MW). Lorsque les travaux seront achevés, en 1993, le complexe de Kalinadi (nadi signifie vallée) comprendra quatre usines et six retenues d’une réserve de 4,5 milliards de mètres cubes. Toute la stratégie d’EDF, qui adapte et transpose sur place les méthodes mises en œuvre en France, est de doter KPCL de moyens de prévision adéquats et d’un système informatisé de commande et de contrôle des centrales « en cascade ». « KPCL s’astreint à garder 30 % de ses réserves par crainte d’une mauvaise mousson. Mais à la fin de la mousson, elle vide en partie les réservoirs par crainte des crues », explique encore Jean-Luc Soum. EDF conseille de mettre en place des moyens de prévision de débit, d’optimisation de la production et des moyens de gestion « en chaîne » des barrages, et cela se joue à la seconde près. Les spécialistes français forment une équipe d’ingénieurs de KPCL et rédigent la partie technique de l’appel d’offres, conformément aux règles de la Banque mondiale, pour les équipements : matériels de prévision hydro-météo et de prévision de débit, systèmes informatiques « temps réel » d’optimisation de la gestion.
* Extrait de la revue « Planète Électricité », publié avec l’aimable autorisation de la Direction de la Communication d’Électricité de France.
tion, matériels de télécommunications entre les sites. Une équipe de sept experts EDF supervise le projet dans les domaines du management, de la prévision de débit, de la gestion en « temps réel » de la vallée et des centrales, de l’automatisation et des systèmes de télécommunication. Jean-Luc Soum se rend sur place plusieurs fois par an, accompagné selon les besoins par un ou plusieurs de ses collaborateurs.
Des ingénieurs rompus aux techniques de pointe
« KPCL souhaite former très vite ses ingénieurs aux techniques les plus récentes », note-t-il. « Elle est particulièrement intéressée par l’informatique et les télécommunications. »
L’intervention d’EDF devrait s’achever courant 1993. Avec la construction des deux nouvelles centrales, l’État du Karnataka, l’un des plus industrialisés de l’Inde, disposera à Kalinadi d’un complexe hydro-électrique à la mesure de ses besoins agricoles et industriels.
KARNATAKA, TERRE D’ABONDANCE
Situé au sud-ouest de l’Inde, l’État de Karnataka (37 millions d’habitants) est l’un des plus industrialisés et des plus riches du pays. Cinq entreprises du secteur public, basées dans la capitale, Bengalore, fabriquent des équipements de télécommunications, d’aéronautique, d’électronique et de matériel agricole. Le secteur privé, essentiellement constitué de petites et moyennes entreprises, se concentre sur les produits d’origine agricole : coton, sucre, soie (85 % de la production indienne), engrais, santal, huile... Le Karnataka comprend aussi des entreprises chimiques et pharmaceutiques, des papeteries, des verreries et des fabriques de céramique. Riche en ressources minières, c'est le seul État du sous-continent qui dispose de mines d’or.
L’agriculture est variée et développée (riz, thé, arbres fruitiers...). Le secteur le plus important est l’élevage des vers à soie, qui emploie deux millions de personnes.
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