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Histoire d'eau : la chaîne de cette pompe élève l'eau d'elle-même sans le secours du moindre godet

30 janvier 1992 Paru dans le N°151 à la page 74 ( mots)
Rédigé par : Paul JAMES

LA CHAÎNE DE CETTE POMPE ÉLÈVE L’EAU D’ELLE-MÊME, SANS LE SECOURS DU MOINDRE GODET *

Il a été beaucoup question, ces temps derniers, d’une nouvelle pompe qui a fait son apparition en Angleterre, à l’Exposition d’Agriculture de Londres. Cette pompe, basée sur un ingénieux dispositif de capillarité, n'est point aussi nouvelle que nos confrères anglais semblent le prétendre. Elle a été inventée, en France, depuis plusieurs années déjà, et est construite par des industriels de Châtellerault.

Elle se compose essentiellement d'une chaîne enveloppée d’une sorte de ressort à boudin en fil d’acier à spires serrées. Dans certains modèles à grand débit il y a plusieurs boudins concentriques. La chaîne est fermée sur elle-même comme une chaîne sans fin. Elle est tendue d’une part sur la poulie à gorge d’un élévateur, placé au niveau du sol, d’autre part, dans le puits, avec sa poulie-contrepoids qui demeure en suspension sur la chaîne.

Si on fait tourner la poulie à gorge, chacune des parties de chaîne-hélice, en traversant la couche de liquide, se chargera de lames d'eau s’introduisant entre la chaîne centrale et les spires ainsi que dans l'intervalle de celles-ci ; ces gouttes se maintiennent par l’effet de l'adhérence du liquide au métal. Il en résulte qu’une colonne liquide s’élève sans le concours d’aucun tuyau par le mouvement de la chaîne.

Au moment où elle arrive sur la poulie, en raison de la force centrifuge, le liquide, conservant sa vitesse, quitte la chaîne et est projeté dans une boîte-réservoir où il est recueilli et d’où il s’écoule par une gorge de pompe ordinaire.

Les avantages de cette machine sont : d’abord une grande simplicité, la suppression des tuyaux dans les puits, pas de godets ni de caoutchouc, ni de clapets à changer, pas de gelées à craindre, puisage facile à de grandes profondeurs, débit important ; la pose et l’enlèvement de la chaîne peuvent être faits par n'importe qui sans le concours d’ouvriers spécialistes.

L'adaptation à toutes les profondeurs de puits est immédiate par allongement ou raccourcissement facile de la chaîne ; son mode de fonctionnement aère l’eau du puits dont la fermeture à la partie supérieure peut être hermétique.

La machine présentée à Londres pouvait pomper 5 mètres cubes à l’heure à une profondeur de 100 mètres. Mais il est évident qu’on peut faire des pompes pour des débits quelconques.

Il en est de même du moteur qui soit peut être une simple roue munie d’une manivelle qu’on fait tourner à la main, soit un petit moteur. La manivelle s’emploie pour les petites profondeurs et les faibles débits.

Comme, en définitive, l’effort qu’on a à exercer sur la manivelle est égal au poids de l’eau remontée, plus les frottements, on conçoit que lorsque ce volume devient trop grand par suite de la grande hauteur d’élévation ou du grand débit, la force d’un homme soit dépassée.

Pratiquement, pour des pompes destinées à être manœuvrées par une seule personne, on ne dépasse pas 12 à

[Photo : La pompe chaîne-hélice à l’Exposition d’Agriculture de Londres.]

15 mètres de profondeur pour des débits atteignant au maximum 5 000 litres à l’heure.

Notons que les débits sont, pour une machine donnée, variables avec la rapidité avec laquelle on fait tourner le volant.

Pour des hauteurs de 12 à 30 mètres et même jusqu'à 50 mètres, les pompes destinées à ce service, quand elles ne sont pas munies d’un moteur, sont pourvues d’un volant, manœuvrable par deux personnes à la fois. Les modèles sont à chaîne simple.

Toutes les pompes de 5 à 10 000 litres à l'heure et plus, avec des chaînes à spires multiples, pour des profondeurs quelconques, sont à moteur.

On a également fait des pompes marchant par des manèges à chevaux et des moulins à vent.

D’autres genres de pompes analogues ont également fait leur apparition à la dernière Foire de Paris.

Le principe reste le même. C’est toujours par capillarité que l’eau est élevée. Seul l’engin élévateur diffère. Au lieu que ce soit une chaîne entourée d’une spirale qui retienne les gouttelettes entre ses mailles, ce sont des plaquettes ou de petits tubes articulés entre eux par des maillons d’acier, et formant dans leur ensemble comme une courroie plate, qui retiennent l’eau pendant l’ascension.

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* Extrait du n° 67 de la revue Sciences et voyages du 9 décembre 1920.

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