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Histoire d'eau : il y a soixante ans' Le fort de Vaux

28 mai 1976 Paru dans le N°7 à la page 91 ( mots)

IL Y A 60 ANS... JUIN 1916 : LE FORT DE VAUX

IL Y A 60 ANS... JUIN 1916 : LE FORT DE VAUX

[Photo : Bombardements nocturnes sur le secteur Vaux-Douaumont en 1916.]

Une histoire d'eau, mais dramatique celle-là, un des plus héroïques épisodes de la bataille de Verdun, sommet de la Guerre mondiale de 14-18.

Soixante ans après, nous dédions ces lignes à la mémoire de tous ceux qui moururent ou souffrirent dans cet enchevêtrement de combats qui, tout au long de l'année 1916, ensanglantèrent la région de Verdun.

« Ceux du Fort de Vaux », quelques centaines de soldats, ont reçu un juste salaire de gloire, qu’ils ont mérité tout autant que les centaines de milliers d'autres qui combattirent dans l'immense champ de bataille de Verdun où fut finalement bloquée, au prix des plus lourds sacrifices, la ruée de l'armée allemande.

Mais la résistance du Fort de Vaux avait pris la valeur d'un symbole, tant en France qu’en Allemagne et dans le monde entier pour ceux qui, à l'époque, suivirent haletants cette phase dramatique de la « Grande Guerre ».

L’ouvrage de Vaux constituait un des cinq points forts implantés en 1885 et perfectionnés jusqu'à la guerre pour protéger le camp retranché de Verdun, « porte de la France » : Douaumont et Vaux vers le nord-est, Le Rozelier vers le sud-est, Landrecourt vers le sud-ouest, et Le Bois-Bourrus vers le nord-ouest.

Par malheur, une partie de leur équipement et de leur approvisionnement d'artillerie furent prélevés en 1915 pour faire face à d'autres besoins, et même il était envisagé en dernier lieu de les détruire... si bien que ce seront les troupes de campagne qui, au moment crucial, tiendront ces ouvrages affaiblis, qu’on a comparés à des cuirassés désarmés, et dont les défenses furent étayées de dispositifs périphériques réalisés en dernière heure.

Dès la mi-décembre 1915, la Vᵉ Armée allemande, commandée par le Kronprinz devant Verdun (Q. G. à Stenay), avait reçu mission de concevoir un plan d'attaque, avec à sa disposition des moyens d'artillerie pratiquement illimités.

Et ce fut sur un front dégarni que s'abattit le lundi 21 février 1916 le formidable déferlement des vingt divisions de von Falkenhayn, précédé par un effroyable marmitage de toutes les positions de notre camp retranché.

En cinq jours, les Allemands s'infiltrèrent profondément dans notre dispositif, par le Bois-des-Caures, Anglemont, Louvemont, la Côte-du-Poivre, Haudremont, enlevant par surprise le fort de Douaumont pratiquement sans résistance.

Pétain est investi le 26 février du commandement d'ensemble à Verdun sur les deux rives de la Meuse, et commence aussitôt à colmater les brèches pour remettre en ordre le front, faisant acheminer sans arrêt des renforts par ce qui devait devenir « la Voie sacrée », la route Bar-le-Duc – Verdun.

La bataille de la rive gauche commençait ensuite, pour durer de mars à mai, par le Mort-Homme, la « côte 304 », Avaucourt, Cumières, mais les Allemands sont stoppés de ce côté.

Le fort de Vaux n'avait pas été attaqué au début de la bataille et put ainsi, sur l’ordre de Pétain, recouvrer ses moyens et sa destination première. Jusqu’en mai 1916, bien que diminué de sa tourelle de 75 mise à mal par un obus de 420, il participe à tous les combats et repousse tous les assauts. À la fin de mai, le fort encaissait chaque jour plus de 8 000 obus de tous calibres.

Le 31 mai au soir, sa garnison commandée par le commandant Raynal est composée de deux compagnies du 142e R.I., soit 240 fusils, une trentaine de soldats du génie, une dizaine d'artilleurs, une vingtaine d'infirmiers, brancardiers et téléphonistes, une vingtaine de territoriaux, au total un peu moins de 300 hommes.

C'est alors que va être concentrée sur cet ouvrage et son pourtour une puissante masse d'artillerie ennemie, et dès le 2 juin à 2 h 15 du matin l'assaut allemand se déclenche, écrasant les points de résistance qui entouraient le fort, et dont les survivants se replient successivement à l'intérieur, en en défendant l'accès pied-à-pied ; 600 hommes environ sont alors dans le fort.

Pendant cinq jours et cinq nuits devaient se poursuivre de terribles combats, l'ennemi ayant réussi à prendre position au-dessus du fort et tout autour. Les Allemands sont aux coffres, cherchant à pénétrer dans l'ouvrage ; mais, rejetés par les barrages désespérés des défenseurs, ils ne parviendront jamais à franchir la grille intérieure du couloir d'entrée où l'on se battit férocement.

[Photo : Carte extraite de « La Première Guerre mondiale », du général Valluy et Pierre Dufourq. Éditions Larousse, 2 volumes.]

Les assaillants projettent alors des jets de flamme par tous les orifices, afin d’enfumer et d’asphyxier la garnison qui devait survivre dans une demi-obscurité et une atmosphère de fumée et de poussière irrespirables qui empoisonnait les aliments. Pour s’aérer un peu, les défenseurs durent déblinder les fenêtres de la caserne.

Toutes les contre-attaques menées de l'extérieur pour délivrer l'ouvrage vont tour à tour échouer devant la terrible puissance de feu concentrée par l’ennemi, et ceci sous les regards anxieux de la garnison emmurée.

[Photo : Le Commandant Raynal]

À l'intérieur, le point noir c’était l’eau !

Dès avant l’encerclement il avait fallu rationner la garnison, les citernes baissant rapidement, car les tuyaux qui amenaient l'eau depuis les sources de Tavannes avaient été crevés par les gros obus.

Un tel ouvrage n’avait pas été prévu avec son autonomie de ressource en eau, et à l’époque de sa conception la puissance destructrice des futurs obus vis-à-vis des conduites enterrées n’était pas imaginable ! Cette faute ne fut pas reproduite, on le sait, dans les ouvrages de la ligne Maginot.

Chaque nuit, des corvées devaient sortir au prix des pires dangers pour aller chercher dans les ténèbres à Tavannes l'eau indispensable. Mais progressivement ces corvées nocturnes n’arriveront plus à franchir les fossés, fauchées par les barrages allemands.

La seule boisson du fort, cette eau de la citerne, était javellisée à trois gouttes par litre, filtrée et aérée sous le contrôle du médecin de l'ouvrage !

Le rationnement :

  • — 1 litre par jour le 31 mai, fut réduit à mesure de l’encerclement,
  • — 3/4 de litre le 2 juin,
  • — 1/4 et demi le 3 juin,
  • — 1/4 le 4 juin,
  • — 1/2 quart le 5 juin et plus rien le 6, ceci après avoir raclé le fond de boue de la citerne avec un quart, pour remplir les derniers bidons.

Les survivants ont témoigné comment, dans l’infirmerie, une centaine de blessés, et des mourants, imploraient à boire. La soif prit de telles proportions que certains en vinrent à boire leur urine, d’autres léchaient les murs...

Dans cet enfer souterrain où les morts restaient mêlés aux vivants, et où les immondices n’étaient plus évacuées, on comprend que quelques-uns devenaient fous.

Le 4 juin, le Commandant Raynal dut décider de faire sortir du fort, coûte que coûte, l’excédent d’effectifs et les blessés, mais plusieurs tentatives nocturnes ne donnèrent que peu de résultats malgré quelques exploits comme celui de l’aspirant Buffet qui rejoignit nos lignes et revint ensuite au fort pour faire la liaison.

Séparé désormais du reste du monde, le dernier pigeon-voyageur ayant été lâché, le fort de Vaux voit sa signalisation optique interrompue : elle est rétablie par le courage de deux signaleurs qui se risquent dans les fossés, pour passer un des derniers messages :

« Je n'ai plus d'eau malgré le rationnement des jours précédents, il faut que je sois dégagé et qu'un ravitaillement en eau me parvienne immédiatement. »

Le Haut Commandement peut encore faire passer par signal un message signé Joffre adressant sa satisfaction aux défenseurs et annonçant à Raynal qu'il est promu commandeur de la Légion d'honneur ! On peut rapprocher maintenant ce fait de l’ultime promotion de Von Paulus avant la chute de Stalingrad...

Et puis, c'est l’agonie : le 7 au matin, le fort de Vaux se rend. Le Commandant Raynal sera conduit au Kronprinz, qui lui laissera son épée. Les troupes allemandes présenteront les armes à leurs vaincus.

La sortie se fit par la brèche nord-ouest. Au pied des pentes du fort, la plaine marécageuse et les trous d’obus contenaient de l'eau... Les survivants se jetèrent paraît-il sur cette eau pourtant pleine de vase. Les rapports allemands font état de la détresse de tous ces malheureux à la limite de la résistance humaine.

Le véritable vainqueur du fort de Vaux s'appelle la Soif...

Soixante années ont passé déjà ! Honneur et reconnaissance à tous ces soldats de Verdun ! Mais tant d'héroïsme aura-t-il été utile ? Vingt-cinq ans après, on recommençait...

Nota : Le fort de Vaux fut repris, on le sait, le 3 novembre 1916, lors de la grande offensive de Mangin.

Quant au Kronprinz, il avait prédit le 15 mai 1916, à Berlin, qu'il entrerait à Verdun le jour de la Pentecôte, c'est-à-dire le dimanche 11 juin...

BIBLIOGRAPHIE

« Verdun, Histoire des combats », par Jacques Péricard, Librairie de France. « La Première Guerre mondiale », par le général Valluy, Librairie Larousse, et des récits d’anciens combattants...

[Photo : Une coupole blindée du Fort de Vaux éventrée par un 380.]

TABLE DES ANNONCEURS

DE L’EAU ET L’INDUSTRIE

Année 1976

Les Folios portés devant les annonceurs renvoient aux pages du présent numéro.

— A —

AFNOR 8 AQUAFRANCE AQUATIC ARELAY-ITALY ARMOSIG

— B —

BANCILHON BAYROL BREQUET-KSB BRUNER (CHEMVIRON)

— C —

CAPRARI-FRANCE CEBEDEAU 31 C.G.E. (Cie Générale des Eaux) CHARLATTE CHEMVIRON CIFEC I C COMPTEURS SCHLUMBERGER CRIMIA C.S.I.P. (Chambre Syndicale des Industries de la Piscine) C.T.E. (Cie européenne de Traitement des Eaux) 23 CULLIGAN-FRANCE

— D —

DEGREMONT 10 EPAP

— F —

FILTRA 76 82 FILTRATION MODERNE (La) FRANCEAUX

— G —

GAZ DE FRANCE 2 GEC - ELLIOTT - AUTOMATION GERLAND GIRPI GRAF 71 GUIDE DE L'EAU 83 GUIGUES GUINARD - CENTRIFUGATION 71

— H —

HAYWARD HYDROCURE 85

— I —

ICI-FRANCE IRRIFRANCE

— L —

L.M.T. LYONNAISE DES EAUX (SLEE) IV C

— M —

MECAVO

— N —

NARDONNET NEYRPIC

— O —

O.D.A. (Omnium d’Assainissement) ORMYLEX

— P —

PHENIX-ROUSIES POMPES DELOULE POMPES GUINARD 1 POMPES MOINEAU 38 POMPES SIII PONT-A-MOUSSON (Sté des Fonderies de) PROCEDES SEM

— R —

RECOMAT 6 RESINDION (RELITE) ROHM AND HASS 9

— S —

SAINT-DIZIER (Société des Fonderies de) SARLIN SAUR S.C.P.A. (Sté Gle des Potasses et de l'Azote) 4 SOCIETE DES EAUX DE MARSEILLE SOCIETE FRANCAISE DE FILTRATION SERES S.F.I. (S.F. International) S.G.N. (Saint-Gobain Techniques Nouvelles) II SOAF SOBREP 8 SOCOMATEM 68 SONOREM SPRING-WATER STRUCTURAL FIBERS-INTERNATIONAL SULZER (Cie de Constr. Mécanique) III C SVP SWIM-EUROP

— T —

TECHNOEXPO 4 TRAILGAZ

— V —

VANDENBROEK VELEC-SEFAT

— W —

WALKER CROSWELLER 5 WATERS ASSOCIATES WILD WRIGHT RAIN FRANCE

PETITES ANNONCES

50 F + T.V.A. le centimètre sur une colonne (minimum 2 cm)

40 ans, Ingénieur d'Affaires et Gestion générale en traitements d’eaux usées et effluents industriels recherche poste responsabilités-initiatives pour Paris ou région parisienne. Ecrire à revue n° 8458.

Entreprise industrielle recherche appareillage pour détecter présence eau dans essence au stade fabrication. Adresser proposition à « Revue de la Protection », 7, avenue F.-D.-Roosevelt - 75008 Paris. Tél. 225.83.60.

Occasion : bacs, cuves polyester armé (1 000 l : 895 F) - GRAF, 3, boul. Leblois - 67000 Strasbourg - Tél. (88) 61.63.80.

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