Selon le dictionnaire, une eau potable est une eau qui peut être bue sans danger pour la santé.
L'eau étant distribuée collectivement, la loi protège la santé des citoyens en définissant les références de qualité auxquelles doit répondre l'eau de boisson. Le décret 89-3 du 3 janvier 1989 dresse une liste de 13 situations susceptibles de mettre en danger la santé. Parmi celles-ci, aucune ne concerne l'absence de calcium dans l'eau(1). L'eau douce est donc potable.
Et l'eau adoucie ? Logiquement, si l'eau douce est potable, l'eau adoucie doit l'être. Seulement, voilà : elle a échangé son calcium contre du sodium, lequel n'est admis par les normes européennes qu'à raison d'un maximum de 150 mg/l. Il faut prendre en compte cette modification chimique.
Dans la grande majorité des cas, elle est tout à fait négligeable. En prenant l'exemple d'une eau dure dont le TH initial est de 30 °f, l'adoucissement total introduit 138 mg de sodium par litre. Cette eau est donc potable.
À supposer que l'eau délivrée au point de distribution ne contienne pas de sodium, on pourrait adoucir totalement jusqu'à 32 °f sans introduire plus de 150 mg de sodium par litre.
Seuls les habitants de 11 départements (22,4 % de la population) ne pourraient adoucir complètement leur eau à cause de son TH plus élevé. Les professionnels le savent bien et conseillent leurs clients en conséquence.
Notons au passage que certaines eaux minérales contiennent jusqu'à 1700 mg de sodium par litre, ce qui ne remet pas en cause leurs effets bénéfiques pour la santé.
Si l'absence de calcium dans l'eau ne figure pas parmi les 13 situations préjudiciables répertoriées par le décret 89-3, sa présence en excès fait, par contre, l'objet d'une alerte très précise. Il est dit que, lorsque la teneur en calcium est supérieure à 100 mg/l, soit 25 °f, l'exploitant doit le faire savoir immédiatement au directeur départemental des affaires sanitaires et sociales, qui, après mesures et contrôle, doit à son tour en informer l'autorité préfectorale. Trente départements sont concernés, regroupant 41,3 % de la population française. Dans ces régions, les habitants qui n'adoucissent pas leur eau ont des questions à se poser...
(1) Le texte stipulant que la dureté ne doit pas être inférieure à 15 °f ne figure pas dans les références de qualité de l'eau, mais dans une annexe concernant des paramètres de type technique.
[Photo : La dureté des eaux en France (Carte extraite de la plaquette du Comité des Salins de France)]
*Extrait du n° 8 de juin 1993 de la Revue Aqualogie.