Histoire d'eau : Au fil du temps, au fil de l'eau ...

Eau source de vie, indispensable au quotidien de l’homme, elle lui donne occasion d’élever des constructions spécifiques à cet usage : puits, fontaines, — parfois sacrées —, citernes, pédiluves, abreuvoirs ; ils sont sans doute, parmi les monuments les plus humbles. Chaque région a façonné les siens, à sa manière, mais partout, ils enrichissent encore les places des villages.

Eau source de vie, puissant facteur de développement économique, maîtrisée par l’homme, elle entraîne les roues des moulins ou des scieries et fait fonctionner les forges ou les tanneries.

Eau source d’obstacles, elle oblige les hommes à construire des ponts ou aménager des gués. Mais, plus souvent qu’elle ne sépare, l’eau réunit, relie, quand, avec les canaux et leurs écluses, elle est source de communication.

Eau source de bien-être, elle jaillit des bassins et des fontaines d’agrément, embellit les parcs et jardins pour le plus grand plaisir des yeux et procure, dans les bains et les thermes, de grands moments de détente.

Ces bâtisses construites au fil du temps, au fil de l’eau, grandioses ou modestes, propices à l’utile ou prétextes à l’agréable constituent, aujourd’hui, les vestiges privilégiés de la perpétuelle complicité de l’homme et de l’eau.

Encore faut-il sauvegarder ces vestiges souvent prestigieux : c’est la mission que s’est fixée l’association REMPART*, née en 1966 sous l’égide du Touring-Club de France et de l’ORTF, pour conduire des actions en faveur de la sauvegarde du patrimoine architectural, archéologique et naturel de notre pays. Les 140 associations locales qui composent REMPART regroupent quelque 20 000 adhérents, organisent chaque année plus de 160 chantiers de restauration et d’archéologie sur des châteaux, des églises, des moulins, des lavoirs... Ces interventions permettent, grâce au concours bénévole de 4 000 volontaires, français et étrangers, de disposer de 200 000 journées de travail sur les chantiers chaque année en faveur de la sauvegarde et de l’animation du patrimoine ; 300 édifices historiques ont ainsi été sauvés depuis 1966. Libre de toute attache politique et religieuse, reconnue d’utilité publique depuis 1982, REMPART agit en toute indépendance, mais en concertation et en collaboration avec les services de l’État et les collectivités territoriales.

C’est dans le cadre de l’Année européenne de l’Environnement que l’association a organisé en 1987 un concours

Sur le thème du patrimoine et de l'eau, afin de récompenser les meilleurs projets de restauration et de réutilisation des édifices qui constituent ce patrimoine.

Patronnée par MM. Alain Poher, président du Sénat, Michel Gérard, président de l'Association des maires de France et Henri de Lepinay, président de REMPART, la remise des prix a permis de récompenser, parmi 143 projets, les initiatives suivantes :

• — Prix Électricité de France (50 000 F) : Commune de Sailly (Saône-et-Loire), pour le projet de restauration d’un pigeonnier-lavoir ;
• — Prix Crédit Agricole (40 000 F) : Commune de Carentan (Manche), pour le projet de restauration d'un lavoir ;
• — Prix Rubson** (20 000 F) : Commune de Cuncy-les-Varzy (Nièvre), pour le projet de restauration d'un lavoir.

Mentions :

• — Commune de Messas (Loiret), pour le projet de restauration de huit puits de la commune ;
• — Commune de Lucey (Meuse), pour le projet de mise en valeur de 80 roises (bassin de rouissage de chanvre) ;
• — Commune de Melle (Deux-Sèvres), pour le projet de restauration d'un lavoir.

Le journaliste Pierre Bonte, qui présidait le jury, a lui-même la passion de ces édifices puisqu’il a créé depuis peu l'Association nationale pour la protection des lavoirs...

Roger Gicqueau

* 1, rue des Guillemites - 75004 Paris.

** Entreprise spécialisée dans la lutte contre les effets de l'eau et de l'humidité sur les constructions.