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Histoire d'eau : Adam de Craponne, la Provence et l'Eau

30 septembre 1998 Paru dans le N°214 à la page 72 ( mots)

Salon de Provence, petite ville des Bouches-du-Rhône, abrita au XVIième siècle deux personnages exceptionnels. L?un a atteint une notoriété internationale, et nul n?ignore plus le nom de Nostradamus. L?autre, considéré comme le bienfaiteur de la Provence, est à peine connu des spécialistes. Pourtant Adam de Craponne, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est sans nul doute l'un des génies de son siècle.

Salon de Provence, petite ville des Bouches-du-Rhône, abrita au XVIᵉ siècle deux personnages exceptionnels.L’un a atteint une notoriété internationale, et nul n’ignore plus le nom de Nostradamus. L’autre, considéré comme le bienfaiteur de la Provence, est à peine connu des spécialistes. Pourtant Adam de Craponne, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est sans nul doute l’un des génies de son siècle.

Voici ce que Michel de Nostre-Dame, alias Nostradamus, aurait pu en dire pour lui rendre justice :

“Si la notoriété posthume réserve bien des surprises, elle permet de tirer quelques riches enseignements ! Elle ne choisit pas toujours en fonction du mérite. Non ! et j’en sais quelque chose.Bien sûr je suis célèbre et suscite toujours d’innombrables commentaires. Mais au lieu de retenir ma découverte du principe de l’asepsie m’ayant permis d’enrayer la peste de 1546 à Lyon, on n’admire que les vers sibyllins de mes Centuries Astrologiques !

La science intéresse toujours aussi peu les foules à ce que je vois. Je me nomme Michel de Nostre-Dame, plus connu sous le nom de Nostradamus.Oh ! N’ayez crainte, vous qui venez découvrir Adam de Craponne, je ne cherche aucunement à l’éclipser une fois encore… bien au contraire.

Je voudrais plutôt profiter de ma renommée pour vous présenter celui qui était mon ami, qui s’est contenté d’enrichir toute une région, celui que l’on considérait comme le premier ingénieur du royaume. Je voudrais, par mon témoignage, lui rendre sa vraie place, et je serai votre guide dans ce Salon de Provence du XVIᵉ siècle où nous vécûmes tous deux.

Ce fut une époque extrêmement féconde, où la civilisation venue d’Italie prit ici son essor, où l’esprit de la Renaissance se développa, dans ces temps de rayonnement artistique et scientifique, et dans ce pays de Provence, voisin de l’Italie que, comme moi, grandit et vécut Adam de Craponne. C’était une période propice pour entreprendre de grandes choses ! La France s’efforçait de rivaliser avec les poètes, peintres, architectes et ingénieurs transalpins, dont Léonard de Vinci était le plus admirable.

Salon, cette petite ville de 5 000 habitants, possédait alors un commerce floris-

santé. Les Craponne y étaient l'une de ces familles nobles qui ne dédaignaient pas de se livrer au négoce. Les industries de la teinturerie, de la tannerie avec les peaux de mouton et la soie y sont développées et les relations commerciales de ces gros négociants vont jusqu'à l’Orient. C'est d'ailleurs en s'embarquant pour les Échelles du Levant, afin d’activer ses affaires que Guillaume, le père d’Adam, trouvera la mort.

“Le pays Salonais c’est aussi la culture de l'olivier et son huile si précieuse. La vigne, les arbres fruitiers, le mûrier pour les vers à soie... que de richesses ! Une ville bien agréable où je m’installe avec plaisir. Mais qui souffre des caprices du vent et de la sécheresse malgré les sources et les eaux de la Touloubre. Heureusement c’est là, au beau milieu du XVIème, alors que l’on construisait l’enceinte fortifiée des faubourgs, que vivaient, certes, votre serviteur, le médecin et astrologue Nostradamus, mais surtout Adam de Craponne, l’ingénieur du Roy, auquel 18 communes doivent depuis, la fertilité de leur territoire.

“Adam de Craponne est né à Salon en 1526 ; mon fils, l’historien César Nostradamus, qui épousera sa nièce, dit “qu’Adam de Craponne, gentilhomme de Salon, tira un petit bras de Durance au lieu de sa nativité”.

“D’où vient sa famille ? Mystère ! en tout cas pour les historiens... tout le monde ne peut jouir comme moi du talent divinatoire... certains avancent l’Italie, ce qui est sûr c’est que les Craponne s’installent à Montpellier. Le père, Guillaume, est un marchand, sorte de négociant en gros, qui vient s'installer à Salon en 1518 pour son mariage. Adam est le second fils d'une famille de quatre enfants, et à la mort de son père en 1521 c’est Frédéric son frère ainé qui devient l’héritier préféré selon les lois de l'époque.

Je contribuai à son éducation en lui enseignant les mathématiques. Puis il poursuivit ses études à Montpellier. Ou peut-être en Italie ? Un peu de doute ne fait de mal à personne.

“Toujours est-il qu'il parvint à être considéré comme le premier ingénieur de son siècle. Son génie s’affirma dans l'art militaire pour les fortifications, mais surtout dans le domaine de la conduite des eaux.

“Il est à Metz en 1552. Ingénieur du Roy et architecte militaire, il doit faire obstacle à la puissante armée de Charles-Quint, en modernisant le système de fortifications. Son génie assista si bien le Prince François de Guise que l'empereur dut se résoudre à lever le siège sans avoir pris la ville.

Lorsqu’à 28 ans il revint de l’armée, Adam fit plusieurs voyages en Italie, où il étudia le système des écluses et canaux. Dès lors c’est sa Provence natale et à l'eau si précieuse qu’il allait offrir son génie, bien qu’en 1564 il reprenne du service pour fortifier le port de Nice.

Entre temps il consacre sa vie à l'eau, avec, en plus de notre canal, les projets de ceux de Provence, du Charolais, mais aussi le percement du pertuis de Cornillon en 1559, le desséchement des marais de Fréjus, ceux d’Istres, de Tarascon. Quelle activité ! Et dire que pendant ce temps j'étudiais l’art de faire des confitures ! Il rêvait de joindre les mers par des canaux et bien d’autres s’inspirèrent de ses projets plus tard ; ne me demandez pas comment je sais tout cela, vous m’offenseriez.

“Par contre sa mort est un mystère que je me garderai bien d’éclaircir. Envoyé par le roi Henri III à Nantes en 1575, afin de participer à la réfection des fortifications, mais aussi pour préparer le plan d'un nouveau canal au sud de la Loire, près du lac de Grand-Lieu, on dit qu’il fut assassiné par des ingénieurs italiens jalousant son génie. Une pêche empoisonnée comme instrument du crime ! Avouez que, pour la beauté de l’histoire, il serait inexcusable d’en dire plus... en lisant bien mes “Centuries” vous aurez peut-être une explication... qui sait !”

Le premier “Eygadier”,

ou conducteur des eaux

de France

Adam de Craponne était ingénieur du Roy c'est à dire officier chargé des fortifications. Mais à l’exception de la remise en état de celles de Metz, du port de Nice, ou des remparts de Nantes, toute son œuvre est étroitement liée à l'eau

  • - Soit il la maîtrise, la domestique, et en fait naître la vie, grâce à sa science, sa technique, son talent qui en font le premier hydraulicien moderne : Ce sont les canaux qu'il construit et dont le plus bel exemple est celui portant son nom : le canal de Craponne
  • - Soit il ambitionne de relier des fleuves entre eux ! Ainsi, je sais que son projet du Canal du Charolais, sera réalisé plus tard entre Saône et Loire, de même que Paul Riquet, concrétisera celui du Canal du Midi en Languedoc.
  • - Soit il la retire lorsqu’elle est synonyme de mort ou de maladie, en permettant aux eaux stagnantes de se déverser pour assainir des régions comme celles d'Istres, avec les marais de Citis et du Pourra, de Fréjus, ou de Tarascon et ses Paluds.

De toutes les acceptions symboliques de l'eau, Craponne n’a retenu que celles de dynamisme, de mouvement et de vie, ce qui est conforme à sa formation d’ingénieur, à sa culture d’homme de la Renaissance. C’est aussi en véritable fils de la Provence qu'il a œuvré avec, pour, et autour de l'eau, cet élément essentiel à la vie, régulateur de la prospérité, et organisateur de la vie communautaire de sa région.

Au delà du génie technique et de la passion, résumés par sa devise - semble-t-il d'origine toscane - “Succiepere e Finire” : Entreprendre et Terminer, Adam de Craponne frappe par son humanisme fait d'ouverture, de curiosité, de culture, de tolérance, comme d’exigence. Un parfait

[Photo : Le canal de Craponne aujourd'hui : de l'eau stagnante, envahi de végétation, encombré d'immondices]
[Photo : Dernière prise d’eau sur la Durance, dite de Gontard, construite en 1947 et qui alimenta le canal jusqu’en 1970 environ, date de la construction du canal EDF actuel]

“honnête homme” avant la date.

Le canal de Craponne

Adam de Craponne a conçu le projet de son canal, tout d’abord pour arroser La Crau, pour amener des eaux abondantes, afin d’assurer la récolte des olives et suppléer par des arrosages à la rareté des pluies de l’été.

Ce qu’il a voulu aussi, c’est un canal capable de faire mouvoir les meules, activer des moulins plus nombreux, plus près du pays et mieux organisés. Suivant l’exemple de Salon, Istres, Saint-Chamas, Grans feront aussi construire des moulins.

La force motrice développée par les eaux du canal active d’autres engins, comme “le moulin à soye et autres engins qui se pourront faire pour l’art de la soye”.

Outre les fabriques de soie, des papeteries étaient également prévues – mais ne furent jamais construites.

La finalité de l’œuvre de Craponne était de multiplier avec les arrosages, les moulins à farine ou à olives et toute autre fabrique qui se mouvait par la force des eaux : faire vivre en symbiose parfaite, l’agriculture, l’industrie et le commerce.

La technique de construction

Homme de la Renaissance, Craponne marchait sur les traces du Florentin Léonard de Vinci, ingénieur comme lui, ayant travaillé à la jonction des canaux de Marsetana et du Tessin. Comme Vinci, il décida tout d’abord de réaliser une maquette de son canal, en construisant un fossé miniature de 1 m 24 de large auquel il donna sa largeur définitive de 5 m 50 deux ans plus tard, pour une profondeur de 49 centimètres.

Il nomma ce petit canal primitif “un canal de modèle”. Il est un génial précurseur de la “technique moderne des études sur modèles réduits”.

Mais comment établir la prise d’eau sur la Durance ? Adam sait que la résistance attire la force ; suivant ce principe, il cherche vers Cadenet un rocher à la résistance indestructible permettant aux eaux, suivant une force d’attraction invariable, de creuser à cet endroit un lit profond. Il le trouve sur la rive gauche au lieu-dit “Pied-Bérard”, établit ensuite des barrages volants ingénieux au travers de la Durance afin d’alimenter la prise en toute saison. Ensuite, quelle route suivre pour conduire l’eau de La Roque à Salon ? La moins coûteuse ! Adam a de faibles moyens financiers. Pour éviter les ouvrages importants, il s’agit de tenir tout le long la plus grande hauteur, atteindre la colline dominant la vallée de la Durance et là, suivre les contours des coteaux : 23 kilomètres de la prise à Lamanon, partage des eaux entre la branche d’Arles et Salon. Pourquoi ces méandres le long des collines ? Pour éviter un double remblai, nécessaire en plaine, et les ouvertures indispensables pour l’écoulement des eaux de ruissellement. De plus en maintenant une certaine hauteur, l’arrosage sera plus aisé. Enfin quelle pente lui donner ? Les calculs de Craponne font l’admiration des hydrauliciens modernes. Cette pente est en effet considérable, avec 2 millimètres par mètre pour la branche d’Arles et 1,5 pour celle de Salon. Mais les coudes et détours compensent déjà les effets de cette déclivité et surtout elle permet d’emporter les dépôts et limons dont l’eau de la Durance est très chargée. Le canal ainsi en de maints endroits n’a nul besoin d’être curé. Il restait à construire divers ouvrages, ponts au nombre de douze, martelières (1), moulins et autres “engins à eaux” !

Le financement du canal

Ingénieur de génie, Adam de Craponne dut également déployer toute son intelligence pour financer la construction de son canal. C’est en effet à partir des seules ressources qu’il se procura que les travaux furent engagés. Œuvre d’utilité publique évidente, la construction du canal est pourtant une entreprise strictement privée.

Son besoin d’argent est immense. On évalue à près de 5 400 000 francs le coût de la construction du canal, des ponts, des moulins, des levades, etc.

Sa fortune personnelle est pourtant fort réduite. En vendant toutes ses propriétés, il parvient à récolter l’équivalent de 1 800 000 F. Cette somme ajoutée à son argent liquide permet de disposer pour tout pécule de 3 000 F de la monnaie de l’époque, ce qui se révèle notoirement insuffisant. Loin de se décourager, il va solliciter un à un tous les membres de sa famille, tous ses amis plus ou moins fortunés. Même Nostradamus, qui lui prêtera à quatre reprises de l’argent comme en témoignent encore certains documents détenus par les archives municipales. Au total, il aura emprunté 8 775 écus, somme considérable pour l’époque.

Il remboursera astucieusement en vendant les autorisations de construire des moulins, des fabriques, des engins sur le bord de son canal. Il a comme il se plaisait à le dire, “vendu le fonds de l’eau”.

La première partie du canal achevée, ses difficultés de trésorerie l’empêchent de commencer, comme il le souhaitait, les travaux de la branche d’Arles.

Incapable d’entretenir le canal, il sera même victime de procès à répétition qu’il perdra et qui menacent de le ruiner totalement. C’est à nouveau sa famille qui le

[Photo : la vanne (martelière, en provençal) d'Audibran. Sans doute d’époque, très bien conservée.]

tirera d’affaire avant qu’il ne crée, par “la transaction de 1571” ce qui deviendra “œuvre générale de Craponne”, une association des propriétaires de moulins et des bénéficiaires des eaux d’arrosage. Il cède ainsi aux “transigeants” ses droits sur ses ouvrages, mais se réserve un certain nombre de droits sur les moulins, sur quelques arrosages ou sur l’agrandissement du canal.

Son savoir-faire et son habileté s’expriment donc également dans ce que, malgré ses difficultés financières, il ne reste pas dépouillé de tout.

Les ouvrages d’art

De nombreux ouvrages accompagnèrent la construction du canal. Pour des raisons économiques ceux consacrés au canal lui-même furent réduits au maximum grâce à la technique employée.

Toutefois il fallut établir des martelières (L), dont celle de “Pied-Bérart”, solide pour résister à la poussée des eaux en crue, présentant un “coup-perdu”, sorte de surverse au trop-plein des eaux, mais aussi des ponts, au nombre de douze, commencés à partir de 1557. Ils étaient nécessaires aux endroits où une voie de communication traversait le canal.

Mais surtout, en vertu de l’édit de 1547, Craponne est autorisé à construire “moulins et autres engins à eau”. Si les moulins à huile étaient nombreux, le problème essentiel restait le pain quotidien. Par rapport au vent trop capricieux, l’eau offrait la régularité nécessaire aux moulins à blé. Adam certes veut favoriser l’arrosage pour compenser la rareté des pluies d’été, mais il veut surtout activer des moulins.

Avant le canal, il n’y avait que cinq petits moulins ne fonctionnant que l’hiver. Craponne en établit un à Alleins et l’autre aux portes de Salon en 1559, “le moulin des Quatre-Tournants”. Par la suite, le canal s’étendant sur toute la carte, ayant atteint Istres, le nombre de moulins augmenta considérablement.

Pour construire ces ouvrages, Adam eut recours à des financements originaux. Quant aux “autres engins” nés de la force motrice de l’eau ils permirent de développer l’art de la soie par exemple. En 1826 le canal faisait mouvoir 25 moulins à farine !

Intuitions géniales d’Adam de Craponne

Adam de Craponne ne mena à bien qu’un petit nombre d’entreprises au regard des multiples projets qui furent les siens.

Il eut ainsi la géniale intuition du Canal du Midi qui sera construit au siècle suivant par Riquet et pour lequel il effectua des repérages, puisqu’on montrait encore dans la région des bornes appelées “bornes de Craponne”.

Plus avancée fut l’opération qui devait relier la vallée de la Durance et du Verdon à Aix et Marseille. Craponne soutenu au départ par la communauté d’Aix se lança dans des travaux de nivellement, mais les appuis venant à manquer, le projet n’aboutit pas.

L’œuvre d’Adam de Craponne fut poursuivie dans la Crau même par la réalisation de la branche d’Arles grâce aux frères Ravel, puis ultérieurement, par la création du Canal des Alpilles et du Canal de la Vallée des Baux.

C’est au XIXᵉ siècle seulement que le Canal de Marseille permit d’amener l’eau de la Durance dans la Cité Phocéenne. Enfin, ce n’est qu’au XXᵉ siècle que l’aménagement du Val Durancien et la création du Canal de Provence concrétisèrent les géniales intuitions de l’ingénieur salonais.

Adam de Craponne – Le Lycée

En 1996, 450 ans plus tard que reste-t-il d’Adam de Craponne injustement méconnu à cause de la trop grande célébrité de son contemporain ? Une fontaine et des allées dans sa ville de Salon… et un lycée qui s’efforce de suivre les voies qu’il a tracées et de faire vivre les valeurs qu’il nous a léguées.

Le trait d’union entre l’ingénieur et ses héritiers c’est la technologie, le choix de cette intelligence dynamique qui selon des principes scientifiques transforme le monde et apporte bien-être et progrès. Depuis sa création le lycée (d’abord technique aujourd’hui technologique) transmet à ses élèves non seulement le savoir mais aussi le savoir-faire, les forme grâce aux outils les plus actuels et se maintient résolument au contact des dernières avancées technologiques.

L’héritage de Craponne c’est son humanisme à la fois magnifique exemple de toutes les qualités positives de l’homme (ouverture, curiosité, culture, tolérance, exigence…) mais aussi la croyance dans la valeur et les potentialités de tout individu. Ainsi à côté des enseignements technologiques, le lycée développe des disciplines qui ouvrent les yeux et les esprits et contribuent à l’expression et à l’enrichissement des personnalités en devenir. Au quotidien, dans tous les compartiments de la vie scolaire, les éducateurs s’emploient avec dévouement à mettre en pratique et faire vivre les valeurs qu’il nous a transmises et qui sont celles de la communauté.

Détermination, courage, exigence et sens de l’effort. Et pour reprendre la devise d’Adam de Craponne : “Suscipere et Finire” : Entreprendre et Terminer.

Fin de la première partie. La seconde figurera dans le n°215 de la revue.

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