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Histoire d'eau : 70 espèces de poissons vivent en eau douce

30 juillet 1990 Paru dans le N°138 à la page 83 ( mots)

Si les oiseaux sont relativement bien connus des naturalistes ou des amoureux de la nature, il n’en va pas de même des poissons dont le monde demeure très mystérieux. Beaucoup de Français ignorent que soixante-dix espèces de poissons vivent dans les eaux douces de notre pays.

Le plus grand est l’esturgeon qui dépasse parfois le quintal. Semblant venir de la préhistoire avec ses écailles énormes, il donne des œufs dont on fait le caviar. Quelques sujets fréquentent encore la Garonne, mais l’espèce est très menacée.

Le plus mythique est le saumon, qui naît en rivière, grandit durant deux ans, puis quitte les eaux douces pour s’enfoncer dans la mer où il grossit rapidement, avant de revenir vers sa rivière natale, guidé par les étoiles et son odorat, pour se reproduire et perpétuer le cycle de la vie. En France les saumons sont de plus en plus nombreux à retrouver les eaux douces (Allier, Gaves, fleuves côtiers de Bretagne et de Normandie...). La pêche en mer, les braconniers, mais surtout la pollution et les barrages sont ses ennemis. Les pêcheurs construisent des systèmes (passes à poissons, ascenseurs, ...) pour aider les poissons à franchir ces obstacles.

L'anguille aux mœurs nocturnes demeure très mystérieuse. Ressemblant à un serpent gluant, elle grossit en rivière puis, à la faveur d'une crue, rejoint la mer et se dirige vers les Bermudes et la mer des Sargasses où elle se reproduit. Les jeunes anguilles mettent deux ans pour rejoindre les côtes européennes avant de se disperser dans les eaux douces, où elles séjournent sept à dix ans avant d'effectuer un voyage sans retour.

La truite symbolise les eaux vives et claires (sinon pures) de montagne, mais elle vit aussi en plaine pourvu que les eaux demeurent fraîches. Certaines variétés vivent en lac ou, comme le saumon, effectuent leur croissance en mer (truites de mer). Elles atteignent alors des tailles respectables (5 à 10 kg). C’est une de leurs cousines, la truite arc-en-ciel, venue d’Amérique du Nord, qui est élevée en pisciculture.

Le gardon est peut-être le poisson le plus commun et le plus pêché en France. Il n'est pas très gros (les gardons de 500 g sont bien rares) et vit dans des eaux plus tempérées.

La carpe ne devient pas, contrairement à la légende, centenaire, mais atteint des dimensions respectables. Elle s’installe dans les eaux calmes et chaudes. Très rusée, c'est un adversaire redoutable pour le pêcheur.

La brème au corps plat devient rapidement envahissante ; se reproduisant rapidement, elle n’a plus, dès qu'elle atteint une certaine taille, d’ennemi ; les autres poissons n’ont pas un gosier suffisamment large pour l’avaler.

Le brochet est le roi des eaux calmes. Peu rapide sauf sur des distances très brèves, il chasse à l'affût et s’attaque de préférence aux animaux chétifs ou malades qu'il élimine, jouant un rôle fondamental dans l'équilibre biologique des plans d’eau. Il atteint parfois un mètre de long. La « belle zébrée » est le nom parfois donné à la perche mais, comme les belles, elle est cruelle et, chassant en bancs, elle s’attaque inlassablement aux alevins des autres espèces.

Goujon, ablette et vairon sont des petits poissons bien sympathiques pour les pêcheurs, pour qui ils représentent les premiers pas au bord des eaux. Leurs surnoms « moustachu », « vif argent » et « effronté » montrent tout l'intérêt qu'y portent les enfants… et les grands aussi. D’autre part, ils vivent dans des eaux propres et non envasées, et leur raréfaction ou leur disparition constitue un signal d’alarme.

D’autres espèces sont moins connues : le chabot, à la tête énorme, passe sa vie sous les pierres des rivières à truites, risquant à chaque sortie de se faire dévorer par sa compagne. La bouvière ne mesure que 5 centimètres, mais quelle merveilleuse histoire que celle de sa reproduction ! La femelle confie ses œufs à une moule d'eau douce à l’intérieur de laquelle éclosent ses minuscules alevins.

Une dizaine d'espèces ont été introduites en un siècle dans les eaux douces de France. Certains cas se sont révélés de franches erreurs : le poisson-chat européen demeure de faible taille et tend à éliminer les autres poissons. La perche-soleil, aux couleurs chatoyantes, devrait surtout demeurer en aquarium…

Le sandre, originaire de l'Est, excellent dans l'assiette, provoque des perturbations importantes dans les milieux en chassant en bandes de nombreux individus, mais surtout il transmet une maladie qui provoque la mort des petits poissons…

Un des derniers est le silure, très laid avec sa peau nue et sa tête garnie de barbillons. Il atteint des dimensions fortes (2 mètres parfois). Fréquent dans le Seille et la Saône, il se propage partout.

* NDLR : Au début de juin, un pêcheur à la ligne a précisément capturé un silure de 1 m 50 dans cette région.

Extrait du dossier constitué à l’occasion de la Journée nationale de la pêche par Loisirs et détente — Conseils en communication, que nous remercions de leur autorisation.

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