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Fuchs compte doubler son chiffre d'affaires en France

29 octobre 2004 Paru dans le N°275 à la page 64 ( mots)
Rédigé par : Rainer DüNNWELLER

Fuchs produit depuis plusieurs décennies des tubes acier soudés dont une bonne partie sont dédiés à l'adduction d'eau et d'assainissement. En moins de 15 ans, cette société a vu la part de son chiffre d'affaires export grimper de 30 à 70 %. La France est l'un des premiers marchés de Fuchs qui compte bien pousser son avantage en doublant le chiffre d'affaires réalisé en trois ans. Explications.

Siegen, une ville de 115 000 habitants située dans le sud de la Westphalie, est l’un des centres sidérurgique et minier les plus anciens d’Europe centrale. C’est là qu’est installée depuis 1937 la société Fuchs Rohr, spécialisée dans la fabrication de tubes en acier revêtu pour l’eau et l’énergie. Sur un site dont la surface totale avoisine les 150 000 m², Fuchs retraite chaque année 140 000 tonnes d’acier pour produire près de 4 500 kilomètres de tubes de DN 65 à DN 400 mm. De vastes halls de production, d’une surface totale de 30 000 m², voisinent avec des aires de stockage qui figurent parmi les plus importantes d’Europe (55 000 m²). Entre les deux, des ponts enjambent permettent d’assurer la manutention, le levage et le chargement des feuillards d’acier en entrée et des tubes en sortie.

Le site, dévasté dans les tous derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, a été aussitôt reconstruit et régulièrement agrandi au fil des décennies et des mutations successives de l’industrie sidérurgique allemande. « Car Fuchs est le reflet des mutations qui se sont produites ces dernières années dans la sidérurgie », souligne , responsable de la division Eau de Siegen.

De fait, jusqu’en 1974, Fuchs reste une société essentiellement familiale. Elle appartient alors aux familles Fuchs et Graef. En 1975, cette dernière vend 50 % des parts à la société Hoesch, fournisseur de feuillards d’acier capable de garantir l’approvisionnement du tubiste. En 1993, nouvelle mutation avec le rachat de Hoesch par Krupp et la vente par la famille Graef de parts à Mannesmann. Le capital de la société est alors réparti entre les deux grands de l’acier que sont Thyssen Krupp et Mannesmann. En 2000, le rachat de Mannesmann par Salzgitter ouvre une nouvelle période de restructuration qui doit trouver sa conclusion le 1ᵉʳ janvier prochain, date à laquelle Thyssen Krupp vendra l’ensemble de ses parts à Mannesmann-Salzgitter qui deviendra alors l’unique propriétaire de Fuchs. En seulement 30 ans, Fuchs sera passé du statut de simple société familiale à celui de filiale d’un géant européen de l’acier, et devenu par la même occasion un spécialiste du tube en acier soudé longitudinalement pour l’eau et l’énergie.

Le tube en acier : un produit de haute technologie

Fuchs mise depuis toujours sur la qualité de ses produits. L’obtention d’un haut niveau de qualité commence par l’élaboration de la matière première. Une composition spéciale d’aciers issus de traitements métallurgiques particuliers permet d’obtenir la base de ce qui fera la qualité d’un tube. « Mais cela ne suffit pas, souligne Rainer Dünnweller, il y a deux conditions essentielles pour obtenir un tube de haute qualité : la manière particulière de préparer les bords de rives et le contrôle de la bande elle-même. » Plusieurs process ultramodernes permettent d’assurer une bonne préparation de la bande. L’étape suivante, le formage par cintrage en U, puis en O avec soudure longitudinale, est réalisée selon une technique appelée CTA (Centralised Tool Adjustment).

[Photo : Sur le site de Siegen, dont la surface avoisine les 150 000 m², Fuchs retraite chaque année 140 000 tonnes d’acier pour produire près de 4 500 kilomètres de tubes de DN 65 à DN 400 mm.]
[Photo : Depuis 1973, Fuchs utilise pour le soudage longitudinal, un procédé très particulier de soudure par pression et induction à haute fréquence.]

chiffre d’affaires en France

en petites étapes serrées permettant d’obtenir un formage régulier. Vient enfin l’étape capitale, celle du soudage. Depuis 1973, Fuchs utilise pour le soudage longitudinal, un procédé très particulier de soudure par pression et induction à haute fréquence. En clair, un courant alternatif haute fréquence est envoyé par un inducteur annulaire sans contact. Une zone étroite située en bord de rives est chauffée dans un laps de temps très court. Arrivés à la température adéquate, les bords du feuillard sont pressés l’un contre l’autre par des galets puis soudés sans apport de métal. Le résultat ? « Une soudure régulière, constante et d’excellente qualité » assure Rainer Dunnweller. La zone de soudure fait ensuite l’objet d’un traitement thermique garantissant que ses propriétés mécaniques correspondent bien à celles du matériau de base. Le tube est ensuite coupé transversalement à la longueur désirée qui peut aller jusqu’à 18 mètres. Il est vérifié visuellement à l’intérieur et à l’extérieur avant d’être soumis à un essai hydraulique : rempli d’eau, il est testé à 90 % de sa limite élastique. Vient enfin l’étape du revêtement, à l’occasion de laquelle Fuchs développe également une expertise particulière. Interne ou externe, il a pour but de permettre au tube de répondre à des exigences particulières tout en lui assurant une protection durable dans le temps.

Le revêtement : répondre à des exigences particulières tout en assurant une protection durable

Le plus souvent, la protection anticorrosion extérieure des tubes se fera au moyen d’un thermorétractable polyéthylène ou polypropylène selon les caractéristiques de l’environnement immédiat du tube. À Siegen, le revêtement de polyéthylène ou polypropylène tricouche anticorrosion est appliqué selon le procédé Fuchs : après un grenaillage, un procédé électrostatique permet de pulvériser un primaire époxy puis un adhésif. Le revêtement thermoplastique est ensuite posé selon un process d’extrusion longitudinale. Après refroidissement, de nombreux tests sont effectués dont un contrôle visant à mesurer en continu l’épaisseur du polyéthylène sur toute la circonférence du tube. En bout de ligne, le revêtement subit un contrôle continu de non-porosité électrique à 25 000 volts, avant d’être marqué et numéroté pour assurer sa traçabilité.

Le cas échéant, par exemple en cas de pose en terrains rocailleux ou rocheux, une couche externe supplémentaire de ciment anticroche apportera au tube une résistance mécanique améliorée et permettra des économies de pose en supprimant par exemple le lit de sable ou en réutilisant le remblai tel quel. À l’intérieur du tube, un revêtement en mortier de ciment appliqué par centrifugation sur la paroi intérieure permettra d’assurer au tube une protection active contre la corrosion du fait de l’alcalinité du mortier.

Contrôle des matières premières avant leur mise en œuvre, contrôle des soudures, essais mécaniques, essais de pression, tests sur les revêtements, tout est mis en œuvre pour garantir la qualité finale du produit. Maîtrise, contrôle et amélioration permanents des process sont aussi la clé du développement des technologies mise en œuvre à Siegen qui font du tube acier un pro-

[Photo : Le tube peut être coupé à la longueur désirée qui peut aller jusqu’à 18 mètres. Plus le tube est long moins le coût au mètre linéaire est élevé.]

ENTREPRISE DU MOIS

CANALISATIONS EN ACIER

[Photo : À Siegen, le revêtement de polyéthylène ou polypropylène tricouche anticorrosion est appliqué selon le procédé Fuchs : après un grenaillage, un procédé électrostatique permet de pulvériser un primaire époxy puis un adhésif. Le revêtement thermoplastique est ensuite posé selon un process d’extrusion longitudinale.]

Produit de haute technologie capable de convenir à un grand nombre d'applications dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. Car c’est sur la qualité de ses produits autant que sur les qualités intrinsèques du matériau acier que Fuchs compte pour augmenter ses parts de marché en France, premier marché européen avant l’Italie, l’Autriche et l’Espagne.

Les ambitions de Fuchs sur le marché français

« Le gros avantage de l’acier, explique Jean-Daniel Reiller chargé de la division Eau pour la France, c’est que l'on peut jouer sur de nombreux paramètres pour obtenir un produit parfaitement adapté aux contraintes liées à chaque application : la longueur et l’épaisseur du tube, la nature du ou des revêtements intérieurs et extérieurs et le mode d’assemblage des tubes entre eux. » De fait, plusieurs modes d’assemblage sont proposés (voir encadré), de la soudure bout à bout qui garantit une auto-butée absolue même soumise à une pression de service très élevée, jusqu’à l’assemblage par emboîtement automatique pour une pose simple et rapide, conçu pour une pression de service allant jusqu’à 40 bar. En fonction de ses propres contraintes, le client pourra donc choisir tout à la fois la longueur de ses tubes et leur mode d’assemblage.

Pour ce faire, Fuchs a développé une gamme complète d'accessoires capable de satisfaire à la plupart des exigences et des configurations de pose. Le développement de cette gamme correspond à un souci stratégique : apporter aux bureaux d’études, acheteurs et poseurs un appui technique étendu, de la conception à la mise en service de la conduite. « De constructeur de tubes, nous voulons devenir des ensembliers en proposant une gamme complète de raccords, d’accessoires, de vannes et de systèmes de pose, certains en acier fabriqués par nos soins, d’autres en fonte fabriqués par nos partenaires » confirme Rainer Dünnweller.

Aujourd’hui, la société réalise un chiffre d'affaires de 130 millions d’euros dont 55 % sont réalisés dans le domaine de l’énergie et 18 % dans le domaine de l’eau. Confrontée à une stagnation de son chiffre d'affaires dans le secteur de l'énergie liée à la saturation du marché, Fuchs compte bien voir progresser son activité dans le secteur de l'eau. « Notre objectif est de porter le chiffre d'affaires de la division Eau à 30 % du chiffre d'affaires total d’ici trois ans, souligne Rainer Dünnweller. La France est notre premier marché dans le secteur de l’eau. Nous pensons pouvoir y doubler notre chiffre d'affaires en deux ou trois années. » Un objectif crédible lorsque l'on sait que le chiffre d’affaires de Fuchs réalisé en France a déjà doublé ces trois dernières années dans le secteur eau.

[Encart : De multiples techniques d’assemblage Au-delà de la longueur du tube, de la nature du ou des revêtements intérieurs et extérieurs, la possibilité de choisir le mode d’assemblage permet, pour chaque type d’application, de disposer d’une solution optimale d’un point de vue technique mais aussi économique. Pour cela, Fuchs propose plusieurs solutions : par soudage bout à bout, par joint tulipé, par manchon à double raccord, par emboîtement automatique ou par brides et joints rapides pour des applications particulières. L’assemblage par emboîtement automatique, breveté, est une alternative intéressante à la solution du soudage bout à bout. L’assemblage se fait par simple emboîtement de l’embout mâle dans une tulipe à double chambre. Un anneau auto-butée, spécialement conçu par Fuchs, permet d’obtenir un assemblage parfaitement verrouillé. Simple, rapide et économique, cette technique est conçue pour des pressions de service allant jusqu’à 40 bar.]
[Photo : Schéma de fonctionnement de l’emboîtement automatique]
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