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Ecoloquinte : grimaces et biomasse

30 avril 1993 Paru dans le N°163 à la page 34 ( mots)

Le sommet de la planète Terre de Rio déclenche l'appel de Heidelberg, manifeste de 264 signatures prestigieuses contre l'écologie " mythique " et pour l'écologie scientifique. Mais cet affrontement entre deux conceptions socio-économiques de gestion de l'environnement, totalement différentes, est sain dans la mesure où il force à réfléchir sur le premier patrimoine de l'Homme et sur la biomasse.

Vert Agenda

Septembre 91 : expérience de Biosphère 2 : en Arizona, huit bionautes, quatre hommes et quatre femmes, décident de vivre durant deux ans sous une bulle géante de verre et d’acier, sans échanges extérieurs, en complète autarcie. L’eau, l’air et les déchets générés devront être recyclés et réabsorbés dans l’écosystème aménagé et contrôlé reconstituant les principaux biotopes terrestres. L’expérience Biosphère 2 ne durera que deux mois : un excédent inattendu de CO₂, non repris par la biomasse chlorophyllienne en place, et en accumulation croissante malgré la ventilation de secours, a rompu l’autonomie de cet écosystème. Curieux présage sur l’effet de serre.

Décembre 91 : les ONG (1). À Paris, vaste débat international, dans une ambiance de kermesse, pour dire que la Planète est malade de l’Homme, souffre de ses pollutions multiples, et préparer le grand forum de Rio.

(1) Au sens des Nations Unies, le terme ONG, Organisations Non Gouvernementales, désigne aussi bien les associations, que les groupements d'entreprises, les syndicats et organismes scientifiques.

Mars 92 : rapport OMS « Santé de l’homme et environnement ». Un bilan accablant puisque chaque année 40 millions d’humains meurent de maladies liées à leur environnement et que plus de 2 milliards, soit 40 % de la population mondiale, vivent dans le plus grand dénuement, en manque d’eau potable, d’hygiène et de nourriture équilibrée en protéines. On redoute que la situation ne puisse s’améliorer, alors que la planète comptera 8 milliards d’hommes en l’an 2020 rejetant annuellement quelque 80 Gt de déchets (2).

Avril 92 : l’appel d’Heidelberg. De la ville universitaire allemande d’Heidelberg, un groupe de scientifiques de renommée internationale réunissant 264 signatures prestigieuses dont 52 prix Nobel (ce qui fait qu’on appellera ce manifeste « la révolte des Nobel »), lance une pétition optant pour une écologie scientifique contre l’écologie actuelle accusée de n’être qu’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès.

Juin 92 : le « Sommet de la planète Terre », officiellement intitulé CNUED, Conférence des Nations-Unies pour l’Environnement et le Développement, désigné par les médias sous le nom de « Conférence de Rio » (30 000 personnes, dont 118 Chefs d’État ou de Gouvernement, de nombreux scientifiques et près de 10 000 journalistes). Vingt ans après la conférence de Stockholm, l’Assemblée Générale des Nations-Unies mobilise à Rio-de-Janeiro les « superdécideurs » pour ratifier deux Conventions, l’une sur les changements climatiques (stabilisation des émissions de gaz à effet de serre et inventaires nationaux de ces émissions), l’autre sur la biodiversité, ainsi qu’une déclaration sur les forêts. On adhère à une politique commune de l’Environnement selon trois principes : les études d’impact, la répression pollueur-payeur, les opérations de prévention à moyen et long termes (même en l’absence de certitudes scientifiques bien établies) (3).

(2) G = giga = milliard = 10⁹.

Discordances

Les « Nobel » râlent. À la veille du Sommet de la Terre de Rio, la communauté scientifique voyant se préparer une opération de grande ampleur, a éprouvé une impression de précipitation et de relative superficialité des arguments. Cette gêne s’est conjuguée avec une certaine forme d’agacement ressentie à l’écoute de quelques discours tenus.

(3) La France participe aux efforts financiers de solidarité des pays industrialisés, à travers le programme des politiques de développement durable :

  • * pour le FEM, Fonds pour l’Environnement Mondial, destiné à dénouer les problèmes d’environnement planétaire (climat, biodiversité, ozone, eaux internationales), à hauteur de 900 MF, principal contributeur avec l’Allemagne,
  • * pour l’APD, l’Aide Publique au Développement, soit 0,86 % du PNB actuellement et 0,70 % du PNB en l’an 2000 (3ᵉ rang des pays donateurs après les USA et le Japon),
  • * pour le programme communautaire à travers 3 priorités : la lutte contre la pauvreté, la coopération technologique et le développement institutionnel (budget de 3 G Ecu). (M.O. Herz, ADEME, Journées CITEPA, décembre 1992).
[Encart : texte : Nous, soussignés, membres de la communauté scientifique et intellectuelle internationale, partageons les objectifs du Sommet de la Terre qui se tiendra à Rio-de-Janeiro sous les auspices des Nations Unies et adhérons aux principes de la présente déclaration. Nous exprimons la volonté de contribuer pleinement à la préservation de notre héritage commun, la Terre. Toutefois, nous nous inquiétons d’assister, à l’aube du XXIᵉ siècle, à l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social. Nous affirmons que l’état de nature, parfois idéalisé par des mouvements qui ont tendance à se référer au passé, n’existe pas et n’a probablement jamais existé depuis l’apparition de l’homme dans la biosphère, dans la mesure où l’humanité a toujours progressé en mettant la nature à son service, et non l’inverse. Nous adhérons totalement aux objectifs d’une écologie scientifique axée sur la prise en compte, le contrôle et la préservation des ressources naturelles. Toutefois, nous demandons formellement par le présent appel que cette prise en compte, ce contrôle et cette préservation soient fondés sur des critères scientifiques et non sur des préjugés irrationnels. Nous soulignons que nombre d’activités humaines essentielles nécessitent la manipulation de substances dangereuses ou s’exerçant à proximité de ces substances, et que le progrès et le développement reposent depuis toujours sur une maîtrise grandissante de ces éléments hostiles, pour le bien de l’humanité. Nous considérons par conséquent que l’écologie scientifique n’est rien d’autre que le prolongement de ce progrès constant vers des conditions de vie meilleures pour les générations futures. Notre intention est d’affirmer la responsabilité et les devoirs de la science envers la société dans son ensemble. Cependant, nous mettons en garde les autorités responsables du destin de notre planète contre toute décision qui s’appuierait sur des arguments pseudo-scientifiques ou sur des données fausses ou inappropriées. Nous attirons l’attention de tous sur l’absolue nécessité d’aider les pays pauvres à atteindre un niveau de développement durable et en harmonie avec celui du reste de la planète, de les protéger contre des nuisances provenant des nations développées et d’éviter de les enfermer dans un réseau d’obligations irréalistes qui compromettrait à la fois leur indépendance et leur dignité. Les plus grands maux qui menacent notre planète sont l’ignorance et l’oppression et non pas la science, la technologie et l’industrie dont les instruments, dans la mesure où ils sont gérés de façon adéquate, sont des outils indispensables qui permettront à l’humanité de venir à bout, par elle-même et pour elle-même, de fléaux tels que la surpopulation, la faim et les pandémies.]

Fig. 1 : L’appel de Heidelberg.

Par les écologistes quand, à des fins politiques, ils emploient trop souvent des « raccourcis » ou fondent leur action sur des situations pas toujours étayées de manière scientifique (F. Gros, Institut Pasteur, signataire de l’Appel, revue « Ecologia », n° 1, décembre 1992). Hommes de prudence et de doute, les scientifiques mettent précisément le public en garde contre les certitudes, bétonnées celles-là, de ceux qui le terrifient avec le « trou d’ozone », le « réchauffement de la planète », alors qu’il ne s’agit que d’hypothèses sur lesquelles les opinions sont encore très divergentes. Loin d’être une machine de guerre contre les écologistes, l’appel de Heidelberg est, au contraire, une véritable offre de services de la science à l’écologie, afin que cette dernière se débarrasse de ses mythologies (M. Salomon, coordonnateur de l’appel de Heidelberg, revue « L’Express », 3 décembre 1992).

Le manifeste ne serait donc pas un appel contre l’écologie, mais un texte destiné à rappeler au public une dérive vers des inquiétudes injustifiées au nom d’une certaine forme d’écologisme. Ainsi l’événement de Seveso est-il rangé au banc des catastrophes alors que l’accident n’a fait que 30 victimes, exactement 30 avortements provoqués par une panique injustifiée de la population.

Fig. 2 : Perturbations atmosphériques et climatiques (n° HS 9 Une planète à sauver de la revue « Croissance », janvier 1993).

termes normaux (4). Le DDT se trouve frappé d’interdiction en Inde, alors que le nombre de décès causés par le paludisme a augmenté de plusieurs dizaines de milliers chaque année, car le moustique anophèle, vecteur de la maladie, était auparavant détruit par le DDT (Pr M. Tubiana, Institut Gustave-Roussy, revue « Sciences et Avenir », n° 89, 1992). Mais n’y a-t-il pas d’autre alternative que de choisir entre deux maux ? (5).

Quant aux altérations climatiques, la plupart des signataires du manifeste les dénoncent comme alarmistes (6). La convention sur le climat adoptée à l’arraché, dit-on, lors du Sommet de la Terre de Rio, dans une atmosphère bizarre de tractations de couloir sur fond de chantage à la fin du monde, a confirmé le lobby climatique entretenu par l’IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change. Dans son article « L’effet de serre remis en question », Y. Lenoir (revue « Sciences et Avenir », décembre 1992) souligne les contradictions remontées à l’examen des courbes paléoclimatiques et les inconnues qui subsistent dans le bilan géochimique et géothermique (7). Rien n’est vraiment significatif d’un changement climatique : la composition isotopique en oxygène 18 de l’eau de l’océan, indicateur utilisé pour détecter les variations climatiques du Quaternaire, n’a pas varié depuis dix ans. Et si le dérèglement d’un climat terrestre était plus complexe qu’une simple réponse aux modifications d’alchimiques gaz à effet de serre ? (Pr C. Allègre, Université de Paris VII, Jussieu, avril 1992) (8). Quant au trou d’ozone, H. Hourcade (CETI) signalait dans l’Appel de Heidelberg qu’il s’inscrivait dans la courbe des évolutions naturelles depuis 1950 (figure 2).

[Photo : Schéma prophétique des filières de valorisation de la biomasse (d’après Pr P. Düvingeand, Université de Bruxelles, 1977)]

(4) Rappelons rapidement les faits : en 1976, l’emballement d’un réacteur chimique préparant du trichloro-2,4,5-phénol à l’usine ICMESA du groupe Givaudan-Hoffmann-La Roche à Seveso (Lombardie) provoqua l’émission d’un nuage de micro-cristaux toxiques contenant du trichlorophénate de sodium et de la dioxine TCDD (200 à 250 g de dioxine dans 30 à 300 kg de produit). La pollution atmosphérique qui s’ensuivit provoqua la contamination de 1 800 ha, l’évacuation de 739 familles, la mort de nombreux animaux et 187 cas de chloracné chez les humains (hyperkératose folliculaire, éruptions cutanées). Les toxicologues s’accordent à penser qu’il est encore prématuré d’établir un bilan des effets éventuellement cancérigènes, tératogènes et génotoxiques de la dioxine TCDD de Seveso sur l’espèce humaine avant un délai épidémiologique de 20 à 30 ans.

(5) Le DDT, dichlorodiphényltrichloroéthane, fait partie de la famille des pesticides organochlorés qui sont des produits phytosanitaires liposolubles, rémanents et toxiques. Si le DDT, devenu « in », a pu être accusé d’entraîner des traces tumorogènes chez le rat (Devlin – 113), certaines études épidémiologiques chez l’homme conduisent à relativiser les risques, pour peu que les doses soient maîtrisées. La valeur limite de concentration admise par l’ACGIH pour ce composé est fixée à une TLV de 0,1 à 1 mg/m³.

(6) On sait que le rayonnement dans le spectre infrarouge est absorbé par les gaz mineurs de l’atmosphère, c’est-à-dire CO₂, H₂O, N₂O… Mais, contrairement à l’hypothèse d’un effet de serre amplifié, les modèles de circulation générale aboutissent à des conclusions nuancées : si la teneur en gaz carbonique devait passer de 370 ppm à 550 ppm au cours du prochain siècle, la hausse de température de la basse atmosphère resterait, selon les estimations, comprise entre 1,5 et 5 °C, le niveau de la mer s’élevant par dilatation thermique des océans de 20 à 165 cm (Laboratoire OMM, Colloque « Bois-Biomasse », AFME-ATTE, octobre 1991). Mais ce scénario-catastrophe est loin d’être prouvé, compte tenu du rôle d’écran que jouent les aérosols volcaniques, dont l’activité, par absorption de l’ultraviolet B, conduit à un refroidissement global de 1 à 3 °C.

(7) Les polluants anthropogéniques tels les CFC catalysent l’augmentation du chlore stratosphérique, mais l’arrêt progressif de leur production devrait stabiliser, puis réduire, l’ampleur du phénomène.

(8) Voir à ce sujet le « Dossier de l’homme préhistorien sanitaire », Y. Lenoir, Éd. La Découverte, 1992.

(9) Introduction à une Histoire naturelle, C. Allègre, Éd. Fayard, 1992.

Critique de l’appel de Heidelberg

Ce manifeste des 264 (où l’on ne retrouve pas la signature d’un Commandant Cousteau ou d’un Pr Ramade) appelle de nombreuses remarques.

Sur le fond, d’abord : le thème développé, « l’homme a toujours progressé en mettant la nature à son service et non l’inverse », est inacceptable avec les connaissances acquises sur les écosystèmes dont l’espèce humaine figure comme un élément dépendant de la biosphère. Faut-il répéter qu’elle s’effondrerait par suite des altérations explicites de son support naturel, la nature ? Or, aujourd’hui, l’Appel de Heidelberg s’inscrit dans la même veine que les interprétations catastrophistes des données de la NASA ayant pour but de falsifier, profitant à la firme du Point de vue des polluants anthropogéniques.

« Quiconque un jour pourra dire : on est monté à cinq tonnes de ce qui ne nous tombe pas sur la tête. » R. Maud et P. E. Schaubern, « L’Écho », 1992.

(9) La revue « Croissance » publie un panel moral intéressant sur l’état de santé de la planète à travers huit cartes illustrant les thèmes : sols, forêts, biodiversité, océans, gaz-épisodes, énergie et déchets, Malsherbes Publications.

[Photo : Schémas-types de conversion de la BLC, biomasse lignocellulosique, via vapocraquage (d'après CERMAV du CNRS 1991).]

Le vapocraquage est un mode de prétraitement de grand avenir, tant du point de vue technique qu'économique.

Ce traitement permet l'hydrolyse des hémicelluloses avec solubilisation dans l'eau, l'hydrolyse de la lignine solubilisable en milieu solvant organique ou alcalin, et le maintien d'un degré de polymérisation significatif de la cellulose qui devient très accessible à l'hydrolyse enzymatique.

Les applications :

  • Fermentation (protéines, alcools, antibiotiques, biopolymères, ...).
  • Valorisation chimique des sucres en C5 et C6.
  • Alimentation du bétail.
  • Valorisation des polymères (cellulose, lignine).

La déforestation, l'érosion, l'appauvrissement des sols, les déchets, la pollution et les nuisances (J.-P. Deléage, Université Paris VII, revue « Sciences et Avenir », n° 89).

Autre affirmation abusive : « La science, la technologie et l'industrie... permettront à l'humanité de venir à bout des fléaux tels que la surpopulation, la faim et les pandémies », alors que la disparité du niveau de vie entre les pays n'a jamais été aussi flagrante. L'émergence des sociétés industrielles s'est accompagnée, et c'est dramatique, d'un accroissement des disparités, en termes de consommation de ressources entre communautés (au XVIIᵉ siècle, écart du simple au double — dans les années 50, écart de 1 à 30 — aujourd'hui, de 1 à 100).

Sur la forme, aussi : ce texte ne renferme aucune interrogation sur la science, et encore moins sur l'entité science-technique-industrie. Plein d'assurance, voire d'arrogance, il parle au nom de la raison, se voulant rationaliste. Il exige un acte de foi dans la certitude d'un bonheur acquis par le progrès scientifique, technique et industriel (E. Morin, revue « L’Express », 5 novembre 1992). La certitude de posséder la seule vérité universellement reconnue, déterminant l'action vers le « bien de l'humanité » et une « vie meilleure », lui donne le ton d'une encyclique (B. Charbonneau, revue « Préventique » n° 46, septembre 1992). Justement, s'il y a aujourd'hui une mise en doute extrêmement forte de la science dans notre société, une crise de confiance, c'est que, pendant longtemps, il y a eu des réponses un peu méprisantes et un peu trop sûres d'elles de la part de la communauté scientifique, attitude néfaste qui alimentait une vision naïve de la capacité de la science à induire des effets positifs pour toute la société. Ainsi pour la politique énergétique en France, le choix de l'atome n’a pas été fait par les instances parlementaires mais par celles du nucléaire (J.-P. Deléage, revue « Sciences et Avenir », n° 89). Malgré son but louable d'appeler à la vigilance contre certaines dérives écologiques, l'appel de Heidelberg dénote d'une opposition manichéenne entre les critères scientifiques d'un côté (« objectifs d'une écologie scientifique axée sur la prise en compte, le contrôle et la préservation des ressources ») et les préjugés irrationnels de l'autre (« émergence d'une idéologie irrationnelle qui s'oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social »), et de ce fait ne prend pas en compte la nécessité de gérer les aléas scientifiques face aux problèmes d'environnement (O. Herz, ADEME, Journée d’études CITEPA, 8 décembre 1992).

Le pire n’est jamais certain mais si l'on attend la démonstration impeccable de la mise en évidence d'un dommage irréversible aux équilibres biogéochimiques, le retard devient criminel. Toutes les hypothèses doivent avoir droit de cité pour que s’instaure un utile débat et que la recherche soit meilleure conseillère que la peur ou le diktat.

Recours à la Biomasse (11)

Au récent Forum Biomasse organisé par l'Association Française pour la Biomasse (11) le terme de biomasse désigne au sens large l'ensemble de la matière vivante d'un biosystème. Dans son acception courante, ce concept s'applique aux produits végétaux et animaux valorisables et utilisables à des fins énergétiques ou agronomiques ou encore agrochimiques.

(12), chacun prenait bon gré mal gré un bon bain vert qui le ressourçait au patrimoine des produits naturels et renouvelables. Si, dans un premier temps exploratoire, on a cherché à récupérer les sous-produits, rémanents forestiers, déchets du travail du bois (sciures, écorces), déjections animales (fumiers, lisiers), effluents des industries agro-alimentaires (conserverie, sucrerie), on en vient maintenant à envisager des cultures énergétiques, comme par exemple les TCR (taillis à croissance rapide) pour approvisionner les papeteries (bois de trituration) ou les chaufferies, ou encore des plantes alcooligènes et des huiles végétales pour fabriquer des biocarburants ou des biopolymères (figure 3).

Au plan national, le gisement potentiel de biomasse qu'il serait possible de dégager rapidement s'élève à 21,3 Mtep (bois non utilisé : 6 – déchets de bois : 3,2 – fumiers et déjections animales : 3,2 – pailles disponibles : 2,5 – déchets de maïs : 1,8 – paille oléagineux : 1,8 – sarments de vigne : 1,0 – déchets urbains : 1,8). Le bois-énergie représente en France 9,2 Mtep, soit près de 5 % de la consommation totale d'énergie primaire ou encore l'équivalent de 10 tranches de centrale nucléaire. Des réalisations exemplaires de chaufferies au bois françaises illustrent l'intérêt lié à ce gisement encore mal exploité (Landes, Aveyron, Marne), avec l’essor des techniques d’hydroaccumulation et de cogénération. Tant il est vrai que la monoculture énergétique nucléaire, et les investissements massifs qui lui sont associés, ont laissé jusqu’à présent peu de place à des opérations de diversification rendues marginales. Par ailleurs, la plate-forme de Soustons, qui préfigure la « raffinerie verte », conçue pour la mise au point à grande échelle de procédés performants de production de carburants à partir de biomasse lignocellulosique, a permis l'acquisition d'une maîtrise de portée internationale en traitement de biomasse (D. Ballerini, IFP Technip revue « Biofutur », juin 1992) (figure 4).

Notre environnement, et ses multiples richesses, sa diversité, est sans conteste le bien le plus précieux légué par nos ancêtres puisqu'il rassemble à la fois ce qui nous permet de vivre sur notre planète, ce qui nous émerveille, ce qui est la source de toute palpitation de notre vie, de notre développement physique et mental. Gageons que nos successeurs ne puissent dire la même chose ! (V. Derkenne, Comité Français pour l'Environnement, La Lettre de la Fondation ELF, n° 5, novembre 1992).

(12) Forum « La Biomasse : des opérations réussies – Productions et utilisations en Europe », des 19 et 20 janvier 1993, au Sénat, Palais du Luxembourg à Paris.

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