Your browser does not support JavaScript!

Eco Job

30 septembre 1992 Paru dans le N°157 à la page 38 ( mots)
Rédigé par : Michel MAES

Green Boys

Le plus beau des métiers du monde !... dit-on de la profession qu'on exerce avec passion et talent. La lutte pour une planète propre correspond bien à cet idéal : adapter les activités de l'homme au « contrat naturel »*. Les modifications importantes et souvent irréversibles de notre environnement sont la conséquence du formidable essor technologique et économique de nos sociétés intervenu depuis les années cinquante. Notre espèce violente le mouvement général de la nature (J.-P. Delage, Université Paris VII, « Guide de Formations et Métiers de l’Environnement », 1990), soit, modérons-la. L’objectif est superbe. L’Eco-Job, c'est beau, c’est noble et c’est émouvant. Mais est-il justement rétribué ? Avec la montée des préoccupations environnementales de toute sorte, avec les secousses enregistrées sur l’échiquier politique aux élections européennes et municipales de 1989 puis régionales de 1992, avec la course effrénée des industries pour obtenir le label vert, les annonces d'emploi se multiplient. Aujourd’hui, le secteur de l’Environnement, aux frontières incertaines, recouvrerait, estime-t-on au ministère de l’Environnement, environ 350 000 emplois. Les « green boys » qui représentent actuellement 1,6 % de la population active, n’occuperaient encore que 1,9 % des emplois français en l'an 2000. Mais a-t-on bien cerné la profession ? Certainement pas. L’annuaire des Eco-Jobs est grand ouvert, en train de s‘écrire, ligne après ligne, au jour le jour. Alors que les listings figés des professions de l’Environnement sont loin d’être exhaustifs et ne mentionnent que les activités bien établies dans le domaine du traitement de l’eau, de l’air, des déchets, de l’énergie et des risques. D’ailleurs, toutes les facs rivalisent pour créer des cursus verts, souvent inadaptés au marché de l'emploi (F. Donzel, Ministère de l’Environnement, revue L’Express, 5 septembre 1991).

Mais attention ! Il y a des « petits boulots sympas » à la carte et des grandes carrières au menu, pour tous les goûts. En feuilletant la chronique du temps passé, on s’aperçoit que les métiers de l’Environnement ont toujours connu cette disparité. Évoquons un instant l’origine de la récupération des matériaux. À partir du XIXᵉ siècle, dans le monde pittoresque des biffins (de biffe : grosse étoffe rayée), une hiérarchie s’affirme déjà : au bas de l'échelle, le « coureur » ou « crocheteur » qui, armé de sa hotte et de son crochet, sillonne les rues. Il constitue le prolétariat de la « chine ». Il recueille le tout-venant dans les tas d’immondices qui s’accumulent dans les rues, os pour la colle, croûtes de pain pour la chapelure, rares métaux et verres pour l'industrie, mais surtout chiffons de coton, lin et laine pour l’administration militaire et l’industrie mécanique lourde (280 kt/an vers 1900). Le « placier » passe pour un bourgeois affranchi. De mèche avec les concierges, il bénéficie d’emplacements privilégiés de travail qu'il vendra à son successeur. Mais l’aristocrate, c'est le « maître biffin » qui, installé derrière les « fortifs », rassemble les produits par catégories, les négocie et les revend astucieusement (F. Cuvillier, « Chiffons de papier », revue Service 2000 n° 94, 1990). De l’or dans les ordures ? L’orpailleur moderne ne va plus laver les alluvions aurifères du grand fleuve : il chine dans les poubelles ! Mais ce n’est qu'une belle image d’Épinal.

De nos jours, l’ancienne rivalité dans la corporation a fait place à la complémentarité. Dans le privé comme dans le public, la division du travail va s’accélérer avec au sommet des coordonnateurs rompus au « management vert » et à la base des techniciens plus qualifiés dans l’art de s'informer, d’enquêter, d’expertiser et de comprendre les besoins de l’Entreprise industrielle autrement qu’à travers une connaissance livresque des sciences fondamentales.

La nouvelle vague

Parmi les emplois administratifs, certaines « fonctions vertes » sont véritablement créées. D’autres sont seulement rafraîchies de vert tendre, au goût du jour (figure 1). On peut, par exemple, trouver affectation aux 13 400 ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique) du paysage français, ou aux nombreux plans d’eaux en péril. C’est d’ailleurs le créneau de l’eau qui a le plus contribué à fournir des emplois dans l’Environnement : 46,4 % du total des emplois se répartissent à égalité entre l’adduction et l’assainissement-épuration. C’est encore l'eau, élément essentiel, qui mobilise la majeure partie des moyens financiers consacrés à l'Environnement, et à hauteur de 80 % des dépenses publiques. Mais la pression écologique va porter sur un autre vecteur : les déchets. Dans une conjoncture en forte croissance, en France comme en Europe, c'est indéniablement le créneau des déchets auquel les administrations, les industries et les ménages vont consacrer le plus d’efforts, d'ici dix ans (BIPE Conseil, « Note de conjoncture des activités liées aux déchets », mars 1991).

L’Environnement devient un marché, après avoir été un hobby, pour ne pas dire un sacerdoce (J.-L. Chemin, O & E, revue L'Environnement n° 1499, 1991). Deux motifs principaux préludent à cette ouverture du marché : la communication et la législation.

* « Le contrat naturel » (Éditions François Bourin, 27, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris) de Michel Serres, de l'Académie française, professeur de philosophie à l'Université de Stanford (USA).

  • Ouvrier de propreté : ancien balayeur, plus mécanisé.
  • Éboueur ripeur : chargé de la collecte des OM par bacs roulants, dans les cités immobilières.
  • Éboueur des cimes : voué au ramassage des déchets de montagne, matériel d’escalade, résidus de station de ski.
  • Éboueur des mers : ayant pour tâche le nettoyage des fonds marins le long du littoral.
  • Garde de dunes : chargé de la surveillance et de l’entretien des sites sensibles dunaires.
  • Garde-rivière : surveillant hydrologique, piscicole et touristique des cours d’eau.
  • Garde-nature ou technicien de ZNIEFF : acteur d’inventaire et de typologie des ZNIEFF, zones marines et côtières, zones humides intérieures et zones terrestres.
  • Paysagiste : entrepreneur de jardin, horticulteur, aménageur, mais aussi architecte pour l’embellissement des plates-formes industrielles de ZI péri-urbaine.
  • Ramasseur-classeur : gestionnaire des stocks de déchets triés sélectivement.
  • Inspecteur de la propreté : responsable du « look » industriel, de l’hygiène et de la salubrité des milieux de travail.
  • Gardien de déchetterie : gérant des déchetteries des collectivités locales.
  • Directeur de station d’épuration : responsable du traitement des eaux résiduaires municipales ou industrielles.
  • Chef d’exploitation d’UIOM : responsable de l’incinération des ordures ménagères en unité de traitement.
  • Éco-conseiller : consultant envers les collectivités locales et territoriales, la vie associative, les PME/PMI pour concilier le développement économique et la préservation du milieu de vie.
  • Inspecteur des installations classées et Inspecteur du travail, personnel des Agences de bassins, de l’Ademe, de la DASS, de l’INRA, du Cemagref, BRGM, SRAE, INERIS, LNE, etc., pour mémoire.

Fig. 1 : Quelques éco-activités proposées par l’Administration.

1. Indicateurs significatifs

Population Densité PIB/hab. Motorisation Émission de CO₂ Importance de l’environnement
Pays (1 000 hab.) 1990 (hab./km²) 1987 (ECU/hab.) (véh./100 hab.) (Mt C) en 1987 (%)
CEE 324 372 146 7 860 73 736
USA 249 200 27 9 721 58 1 214
Allemagne (RFA) 60 500 243 10 579 49 201 86
Italie 57 300 190 6 605 46 101 85
Royaume-Uni 56 900 232 7 940 38 160 83
France 56 200 102 9 654 41 100 56
Espagne 39 300 78 4 584 29 50 37
Pays-Bas 14 800 363 9 048 36 44 88
Portugal 10 300 112 2 018 18 8 9
Grèce 10 000 76 3 128 31 16 10
Belgique 9 900 324 9 265 37 29 25
Danemark 5 100 118 10 841 32 17 92
Irlande 3 700 53 4 524 21 8 25
Luxembourg 376 144 10 833 2

Source : OCDE, Eurostat. N. B. : % de personnes considérant la protection de l’environnement comme un problème urgent nécessitant des mesures immédiates. 1991.

2. Marché de l’environnement

Pays Marchés de l’environnement 1987 (%) 1993 (%) 2000 (%) Marchés de l’environnement 1987 (Md F) 1993 (Md F) 2000 (Md F)
CEE 100 100 100 276 384 520
Allemagne (RFA) 36 39 37 100 150 192
France 19 17 17 54 65 88
Royaume-Uni 17 16 17 48 62 88
Italie 11 12 14 32 46 73
Autres 9 7 6 20 27 31
Pays-Bas 5 5 4 14 19 21
Espagne 3 4 5 8 15 26

Source : BIPE.

Fig. 2 : L’environnement en Europe : paramètres et marchés (d’après OCDE et BIPE, 1991).

Côté « Psy »

La demande en formation, en éducation, en sensibilisation à l’environnement, à l’écologie du milieu urbain et industriel est très importante à tous les niveaux de contact (élus, ingénieurs et techniciens municipaux, ingénieurs du génie urbain, associations, habitants et usagers, scolaires et étudiants, techniciens de maintenance et de fabrication, comités d’entreprise des usines...). Il ne s’agit pas de créer un nouveau corps de scientifiques, mais des négociateurs, des citoyens porteurs de bons offices, avec un bon carnet d’adresses, possédant aussi les méthodes d’approche du milieu et la volonté de « faire » écologiquement pour le bien de tous (F. Lapoix, Expert MAB/UNESCO, Colloque « Expériences locales & Politique globale de l’Environnement », octobre 1990).

Dans le secteur privé, il est enfin décidé de délier la « langue de bois », avec la création des missions de communication aux médias, quand ce n’est pas la mise en place d’un service entier, un département d’informations à usage externe. Car nucléaire et chimie ont mauvaise presse. Les maîtres de ces grandes disciplines ont souvent négligé d’expliquer convenablement leur point de vue, craignant quelque divulgation de leurs secrets de fabrication ou de fonctionnement. Malgré les incitations constantes à la transparence, le « secret des affaires » est une raison traditionnellement trop invoquée. Mutisme et affabulation ne sont plus de mise. Explications trop techniques, commentaires confus, affirmations se voulant rassurantes ou exagérations engendrant l’inquiétude, ont trop fréquemment marqué les communiqués, interviews et conférences de presse. Il est grand temps de favoriser le dialogue.

Côté « Droit »

Dans cet appel de Green Boys, juristes, sociologues, économistes sont largement sollicités. Il s’abat sur l’entreprise une pluie diluvienne de textes rébarbatifs, et le droit de l’environnement constitue un très épais dossier. En ce qui concerne seulement la stratégie communautaire, c’est aujourd’hui 170 directives (dont 70 de base) qui traitent du droit de la pollution de l’air, des eaux, des déchets, du bruit, des risques industriels, des produits chimiques et de la protection de la nature ! Véritables règlements administratifs que ces 170 directives qui font face à quelque 90 lois et 800 décrets.

Le renforcement de la législation sous la pression de l’Europe et le développement d’un « marketing vert » font, d’ores et déjà, du respect de l’écologie une arme de la concurrence entre les grands groupes, voire un véritable enjeu de stratégie industrielle (B. Heinz, Dr. Ecobilan, revue L’Express, 5 septembre 1991). Dans le but de faire valoir le « sans » plomb pour l’essence et les peintures, le « sans » phosphate pour les lessives, le « sans » mercure pour les piles, le « sans » CFC pour les aérosols, le « sans » dioxine pour les couches-culottes... D’urgence, il faut des juristes d’entreprise. Ces « loups blancs » recherchés par les cabinets d’avocats et les services du contentieux des sociétés industrielles polluantes.

  • — Groupe 1 : Pays très avancés : Japon, RFA, USA et pays d'Europe du Nord.
  • — Groupe 2 : Pays avancés : autres pays de la CEE, dont l'Espagne et la France.
  • — Groupe 3 : NPI avancés : les quatre « Dragons Asiatiques » : Corée, Taiwan, Hong-Kong et Singapour.
  • — Groupe 4 : Nouvelles démocraties de l'Est, ex-pays satellites de l'ex-URSS : Pologne, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie.
  • — Groupe 5 : Pays du Maghreb et du Moyen-Orient.
  • — Groupe 6 : Grands pays en développement et autres NPI avancés : Inde, Chine, Indonésie, Malaisie et Thaïlande.
  • — Groupe 7 : Pays d’Amérique latine.
  • — Groupe 8 : autres PVD.
  • Segment 1 : Études et conseil (marché, stratégie, …).
  • Segment 2 : Études d'impacts, Audit, Expertise, Prévention des Risques Naturels et Industriels.
  • Segment 3 : Géographie et Gestion des Milieux Naturels.
  • Segment 4 : Approche globale Environnement et Génie Écologique.
  • Segment 5 : Ingénierie de laboratoires de mesures, contrôles, tests, etc.
  • Segment 6 : Ingénierie du traitement des déchets urbains et industriels.
  • Segment 7 : Ingénierie du traitement des eaux urbaines résiduaires et industrielles.
  • Segment 8 : Ingénierie de la dépollution/décontamination des sols (dont sols radioactifs).
  • Segment 9 : Ingénierie du traitement de l'air, des fumées, des COV et autres pollutions gazeuses.
  • Segment 10 : Ingénierie du traitement des bruits.
  • Segment 11 : Ingénierie des technologies propres dans l'industrie.
  • Segment 12 : Ingénierie du traitement des problèmes de changements climatiques et de protection de la couche d'ozone.
[Photo : Réceptivité de l'offre française dans le marché mondial de l’Environnement (d’après SRI International, Colloque « Ingénierie et Technologies de l'Environnement », mars 1992).]

L'ingénierie écologique

Le secteur de l'ingénierie professionnelle, constitué de 1 800 sociétés françaises et 58 000 personnes, connaît une croissance remarquable (de 5 à 12 %/an) et réalise une facturation d'études de 33 GF (milliards de francs) en 1989. Notons que seule la Fédération Nationale des Déchets et de l'Environnement (FNADE), réunissant 195 entreprises représentant un effectif de 15 000 personnes, traite la moitié du chiffre d'affaires de l'industrie française du déchet, avec 6 GF pour la même période. Si l'ingénierie française a la réputation justifiée d'être exportatrice et de se situer au 3ᵉ rang international, par contre l'ingénierie de l'Environnement occupe une place encore bien modeste alors qu'elle se trouve directement concernée par la pression législative et fiscale évoquée précédemment (figure 2).

Conscient de ce besoin profond de promouvoir et valoriser l'ingénierie française de l'Environnement, le Ministère de l'Industrie et du Commerce Extérieur proposait récemment un colloque « Ingénierie et Technologies de l'Environnement », particulièrement instructif*. En ce qui concerne la contribution de SRI International à ce colloque, l'opportunité de l'offre française à couvrir les besoins environnementaux y était analysée selon 12 segments porteurs d'activités bien différenciés et huit types de pays regroupés par niveau économique (figure 3). Chacun de ces segments est significatif de la croissance de l'ingénierie française (figure 4). Voilà une innovation fructueuse dans le recensement des divers créneaux d'activités que présente l’Environnement ! De plus, une sélection de technologies performantes, susceptible de gagner des marchés à l'exportation et de consolider le marché national, est définie comme répondant aux critères stratégiques suivants :

  • • émergence : technique en phase évolutive,
  • • importance : incidence économique en CA potentiel,
  • • criticité : technique prouvant un caractère incontournable dans les procédés en vigueur, leur non-maîtrise pouvant mettre hors-jeu les acteurs (ingénierie et équipementiers)**.

Selon cette grille, SRI International a retenu : tri sélectif, réemploi des matières plastiques, systèmes-experts pour la prévention des risques technologiques, détection et surveillance par Lidar, production de froid sans CFC, technologies de concentration, incinération par torche à plasma, traitement des effluents liquides par membranes, télégestion des stations d'épuration, générateurs d'ozone, traitement des effluents gazeux par biofiltres et décontamination des sols.

Démarche parallèle que suit le BIPE Conseil avec autant de bonheur, qui, sur la demande de l'Observatoire National des Déchets (OND) de l’ADEME, évalue la conjoncture des activités liées aux déchets, récupération des matières premières secondaires, collecte des ordures ménagères et traitement des déchets.

Récupération des matières premières secondaires

Cette industrie est de loin la première activité éco-industrielle en France, puisqu'avec un taux de croissance de 8 à 10 % par an, elle génère 23 600 emplois, dans 4 800 entreprises, un CA de quelque 32 GF et des investissements de plus de 1 200 GF. La récupération, qui assure 30 % des approvisionnements en matières premières non énergétiques de l'industrie française, reste dépendante du mode de collecte. Traditionnellement assumée par les chiffonniers et ferrailleurs, l'activité de la collecte se modernise et devient un instrument de la politique de l'Environnement. Pour les métaux, le broyage-déchiquetage-séparation, assuré par 34 unités, permet d'obtenir une ferraille de qualité destinée aux fonderies et aciéries. Bulletin de santé ? La Compagnie Française des Ferrailles (CFF) a plus que doublé son CA entre 1987 et 1989. Pour les matières plastiques, le faible taux actuel de récupération des matières plastiques, voisin de 5 %, catapulte cette opération en tête des marchés prévisionnels de l'éco-industrie pour les années immédiates. Le marché de la récupération des FCR (fibres cellulosiques de récupération de vieux papiers), particulièrement dynamique, devrait également progresser dans un contexte difficile. Ce secteur regroupe 1 500 entreprises, dont des grands

* Colloque organisé par APOCOPE, animé principalement par SRI International et les sociétés d'ingénierie, Paris, 17 mars 1992.

** « Douze technologies pour l'avenir de l’Environnement », Ministère de l'Industrie et du Commerce Extérieur, SRI International, 1992, Éd. Société Alpine de Publications SAP, 7, chemin de Gordes, 38100 Grenoble.

Segment 1 :

Exemples SRI International, MacKinsey, ADL, BIPE, Ecobilan et beaucoup de petites sociétés

Observations Ce segment est encore peu mûr en France, contrairement à des pays tels que les USA où la plupart des groupes industriels font appel aux sociétés de conseil pour définir leur stratégie dans un domaine considéré comme prioritaire et sensible.

Segment 2 :

Exemples Les sociétés d'ingénierie généralistes et spécialistes, les sociétés d'ingénierie conseils (SAFEGE, Gaudriot, …), institutions institutionnels (INERIS, …), des experts indépendants

Observations Segment mûr pour sa partie constat d'impact ou expertise, en pleine émergence pour sa partie Audit qui attire beaucoup d'acteurs, y compris de nouveaux entrants tels que les cabinets d’audit financier.

Segment 3 :

Exemples Quelques institutionnels (BRGM, IGN), quelques sociétés d'ingénierie généralistes et d'ingénieurs-conseils (Safege, …)

Observations Ce segment encore émergent doit connaître un réel développement dans la mesure où il est en amont de nombreuses études préalables, et est en outre conforme à l'esprit d'inventaire qui prévaut aujourd'hui dans les collectivités locales.

Segment 4 :

Exemples Associations constituées d'acteurs des familles 2, 3, et d'experts en génie écologique ou institutionnels

Observations Segment émergent partout dans le monde, encore plus en France. Peut cependant connaître un développement significatif avec la pression « écologiste ».

Segment 5 :

Exemples Fournisseurs d'équipements de mesures et de contrôles, sociétés d'ingénierie généralistes, intégrateurs de systèmes informatiques

Observations Une étude sur le marché de l'instrumentation est en cours. Ce marché peut connaître une croissance significative du fait des directives en cours de préparation. L’ingénierie est importante dans le relatif.

Segment 6 :

Exemples Filiales spécialisées de la Générale des Eaux, Lyonnaise des Eaux, Saur, … Ingénieries généralistes

Observations Différentes sociétés d'ingénierie généralistes ou spécialistes, d'ingénieurs-conseils.

Segment 7 :

Exemples Essentiellement filiales de Générale des Eaux, Lyonnaise des Eaux, SAUR, mais aussi de nombreuses sociétés d'ingénieurs-conseils régionales pour les études préalables

Observations Les nouvelles directives (CEE, nationales) vont tirer ce marché pour les années à venir. Le sous-segment des eaux pluviales pourrait connaître un développement très important. Les développements technologiques en cours y joueront un rôle stratégique.

Segment 8 :

Exemples Filiales (plus ou moins spécialisées) de groupes de BTP et d'environnement (GE, Lyonnaise, …)

Observations Marché français émergent et très en retard par rapport aux autres pays développés et plus particulièrement les pays du Nord de l'Europe et les USA. Gros effort de développement technologique en RFA et aux USA.

Segment 9 :

Exemples Équipementiers (NEU, Flakt, …) et sociétés d'ingénierie spécialisées (SGN, …)

Observations Marché pour l'instant réservé au traitement des fumées et des atmosphères industrialisées spécifiques (mines, nucléaire, …) mais encore attirant en France.

Segment 10 :

Exemples Sociétés spécialisées dans le traitement du bruit, plus ou moins intégrées aux grands du BTP

Observations Marché analogue à celui des technologies propres (solution à la source).

Segment 11 :

Exemples Ingénieries de process (Technip, Sofresid), ingénierie interne des grands groupes industriels : Pechiney, Pétrole, … avec l'appui d'ingénierie très spécialisée

Observations La directive en préparation sur l’audit de risque met en effet un grand nombre de PME en stratégie de hiérarchiser les interventions et de négocier avec l'Administration.

Segment 12 :

Exemples Sociétés ou organismes membres de la famille des institutionnels (EDF, CEA, Ademe, …)

Observations Segment en forte progression du fait des obligations impliquant une simultanéité de récupération, recyclage et traitement thermique avec ou sans récupération d'énergie.

Observations récentes en France (cf. rapport Martin)

USA et Japon : volonté de leadership

Rôle accru de l'ONU à travers IPCC.

[Photo : Fig. 4 : Principaux acteurs français dans les segments porteurs de l’Environnement (d’après SRI International, Colloque « Ingénierie et Technologie de l'Environnement », mars 1992).]

noms, comme Lamort, CDI, Soulier, totalisant un effectif de près de 20 000 personnes pour un CA de 2,9 GF en collecte et 3,1 GF en consommation des usines (taux de croissance de 4 à 9 %/an). Quant au recyclage du calcin, verre usagé, il occasionne un CA de 13,5 GF que se partagent six sociétés, représentées par 23 usines réparties sur le territoire et occupant 22 700 personnes.

Collecte OM

Avec un marché de 6,3 GF, plus de 520 entreprises privées à côté des grandes entreprises nationales, SITA, CGEA, Nicollin, Grandjouan. Via leurs filiales, CGEA, SITA, la Générale des Eaux et la Lyonnaise des Eaux — spécialisés dans la distribution et l'assainissement de l'eau — ont opéré une intégration horizontale par rachats successifs, et sont à même de proposer aux collectivités des services allant de l'amont à l'aval de la filière déchet, ainsi que des prestations relatives à la propreté et l’entretien des voiries et réseaux divers. L’aménagement d'une déchetterie à proximité d'un pôle économique ou d’une ZI est de plus en plus fréquent (40 en 1984 contre 250 en 1990 et 1 000 bientôt), bien que les recettes ne couvrent que 10 % des frais engagés, les municipalités participant activement à leur fonctionnement dans un marché évalué à 300 MF. Par contre, celui des équipements de collecte connaît une forte croissance : 275 MF pour les sacs poubelle, 560 MF pour les bacs roulants et poubelles, 400 MF pour les conteneurs plastiques et métalliques, 180 MF pour les bennes à ordures.

Traitement des déchets

L'incinération, voie obligée, représente un marché de 1,3 GF pour les OM, qui se concrétise actuellement par 308 unités en service. L’offre est assurée par les filiales de la Générale des Eaux et de la Lyonnaise des Eaux : Dumez, Novergie, CGC, Montenay, SLEC, Cofreth, Esys, des constructeurs Streichenberger, Someth, Laurent Bouillet, INOR et la CISE, filiale de Saint-Gobain. Les équipementiers en fours et chaudières de récupération, Stein Industrie-CNIM, dégagent un marché de 175 MF, et ceux qui proposent des systèmes d'épuration des gaz un marché de 90 MF, avec Lab, Vicarb, SPAS, Inor, Neu, CNIM, Lurgi, Flakt, Sulzer et John Zinck.

Dans la gestion des décharges, on retrouve les grands noms de Générale des Eaux et Lyonnaise des Eaux-Dumez, par filiales interposées : SEMAT, SITA, France-Déchets et CISE-Sogea, sur 1 245 unités offrant un marché de 550 MF ; celui du compostage, plus réduit, à 76 unités, ne réalise que 200 MF. En ce qui concerne les déchets industriels, le marché des centres de regroupement et retraitement, dominé par Scori, en croissance de 10 à 15 %, vaut 200 MF. Le marché quasi monopolistique des CET pour 11 décharges de classe 1 représente 170 MF et est géré par France-Déchets. Les plateformes régionales fonctionnent pour 13 unités en traitement physico-chimique, dégageant un marché de 260 MF, et pour 11 unités en traitement par incinération occupant un marché de bonne croissance, qui représente 550 MF, avec pour acteurs Tredi et la Compagnie Générale des Eaux, via SARP, Sedibex et Solomat. L'incinération en cimenterie, qui se développe au taux de croissance de 20 à 25 % par an, couvre déjà un marché de 230 MF à lui seul. Enfin, tandis que les CA des géomembranes et de la régénération des solvants stagnent, les activités liées à la décontamination des sols et résorption des « points noirs » s'inscrivent dans l'actualité, avec des acteurs comme Tredi, SARP, EIF Ecologie ou GCA…

Voilà pourquoi l’Eco-Job n’est pas un petit travail obscur, dégradant et mal payé, mais bien une profession rémunératrice et pleine d'avenir !

Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements