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Eau potable : réduire les coûts à tous les niveaux

30 novembre 2011 Paru dans le N°346 à la page 83 ( mots)
Rédigé par : Christian GUYARD

La performance est un sujet majeur dans l'industrie et les services. Concernant la production et la distribution de l'eau potable, la première des économies est bien sûr le rendement du réseau puisque chaque mètre cube d'eau produit a consommé des kilowattheures qui partent en fumée du fait des fuites. Mais le rendement des pompes, des moteurs et la gestion du réseau peuvent aussi être optimisés. Entre une bonne gestion des ressources en eau et l'optimisation énergétique de la distribution, le potentiel de progression reste, aujourd'hui encore, considérable dans le domaine de l'eau potable.

[Photo : crédit Valda Zee]

Deux problèmes préoccupent le monde : l'énergie et la disponibilité en eau, dans un contexte où les investissements de long terme sont hasardeux, alors que la plupart des réseaux des pays développés doivent être renouvelés et qu'il faut créer ceux qui assureront la croissance des pays en développement. L'eau potable, même lorsqu’elle est abondante, ne doit pas être gaspillée. Prélèvement dans le milieu, traitement, distribution sont toujours affaire de pompage et génèrent donc une consommation d’énergie électrique : en Suisse, on estime que les réseaux d'eau potable consomment en moyenne 20 % de l’électricité consommée par les collectivités publiques. Le pompage de l'eau aux États-Unis représenterait de 3 à 5 % de la consommation électrique totale du pays. En Grande-Bretagne, l'industrie

[Photo : Tout mètre cube d'eau potable perdu constitue une double perte : en eau mais aussi en énergie.]

de l'eau consomme 200 M$ par an, équivalent à 4 400 GWh, dont 90 % sont dévolus au pompage. Globalement, dans le secteur de l'eau, l’énergie compte dans les coûts d'exploitation pour 34 % (essentiellement électricité), soit autant que le personnel et largement devant les produits chimiques (16 %). Une certitude : les coûts de l'énergie ne baisseront pas, la recherche de l'efficience énergétique est donc primordiale.

Encore faut-il gérer et planifier les investissements nécessaires en fonction du retour attendu.

Les fuites : une perte d’eau mais aussi d’énergie

Chaque mètre cube d’eau injecté dans le réseau représente une certaine quantité d’énergie, plus ou moins importante en fonction d’un certain nombre de critères dont la géographie locale. Tout mètre cube perdu constitue une double perte : en eau mais aussi en énergie. Ce que l'on appelle désormais l'efficacité énergétique commence donc par l’examen du réseau et de son rendement et par une traque permanente et sans merci des fuites qui apparaissent. Comptages, sectorisation, écoute acoustique sur les réseaux : aujourd'hui, les outils sont là pour établir des bilans précis de façon à avoir une bonne idée des rendements. Les compteurs eux-mêmes deviennent outils de diagnostics même sur de petits débits (voir encadré).

On sait aussi que le taux de fuites, et même de casses de conduites, est lié à la pression dans le réseau. D’où la mise en place de plus en plus fréquente d'outils destinés à gérer les pressions sur les réseaux en fonction des heures et des consommations constatées et prévisibles. La nécessité impérieuse d’économiser l’énergie est donc une question complexe, qui ne se limite pas à faire fonctionner une pompe correctement. Par extension, et compte tenu de la variabilité des tarifs de l’électricité, l’économie peut porter également sur le coût du pompage et pas seulement la consommation d’énergie en jouant sur les heures de pompage, en anticipant des consommations d’eau. Le réseau d’eau n’est donc plus seulement ce réseau de tuyaux et réservoirs que l’on connaissait auparavant. Il s’est peu à peu doublé d'un réseau d'informations qui doivent permettre.

[Encart : Intégrer très en amont la dimension énergétique SWAN Smart Water Networks est une initiative privée lancée en 2011 par sept sociétés du secteur de l'énergie et de l'eau. Selon Pascal Bonnefoi de Schneider Electric, membre fondateur, l’objectif est de populariser l'idée de réseaux intelligents, de susciter des échanges de données entre intervenants du secteur dans un esprit de partage de connaissances et d’associer de grands exploitants, même de fournir des cas d’application représentatifs de l'intérêt à penser le réseau d'eau potable aussi comme un réseau d’énergie et de données. Ceci pour aborder les clients distributeurs d'eau avec une approche plus coordonnée et donner une vision “système” à ce qui est encore trop regardé comme une somme de pompes, tuyaux et réservoirs. Il faut donc convaincre les exploitants de la pertinence de cette approche. Le travail en commun préconcurrentiel est important et peut déboucher sur des actions concertées vis-à-vis de l'établissement de standards (formats de données, protocoles de communication etc.). « L'idée est d'intégrer très en amont les préoccupations énergétiques à la vision encore très hydraulique des réseaux, y compris dans leur simulation » insiste Pascal Bonnefoi. Les logiciels de simulation actuels représentent bien le réseau des canalisations avec tous les problèmes de perte de charge, de vitesse etc. mais n’intègrent pas le paramètre énergie. Le premier événement important de Swan a été le colloque en mai 2011 à Paris qui a réuni une centaine de personnes représentant plus de 50 sociétés venant de 19 pays autour de 21 présentations industrielles sur des logiciels, des moyens et des réalisations en matière d’optimisation énergétique (voir EIN n° 342). Depuis, SWAN a été présent sur des colloques à Londres et Amsterdam. Quatre groupes de travail ont été formés sur l'interopérabilité des données et leur réemploi, l'économie des réseaux d'eau intelligents, les protocoles de communication et la connectivité, le management des flux, des pressions et de l'énergie. Swan a été fondé par Schneider Electric, TaKaDu, Telvent, Derceto, Echologics, i20, JD7. Parmi les sociétés membres de Swan, Ondeo Systems, créée en janvier 2009, reprend à son compte cette approche smart grid, élaborée au fil des ans pour tout ce qui touche au comptage, à la détection de fuites, au suivi des réseaux. Une surveillance qui sait aussi se concentrer sur les aspects sécuritaires (prévention du terrorisme biologique – projet ANR Vigiterreau – ou évaluation en temps réel des bromates et de la bactériologie – Projet Ozonor). http://www.swan-forum.com]
[Photo : Comptages, sectorisation, écoute acoustique sur les réseaux : aujourd'hui, les outils sont là pour établir des bilans précis.]
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[Photo : La supervision est devenue le pivot de toute stratégie d’optimisation des différentes étapes de traitement pour consommer moins d’énergie, moins de réactifs en raccourcissant les délais d'information et en gérant plusieurs réseaux, plusieurs sites, voire une région entière comptant plusieurs dizaines ou centaines de sites.]

de le piloter au mieux pour assurer un service de qualité au moindre coût avec un impératif absolu : la sécurité et la continuité d’approvisionnement.

Vers des réseaux d’eau potable intelligents

C’est ainsi qu’émerge la notion de réseau intelligent (smart grid) déjà popularisée pour ce qui concerne l’énergie électrique avec l’arrivée des énergies alternatives et qui se propage désormais dans le domaine de l'eau potable.

Dans le secteur énergétique, les opérations de rachats de sociétés récents montrent à quel point l’enjeu de la maîtrise de l’énergie prend de l'importance et façonne les stratégies industrielles. C’est ainsi que Schneider Electric a racheté récemment Telvent et 7 Technologies (logiciel Aquis) spécialisées dans la télégestion, la modélisation de réseaux. Pascal Bonnefoi, Directeur Solutions performantes dans le domaine de l'eau chez Schneider Electric, le confirme : « la tendance en eau potable est de combiner de plus en plus la gestion de l’énergie et la gestion du procédé ». Une problématique qui s’organise entre les acteurs du monde entier : un exemple avec la création de l'association SWAN (Smart Water Networks) cette année dont la première manifestation s'est tenue à Paris mi-mai au siège de Schneider Electric.

Les réseaux représentent des investissements lourds, marqués par une longue durée de vie des équipements mais aussi un

[Encart : Variateurs de vitesse : des économies significatives L’économie d’énergie potentielle réalisable via l’utilisation de variateurs de vitesse est significativement plus élevée que ce qui peut être obtenu en utilisant des moteurs à hauts rendements. Parce que dès lors qu'un variateur est utilisé, seule l'énergie dont le process a besoin est prélevée sur le réseau, sans nécessité d’apport d’énergie supplémentaire, à l'inverse de certains mécanismes de contrôle. Les plus grandes économies sont observées dans les applications de pompage et de ventilation. Nicolas Birre, Responsable marchés chez Vacon France résume : « En France et dans le monde, la plupart des installations de pompage et de ventilation sont surdimensionnées par rapport aux besoins réels, le besoin moyen est non pas de 100 % mais peut-être de 50 à 80 % et nous savons que 20 % de vitesse en moins est égal à 50 % de puissance en moins ». Les systèmes sont conçus pour supporter une charge maximale définie. Dans le cas d'un système de pompe, par exemple, une certaine pression doit être maintenue même lorsque tous les postes de consommation consomment du liquide en même temps. En réalité, cette situation se produit rarement et le système est étranglé vers le bas pour les besoins réels. Utiliser les variateurs pour contrôler le process réduit significativement l'énergie nécessaire à charge partielle. « Si les besoins de l'application ne sont qu’à 90 % du potentiel maximum, soit une baisse de la “demande” relativement faible, l’énergie nécessaire tombera à 73 %, une réduction significative, grâce à la variation de vitesse » explique-t-on chez Vacon. Des économies semblables mais de moindre mesure sont possibles avec d'autres types de charges. Dans un compresseur, par exemple, l'exigence de la puissance diminue linéairement avec la vitesse, donc une charge de 90 % signifie une exigence de puissance de 90 %.]
[Encart : Les moteurs : des avancées constantes Les moteurs électriques utilisent différentes technologies plus ou moins adaptées à certaines applications. Le secteur de l'eau est particulièrement exigeant en pompage et les moteurs se comptent par centaines, voire par milliers sur les gros réseaux ou chez les gros exploitants. Pour simplifier leur entretien, certaines sociétés passent des accords globaux avec des fournisseurs privilégiés comme on a pu le voir de la part des grandes sociétés de l’eau en France. Au niveau européen, des normes d’éco-conception s'appliquent aux moteurs électriques. Aujourd’hui, la norme internationale CEI 60034-30 distingue trois classes : IE1 rendement standard, IE2 haut rendement et IE3 rendement premium. Mais les constructeurs ne s’arrêtent pas là et proposent dès maintenant des moteurs ayant une efficacité supérieure correspondant au futur niveau IE4. Ce sont des moteurs synchrones à réluctance variable. À la foire de Hanovre, ABB présentait une nouvelle gamme de moteurs de 11 à 200 kW basés sur ce principe. Grundfos, qui produit lui-même une partie de ces moteurs, fournit aussi des moteurs à haut rendement énergétique qui sont identifiables sous la dénomination BlueFlux®. KSB, au travers de sa filiale italienne Itaco/Reel, propose aussi de tels moteurs. Outre le fait qu'ils sont plus efficaces, leur densité de puissance est plus élevée que des moteurs classiques, ils sont donc moins lourds. Ce qui a aussi son importance dans les opérations de maintenance. Ce type de moteur doit obligatoirement être piloté par un variateur de vitesse. Pour KSB la solution est toute trouvée avec le PumpDrive déjà en service. Leroy-Somer propose de son côté un éventail de solutions d’entraînement, que ce soit en technologie asynchrone, avec notamment des moteurs haut rendement selon classe IE3, pouvant être en plus associés à des variateurs de vitesse, ou en technologie synchrone à aimants permanents, avec la gamme de motovariateurs Dyneo®, permettant d’atteindre des niveaux de rendement inégalés. De son côté, WEG associe le nouveau design de ses moteurs WMagnet (moteurs synchrones à aimants permanents) à son variateur CFW, un couple qui permet de couvrir ainsi l'ensemble des besoins du marché en termes d’applications et de contrôle moteur. Ce système variateur-moteur permet d’accéder au standard IE4 comme défini dans le guide CEI 60034-31. La possibilité d’avoir un fonctionnement à couple constant de 0 à la vitesse nominale, et ce, sans ventilation forcée, permet, en passant en accouplement direct, de simplifier un grand nombre de transmissions mécaniques.]
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[Encart : Une gamme de moteurs répondant aux exigences de la classe rendement IE4 Depuis 2005, la gamme Sew-Usocome, baptisée DR.., comportait des moteurs à économie d’énergie DRS, DRE et DRP répondant aux exigences des classes de rendement IE1, IE2 et IE3. Aujourd'hui, le constructeur de solutions d'entraînement et d’automatisation présente avec le DRU, une nouvelle extension de sa gamme éco-énergétique, d'ores et déjà conçue pour répondre aux exigences définies par la norme CEI 60034-30 sous l'appellation IE4. Ce moteur de type Line Start Permanent magnet-Motor (LSPM) peut être piloté via un convertisseur de fréquence ou raccordé directement au réseau. Le DRU donne la pleine mesure de son potentiel éco-énergétique en fonctionnement continu, par exemple sur des pompes. Conçu comme un moteur asynchrone triphasé avec rotor en court-circuit, ce dernier est doté en sus d’aimants permanents. Cette technologie combinée permet de bénéficier d'une réduction supplémentaire des pertes liées au glissement. Le DRU parvient donc à combiner les qualités de robustesse du moteur asynchrone, aux caractéristiques éco-énergétiques du moteur synchrone. Aujourd'hui, la gamme DRU est proposée en version 4 pôles, sur une plage de puissance allant de 0,18 à 2,2 kW, déclinée en hauteurs d’axe 71 à 100. Les moteurs DRU se raccordent sur un réseau 50 Hz ; la variante 60 Hz est en cours d’élaboration. Sew-Usocome propose également des moteurs éco-énergétiques particuliers. Ces moteurs disposent d'un rotor dans lequel le cuivre injecté se substitue à l'aluminium. Le système modulaire développé par le groupe Sew permet de réaliser plusieurs millions de combinaisons d'entraînement sur la base des moteurs DR, disponibles dans toutes les classes de rendement et modulables via de nombreuses options et exécutions.]
[Photo : En permettant un suivi en temps réel et en rendant possible une intervention rapide, le développement d'outils spécialement développés pour la surveillance des réseaux d’eau potable ont permis de réduire considérablement les pertes tout en optimisant les consommations énergétiques.]
[Encart : Itron vient d’enrichir ses solutions de relève radio par de nouvelles fonctions avancées. Il est dorénavant possible d’identifier un compteur d’eau mal-dimensionné, ce qui va permettre aux services d'eau d'améliorer le rendement de leur réseau de distribution. Une nouvelle fonction intégrée permet également de suivre les consommations des compteurs de gros calibre pour détecter d’éventuelles anomalies dont les conséquences peuvent parfois être très dommageables.]

morcellement des territoires et des acteurs (regroupement des communes, des syndicats d’eau). Le panorama pourrait vite changer avec les évolutions réglementaires en cours, ce qui pourrait entraîner de fait des rénovations donc l’opportunité de mise à niveau (voir encadré). Pour les collectivités et les sociétés exploitantes, les enjeux énergétiques s'insèrent dans les questions de qualité, de quantité, de sécurisation et de gestion patrimoniale.

Déjà, des opérateurs tels que m2o-city, filiale d’Orange et de Veolia Eau mettent en place des réseaux de suivi des consommations d’eau à grande échelle à l'image de l’installation en cours sur le territoire du Syndicat des eaux d'Île-de-France (SEDIF). L'association du réseau smart grid de m2ocity et du service de suivi des consommations énergétiques Noé de la société Alerteo permet déjà d’obtenir des économies d'eau et d’énergies chez des consommateurs importants tels que des collectivités, industries ou bâtiments tertiaires.

Suez Environnement et Lyonnaise des Eaux appliquent également une politique de gestion patrimoniale qui intègre systématiquement la problématique de gestion et d’optimisation de la consommation énergétique.

Dans les comptes des syndicats et sociétés, l’énergie n’est pas toujours visible au niveau de la distribution d’eau : la facture électrique est bien souvent élaborée sur un niveau global (on ne facture pas au niveau d'un site), elle n’est pas forcément incluse dans le fonctionnement du réseau, et sauf pour de grands contrats entre une collectivité et un exploitant, il n'y a pas d’exigence contractuelle de baisse de la consommation d’énergie.

La situation est toutefois différente selon les pays : en Grande-Bretagne, les sociétés d’eau sont sous le regard exigeant de l’Ofwat qui publie les résultats comparatifs des sociétés exploitantes.

Examiner le rendement des équipements à la loupe

Lorsque le rendement de réseau a été remonté à un niveau satisfaisant, l’économie d’énergie portera sur le rendement des équipements, essentiellement les pompes et leurs moteurs associés, la manière de les exploiter (temps de fonctionnement) pour satisfaire le besoin, ce qui touche à la commande des moteurs, à la vitesse variable, aussi bien côté prélèvement de la ressource que distribution.

Côté distribution, l’exploitation même du réseau ouvre un important potentiel d’économies ne serait-ce que par la gestion horaire des volumes d'eau. La supervision des instal-

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…lations devient alors un outil indispensable.

Dans certaines situations géographiques favorables, le réseau peut même devenir producteur d’énergie électrique par l’utilisation des possibilités de turbinage. Il s’agit d’un problème multi-échelle, depuis l’équipement unitaire jusqu’au système complet. Au plus simple : la pompe et, si l'on peut s’en passer, c’est encore mieux : d’où la réflexion nécessaire sur les déplacements d'eau gravitaires, à commencer par la ressource (captages de sources en altitude) ou, si la topographie s'y prête, le siphonnage. Une réflexion sur la disponibilité de ressources excédentaires d'un côté et un déficit ou un pompage coûteux de l'autre amène aussi des économies. Le rendement d’une pompe tient beaucoup à son point de fonctionnement. La vérification de la bonne adéquation d’un groupe de pompage, surtout lors de modifications d'installations, est cruciale. Un autre facteur intervient au travers de la normalisation : pompes et moteurs ont des caractéristiques nominales, lesquelles ne sont pas toujours à l’optimum du besoin. KSB propose une solution sur mesure : le rognage des roues de pompe. Une opération assez simple, mais qui a son impact sur plusieurs années de fonctionnement. Si l’opération apparaît anodine au niveau d’une seule pompe, son effet sur un parc de plusieurs centaines de pompes est loin d’être négligeable. Tous les constructeurs de pompes sont sensibles à cette question du pompage optimum.

[Encart : Le comptage : au cœur des réseaux intelligents Pas de réseau intelligent sans comptage, et surtout sans télérelève à distance pour alimenter les modèles de fonctionnement des réseaux. Sensus a annoncé en mai dernier le lancement du module de relève HR, conçu en partenariat avec Homerider Systems, filiale de Veolia Eau. Une solution de plus dans le portefeuille d’offres de Sensus qui répond aux besoins de standardisation et d'interopérabilité des systèmes de relève pour le développement des réseaux intelligents. Quotidiennement, le module qui s’adapte sur les compteurs fournit des indications comme l’index horaire, les périodes d’arrêt, les débits mini et maxi sur la période, mais aussi des indications de fuite, de retour d'eau, etc., transmises par un réseau radio. Itron n’est pas en reste et annonçait en juillet un développement des solutions de relève radio, et la fonction enregistreur intégrée.]

…et ont développé des logiciels liés au choix de pompes : Grundfos dispose de Webcaps et Wincaps, ITT France a développé Flyps, Caprari PumpTutor, etc.

Repenser la façon dont le réseau d'eau potable fonctionne

Outre le point de fonctionnement d’une pompe, la durée de fonctionnement et l’instant du fonctionnement, surtout en tête de réseau, sont importants. « Même de petites collectivités peuvent faire des économies, pour un coût de mise en œuvre quasiment nul » explique Bruno Guigue d’Alyane. Plutôt que d’initier le remplissage systématique d’un réservoir d’eau dès qu'il atteint son seuil bas, il est souvent possible de mettre en œuvre un double marnage, c’est-à-dire de définir deux niveaux bas, choisis selon l’heure de la journée : laisser baisser davantage le niveau (tout en respectant la réserve incendie) en heures pleines de tarification électrique et, par contre, maintenir le niveau d’eau au plus haut pendant les heures creuses. Éviter les temps de pompage non justifiés en heure pleine constituera une économie. Suez Environnement et Lyonnaise des Eaux, au travers de leur filiale commune Ondeo Systems, commercialisent une suite logicielle complétée par une librairie de programmes automates standardisés permettant d’optimiser le fonctionnement des systèmes de production et de distribution d'eau potable. Ces outils sont aujourd’hui déployés en France et en Angleterre et permettent de réaliser jusqu’à 15 % d’économie d’énergie sur des réseaux de transport.

[Photo : Une installation de turbinage est en cours d’installation sur le réseau de Nice avec quatre microturbines, réalisée par Veolia Eau et la Communauté urbaine Nice Côte d’Azur : autant produire de l’électricité plutôt que de dissiper l’énergie inutilement dans un réducteur de pression. Les quatre installations devraient produire l’équivalent de la consommation du tramway de la ville.]
[Encart : La gamme de détecteurs de pression XMLK de Schneider Electric est particulièrement adaptée aux applications de contrôle de pression d’eau. En association avec un variateur de vitesse auquel ces détecteurs fournissent une information de pression analogique (4-20 mA ou 0-10 V), ils permettent de réguler un débit en temps réel et de réduire la consommation d’énergie des pompes.]
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[Encart : Investissements : vers un redéploiement des moyens ? Lors du Colloque Synteau qui s'est tenu en mai dernier, le député André Flajolet, président du Comité National de l'Eau, rappelait qu'il y avait en France 300 000 services d'eau et d'assainissement pour affirmer que c'était 27 000 de trop. Si les collectivités sont prêtes à consentir des investissements sur des réseaux, c'est à condition que ceux-ci soient efficaces, que leur rendement soit acceptable. Il y a donc un effort à poursuivre pour prioritairement accroître ces rendements, réduire le nombre d'exploitants, accroître la taille des entités et permettre le déploiement d'actions plus systématiques de détection des fuites et de leur correction.]
[Photo : Des milliers de surpresseurs Grundfos HYDRO MPC fournissent déjà une pression d’eau constante. Chaque surpresseur est une unité clé en main entièrement intégrée et équipée d'une pompe CR très fiable à haut rendement énergétique et d'un contrôleur multipompes Control MPC. Le système assure un contrôle parfait, instantané et performant tout en réduisant les fuites d’eau.]

déjà bien exploités.

Avec l'automate e@sy de WIT qui dispose d'une double compatibilité eau et énergie, il est également possible de mesurer les données relatives à l'eau et la consommation électrique en temps réel. En combinant ces données, l’automate va donc adapter le process aux besoins réels du réseau et à la contrainte énergétique (pic de consommation, dépassement du seuil souscrit, contrainte tarifaire...).

Les possibilités offertes aujourd’hui par les automatismes et la télégestion des installations rendent la mise en œuvre d'une telle stratégie facile et peu coûteuse.

En parallèle, l’optimisation du débit de refoulement doit être examinée avec attention : la perte de charge augmente avec le carré de la vitesse de l'eau. Donc réduire un débit et pomper plus longtemps peut être facteur d’économie (près de 10 % sur une année). Reste qu’il ne faut pas oublier les questions d'usure au fil des ans qui diminuent sensiblement le rendement initial (environ 2 % par an).

La gestion de la pression dans les réseaux constitue aussi un facteur important d’économies : à pression réduite, une fuite générera moins de pertes. Le contrôle proportionnel de la pression compense la pression excessive du système en adaptant automatiquement le point de consigne au débit de consigne. Ainsi, l'évolution des pertes de charge engendrée par les variations quotidiennes de débit transitant au sein des réseaux est, de ce fait, prise en considération. Les avantages sont la réduction de la consommation d’énergie ainsi que la diminution des pertes d'eau (fuites) dans les réseaux (d’environ 10 %). Cette caractéristique est exclusive au contrôleur multi-pompes Grundfos Control MPC. Sans remédier à une fuite, la perte d’eau peut être limitée même si cela ne constitue qu’une solution transitoire. Ceci est particulièrement vrai dans les périodes de basse consommation comme la nuit. C’est le cheval de bataille de la société 120 qui déploie une méthode spécifique de contrôle fin des pressions sur un réseau en déployant des capteurs sans fil, qui fournissent en continu les données de pression à un logiciel qui analyse la situation et la corrige en retour grâce à un algorithme et au travers de vannes réductrices de pression.

Cette société, fondée en 2005, se déploie rapidement. Elle revendique une réduction moyenne des fuites de 20 % dans les pays où elle est intervenue et, en Malaisie, une réduction de 40 % de la fréquence de rupture des canalisations. Technologies dispose aussi avec son logiciel Aquis d’un outil

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puissant de contrôle de la pression sur un réseau. Il combine automatiquement les données issues d'un système Scada et un modèle du réseau pour conseiller des pressions optimales sur ce réseau. La pression d'entrée est constamment ajustée à son niveau le plus bas possible en fonction des impératifs du réseau et de la consommation. Hydreka propose de son côté un outil dédié au contrôle de pression des réseaux, le ControlMate-FM en version Si Clop2 : cet appareil autonome (plus de 5 ans) permet une régulation de la pression sur un secteur en rendant automatique la consigne du réducteur de pression en fonction des horaires de la journée et/ou de manière saisonnière. De plus, cette régulation permet de prendre en compte en temps réel la pression disponible aux points critiques du secteur concerné (appareillage avec communication GPRS autonome). Ainsi, la pression est continuellement adaptée à la demande. De cette manière, les joints de canalisation sont moins sollicités grâce à la maîtrise de la pression et les fuites existantes se trouvent amoindries.

Tout ceci n’est possible que grâce au formidable développement des systèmes de

[Encart : Du simple automate à l’outil de gestion e@sy, l'automate de télégestion de WIT, intègre des fonctions de tableau de bord permettant de réaliser un véritable « contrôle de gestion » des consommations en eau et en énergie. Il permet de conduire les actions d’économie et de maîtrise de l'eau : - Calcul et suivi des indicateurs de qualité (ILP, ILC...) ; - Détection des fuites et surveillance de niveaux ; - Contrôle de l'impact des actions correctives ; Mais aussi de dresser la comptabilité énergétique grâce au calcul d'indicateurs précis (ratio kWh/m³) ; - Détection des équipements les plus énergivores et des gaspillages ; - Contrôle des actions d’optimisation en mesurant les économies d'énergie réalisées. Il permet d’éditer automatiquement les rapports de performances. Ses fonctions d'optimisation des process garantissent une exploitation plus rationnelle et plus économe en énergie : remplissage de réservoir en heures creuses, commande de pompes à débit variable... etc.]

supervision. Les principaux produits présents sur le marché de l'eau à savoir Topkapi d’Areal, PcVue d’ARC informatique, Panorama de Codra, Wonderware System Platform de Wonderware, Control Maestro de Elutions, les solutions proposées par GE Intelligent Platforms ou Factory Talk de Rockwell Automation sont devenus l’outil essentiel de toute stratégie d’optimisation des différentes étapes de traitement pour consommer moins d’énergie, moins de réactifs en raccourcissant les délais d’information et en gérant plusieurs réseaux, plusieurs sites, voire une région entière comptant plusieurs dizaines ou centaines de sites.

Ces outils profitent largement de l'avancée des capteurs, toujours plus petits, plus communicants, plus fiables et plus économes en énergie tout en étant de moins en moins chers, à l'image de la gamme SePem de Sewerin, Phocus de Primayer ou Permalog Plus HMS (relevé par radio VHF longue portée) d’Hydreka. En ouvrant la voie à un suivi en temps réel de la distribution d'eau et en rendant possible une intervention rapide, les outils dédiés aux réseaux comme par exemple les postes locaux de sectorisation de Lacroix Sofrel (Gamme LS) ou Hydreka (gamme Octopus LX) ou encore le TwinY de WIT ont permis de réduire considérablement les pertes sur les réseaux tout en optimisant les consommations énergétiques.

Exploiter l’éventuelle capacité du réseau à produire de l’énergie

Avec la montée en puissance des énergies renouvelables et la question de leur intermittence, le réseau est également potentiellement apparu comme un complément judicieux en termes de stockage d’énergie lorsque sa configuration du réseau le permet, et pour des volumes journaliers conséquents. Pomper de l'eau aux heures creuses, et la restituer en heures de pointe est possible, mais demande de la coordination supplémentaire entre régie des eaux et d’électricité. Cela commence à venir aux États-Unis.

Veolia Water et SoRiCal ont travaillé la question à grande échelle sur la Calabre autour de Reggio. La région, soumise à la sécheresse, devait faire face à des problèmes de surpompage en bord de mer avec entrée d’eaux saumâtres. Le réseau a été profondément repensé en veillant à l'optimisation énergétique. Le système complet sera opérationnel début 2012. Il utilise le dénivelé entre les différents barrages et les points de consommation pour produire de l’électricité (usine de 13,6 MW électrique) et surtout, grâce à des réservoirs tampons, la consommation électrique a pu être optimisée. À terme, la consommation d’énergie sera réduite de plus de 11 GWh/an soit plus de 4 300 t/an d’émission de gaz carbonique évitée et une économie de près de 1,45 M€/an. Le turbinage d’eau potable est assez répandu en Suisse et quelques exemples existent en France comme Megève (282 kW installé avec une pression de 30 bar, depuis

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1985) ou Chamalières depuis 1974 et 1981. Une installation est en cours sur le réseau de Nice avec quatre microturbines, réalisée par Veolia Eau et la Communauté urbaine Nice Côte d'Azur : autant produire de l’électricité plutôt que de dissiper l’énergie inutilement dans un réducteur de pression. Les quatre installations devraient produire l’équivalent de la consommation du tramway de la ville. L'eau est turbinée avant son passage en usine de potabilisation. C’est l’outil PcVue d’Arc informatique qui aura à superviser et contrôler ces équipements. La puissance unitaire des turbines est de l’ordre de 190 kW pour des chutes de 40 à 60 m.

Depuis quelques années Suez Environnement et Lyonnaise des Eaux déploient également des solutions techniques à base de microturbines hydrauliques, produisant de l’électricité verte en transformant l’énergie de l’eau. On peut ainsi citer les cas, en France, des villes de Vallauris et Monestier qui produisent jusqu'à 200 000 kWh/an et, en Jordanie, de la station d’épuration d’As Samra (traitement des eaux usées du Grand Amman, soit 2,3 millions d’habitants) dont le turbinage amont et aval contribue à rendre cette usine à 95 % autonome en énergie.

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