Une appellation à contrôler
Chaque métier a son langage... Suivant les professions, les produits chimiques peuvent se dénommer : réactifs, additifs, agents, principes actifs, etc. Le traitement des eaux n'échappe pas à cette tradition. Dans ce domaine, nous utilisons l'appellation de « produit » tout simplement ; ceci n'est pas original et nous y reviendrons. La définition générale que nous avons retenue à leur sujet est la suivante : « Produits permettant de modifier les caractéristiques physicochimiques ou biologiques d'une eau. »
Bien qu'ils résultent, pour la plupart, de réactions chimiques, nous ne les appelons pas « produits chimiques ». En effet, dans l'esprit de tous, dès que l'on parle de chimie, on pense « pollution » ; c'est une image dont les responsables de cette profession voudraient se débarrasser, mais il faut bien constater que, malgré les efforts entrepris dans tous les grands groupes industriels, l'utilisation de certains d'entre eux présente encore quelques risques. Des événements comme l'incendie d'une usine, privant la ville de Tours d'eau potable, ternissent l'image d'une profession dans l'opinion publique. C'est l'une des raisons qui font que depuis très longtemps les traiteurs d'eau ont abandonné le qualificatif « chimique », qui n'a pas bonne presse, en particulier lorsqu'il s'agit d'eau potable.
Des familles de produits
Les produits pour traitement d'eau se répartissent en deux grandes familles :
- les produits simples dits « banalisés », constitués essentiellement d'une seule molécule chimique courante (en général, issue de la chimie minérale), par exemple : le chlorure ferrique, la chaux, l'eau de javel, etc. ;
- les produits formulés, dits « de conditionnement », constitués de l'association ou du mélange de plusieurs molécules ou résultant d'une réaction chimique de synthèse (classée chimie fine).
Des fonctions
Les produits assurent des fonctions ; elles correspondent chacune à des inconvénients que présente l'eau, selon l'usage que l'on en fait : une même eau peut ainsi, selon la température, se révéler corrosive ou entartrante.
Leurs principales fonctions et les produits correspondants figurent ci-après :
- régulation de pH : acides et bases (HCl, NaOH, etc.),
- coagulation : chlorure ferrique, sulfate d'alumine, polyamines, etc.,
- floculation : silice activée, polyacrylamides, etc.,
- désinfection : eau de javel, ammonium quaternaire, etc.,
- anticorrosion : polyphosphates, zinc, composés azolés,
- antitartre : polyphosphates, phosphonates, polyacrylates, etc.,
- dispersant : lignosulfonates, polyacrylates, etc.,
- action tensio-active : copolymères éthylène-propylène, etc.
[Photo : Transport de produits anticorrosion destinés à la sidérurgie.]
[Photo : L’automate de la salle des compresseurs de la station d’épuration de la ville de Nice.]
Des dosesà ne pas dépasser
Le choix ou l'association de fonctions ne suffisent pas à résoudre tous les problèmes ; en effet un produit améliore ou dégrade la qualité de l'eau, selon la dose employée ; celle-ci détermine le qualificatif d’additif ou de polluant.
Les produits utilisés pour le traitement des eaux sont en quelque sorte comparables aux produits pharmaceutiques qui, selon le dosage, peuvent se révéler des remèdes ou des poisons.
En tant qu’additifs, ils contribuent à l'efficacité du traitement ; en tant que polluants, ils doivent être éliminés. Le sulfate d’alumine, par exemple, produit coagulant minéral le plus couramment utilisé en traitement d’eau potable à faible dose (quelques dizaines de ppm), est un polluant à éliminer avant rejet dans les industries de traitement de surface de l’aluminium.
Des choix
Lorsqu’il s'agit de choisir des produits entre divers fournisseurs, le choix est simple pour les produits banalisés. En effet, dans ce cas, la formulation étant bien connue (toutefois les formulations hydratées peuvent fausser les comparaisons), il s’agit uniquement de comparer des prix et des conditions de vente.
Lorsqu'il s'agit de choisir des produits de conditionnement, la recherche est plus compliquée : des formulations voisines chimiquement peuvent entraîner, selon leurs associations, leurs dosages, leur mise en œuvre, des effets différents. Dans ce cas, le « savoir utiliser » est plus important que le produit.
« Un excellent produit mal utilisé est un mauvais produit pour l’utilisateur »...
Qui n’a pas eu connaissance d’expériences malheureuses ? Non seulement il peut y avoir des dérives d’exploitation ou des incompréhensions dans les transmissions des recommandations d’utilisation, mais il peut se trouver encore des fournisseurs, plus attachés à vendre à tout prix qu’à suivre et contrôler les effets de leurs produits. Le dynamisme du vendeur ne doit pas faire oublier l'importance du suivi et du contrôle des effets des produits proposés. Dans le cas des produits de conditionnement, le choix du fournisseur est donc déterminant. Ce n’est plus seulement une question de prix, mais aussi une question de qualité de service total.
La compétence en matière d’expertise des installations et matériels de traitement d’eau est un gage de réussite dans le choix des produits, de leur mode d'utilisation et de mise en œuvre. Les sociétés de traitement d’eau, associant les compétences de concepteurs/réalisateurs d'installations et celles de spécialistes des produits utilisables, garantissent une optimisation des procédés utilisés dans ce domaine.
De plus en plus, les industriels se concentrent sur leur métier de base. Cela se traduit parfois par un désintérêt pour le traitement d'eau. À moyen terme, des effets néfastes au fonctionnement d’un site de production (pouvant aller jusqu'à l’arrêt d’unité) se font sentir. Un tel phénomène milite pour que le fournisseur de produits, en mesure de proposer un service total, devienne un véritable partenaire de l’utilisateur. Ce partenariat peut aller jusqu’à la mise au point de produits spécifiques, voire même d'additifs de procédés dans lesquels l'eau est une composante importante.
Dans certains cas, il se pose alors la question suivante : « Où s’arrête le traitement d’eau pour devenir traitement de fluide de procédé ? »
C'est ainsi qu’a été mise au point avec un groupe sidérurgiste une gamme de produits hydrosolubles, destinés à remplacer des lubrifiants à base d’hydrocarbures.
[Photo : Le poste de dosage de chaux de la station d’épuration de Sanegran (Brésil).]
Un objectif de ce partenariat est de supprimer les opérations polluantes de dégraissage et d’assurer une meilleure protection antirouille des métaux.
Il s’agit là d'un exemple parmi d’autres, illustrant une tendance à encourager, d’autant plus qu’elle contribue à protéger l'environnement...
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