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Dépollution des sites industriels : l'exemple de France Bois imprégnés (FBI)

29 mars 2002 Paru dans le N°250 à la page 37 ( mots)
Rédigé par : Hubert BONIN

Après dépollution, le site industriel de France Bois Imprégnés à Andrézieux Bouthéon (42) fera bientôt l'objet d'un projet immobilier. Cette remise en état a été l'aboutissement de longs efforts. Explications.

[Photo : Photographie GRS VALTECH]

Par son activité de traitement de bois et de fabrication de poteaux depuis 1930, la société France Bois Imprégnés a pollué les sols et la nappe présents au droit du site d'Andrézieux-Bouthéon. Ce site de 11 hectares a été exploité sans discontinuer avec utilisation de créosote et d’arsenic pour le traitement du bois. La nature gênante de cette activité pour le voisinage a obligé l’entrepreneur à regrouper sa production sur un autre site, hors agglomération. Suite à la cession d’activité et en vue d’un aménagement urbain de ce site de onze hectares, des travaux de dépollution des terres imprégnées de créosote et de métaux lourds (arsenic) ont été nécessaires. Cette remise en état a été l’aboutissement de longues années d’efforts et se veut exemplaire au

regard de la situation du terrain, à proximité d'habitations. Les techniques les plus modernes ont donc été utilisées. Sur les onze hectares, trois seulement sont pollués sur 30 cm et un hectare est pollué sur 3,5 m de profondeur. À cet endroit, la nappe souterraine est d'ailleurs atteinte et polluée par des hydrocarbures.

[Photo : Sur les onze hectares, trois seulement sont pollués sur 30 cm et un hectare est pollué sur 3,5 m de profondeur. À cet endroit, la nappe souterraine est d'ailleurs atteinte et polluée par des hydrocarbures.]

Photographie GRS VALTECH

Les travaux de dé-pollution ont été confiés à GRS VALTECH, après un appel d'offres international, cette entreprise offrant une garantie dans la maîtrise des nuisances liées au chantier du fait de sa grande expérience dans ce domaine.

Un projet global

Les objectifs de ces travaux ont été définis dans un arrêté préfectoral. Pour atteindre ces objectifs, GRS VALTECH a réalisé :

• 7500 tonnes de terres polluées par des métaux (Arsenic, Cuivre, Chrome) ont été stabilisées et déposées dans une alvéole étanche spécialement aménagée sur le site.

[Photo : 7500 tonnes de terres polluées par des métaux (Arsenic, Cuivre, Chrome) ont été stabilisées et déposées dans une alvéole étanche spécialement aménagée sur le site.]

• La démolition des bâtiments existants, comprenant également le désamiantage, la vidange des cuves, l'évacuation des déchets en centres spécialisés, le dégazage, etc.

• L'excavation des terres polluées par zone selon la nature du polluant. Mais l'excavation de terres polluées ne ressemble en rien à un chantier TP. C'est plutôt « un chantier archéologique » où le terrain à traiter est quadrillé maille par maille (20 m x 20 m) et chaque maille fait l'objet d'analyses détaillées. L'excavation elle-même se fait délicatement, avec des engins pressurisés et air filtré de manière à préserver la santé des employés. L'air ambiant sur le chantier est également régulièrement contrôlé.

• Le traitement des terres polluées par des métaux (Arsenic, Cuivre, Chrome) par stabilisation et dépôt dans une alvéole étanche spécialement aménagée sur le site (7500 tonnes). Pour effectuer ce traitement, GRS VALTECH dispose d'un procédé breveté Safestab, lequel permet de changer la forme chimique du métal sous une forme moins dangereuse et de la rendre également moins soluble. Par sécurité, les terres traitées placées dans l'alvéole étanche font l'objet d'une zone avec servitude.

• Le traitement des terres polluées par hydrocarbures (créosote, Phénol,...) est réalisé avec une unité mobile de désorption thermique (30 000). Le traitement de la nappe souterraine est

réalisé par stripping à l’air. Ce traitement se fait par l’intermédiaire de tout un réseau de puits et de forages spécialement implantés. L’eau pompée est traitée dans une unité mobile placée dans un container. Après contrôle de la qualité de l’eau, celle-ci est rejetée à nouveau dans la nappe.

La désorption thermique : une technique innovante

La technique de traitement la plus innovante a été la désorption thermique. Cette technique utilise une unité semi-mobile (10 containers) installée sur site dans un bâtiment de l’usine mis en place. Cette unité permet de chauffer les terres polluées afin de volatiliser les polluants, lesquels sont ensuite oxydés dans un deuxième four à 1 000 °C. Des cyclones et des filtres permettent un rejet d’air parfait sans cesse contrôlé par les ingénieurs de GRS VALTECH et les ingénieurs de l’administration. Cette machine est unique en France et reste un modèle. C’est en fait une grande première dans notre pays avec une machine importée des États-Unis et achetée par la société française GRS VALTECH, qui a dépensé quelque 2 millions de dollars. Son transport a exigé quatre convois exceptionnels.

Le traitement a duré six mois et quelque 30 000 tonnes de terres imprégnées de créosote ont été traitées avec un résultat irréprochable et sans aucun refus au niveau du contrôle. Compte tenu de ce succès, cette unité traite actuellement 240 000 tonnes de terres sur l’ancienne raffinerie de Milan où un projet immobilier, avec notamment l’implantation d’un Parc des Expositions, est prévu.

Un montage financier original

Souhaité par la municipalité d’Andrézieux-Bouthéon, ce chantier a correspondu à une volonté de réaménagement d’un site qui était la seule réserve foncière de cette dimension dont disposait la commune. En favorisant l’implantation d’activités artisanales et tertiaires et en réurbanisant cette zone qui bénéficie d’un accès facile, la municipalité poursuit son programme de développement de la cité dans le respect d’une réelle qualité de vie. Pour cette raison, la collectivité a été moteur dans ce projet, et une convention a été établie entre le maître d’ouvrage (SEID), la municipalité et l’industriel (FBI).

Cette convention a permis une entente préalable entre l’exploitant du site responsable de la pollution et le réaménageur, entre lesquels bien souvent il y a contentieux. Cette entente a permis également un financement partiel de l’opération par des fonds FEDER pour un montant de 1 million d’€, le reste du projet étant supporté par l’industriel (0,6 million d’€) et par la collectivité (1,2 million d’€).

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