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Défense extérieure contre l'incendie : le cas des communes rurales

31 mai 2023 Paru dans le N°462 ( mots)

Lorsque le réseau d’eau potable est absent ou insuffisant pour la défense contre l’incendie, les communes, désormais responsables, doivent trouver d’autres moyens. Citernes enterrées, bâches à eau, points d’eau naturels : les solutions ne manquent pas, malgré des budgets parfois contraints.

Les maires - ou parfois les présidents d’établissements publics de coopérations communale (EPCI) à fiscalité propre - sont responsables de la défense extérieure contre l’incendie (DECI). A ce titre, ils doivent mettre à la disposition des services d’incendie, autrement dit les pompiers, les ressources en eau nécessaires sous la forme de points d’eau incendie (PEI) fixes, identifiés, alimentés, entretenus et suffisamment nombreux. Une opération relativement aisée en agglomération, où le réseau d’eau potable irrigue tout le territoire, mais qui nécessite des aménagements particuliers en zone rurale, d’habitat dispersé, ou de manière générale dans toute situation où le réseau est insuffisant ou absent. Dès lors, de quelles solutions disposent les communes rurales ? selon quelles règles ? avec quels financements ? où en est-on du déploiement de ces dispositifs ? quelle eau utiliser ?


DES RÈGLES DÉSORMAIS CLAIRES

En 2015, la DECI connait une redéfinition réglementaire majeure. Le décret du 27 février 2015 relatif à la défense extérieure contre l’incendie, puis un référentiel national édicté le 15 décembre, en posent les principes et la méthodologie. 

Spécialiste des citernes souples, Labaronne-Citaf fournit des réserves incendie dotées d’une certification du CSTB garantissant volume, étanchéité et résistance mécanique. Les dispositifs de raccordement sont également normalisés (Afnor 2017).

La DECI est désormais un service public communal distinct du service public de l’eau, et n’est donc pas financée par la redevance mais directement par le budget municipal. Il appartient à chaque département de décliner les principes généraux du référentiel national en un Règlement départemental de DECI (RDDECI). Rédigé par le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), après consultation des différentes parties prenantes, il est arrêté par le Préfet de département (le Préfet de police en région parisienne). «La publication de ces RDDECI s’est étalée entre 2017 et 2022, selon les départements, dont la plupart avant l’échéance du 1er mars 2017, mais aujourd’hui tous l’ont fait» affirme Franco Novelli, chef adjoint du département «cycle de l’eau» à la FNCCR. Ce règlement fixe, entre autres précisions, la « grille de couverture » du risque incendie. 

Posées à même le sol sur un simple lit de sable, les réservoirs Latim sont des moyens de stockage rapides, économes, sans entretien. Ici réserve de 280 m3 hors gel.

Autrement dit, en fonction de considérations comme le potentiel calorifique ou le risque de propagation du feu, il détermine le niveau de risque d’un bâtiment (habitation, établissement recevant du public, exploitation agricole…) et indique la quantité d’eau obligatoirement disponible ainsi que la distance maximale entre le point d’accès à cette ressource (le PEI) et le bâtiment à protéger. Par exemple 30 m3 d’eau utilisables en une heure à moins de 400 mètres d’une habitation isolée, 60 m3 à moins de 200 mètres en zone d’habitation dense, ou des volumes supérieurs (120 m3 ou plus) pour des établissements recevant du public. Il s’agit là d’ordres d’idées : dans chaque département, le SDIS établit des obligations répondant aux particularités locales. «Avant 2015, la loi imposait 120 m3 disponibles en 2 heures, en toute situation. Aucun poteau ne répondait à ça. De plus, une telle quantité est souvent surdimensionnée, ne serait-ce que pour une maison individuelle. D’autant qu’entretemps les techniques de lutte, comme par exemple les lances, ont évolué. Désormais, on applique des tableaux de dimensionnement propres à chaque département » explique Gilles Fouissac, responsable du centre de secours de Lavardac-Barbaste (Lot et Garonne). 

Réservoir incendie 550 m3 conçu et fabriqué par FM tank pour Mondial Relay (Dept. 29).

Directement responsables de la DECI, et chargées de sa police, les communes doivent pour leur part édicter un arrêté municipal (ou intercommunal pour les EPCI) fixant l’inventaire des PEI. Pour aller plus loin, par exemple analyser les risques présents et à venir et planifier des aménagements si la couverture existante se révèle insuffisante, le maire peut s’appuyer sur l’expertise du SDIS et du service d’eau pour établir un véritable Schéma communal (ou intercommunal) de la DECI. Lorsque la commune ne fait pas de Schéma, c’est le règlement départemental qui s’applique directement. Si tous les départements sont aujourd’hui à jour de leurs obligations, la déclinaison communale est encore variable. «La mise en place d’un schéma communal constitue un problème pour les petites municipalités qui n’ont pas forcément les services compétents et doivent faire appel au SDIS. Toutes ne l’ont pas encore fait aujourd’hui » rapporte Christophe Mialon, technicocommercial, responsable du Sud de la France chez Labaronne-Citaf.



UN MARCHÉ RENOUVELÉ MAIS DES BUDGETS LIMITÉS 

Tubao fournit des réserves enterrées prêtes à l’utilisation. Certifiées CSTB depuis 2022, ces cuves monobloc en acier galvanisé, appelées Cstubao, comprennent tout l’équipement (robinet flotteur, évent, raccordement) nécessaire, conforme aux exigences des services de secours.

Transfert de responsabilité, règles désormais claires : les textes de 2015 ont-ils créé un nouveau marché pour les fournisseurs de solutions alternatives au réseau d’eau potable (réserves d’eau avec leurs dispositifs d’aspiration et de raccordement) ? «Ce marché existait déjà car la directive de 1953 imposait aux établissements recevant du public, par exemple, de disposer d’une réserve d’eau avec un débit 60 m3 /heure pendant deux heures. C’est pour cela que les citernes les plus vendues faisaient 60 m3 ou 120 m3 . Le décret de 2015 a néanmoins « boosté » le marché puisqu’il a contraint les collectivités à se mettre aux normes » répond Thierry Moreau, adjoint de direction chez Citerneo

« Jusqu’à récemment, le gros du marché concernait des unités de 120 m3 pour des établissements recevant du public mais aussi des lotissements, des zones artisanales ou commerciales… 

Les citernes souples PVC Pronal répondent aux besoins de stockage temporaire ou permanent pour de l’eau incendie et eau brute. Disponibles sur catalogue en dimension standard et en dimension spécifique à la demande, elles sont fabriquées à partir d’un matériau plastomère et sont renforcées d’une armature textile haute résistance qui leur confèrent une grande résistance à la déchirure.

Les schémas communaux supposent aujourd’hui des réserves plus petites (30m3 ou 60 m3 ) mais plus rapprochées. Le marché bascule donc vers des volumes inférieurs » complète Christophe Mialon (Labaronne-Citaf). Comment les municipalités concernées – celles où le réseau d’eau potable ne répond pas à tous les besoins - financent-elles ces aménagements, ainsi que la maintenance des installations ? La séparation claire avec le service public de l’eau, qui ne finance plus la DECI, ne facilite pas la tâche de municipalités au budget parfois très contraint. C’est le cas de communes rurales, qui de plus doivent souvent assurer la protection de plusieurs hameaux dispersés situés en bout de réseau (voire sans réseau). «Certaines bénéficient de subventions. Nous avons ainsi récemment fourni une citerne de 120 m3 à une petite commune de Lozère. Le département en a pris 50% à sa charge avec un plafond de 15000 €, et une DETR4 a apporté encore 30% de l’investissement» explique par exemple Christophe Mialon (LabaronneCitaf). Reste la question du foncier : installer une réserve suppose une parcelle protégée avec un accès permanent pour les véhicules des SDIS. A défaut de la posséder, la commune doit obtenir de propriétaires particuliers la mise à disposition d’une telle parcelle.

EN L’ABSENCE DE RÉSEAU, DES SOLUTIONS DIVERSES 

Réseau d’irrigation agricole, réserves à l’air libre, naturelles (cours ou plan d’eau) et artificielles, bâches à eau (citernes souples), citernes enterrées ou aériennes: il existe beaucoup de solutions alternatives au réseau d’eau potable. A condition bien entendu de répondre aux exigences de volume disponible. La commune choisira en fonction de paramètres comme les ressources naturelles, la présence de voirie, l’accessibilité, la disponibilité foncière, le risque de vandalisme… Réservoirs en béton pour Chapsol, Cimentub, citernes en acier pour Charot, Chaudronnerie Léon Veyret, France Metal Tank (FM Tank), Tubao ou Viacon, citernes souples pour Aco, Citerneo, LabaronneCitaf, Latim ou Pronal: les fournisseurs proposent différents types de réserves anti-incendies. Outre les éventuelles réserves naturelles, les communes optent le plus souvent pour des bâches à eau, qui représentent un investissement initial modéré. Spécialiste des citernes souples, Citerneo fournit ce type de solutions. La citerne en elle-même ne diffère pas des autres types de réserves de la marque, et emploie en particulier le même tissu technique. «Seuls les dispositifs d’entrée-sortie – aspiration, évent, raccordement – sont spécifiques à la défense contre l’incendie. Sur les quelque 4500 citernes que nous avons fabriquées en 2022, près de 2000 étaient des réserves d’incendie. C’est pour nous un débouché important, en tout cas sur le marché français » souligne Thierry Moreau. Certifié ISO 9001, QB (CSTB) et labellisé Origine France Garantie (OFG), Citerneo peut répondre à toute demande de 1 à 2000 m3 . Historiquement présent sur le marché des réservoirs de défense incendie, Pronal répond autant aux besoins de stockage temporaire que permanent pour de l’eau incendie. 

Disponible en 11 à 23,25 m3 de capacité par élément, l’Ecobassin de Chapsol est un système modulaire permettant la création d’ouvrages étanches pour des réserves incendie. Un joint périphérique en élastomère, mis en compression lors du serrage des pièces, assure l’étanchéité

Disponibles sur catalogue en dimension standard et en dimension spécifique à la demande, ses réservoirs souples ou bâches souples sont fabriqués à partir d’un matériau plastomère et renforcés d’une armature textile haute résistance qui leur confèrent une grande résistance à la déchirure. «Agréés par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), l’avantage des citernes souple pour eaux brutes est qu’elles offrent une économie sur la consommation d’eau allant jusqu’à 50%, ce qui permet aux exploitants au regard du faible investissement d’amortir l’achat de la citerne sur environ 3 ans» explique Cédric Ehrhart, responsable marketing chez Pronal. Autre grand de ce marché, LabaronneCitaf a demandé et obtenu en 2010 une certification du CSTB pour ses réserves incendie. «Renouvelé régulièrement, cet avis technique certifie le volume stocké, l’étanchéité et la résistance mécanique » affirme Christophe Mialon. La société équipe des communes comme Saint-Martin-Curton ou Bouglon (Lot-et-Garonne), Fargues (Gironde), Mayronnes (Aude), Boussenac (Ariège) et intervient sur toute la France pour les collectivités et les professionnels. 


Installation de 4 poteaux d’aspiration DN 150 à Quimper. Incongelables et à prises apparentes, ils permettent le raccordement au niveau du sol du matériel mobile des services pompier, avec un réservoir dont le niveau haut se situe au-dessus du clapet de l'appareil.

«Les citernes allant jusqu’à 120 m3 constituent le gros de notre marché. Les industriels, les établissements recevant du public, les plateformes logistiques peuvent néanmoins nous demander des volumes beaucoup plus importants, jusqu’à 2000 m3 . Nous allons par exemple en installer une de 1300 m3 sur la plateforme Logitia à Montbartier (82) pour la protection contre l’incendie» ajoute-t-il. Si les techniques de fabrication, dont le procédé de soudure breveté, sont restées les mêmes chez LabaronneCitaf, ce sont les progrès des tissus techniques qui permettent aujourd’hui de construire des citernes de grande capacité. Citerneo n’est pas en reste sur les innovations produit et cycle de vie. «Nous avons développé avec un fournisseur français, en 2021, un tissu technique composite avec des caractéristiques mécaniques renforcées et contenant jusqu’à 30% de PVC en moins » reprend Thierry Moreau. La société Latim (La Toile Imperméable) est également une marque française spécialiste de la citerne souple et des stockages sur mesure qui intervient en sécurité incendie pour la réalisation de réserves d’eau artificielles (Reconnus par le SDIS) avec ses membranes depuis plus de 50 ans. 

La société lyonnaise Aquarem Hydreci (Hydraulique défense extérieure contre l’incendie) a conçu et développé la canne d’aspiration Aquaspi adaptable à différents points d’eau susceptibles d’être transformée en PEI (Point d’Eau Incendie). Le système comprend un filtrage au préalable des déchets ou autres sédiments non désirés du fluide aspiré.

Tout comme Aco, avec les citernes horizontales à enterrer de Remosa, dont le matériau, la résine de polyester renforcée de fibre de verre, assure la flexibilité et la fiabilité des raccords en fonction du besoin et de la position. Enterrées ou hors sol, toutes les réserves à incendie sont munies des raccords pompiers RP4. Expert dans le pliage de tôles d’acier galvanisé de grande longueur pour créer des ossatures légères, FM Tank conçoit des systèmes de stockage d’eau potable, d’eau de pluie ou d’eau brute de n’importe quelle taille. Tous ses réservoirs métalliques boulonnés sont étanchéifiés par une membrane PVC armée, préfabriquée en usine aux dimensions du modèle et repose sur un feutre géotextile anti-poinçonnement également fabriqué sur mesure. Si les marchés de prédilection de FM Tank sont l’industrie, les traiteurs d’eau et collectivités font également partie de ses références. Tubao propose un tout autre type de solution: des réserves rigides enterrées, fournies avec tout l’équipement nécessaire, en conformité avec les exigences des SDIS. 

Les réserves incendie LV FIRE de Léon Veyret sont des cuves protégées grâce à un revêtement Endopren di électrique (lutte contre les courants vagabonds).

Ce sont des cuves monoblocs construites à partir des buses aux parois ondulées en acier galvanisé Z 725 qui font la réputation de la société. Relativement légères (elles ne nécessitent pas de moyens de levage lourds pour leur installation), elles ont obtenu en 2022 une certification CSTB. «L’étanchéité et la résistance à la corrosion ont été testées. Grâce à une paroi de 3 mm d’épaisseur, ces réserves présentent une durabilité analogue à celle des autres composants entrant dans la composition des réseaux, soit une durée de vie de conception égale à 50 ans. Le prix d’achat est certes supérieur mais le coût de possession est très compétitif par rapport à des solutions d’autres solutions à plus courte durée de vie » affirme Alexandre Dagicour, responsable communication et marketing chez Tubao. Les réserves enterrées évitent – ou au moins minimisent – le problème du foncier. Elles peuvent s’installer sous des espaces verts, des parkings, des voiries y compris en nappe (les citernes Tubao supportent même sans châssis les voiries à circulation lourde, à partir de 80 cm de remblai)… Autre avantage: elles sont moins vulnérables au vandalisme. «Ce n’est pas anodin. Nous remplaçons de plus en plus de citernes souples à cause de ce problème. Une commune dans les Vosges, par exemple, en est à sa troisième citerne percée en cinq ans… 

Charot, spécialiste des cuves chaudronnées simple et double paroi, propose des réservoirs d’eau pour la protection incendie fabriquées selon la norme NF E86-410. Ici installation d'une cuve de 120 m3 .

Elle est donc passée à notre solution enterrée » plaide Alexandre Dagicour. Ces deux dernières années, Tubao a vendu plus de 500 ouvrages de défense contre l’incendie en France, que ce soit pour des industriels, en ville (protection de la Sorbonne à Paris, d’un futur complexe sportif à Nantes, de lotissements, de stades) ou auprès de communes rurales, y compris en montagne où la légèreté de ces cuves permet l’héliportage. Autre acteur des structures visitables enterrées en acier galvanisé à chaud double face depuis 30 ans, Viacon France (ex Tubosider France). Son offre réside dans les cuves enterrées TuboFIRE® dont la durée de vie est estimée à près de 50 ans. «Sans entretien ni réapprovisionnement en eau car l’évaporation est nulle, les cuves TuboFIRE® sont fabriquées les selon les contraintes du site à desservir (définis par le SDIS) avec les équipements demandés (canne pompier, anti-vortex, …). Grâce à un poids de moins de 5 T pour une cuve de 120 m3 , la TuboFIRE® ne nécessite aucun radier ni dalle béton pour l’ancrage ou la circulation poids lourds, ce qui lui confère l’impact écologique le plus faible du marché français pour les cuves enterrées », avance Frédérick Cousin, président de la société, qui revendique plus de 2000 références de chantiers en DECI en France depuis leur lancement. Charot, en tant que spécialiste des cuves chaudronnées simple et double paroi, propose quant-à-lui des réservoirs de conception similaires aux réservoirs de stockage d’hydrocarbure. 


Spécialiste des cuves boulonnées, Apro industrie propose des réservoirs pour le stockage d'eau incendie (Sprinkler ou DECI) depuis 40 ans. Soit 15000 références en incendie.

« Ils présentent de nombreux avantages, pour des volumes unitaires jusqu’à 120 m3 et jumelables. Robustes, avec des parois de 5 à 6 mm d’épaisseur d’acier, ces cuves peuvent être enterrées, y compris sous voirie, les préservant des éventuels actes de vandalisme. Elles sont parfaitement étanches, testées en atelier, assurant la présence d’eau en toutes circonstances. Le revêtement extérieur diélectrique assure une protection contre le percement de la paroi par les courants vagabonds, détaille Pascal Charot, son directeur général. Ces qualités lui assurent une durée de vie de plus de 50 ans. La conception avec trous d’homme permet également une grande modularité des équipements, même à posteriori afin de répondre parfaitement aux exigences des SDIS». Chez Chapsol, toutes les options, de quelques dizaines à plusieurs milliers de m3 : enterrés, semi-enterrés ou hors sol, ses ECOBASSIN®, peuvent être mises en œuvre sur une ou plusieurs files, en parallèle ou en série afin de répondre aux volumes de stockage. Visitable et nettoyable, le système d’assemblage par serrage mécanique, et non par emboitement, permet de garantir des poses simples et rapides, de 4 h pour la mise en œuvre d’un ECOBASSIN® de 5 éléments, soit environ 100 m3 , indique le fabricant. Enfin, Saint-Gobain PAM Canalisation propose des réservoirs constitués par assemblage de tuyaux en fonte ductile de DN600 à DN2000.

LE RACCORDEMENT : À NE PAS NÉGLIGER 

Lorsqu’une équipe de secours arrive sur un incendie, il n’est plus temps de se poser la question du raccordement à la prise d’eau. Tous les PEI doivent être équipés du raccord tournant à tenons symétriques, de 100 mm de diamètre, qu’utilisent les pompiers. 

Cuve TuboFIRE® 120 m3 fabriquée par Viacon France en cours de remblaiement. La cuve sera enterrée et circulable avec une intégration parfaite dans le paysage. Elle fait partie d’un lot de 6 cuves (volumes de 60 à 120 m3 ) sous maîtrise d’œuvre du SIDEC pour le compte de la commune de Chatelneuf dans le Jura.

Et l’eau doit arriver, avec le débit et les quantités attendus. C’est l’affaire de fontainiers comme AVK, Bayard, Saint-Gobain PAM Canalisation connus pour les bouches et les poteaux incendie « rouges », soit ceux situés sur le réseau et fournissant une eau en permanence sous pression. Ceux-ci peuvent être éventuellement sécurisés par des systèmes de fermeture Abloy, Locken LSA par Iseo pour se mettre en conformité avec l’arrêté du 10 septembre 2021 ou par des applications de surveillance à l’image du système Apilink développé par Birdz ou Cerbere proposé par PAM, qui sont compatibles avec la majorité des marques et modèles de poteaux incendie. Pour les ressources alternatives, sans pression et nécessitant donc une aspiration, les points d’accès sont peints en bleu. Poteaux sensiblement similaires aux bornes urbaines, prises déportées en col de cygne, prises directes, tout est possible, pourvu bien évidemment que le raccord tournant DN 100 des pompiers soit présent. Logiquement ces équipements doivent répondre aux mêmes exigences que leurs équivalents rouges, mais jusqu’à récemment ils n’étaient pas normés (hormis le raccord). C’est pourquoi Citerneo a sollicité l’Afnor en 2012 en ce sens. Un groupe de travail comprenant entre autres Bayard, Citerneo, Labaronne-Citaf, des fontainiers et des SDIS a élaboré trois normes , parues en 2017 et concernant les dispositifs d’aspiration et les citernes souples. Les solutions Citerneo et Labaronne-Citaf répondent bien évidemment à ces normes. Tubao a pris en considération les mêmes contraintes pour ses cuves prééquipées. «Nous proposons quatre types de PEI conformes aux exigences des SDIS. Dans tous nos équipements, le client dispose en standard d’un robinet à flotteur (qui garantit une cuve en eau et prête à l’utilisation à tout moment), un évent protégé par une grille anti-intrusion et un système de raccordement calibré selon les exigences du SDIS local, car il peut y avoir quelques spécificités selon les régions. Le raccord DN 100 final, lui, est normé depuis longtemps » précise Alexandre Dagicour.


TOUTES LES EAUX, OU PRESQUE 

Eau potable, eau naturelle (de rivière, de nappe ou de plan d’eau), eau de pluie, eau d’irrigation, eau industrielle : en principe, tout est bon pour éteindre un incendie… avec quelques réserves. « Hors zone urbaine, on utilise les eaux naturelles ou de citernes. Même en présence du réseau, on « attaque » avec de l’eau potable mais, si l’opération doit durer, on pose des lignes d’aspiration ou on met en place une noria vers une eau naturelle ou un canal. Quitte ensuite à nettoyer et remplir les camions à l’eau potable une fois rentrés à la caserne » explique Gilles Fouissac. 

Pour sécuriser les bouches et poteaux incendie, Abloy propose une solution de gestion électronique des accès, basée sur une clé mécatronique. L’énergie et l’intelligence du système sont apportées par la clé, ainsi ni câblage ni pile ne sont nécessaire au niveau du cylindre.

« Les réserves sont remplies si possible avec de l’eau du réseau, sinon de l’eau pluviale mais pas de l’eau de ruissellement pour éviter la présence d’hydrocarbures » précise pour sa part Alexandre Dagicour (Tubao). Le contexte actuel de sécheresse risque toutefois de rendre difficiles à la fois le recours à l’eau potable et à l’utilisation de ressources naturelles… Quant aux eaux usées, la loi est claire : « Les eaux usées des installations de traitement des eaux (lagune notamment) ne doivent pas être utilisées par principe. En cas d’utilisation en situation exceptionnelle, des mesures de protection des personnels porte-lance doivent être prises, intégrant le risque de contamination par aérosol (pulvérisation de l’eau). » Reste à déterminer ce qu’est une « situation exceptionnelle ». La pénurie d’eau prévisible pour cet été, alliée à des risques d’incendie accrus, est susceptible de multiplier ce type de situation. Et les eaux usées traitées (REUT)? Sont elles éligibles pour lutter contre l’incendie ? « La REUT est actuellement au stade expérimental en France. On peut solliciter une autorisation préfectorale pour un projet mais des usages sont d’ores et déjà interdits (hôpitaux, ERP…), il est donc peu probable d’obtenir l’autorisation d’asperger des habitations avec de l’eau de REUT. Etant donné son coût, bien supérieur à celui de l’eau potable, la question ne se pose d’ailleurs pas, à mon sens » ajoute Alexandre Dagicour. Même prudence du côté de Nicolas Condom, président d’Ecofilae. S’il souligne l’existence d’une « porte entr’ouverte », techniquement, par le décret 2022-336 du mars 2022, qui encadre les expérimentations, il n’a pas connaissance de projet dans ce sens actuellement.

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