Your browser does not support JavaScript!

De l'or sale première partie : les estimations

31 janvier 1994 Paru dans le N°169 à la page 38 ( mots)
Rédigé par : Michel MAES

L'éco-business est l'un des rares secteurs d'activités épargnées par la crise socio-économique. Industriels, élus et simples citoyens sondés et resondés confirment la priorité de leurs désirs envers un meilleur environnement et un traitement convenable des déchets... Le marché français pour 1991 s'évalue autour de 100 MdF, dont 30 à 40 % environ attribué au seul secteur " déchet ", au minimum. Pour l'horizon 2000, la progression attendue concerne ce secteur avec plus de 100 % d'augmentation.

Sondages et remue-ménage

Morose, la conjoncture socio-économique. En grisaille, la vie industrielle. Mais cette pesanteur prime-t-elle sur les autres sujétions du citoyen ? Non (1). Dès 1988, une enquête de la direction générale de l'industrie de la CEE nous apprenait que l'environnement était devenu le principal souci des Européens. Chose plus étrange, une autre enquête réalisée en 1990 par l'Ifop révélait que les Français étaient davantage préoccupés par la pollution (à 70 %) que par le chômage (à 66 %). Force est de convenir que malgré une réticence générale à l'investissement comme à l'embauche, il s'est créé, dans le débat national, un contexte favorable au développement des éco-industries. La prise en compte des phénomènes environnementaux par les industries et les collectivités, encadrée par une législation très fournie, de plus en plus contraignante (et délicate d'application, quand elle n'est pas déconcertante), poussée par une opinion publique de plus en plus attentive au cadre de vie (souvent mal conditionnée par les aléas de l'information), cette prise en compte est de plus en plus manifeste à travers les sondages d'opinion, comme en témoignent les enquêtes de l'OIP de 1989 et 1992 (figure 1).

Cela ne signifie nullement que les décisions soient devenues aisées à prendre pour satisfaire économie et environnement. Si les préoccupations initiales de dépollution se sont sensiblement déplacées, elles restent vives : les entreprises productrices de déchets s'inquiètent de la montée des coûts d'élimination alors que les centres de traitement collectif connaissent une forte aversion sociale ; d'un autre côté, les filières du recyclage traditionnel vacillent, les cours des matières premières secondaires s'effondrent, et l'incinération, qui pourrait être la panacée du déchet, reste une solution très controversée.

Janvier 1993, l'Ademe questionne, par une enquête IFOP, 500 dirigeants d'entreprises industrielles de plus de 50 salariés :

  • le recyclage des déchets industriels et ménagers arrive en tête des actions définissant le mieux la défense de l'environnement et la protection de la qualité de la vie, avec 59 % de citations,
  • à la question « quels types d'aides attendez-vous des organismes publics ? », les dirigeants interrogés sont 58 % à attendre une aide financière, mais 55 % à désirer des conseils et 38 % des informations.

Autrement dit, si les moyens pécuniaires sont indispensables sous forme d'aides, conseils et informations occupent néanmoins une place déterminante dans le besoin des dirigeants, eux qui placent le problème « déchets » au sommet de leurs préoccupations (J.-H. Bourdois, revue « Entreprendre », avril 1993). La poursuite du dépouillement de cette enquête révèle chez les industriels un certain désarroi : deux

Les priorités pour la région (en %)

19891992
L'information et la réinsertion des chômeurs2532
La création d'entreprise2415
La protection de l'environnement813
L'enseignement et la formation des jeunes1012
Le maintien de l'activité des entreprises existantes1010
L'insécurité58
L’immigration34
Les moyens de transport et de communication33
La préparation de l'Europe93

La hiérarchie des menaces pour l'environnement (en %)

19891992
Les décharges sauvages d’ordures7479
La pollution de l'eau7476
L’abandon des cultures et le dépeuplement des zones rurales7474
La pollution atmosphérique7270
Le stockage des déchets chimiques6568
Le transport de matières dangereuses6263
La défiguration des paysages6763
Les risques nucléaires5451

Considéré comme un danger « plutôt grand »

[Photo : Fig. 1 : Sondage de l'Observatoire Interrégional du Politique (OIP), réalisé BVA-CSA-IFOP-L. Harris-Sofres dans vingt régions de France, auprès de 15 000 personnes, octobre 1989 et juin 1992.]

Chefs d'entreprises sur trois avouent n'avoir pas pris les mesures nécessaires pour modifier la conception de leurs produits ou en faciliter le recyclage, et 90 % d'entre eux ne disposent pas de responsable environnement et n'ont pas non plus signé de contrat recherche-environnement. Alors qu'ils sont persuadés, pour 92 %, que les exigences en matière de produits plus « écologiques » vont croître, et qu'ils sont convaincus, pour 71 %, que les normes deviendront encore plus rigoureuses avec l'ouverture du marché unique. C'est avouer aussi la vulnérabilité à court terme de la plupart des PMI inadaptées (J.-M. Meyer, « Spécial Eco-Industries », revue « L'Usine Nouvelle », octobre 1993). En revanche, beaucoup d'autres PMI se débattent pour justifier de nouvelles compétences et activités « vertes ».

Il est vrai que, las de subir passivement les tracas des obligations et de dissimuler les arcanes de leurs activités, beaucoup d'entreprises s'orientent vers une stratégie offensive de gestion de leurs déchets, avec dividendes financiers et images de marque à la clé. En mars 1993, un autre sondage CCIP-IFOP, réalisé en région parisienne, montre que 19 % des PME utilisent le thème de l'environnement dans leurs politiques de marketing.

Mairies vertes

De leur côté, les collectivités locales gestionnaires du cadre de vie de leurs électeurs se sentent de plus en plus concernées. En octobre 1991, une étude « Maires » de BVA-Alliance Carton Nature (figure 2) apporte une réponse tempérée, car 21 % d'entre eux estiment que le problème des déchets pose une question « extrêmement importante » et 23 % qu'elle est « importante », alors que la majorité des élus placent avant tout les problèmes de l'école ou de la route dans la gestion de la commune.

Interrogés sur leurs propres convictions en matière de résidus urbains :

  • 37 % des maires estiment que l'incinération, avec ou sans récupération d'énergie, est encore le meilleur procédé vis-à-vis de l'environnement ; 26 % optent pour le recyclage et 14 % se rabattent sur la décharge ;
  • la technologie la plus courante, la décharge, retient cependant l'attention des maires, qui pensent pour 41 % que cette technologie est le mieux adaptée à leur commune ;
  • la collecte sélective attire une forte manifestation puisque 94 % des élus se déclarent prêts à étendre ce procédé.

Toutefois, en décembre 1992, une enquête BIPE effectuée à la demande de l'AMF, réalisée sur 400 communes de plus de 2000 habitants, montre que les collectivités locales consacrent en moyenne 16 % de leurs dépenses d'équipements pour l'environnement (R. Dubail, « Un contexte favorable aux Eco-Industries », revue EMP, n° 117, 6 octobre 1993). La loi du 13 juillet 1992 sur l'élimination des déchets implique un corollaire en filigrane : multiplier les installations de traitement par incinération et d'inertage physico-chimique et biologique. Mais cet objectif, sans doute louable, se heurte à des difficultés matérielles, en l'occurrence foncières et psychologiques. Pourquoi donc les maires iraient-ils affronter leurs électeurs alertés par le syndrome du NIMBY (« not in my back-yard » : pas de ça chez moi !), d'autant plus qu'ils n'ont que de faibles compensations au niveau de l'emploi et des taxes professionnelles, devant les récriminations des habitants quant au trafic de poids lourds et aux nuisances d'exploitations éventuelles. D'où l'éruption d'un autre syndrome affectant cette fois-ci les élus, celui du NIMEY (« not in my election year » : jamais durant l'année de mon élection !). Les lois de la décentralisation ayant évincé ou émoussé l'autorité régionale d'aménagement, les schémas directeurs restent en sommeil : celui de la région Île-de-France, par exemple, le SDRIF ne parvient pas à établir un zonage des installations de traitement de déchets « électoralement invendables » (M. Charpentier, « Qui a peur des déchets ? », Bulletin CCIP de la Bourse des Déchets Industriels de l'Île-de-France, n° 17, septembre 1993).

Soulignons au passage l'initiative Trialp du Conseil Général de Savoie et du Syndicat Intercommunal de l'Agglomération Chambérienne, dont la plaquette « Vivent les déchets : les nouvelles ressources » dénote l'efficacité d'un partenariat complémentaire : collectivités locales, entreprises actives, structures locales qualifiées (Emmaüs, Trivalor, ATFJ).

Enfin, devant le foisonnement des textes réglementaires, qui devraient être un facteur d'incitation à l'essor des Eco-Industries, de partout on crie : « pouce ! ». Aux secondes Assises Nationales sur les Déchets Industriels de la Baule, on annonçait, à la satisfaction générale, une pause législative (2). Car légiférer dans la précipitation, c'est aussi confondre objectif et moyen de coercition : les Allemands, qui ont voulu imposer pour leurs emballages la seule option du recyclage, interdisant l'incinération, se trouvent dans l'impasse technologique (3). « Il faut réfléchir avant de graver dans le marbre du Journal Officiel. On semble créer lois et décrets comme on lance des images publicitaires pour engendrer un “effet d'affichage”. Mais tandis que les réclames ne laissent que des impressions éphémères et frivoles, les lois sont faites pour qu'on leur obéisse. Elles demeurent dans les codes et vivent indéfiniment dans les tribunaux, qui ont, entre leurs mains, l'honneur et la liberté des hommes. Voilà le vrai prix des effets d'affichage » (J. Robert, professeur de Droit de l'Environnement, Paris II, « Le droit naturel », revue « Valeurs vertes », juin 1993).

Reste qu'une véritable dynamique s'instaure : des entreprises astucieuses s'appliquent à transformer les contraintes normatives en avantages concurrentiels, stratégie qui s'intègre parfaitement aux plans de marketing et de qualité. La seconde étape sera atteinte quand la dimension environnementale débouchera sur un nouveau secteur industriel de biens d'équipement et engendrera un vrai business (P. Wagner, « L'environnement entre mythe et business », revue « Industries et Techniques », n° 742, 8 octobre 1993). Mais ce business n'est-il pas déjà chiffrable ?

Marché mondial de l'Eco-Business

Un premier repère est fourni par l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique), qui a établi un bilan des investissements en faveur de la protection de l'environnement, consentis par les nations industrialisées au cours des années allant de 1980 à 1988.

[Photo : Fig. 2 – Sondage de l'Alliance Carton-Nature (Tetra Pak PKL), réalisé par BVA auprès de 403 maires, en juin 1991 (revue « Emballage Digest », n° 12, 1991).]
[Photo : Marchés communautaires de l'environnement par pays et par secteur en 1988 (BIPE-Conseil).]
[Photo : Evolution par milieu des dépenses de protection de l'environnement dans la Communauté européenne.]
[Photo : La pression des activités humaines rapportées au PIB par habitant dans la Communauté (Ereco).]
[Photo : Le PIB par habitant et la pression des activités humaines sur l'environnement par habitant dans la Communauté.]
[Photo : Fig. 3 – Le marché « Environnement » dans la CEE des années 1988 et 1989 (d'après BIPE-Conseil et Ereco).]
Zones/Pays 1990 2000 Croissance estimée (%)
Amérique du Nord : 84,0 125,0 5,4
États-Unis 78,0 113,0 5,0
Canada 7,0 12,0 7,9
Europe : 54,0 78,0 4,9
Allemagne 11,0 23,0 4,0
France 10,0 15,0 3,9
Royaume-Uni 7,0 11,0 5,3
Pays-Bas 2,7 3,7 6,1
Italie 1,5 2,1 6,0
Danemark 1,0 2,0 7,2
Grèce 0,4 0,8 7,4
Portugal 0,4 0,7 8,3
Espagne 1,8 3,0 7,4
Belgique 1,4 2,3 6,3
Irlande 0,3 0,5 6,5
Autriche 1,3 1,8 5,3
Suisse 1,8 2,5 3,5
Suède 1,5 2,0 3,7
Finlande 1,0 1,3 3,7
Norvège 0,7 1,0 3,6
Asie-Pacifique 26,2 42,0 6,7
Japon 24,0 39,0 6,4
Australie 2,0 2,8 5,9
Nouvelle-Zélande 0,2 0,3 5,5
OCDE 164,0 245,0 5,5
Hors OCDE 36,0 55,0 5,9
Europe de l’Est/Union soviétique 15,0 21,0 4,0
Autres 21,0 34,0 6,8
TOTAL 200,0 300,0 5,5

Source : Ecotec, Helmut Kaiser Consultancy, OCDE.

exprimés en pourcentages par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut) des pays considérés offrent une base de référence qui permet de mieux jauger les évolutions attendues. L’implication générale semble assez pitoyable : trois pays occidentaux seulement ont investi plus de 1 % de leur PIB, à savoir les Pays-Bas, le Canada et l’Allemagne.

D’ailleurs, pour 1988 justement, le BIPE (Bureau d’Information et de Prévision Économique) précise la part des marchés communautaires de l’environnement par pays et par secteur. À cette époque, si le secteur « eau » représente dans presque tous les pays européens près de 50 % du marché total de l’Environnement, chacun de ceux-ci conserve sa propre dynamique : l’Allemagne investit beaucoup plus, relativement, dans le secteur « air » (+ 12 % en volume pour 1988), l’Italie dans le traitement des déchets (+ 18 %) et l’Espagne dans l’eau (+ 20 %) (« Clés pour l’Europe », Ministère des Affaires Européennes, 1992) (figure 3).

Pour 1989, il est admis que le montant total des marchés de l’environnement traditionnels, à savoir globalement : eau + déchets + air + bruit, représente :

• 455 MdF pour les USA, • 310 MdF pour l’Europe Occidentale, dont 130 pour l’Allemagne et 57 pour la France (second marché après l’Allemagne), • 90 MdF pour l’Europe Orientale (dont l’ex-URSS pour 60), 105 pour le Japon, 180 pour le reste du monde.

Le BIPE annonçait que les marchés de l’environnement allaient enregistrer, entre 1987 et l’an 2000, une croissance globale de l’ordre de 7,7 % par an dans les pays de la CEE. De fait, dès 1991, le CA réalisé par les éco-industries françaises a atteint 100 MdF, soit 1,8 % du PIB marchand ; la valeur ajoutée, VA, dégagée par leur activité marchande s’est élevée à 58 MdF, soit un taux VA/CA de 58 %, ratio plus élevé que celui des activités marchandes (A. Simond, CE-CCIP, août 1993). CA et VA ont constamment progressé en France du fait de la part croissante prise par les éco-industries dans la PIE (Production Intérieure Environnement), qui passe de moins de 50 % au début des années 1980 à 70 % en 1989. Aux USA, les ventes d’équipement et de matériel pour le contrôle et le traitement des pollutions avec les prestations des sociétés de services (bureaux d’études, consultants spécialisés) ont totalisé pour 1991 un marché de 120 milliards de dollars. Ce même marché devrait bénéficier d’une croissance annuelle de 9 %, pour atteindre 164 milliards en 1996.

Objectifs 2000

À l’horizon 2000, les dépenses pour l’environnement s’attribueraient ainsi (en MdF) :

• 695 pour les USA, • 620 pour l’Europe Occidentale, dont 245 pour l’Allemagne (mais déjà 100 pour la France en 1991), • 135 pour l’Europe Orientale (dont 105 pour l’ex-URSS), 145 pour le Japon et 235 pour le reste du monde.

L’OCDE estime actuellement à 200 milliards de dollars le marché mondial des biens et services liés à l’environnement, et prévoit qu’il devrait augmenter en moyenne de 5 à 6 % l’an, pour atteindre 300 milliards en l’an 2000 (figure 4). La taille de ce marché est comparable à celle des secteurs des produits de l’industrie aérospatiale (marché estimé actuellement à 180 milliards de dollars) ou des produits de l’industrie chimique (500 milliards). (« Les marchés de l’environnement aux États-Unis », CFCE, 29 juin 1992).

On peut dire qu’actuellement le marché mondial des Eco-Industries se monte à 1500 MdF, dont 500 pour les USA et le Canada, et 500 pour l’Europe, moyennant une croissance annuelle de 5 à 25 % dans les pays développés (W. Ryrie, International Finance Corporation, Conférence de Rio, juin 1992).

Comment se répartit le marché de l’Union Européenne actuelle ? BIPE-Conseil indique :

• près de la moitié de ce marché, 45,3 %, est occupé par le traitement de l’eau, • près du tiers par celui des déchets, soit 30 %, • plus du cinquième, soit 22 %, par celui de l’air, • le reste, soit 2,7 %, par le traitement des autres nuisances (bruit, odeurs, décontamination des sols) (4).

Malgré un ralentissement de l’évolution générale du PIB d’ici l’an 2000, on devrait donc assister à une croissance du marché des biens et services lié à l’environnement, avec des coefficients différents selon les secteurs et les États. Les progressions les plus importantes sont attendues pour les marchés liés au traitement des déchets (+ 114 %) et ceux liés à l’air (+ 92 %).

Très dépendantes des volontés politiques, les Eco-Industries se sont développées avec de fortes distorsions d’un pays à l’autre, en fonction des pressions législatives en vigueur (5). Les Japonais excellent en matière de dépollution de l’air et d’instrumentation de mesure, les Pays-Bas disposent d’un puissant service d’ingénierie privée pour les déchets et la décontamination des sols pollués, les Allemands ont acquis une avance sérieuse en recyclage et valorisation des déchets industriels et ménagers. Quant aux USA, longtemps peu réceptifs au problème écologique, ils ont fini par acquérir, avec le « Clean Air Act » de 1990 et l’opération Superfund sur les sites contaminés, une compétence indéniable en matière de déchets.

Enfin, on reconnaît volontiers à la France la compétence en matière de traitement d’eaux, dont le know-how est bien exporté ; c’est justement le secteur d’intervention privilégié des Eco-Industries. Pour 1991, l’enquête SESSI « Industrie et Marchés de l’Environnement » indique les différents CA réalisés sur le marché vert français : – air : 35,5 %, – déchets : 23,0 %,

[Photo : Fig. 4 – Prévision de l’évolution du marché des Eco-Industries suivant les États (d’après A. Simond, « L’industrie française de l’environnement : caractéristiques et marchés », août 1993)]
  • - rejets atmosphériques : 30,9 %
  • - bruit : 3,6 %
  • - sols : 2,3 %
  • - autres : 3,7 % (M. Julia, M. Falco, SESSI, Ministère de l'Industrie et du Commerce Extérieur, revue « Le 4 pages », n° 15, mars 1993).

On note, dans ces enquêtes, et compte tenu des remarques et réserves précédemment émises, que les deux secteurs « eau-déchets » se partagent pour plus de deux tiers le chiffre d'affaires du marché vert français.

(1) La chaude participation au début d'octobre 93, à deux grands salons spécialisés sur ce sujet, tenus à quelques jours d’intervalle à la Porte de Versailles à Paris, en est la confirmation :

  • - Europropre organisé par la Fédération des Entreprises de Propreté (FEP) (G. Guilbert, président de la FEP et du Comité d'organisation du salon), avec 276 stands et 12 300 visiteurs (en progression de 80 %), puis la Journée sectorielle Propreté, du 28 octobre ;
  • - Pollutec organisé par Sepfi-Ademe (B. Léon, commissaire général, avec 790 stands et environ 45 000 visiteurs, en augmentation de 30 % d'exposants étrangers) avec le renfort de l'ancien salon MEI de l'AFME (incorporée à l'Ademe), malgré une fréquence devenue annuelle de cette manifestation.

(2) « Avec plus de 5 000 pages de textes réglementaires, rien qu’en France, les PME ne peuvent plus suivre. Plutôt que de vouloir tout faire, fixons-nous des priorités afin de les tenir », déclare P. Nollet, délégué général de l'Association des Entreprises pour l’Environnement, aux deuxièmes Assises Nationales.

(3) « Il n'y a pas de quoi se réjouir des difficultés rencontrées par les Allemands en matière de recyclage, car nous sommes sur le même chemin. Cessons d’accepter des taux de recyclage démentiels, et fixons-nous des objectifs plus raisonnables pour l’an 2000 : 20 % de recyclage, 10 % de compostage et 50 % d'incinération, le reste étant stocké sous forme de déchets ultimes », propose P. Brongniart, directeur général de la Lyonnaise des Eaux-Dumez, lors de ces mêmes Assises Nationales.

(4) Cette répartition, qui s'inspire du classement traditionnel des activités professionnelles, a l’avantage de la simplicité, mais reste équivoque : elle minore le secteur « déchets ». Or, tous les traitements de boues résiduaires (secteur « eau »), de boues issues d’hydrolavage des fumées (secteur « air »), ainsi que les opérations de décontamination des sols pollués, relèvent du secteur « déchet ». De même, les secteurs « éco-produits » et « technologies propres » épargnant la production de déchets gênants (on retrouve cette même simplification abusive dans le mode de recensement national des déchets industriels toxiques, inventaire ignorant les Équitox de l’eau, les SOx-NOx-COV de l’air). Déjà, l’étude Ereco, « Europe in 1996 », fait mention pour les dépenses communautaires de 1990 de : 43,5 % pour le secteur « eau », 33,4 % pour le secteur « déchet », 17,5 % pour celui de l'air, 5,6 % pour le bruit et la protection de la nature (rapport J.-M. Poutrel, Ereco, revue « L'Environnement Magazine », n° 1513, 1993).

(5) Ces pressions législatives sont-elles opprimantes ? En fait, les coûts de mise en conformité aux normes environnementales représentent une faible part de l'ensemble des dépenses réalisées par l'industrie : de 1 à 2 % des dépenses totales ou du CA. La sévérité ou le laxisme relatifs n’a que peu, ou pas d'incidence nette sur la compétitivité générale des pays et sur leurs balances commerciales. En outre, les pays appliquant les normes de l'environnement les plus dures sont aussi ceux qui exportent le plus aisément de technologies et de services environnementaux, secteurs qui connaissent la plus forte croissance dans les pays de l’OCDE (C. Stevens, OCDE, « Politiques d’environnement : une incidence sur la compétitivité », revue « La Technique moderne », n° s 5-6-7, 1993).

La seconde partie de cet article, intitulée « Les acteurs », paraîtra dans le prochain numéro de la présente revue.

[Publicité : FD Conseil]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements