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Contrôle centralisé de la distribution d'eau en banlieue parisienne

30 mai 1980 Paru dans le N°45 à la page 47 ( mots)
Rédigé par : Pierre ALLA

LA LYONNAISE DES EAUX est concessionnaire, fermière ou gérante de nombreux services d'eau et d’assainissement en FRANCE. À ce titre, elle a été amenée à concevoir, financer et réaliser des installations de contrôle centralisé depuis une vingtaine d’années, dans les réseaux dont elle assure la responsabilité du fonctionnement, qu’il s’agisse d’agglomérations importantes ou de secteurs ruraux.

La technologie des systèmes de télé-transmission a considérablement évolué ces dernières années : ils sont devenus plus fiables, moins voraces en énergie, plus faciles à réparer et leurs performances se sont accrues. C’est pourquoi les sociétés de distribution d’eau font appel de plus en plus à ces techniques pour améliorer la sécurité du service public dont elles ont la charge, et les conditions de travail de leur personnel.

Parmi les réalisations les plus modernes et les plus exemplaires (*) de la LYONNAISE DES EAUX et de ses FILIALES, figure le système de contrôle centralisé de la grande banlieue sud de Paris dont l’évolution fait l’objet du présent article.

Le réseau de la LYONNAISE DES EAUX en région parisienne est fortement interconnecté, comporte plusieurs étages de pression, de nombreux réservoirs, et tire ses ressources d’origines diverses : eau de Seine traitée dans trois usines principales et une quarantaine de forages puisant l’eau des nappes souterraines. La capacité globale de production dépasse actuellement 400 000 m³/j et la production annuelle 80 000 000 de mètres cubes.

Ce réseau dont l’origine remonte au début du siècle s’est développé parallèlement à l’urbanisation de la grande couronne au sud de l’agglomération parisienne et connaît un taux de croissance particulièrement élevé.

La mission de « Service Public » de la Lyonnaise des Eaux, qui consiste à fournir en tout moment et en quantité suffisante une eau de qualité irréprochable, l’a conduite à réaliser d’importants investissements de production et de distribution. Il lui a fallu par conséquent se donner les moyens d’une gestion efficace adaptée à cet ensemble en constante évolution.

Bien gérer un tel réseau interconnecté où toute action sur un quelconque élément a une répercussion sur les autres nécessite impérativement :

  • — de disposer à tout instant d’une image fidèle et représentative du réseau ;
[Photo : Réseau interconnecté – région parisienne sud. Usines de production, réservoirs principaux, adductions]

(*) Dont on trouvera la liste en annexe.

• de pouvoir agir rapidement sur les éléments susceptibles de modifier les caractéristiques quantitatives ou qualitatives de la production et de la distribution de l’eau en appréciant pleinement toutes les conséquences de l’action menée.

En outre, compte tenu des inerties propres aux installations, il faudra la plupart du temps anticiper l’évolution de la demande afin d'utiliser au mieux l'ensemble des moyens existants et notamment prévoir le moment où il sera nécessaire de mobiliser les volumes emmagasinés dans les réservoirs.

Ces aspects fondamentaux de la gestion du réseau doivent aussi prendre en compte une composante économique qui aura pour rôle d’orienter le choix de l'exploitant vers les solutions permettant de produire et distribuer, au meilleur coût, pour autant que les impératifs primordiaux de quantité et de qualité soient, par ailleurs, satisfaits.

L'objectif est donc de recueillir l'information et d'établir des prévisions permettant une action conciliant l'efficacité et l’économie. C’est, à chaque fois, la définition précise par l'exploitant du degré de sûreté et de la marge de manœuvre acceptable au niveau de l’action qui le conduira à se doter des moyens correspondants d’acquisition d'information et d'action.

L'historique du contrôle centralisé en région parisienne sud permet d’apprécier l'évolution des besoins et des techniques mises en œuvre dans cet esprit.

[Photo : Usine de Vigneux. — Le bâtiment du dispatching.]

DES ÉQUIPEMENTS PRÉCURSEURS...

Jusqu’au milieu des années 60, le réseau reste facilement décomposable en sous-ensembles pratiquement autonomes. Chaque rive de la Seine est alimentée par une usine distincte, les interconnexions sont peu développées, les étages de pression se succèdent sans trop interférer. Chaque usine ou relais a son réservoir pilote et le fonctionnement des pompes est assuré manuellement ou par des asservissements locaux.

Mobilisation d’un personnel spécialisé

La surveillance des installations est confiée à des équipes d’agents spécialisés qui sont parfois logés sur place et qui travaillent selon le principe des services continus.

Les équipes de maintenance sont basées à l'usine de VIGNEUX, des agents d’astreinte sont prêts à intervenir à tout moment pour les opérations de dépannage. Les interférences entre ressources sont limitées au secteur de la rive droite de la Seine qui dispose de l'usine de VIGNEUX et des captages de la basse vallée de l'Yerres dans la nappe du Champigny, et les problèmes de coordination sont résolus localement.

Dans ce mode de gestion, la part prépondérante est assurée par une main-d’œuvre nombreuse et expérimentée, le matériel utilisé se limite à la transmission de quelques niveaux de réservoirs.

Nécessité de centralisation — Utilisation des premiers matériels de télésurveillance

À la fin de la décennie soixante, la progression de la demande en eau potable conduisait la Lyonnaise des Eaux à prévoir une extension des champs captants de la vallée de l'Yerres.

À cette même époque, le coût des tournées effectuées par le personnel devenait de plus en plus lourd, le bilan économique conduisait à installer les premiers éléments de contrôle à distance. Cette décision se trouvait par ailleurs favorisée par la nécessité nouvelle d’alléger les tâches contraignantes inhérentes aux services continus. C'est ainsi que dès 1967 était mis en service un équipement centralisant à l'usine de VIGNEUX la gestion des champs captants de la basse vallée de l'Yerres.

Le choix de l'usine de VIGNEUX comme point de regroupement des informations découlait tout naturellement de la présence sur place des équipes chargées de la maintenance et de l’existence pour les besoins propres de l’usine de postes de services continus.

Le matériel utilisé, fourni par l’ancienne Compagnie des Compteurs, se composait d'un ensemble de coffrets MERCURE pour les signalisations, de boîtiers EFS-RFS pour l’émission et la réception des télécommandes, et de matériel MINERVE pour les transmissions de niveau de réservoirs.

Le MERCURE permettait la surveillance continue des installations grâce à une structuration cyclique point à point des éléments à contrôler. Les liaisons entre les trois coffrets MERCURE installés dans les captages du Val d'Yerres et les trois coffrets correspondants regroupés dans une armoire à VIGNEUX se faisaient par l’intermédiaire de câbles privés ou de lignes louées aux PTT, les informations étant transmises sous forme binaire par codage de fréquence.

[Photo : Usine de Vigneux. — Le bâtiment de pompage qui abritait autrefois les équipements MERCURE et MINERVE.]

La base de temps du système était fournie par une lampe à décade et les relais nécessaires à la saisie des informations étaient du type électromécanique.

Les boîtiers EFS-RFS qui transmettaient les commandes sous forme de combinaisons de fréquences et les chaînes de mesure de niveau MINERVE fonctionnaient de façon complètement indépendante du MERCURE.

Les trois fonctions : surveiller, commander, mesurer étaient donc assurées par trois matériels différents.

... À CEUX AUJOURD’HUI EN SERVICE

Les investissements très importants réalisés aux environs de 1970 en raison de la forte progression de la demande en eau potable : usine de MORSANG-SUR-SEINE, relais de SAULX-LES-CHARTREUX et DRAVEIL, nouveaux forages, rendaient impérative la mise en place d'un système permettant une utilisation coordonnée et rationnelle des moyens de production. C'est à cette époque qu’a été prise la décision de doter l'exploitation d'un véritable centre de contrôle centralisé et qu’a été lancée la construction du bâtiment du dispatching de VIGNEUX.

Cette localisation dans l'enceinte de l'usine confirmait la vocation du site de VIGNEUX comme centre opérationnel pour toutes les missions de surveillance, dépannage et maintenance des installations.

DÉVELOPPEMENT DE L’ELECTRONIQUE

Pour des raisons essentiellement de technologie — en quelques années les matériels présents sur le marché avaient considérablement évolué — il n’était pas envisageable de transférer et développer les équipements MERCURE dans le nouveau bâtiment. Pour répondre à ses nouveaux besoins en télétransmission, la Lyonnaise des Eaux allait donc se doter d'une nouvelle génération de matériel : le TELESIS élaboré par SCHLUMBERGER. Ce matériel a été mis en place en deux étapes :

  • • 1972-1973 : Raccordement des installations de la rive gauche ;
  • • 1975 : Raccordement des captages du Val d'Yerres en renouvellement du MERCURE.

Le TELESIS utilise aussi un mode de structuration cyclique, mais, à la différence du MERCURE, c'est un matériel unique appelé Poste Central (PC) qui entre en relation avec chacune des stations à surveiller — ou postes satellites (PS) — et c'est le même ensemble qui assure au sein du même cycle de structuration les fonctions de télésurveillance, de télécommande et de télémesure. Actuellement, 8 PS sont reliés au PC TELESIS de VIGNEUX.

[Photo : Les armoires TELESIS au dispatching.]

Principe de fonctionnement du TELESIS

Le système fonctionne par cycle d'interrogation/réponse continu.

Le PC se compose d'un émetteur, d’un récepteur et d'une unité logique centrale qui assure le pilotage automatique des cycles de télésurveillance, le déroulement des séquences de télécommande et la restitution des informations reçues. Les télésignalisa­tions sont dirigées vers des boîtiers de verrines montés sur des pupitres, les télémesures vers des enregistreurs papier à défilement continu. L’envoi des télécommandes se fait par action sur des boutons-poussoirs situés sur les pupitres. Un système de verrouillage permet d’éviter les manœuvres accidentelles.

Les télécommandes sont transmises depuis le PC vers le PS dans le message « interrogation », les informations reviennent du PS vers le PC dans le message « réponse ». La durée complète d’un cycle interrogation-réponse est de l’ordre de 4 minutes.

Les transmissions sont effectuées par voie filaire à la vitesse de 50 bauds (1 baud = transmission d'un bit ou information élémentaire par seconde).

La technique de passage des messages est adaptée au type de liaison et à la fiabilité recherchée.

caractérisant une information est transmise sous forme binaire (état 0 ou 1) par une modulation fixe, autour d'une fréquence porteuse de base, choisie dans la gamme des fréquences vocales. Les différentes informations relatives à un même PS sont transmises successivement sous forme d'un train d'impulsions.

La technologie mise en œuvre dans la fabrication du TELESIS utilise exclusivement des circuits électroniques imprimés T.T.L. montés en « racks » ou paniers dans des armoires de petites dimensions.

Les performances du système TELESIS répondent parfaitement au souci de l'exploitant d’obtenir une information fiable permettant une action rapide et sûre.

[Photo : Dispatching de Vigneux. Les pupitres de signalisation et de commande du TELESIS.]

… ET APPARITION DES MICROPROCESSEURS

Cependant, pour les plus récentes extensions de nos matériels de télétransmission, l'évolution favorable des performances et des prix nous a conduits à essayer de pousser plus loin le service rendu par le matériel à l'exploitant et de ne plus séparer la transmission de l'information de son utilisation finale.

Les traitements complémentaires à mettre en œuvre se devaient ainsi de trier, classer, stocker et restituer à la demande les informations reçues. Ces capacités nouvelles doivent préparer la mise en œuvre ultérieure, pour le jour où la complexité du réseau l'exigera, d'organes d'aide à la décision qui amorceront la rationalisation de la fonction prévision, jusqu'alors exclusivement liée à l'expérience de l'exploitant.

[Photo : CONTRÔLE CENTRALISÉ - Schéma du réseau CENELT]

Les matériels à microprocesseurs apparus ces dernières années sur le marché répondaient, par la souplesse de conception et leur grande modularité, à nos exigences. Par ailleurs, leur niveau de prix les rendait particulièrement compétitifs.

Organisation de l’ensemble CENELT

L'ensemble que nous avons mis en service en 1978, réalisé par la Compagnie d'Engineering Electronique CENELT*, gère un système de télétransmission appelé TCMS 1024 basé sur le même principe de cycle d'interrogation-réponse et de codage binaire des informations. Toutefois, la logique du système n'est pas figée sur circuits imprimés, mais contenue dans un boîtier de mémoires lié à un microprocesseur central.

La transmission se fait à la vitesse de 600 bauds et utilise indifféremment la voie filaire ou radioélectrique. Un émetteur-récepteur hertzien installé sur le toit du réservoir de Belle-Étoile à Yerres permet ainsi d’établir les communications avec une dizaine de PS dont le plus éloigné est à plusieurs dizaines de kilomètres du dispatching. Les stations raccordées par voie filaire sont pour leur part au nombre de cinq.

* CENELT, 51, rue du Docteur-Finlay, PARIS XVᵉ.

[Photo : Le poste central CENELT au dispatching. On distingue de haut en bas : — l’unité double de disques magnétiques, — unité centrale contenant le microprocesseur, — les cartes entrées-sorties et alimentation.]

À leur réception par le microprocesseur au PC, les informations sont orientées selon leur nature vers les divers périphériques associés. En effet, l’unité centrale du système est en liaison permanente avec :

• un écran de visualisation (alimenté par onduleur), • une imprimante rapide, • une unité double de disquettes magnétiques,

et possède aussi cinq sorties analogiques banalisées.

[Photo : L’imprimante rapide.]

Fonctionnement courant

Examinons ce qui se passe en exploitation courante, sans intervention de l’opérateur :

Le cycle se déroule, les PS sont interrogés successivement. Si les contacts caractérisant les signalisations ou les alarmes sont dans le même état qu’au cycle précédent, il ne se passe rien. Si une modification est constatée, l’information est traitée comme suit :

• le microprocesseur la reçoit sous forme codée, • il la transcrit en langage clair grâce aux indications qui lui sont fournies par une mémoire associée, • ensuite, il la transmet vers l’imprimante et la console de visualisation où elle apparaît, précédée de l’heure exacte et suivie d’une mention reflétant le nouvel état du contact.

Tous les événements sont donc consignés chronologiquement par l’imprimante. Tous les jours, à minuit, ces événements, qui ont été reclassés station par station et mémorisés sur une des disquettes magnétiques, sont restitués automatiquement dans un journal de bord. Ce journal, édité par l’imprimante, contient aussi la valeur numérique à 24 h des mesures et comptages de la station.

25/12/79

Journal de bord édité par l’imprimante pour la station de LINAS, le 25-12, à minuit,

Cinq mesures, au choix de l’opérateur, peuvent être affectées sur enregistreur papier banalisé à défilement continu pour suivi particulier.

Les dialogues homme-machine

Mais le grand intérêt de l’unité centrale à microprocesseur réside dans les possibilités de dialogue entre l’opérateur et le matériel. Les programmes permettant ces dialogues ont été écrits à la demande de l’exploitant et sont contenus dans des cartes-mémoire associées au microprocesseur. On distingue essentiellement deux types de dialogues : ceux permettant de modifier la configuration de l’ensemble scruté et ceux destinés à affiner l’exploitation courante.

Les dialogues de configuration

On appelle ainsi les dialogues qui permettent de créer ou supprimer des postes satellites et d’en modifier la composition interne : unités de mesure, dénomination en langage clair d’une station ou d’un événement, correction d’écarts sur la valeur de télé-comptages…

Ils peuvent aussi concerner des fonctions liées directement à la marche de l’ensemble : mise à l’heure, prise en compte de défauts transmission.

Ces dialogues dont on veut conserver trace écrite ne peuvent être menés que depuis l’imprimante.

Ils sont d'une pratique très facile et ne requièrent de l'exploitant aucune qualification spécifique.

Dans ce domaine, le progrès accompli est considérable depuis le TELESIS où l'adjonction ou la modification d'un PS nécessitait l'intervention d'un spécialiste du constructeur armé de son fer à souder pour travailler sur les cartes électroniques du PC.

Les dialogues d'exploitation courante

Par ces dialogues, l’opérateur peut passer les télécommandes et obtenir à un instant donné la totalité — ou une partie seulement — des informations concernant un poste satellite.

Il peut aussi se renseigner sur l’état d’un ensemble de signalisations, de mesures ou de comptages qu’il aura regroupés sous forme d’un journal, composé à sa guise auparavant.

Ces journaux apparaissent normalement sur l’écran de visualisation, mais si l’on veut en garder trace écrite, il suffit d’appuyer sur une touche « transfert » pour en obtenir l’édition par l’imprimante.

Le traitement des mesures : utilisation d’une console graphique

Pour ce qui concerne les mesures, un programme original permet à l’opérateur d’obtenir sur l’écran de la console de visualisation (c’est une console graphique) la courbe retraçant l’évolution de ladite mesure sur 24 heures. La courbe apparaît dans un repère portant en abscisse les heures et en ordonnées l’unité dans laquelle s’exprime la grandeur mesurée. Elle est tracée avec une précision d’un point tous les quarts d’heure, ce qui est très satisfaisant compte tenu de l’inertie des phénomènes que nous surveillons.

Pour le tracé de ces courbes, le microprocesseur travaille avec les deux disquettes magnétiques associées et peut fournir sur l’écran, soit l’évolution de la mesure sur les dernières 24 heures, heure pour heure, soit l’évolution de la mesure un jour quelconque du mois en cours, compris entre le premier du mois et le jour précédant la date de la demande.

Les disquettes enregistrées pendant les mois précédents sont conservées et peuvent être relues sans aucune difficulté par la console de visualisation. Il suffit de mettre la disquette correspondant au mois choisi à la place de la disquette du mois en cours et de faire apparaître l’évolution des mesures souhaitées sur la console de visualisation. Inutile de souligner le gain de place que procure au niveau de l’archivage le stockage des mesures sur supports magnétiques au lieu des classiques rouleaux de papier.

Transfert sur enregistreur papier

Afin de permettre une étude plus fine de certaines mesures, nous avons couplé à l’ensemble précédent un enregistreur rapide sur papier. Le microprocesseur a été programmé afin de pouvoir transférer de la console de visualisation vers cet enregistreur le tracé des courbes. Ce tracé peut être limité à une seule période de 24 heures ou concerner plusieurs jours consécutifs du mois. Le choix de la vitesse de défilement de l’enregistreur et de l’échelle des ordonnées permet d’adapter à chaque fois le format de la restitution à la précision recherchée pour l’étude en cours.

[Photo : Courbe d'évolution du niveau d'un réservoir. Tracé sur console de visualisation graphique.]
[Photo : Courbes d'évolution du niveau d'un réservoir. Tracé sur enregistreur rapide.]

C’est ainsi que pour le suivi de l’évolution des niveaux de réservoirs en période de pointe de consommation, la vitesse de défilement sera plus rapide que pour l’analyse sur une longue période (un ou plusieurs mois) des mesures caractérisant la qualité de l’eau brute de Seine telles qu’elles sont retransmises au dispatching à partir de la station de MORSANG-SUR-SEINE.

Liaison CENELT-TELESIS

Afin de faire bénéficier les informations recueillies par le TELESIS des mêmes traitements et notamment du journal de bord et du stockage sur disquette des mesures, nous avons été amenés à réaliser une interconnexion entre les deux systèmes : l’ensemble du

PC TELESIS est considéré comme un PS pour le système CENELT, la liaison s'effectuant par un bornier situé au niveau des pupitres.

Services annexes rendus par le microprocesseur

Il est à noter que le microprocesseur est particulièrement apte à répondre à certains problèmes liés à la disparité des capteurs utilisés pour l'acquisition des mesures ; c'est ainsi que nous avons pu transformer une mesure qui nous était fournie sous forme d'une loi pseudo-logarithmique en mesure linéaire en programmant une conversion systématique à partir d'une table mémorisée dans l'unité centrale.

[Photo : La base des transmissions radio-électriques : Antenne omnidirectionnelle sur le réservoir de Belle-Etoile à Yerres.]

Les problèmes nouveaux qui apparaissent en cours d'exploitation sont, dans la plupart des cas, très simples à résoudre avec ce type de matériel ; il suffit souvent de quelques heures de programmation et de l'adjonction, si besoin, d'une carte mémoire supplémentaire. Les limites du système sont loin d'être atteintes puisqu'il est toujours possible, en cas de saturation, de connecter de nouveaux périphériques et que toutes les tâches de traitement de l'information sont exécutées par le microprocesseur dans les temps morts du cycle de scrutation (par exemple : temps de montée en tension des émetteurs radio-électriques), donc sans alourdir le déroulement d'un cycle. Actuellement, un cycle complet dure environ une minute.

Aspect maintenance

Le personnel d'entretien chargé de la maintenance du matériel et dont la formation de base était celle d'électromécanicien a pu s'adapter facilement au nouveau type de matériel après un stage de quelques jours chez le constructeur et le suivi des opérations de mise en service. En cas de panne, une valise de test permet d'identifier rapidement si celle-ci provient de la défection d'un composant sur une carte électronique et de localiser le cas échéant cette carte. Il suffit alors de procéder à son remplacement pour remettre en service le système. À cette fin, nous avons acquis un stock de cartes de rechange composé d'au moins une carte de chaque type présent dans l'installation.

Toutefois, pour ce qui concerne les interventions impliquant une action sur la programmation, ou sur les composants mécaniques des appareils, nous avons pris le parti de faire appel systématiquement à l'installateur. À ce jour, la nécessité de ce type d'intervention n'est apparue qu'au moment de la mise en service.

L'exploitant dispose ainsi d'un outil de travail performant sur le plan de la télétransmission, souple à utiliser et particulièrement adaptable à toutes sortes de tâches annexes et notamment d'aide à la gestion.

AUTOMATISATION — PERSPECTIVES NOUVELLES

Dans le cadre de l'amélioration des conditions de travail, la Lyonnaise des Eaux attache un effort particulier à la suppression du travail posté. Pour le fonctionnement de l'usine de VIGNEUX, la localisation du dispatching dans l'enceinte de l'usine a permis de regrouper en un seul poste de service continu la surveillance de la télétransmission et la conduite centralisée de l'usine tant sur le plan traitement de l'eau que refoulement.

Bien sûr, l'éloignement des autres usines princi-

[Photo : Un poste satellite avec son antenne radio-électrique : Le forage de Servon.]
[Photo : Le coffret poste satellite CENELT du forage de Servon.]

Les usines situées à Morsang-sur-Seine et à Viry-Châtillon posent des problèmes de nature différente.

La réflexion que nous avons menée ces dernières années nous a conduits, pour ces usines, à aborder différemment l’aspect traitement de l’eau de celui du refoulement : le traitement de l’eau est de la responsabilité du chef d’usine, qui pourra être aidé par la mise en place localement de processus automatiques ; le refoulement des usines devra rester cohérent avec la politique générale de production d’eau de l’exploitation. Il s’agit là d’un problème extrêmement complexe, et nous avons mis au point récemment, en collaboration avec SAFEGE-SAGETOM et le laboratoire d’Automatique de l’École des Mines de Paris, un modèle mathématique de gestion automatique du refoulement des usines de production. Ce modèle a été testé avec succès sur le réseau rive droite de la banlieue sud, mais il reste à le rendre opérationnel en temps réel, ce qui nécessite encore un travail important, tant au niveau des logiciels à élaborer que des matériels à mettre en place. L’objectif n’est pas tant d’arriver à une conduite automatique du réseau qu’à une assistance du « dispatcher », dont la tâche est rendue de plus en plus délicate au fur et à mesure que se maille le réseau et se multiplient les unités de production.

L’automatisation du traitement dans les usines principales de production et la « conduite assistée » du refoulement nécessiteront la mise en place de nouveaux équipements de télétransmission et de traitement de l’information. Ces nouveaux matériels devraient pouvoir s’intégrer harmonieusement à l’ensemble déjà en service, compte tenu de la conception modulaire retenue.

Nous avons vu, dans ces dernières années, une évolution particulièrement rapide des structures de surveillance des installations, qui sont passées, sous la poussée des exigences en matière de service public et du souci d’améliorer les conditions de travail des agents, d’une organisation reposant sur une importante mobilisation de moyens en personnel à une centralisation s’appuyant sur un matériel d’une haute technicité.

En continuant à développer des automatismes locaux largement autonomes, nous avons voulu éviter les excès d’une centralisation abusive qui aurait pu conduire à une organisation fragile — dans le cas d’une défaillance du dispatching, par exemple — ou qui aurait pu focaliser tout l’intérêt de l’exploitant sur les seules installations de contrôle, au détriment de l’appareil productif.

La condition indispensable pour qu’un ensemble de contrôle centralisé s’intègre bien dans la vie d’une exploitation de distribution d’eau est que le matériel mis en place soit toujours conçu en fonction du service rendu à l’exploitant.

C’est dans cet esprit que nous avons élaboré jusqu’à ce jour le dispatching de Vigneux et que nous aborderons les prochaines extensions, qui le confirmeront dans son rôle d’outil de travail fiable et efficace.

ANNEXE : RÉALISATIONS RÉCENTES DU GROUPE S.L.E.E.

Banlieue Sud de Paris : 800 000 habitants desservis – Conception : S.L.E.E./SAFEGE – Réalisation : Cenetl – Année de mise en service : 1978-80 Banlieue Ouest de Paris : 400 000 habitants desservis – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Forclum-TRT – Année de mise en service : 1978

Département de l’Oise :

  • • Creil-Chantilly : 150 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Matra – Année de mise en service : 1975
  • • Liancourt : 60 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Cenetl – Année de mise en service : 1979
  • • Pont-Sainte-Maxence : 15 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Cenetl – Année de mise en service : 1978
  • • Noyon : 20 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Cenetl – Année de mise en service : 1980
  • • Asnières-sur-Oise : 30 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Cenetl – Année de mise en service : 1980

District de Montargis : 50 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Velec – Année de mise en service : 1978

Communauté urbaine de Bordeaux (C.U.B.) :

  • • Eau : 600 000 habitants – Conception : S.L.E.E./C.U.B. – Réalisation : Forclum-Cenetl – Années de mise en service : 1977-79
  • • Assainissement : 600 000 habitants – Conception : S.L.E.E./C.U.B. – Réalisation : Schlumberger – Années de mise en service : 1974-77

Marseille : 900 000 habitants – Conception : S.T. des Eaux de Marseille/SAFEGE – Réalisation : Lyonnaise d’Entreprises/Cenetl/M.J.B. – Année de mise en service : 1978

Côte Basque : 170 000 habitants – Conception : S.L.E.E. – Réalisation : Matra – Année de mise en service : 1976

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