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Chlore, ozone, ultraviolets chassent les micropolluants et pathogènes

30 novembre 2004 Paru dans le N°276 à la page 105 ( mots)
Rédigé par : Marie-odile MIZIER

Comment s'affranchir des risques entraînés par la présence de pathogènes résiduels encore présents dans l'eau potable ? Comment réduire la concentration de perturbateurs endocriniens ? Comment livrer aux consommateurs une eau exempte de sous produits toxiques du traitement ? Telles sont les questions que se posent quotidiennement les traiteurs d'eau. Lorsque l'optimisation des étapes traditionnelles ne suffit plus, d'autres barrières doivent être mises en place. Des études en cours montrent qu'utilisées différemment, l'ozonation, la chloration et les ultraviolets pourraient apporter une solution.

Réalisé par , Technoscope

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Parmi les problèmes à résoudre en production d’eau potable, trois d’entre eux se révèlent particulièrement sensibles. Ce sont les micropolluants (pesticides, herbicides, perturbateurs endocriniens, les algues toxiques...), les microorganismes pathogènes dont la bactérie E. coli et les virus Cryptosporidium et Giardia et les sous-produits de traitement qui peuvent être toxiques comme les bromates. Pour en venir à bout, les traiteurs d’eau et équipementiers ont cherché à mieux connaître le fonctionnement des diverses séquences de traitement pour en connaître leurs atouts, mais aussi leurs points faibles, de façon à optimiser la chaîne de traitement. Ainsi, depuis plusieurs années, les propriétés oxydantes de l’ozonation en font une barrière placée soit en tête de traitement sur l’eau brute (pré-ozonation), soit en milieu de traitement avant un filtre à charbon actif (inter-ozonation). Son

[Photo : Conçu par Ozonia, la gamme de générateurs OZAT CFV complète les unités CFS et CFL et sert de base au développement d’unités de plus grande capacité.]

rôle : oxyder les matières organiques et les sels métalliques qui seront ensuite retenus sur les filtres à sable ou à charbon. Le problème est que le filtre CAG peut, dans le temps, larguer des micro-organismes qu'il faut de nouveau détruire. Jusqu’à présent, dans les grandes stations, ce traitement final se compose la plupart du temps d’une ozonation suivie d’une chloration. Or, des études ont montré la difficulté de contenir dans les seuils autorisés des paramètres comme Cryptosporidium, Giardia ou encore les sous-produits de traitement comme le bromate en utilisant le seul couple ozone - chlore. Ce qui redonne toute sa place au traitement UV.

Le traitement UV trouve sa place

Le traitement par les rayonnements UV s'est considérablement amélioré au fil des années grâce à une meilleure conception de la fluidique des réacteurs et à l'arrivée de lampes plus puissantes et plus fiables qui leur permettent de traiter des flux beaucoup plus importants. Ainsi, par exemple, avec sa technologie K avec des lampes basse pression et haute densité, Wedeco traite des flux d'eau pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de m³/h. Cet équipement intègre un contrôleur électronique augmentant l'efficacité des lampes qui peuvent être réglées à 50 % ou 100 % en fonction de la qualité et du débit d'eau. « Il est également possible d’y intégrer des paramètres supplémentaires comme la surveillance des doses UV, le nettoyage automatique ou la télésurveillance », explique Jean-Claude Laffitte de Wedeco, « L'augmentation de la fiabilité des équipe-

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[Encart : Le CIRSEE teste l’efficacité de la désinfection des réseaux d’eau chaude La présence de tartre, de biofilm, de protozoaire, de bras mort peut limiter l’efficacité d'un désinfectant dans un réseau d'eau chaude. Pour évaluer l'efficacité des programmes de désinfection, le CIRSEE a développé une unité pilote permettant de simuler un réseau intérieur. Il permet de comparer l'activité désinfectante des différents traitements dans des conditions identiques. L'unité pilote se compose de sept réseaux identiques constitués chacun d'une boucle de recirculation en acier galvanisé et d'une antenne de cuivre équipée d'une électrovanne à ouverture programmée simulant la consommation d'eau. Des cartouches munies de billes de verre permettent de récupérer le biofilm par sonication et de quantifier la biomasse. Une observation microscopique directe du biofilm est également possible. La description des essais et leurs résultats ont fait l’objet d'une conférence aux dernières Journées Information Eaux de Poitiers en septembre 2004. Les essais ont été conduits en trois phases : colonisation, désinfection et arrêt des traitements et observation de la recolonisation. Différents traitements ont été testés : chlore (hypochlorite de sodium), électrochloration, monochloramine (préformée par mélange ammoniac – hypochlorite de sodium), dioxyde de chlore, ozone et cuivre/argent. L’évaluation de l'efficacité de la désinfection a porté sur : + le dénombrement des Legionella dans l'eau et le biofilm (méthode Afnor T90-431), + le dénombrement des amibes totales mésophiles dans l'eau et le biofilm, + l'élimination du biofilm par observation en microscope confocale après marquage. Cette étude conclut que les traitements testés, en dehors du cuivre/argent, ont permis de maîtriser la contamination en légionelles dans l'eau et les biofilms. L’ozone et les désinfectants chlorés sont les plus efficaces et le dioxyde de chlore, de par sa rémanence et son action dans les antennes, apparaît comme la meilleure technologie disponible. Toutefois, aucun traitement n’a pu éliminer totalement les amibes. Une recolonisation du système a été observée dès l’arrêt des traitements. « Cette recolonisation pourrait s'expliquer par une multiplication des légionelles à l'intérieur des amibes résistantes ». Elle montre que dans les réseaux défavorables, la maîtrise de la contamination exige le maintien d’un résiduel de désinfectant en tout point. (1) Pathogènes transportés par les amibes : un nouveau défi pour la désinfection de l'eau potable - M. Jousset, B. Robert et JF. Loret Suez Environnement - CIRSEE]
[Photo : UV Aquaray H₂O par Ozonia : réacteur In Line pour la potabilisation des eaux potables ; de 500 à 1.500 m³/heure.]
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[Encart : Trailigaz partenaire des industriels « Décoloration, traitement de la DCO dure, oxydation des effluents industriels, l'ozone vient en complément des filières classiques conventionnelles et notamment sur certains effluents difficiles à traiter par les procédés physico-chimiques et par les procédés biologiques traditionnels comme les effluents riches en phénols, pesticides, organochlorés ou en hydrocarbures polycycliques » explique Jean-Yves Perrot, ingénieur commercial, responsable des applications industrielles chez Trailigaz. Pour ces effluents, la nature du polluant à éliminer, sa concentration, la matrice de l'eau et le débit à traiter seront déterminants vis-à-vis de la quantité d'ozone à injecter et de la filière de production de ce gaz. Ainsi, lorsqu'on aura besoin de mettre en œuvre une très forte concentration d'ozone associée à une très forte production dans un faible débit d'effluent, la production d'ozone à partir d'oxygène s'imposera. Actuellement, Trailigaz travaille également à valider en France l'ozonation dans le cadre de la lutte contre les légionelles dans les tours aérofrigérantes.]
[Photo : Le traitement par les rayonnements UV s'est considérablement amélioré au fil des années grâce à une meilleure conception de la fluidique des réacteurs et à l'arrivée de lampes plus puissantes et plus fiables qui leur permettent de traiter des flux beaucoup plus importants]

ments associée à un meilleur rendement nous permet aujourd'hui dans les grandes stations de compléter la désinfection classique dans le traitement de Cryptosporidium et Giardia ». Pour prouver l’efficacité de ses techniques, Wedeco fait actuellement certifier ses équipements par l'EPA (Environmental Protection Agency) américaine, en plus des autres certifications que Wedeco possède déjà. Attendus pour la fin de 2004, ces certifications vont lui permettre de garantir des objectifs d’abattement du virus en fonction de la dose de rayonnement UV effectivement reçue par l'eau.

Cette approche est également retenue par Trojan qui vient d’équiper la station d’eau potable d’Andijk (Amsterdam). Cette usine produit 95 000 m³/jour et alimente 500 000 personnes aux Pays-Bas. C’est la première installation de ce type réalisée par l’entreprise canadienne qui travaille depuis trois ans avec PWN pour optimiser et tester la technique. Cette étude a abouti à la mise au point d’un process d’oxydation, le UV Swift ECT. Cet équipement est basé sur la génération de radicaux hydroxyl via la photolyse UV du peroxyde d’hydrogène. « Nos essais ont démontré que l'oxydation par les ultraviolets est très efficace. Elle détruit les micropolluants », explique Peer Kamp, directeur de recherche et développement de PWN, la compagnie de distribution hollandaise, « et élimine aussi de nombreux pathogènes dont la bactérie E. coli et les virus Cryptosporidium et Giardia ».

En France, le Sedif (Syndicat des Eaux d’Île-de-France) et la Sagep testent tous deux les UV afin de mettre leurs usines équipées d'une post-ozonation en conformité.

Mettre en conformité les usines équipées de post-ozonation

Certaines eaux potables peuvent contenir des bromates qui peuvent avoir deux origines distinctes. D’une part, la présence d'impuretés dans certaines solutions d’hypochlorite de sodium utilisées pour la chloration, d’autre part l'oxydation des bromures contenus dans les eaux brutes au cours de la post-ozonation. Or, les bromates sont classés à ce jour comme substances pouvant être cancérogènes pour l’homme. En conséquence, une recommandation et des limites de qualité dans les eaux de consommation.

[Encart : Associer les ultrasons et les UV pour éliminer les légionelles dans l’eau chaude sanitaire Particules de calcaire Autres bactéries WF Amibes Le système GENO-BREAK Le Geno-Break System, fabriqué en Allemagne par Gruenbeck depuis 1995, associe les ultrasons et les UV pour éliminer les légionelles dans l'eau chaude sanitaire. Grâce à l'effet de cavitation des ultrasons, les amibes, les particules de calcaire et de rouille se trouvant dans l'eau sont désagrégées. Les légionelles n’étant plus protégées dans les amibes (poches protectrices), elles deviennent vulnérables. Tous les germes libres sont ensuite détruits grâce à la haute énergie des radiations UV. Les lampes UV sont montées afin de garantir une radiation minimum de 40 mJ/cm² dans chaque endroit du système. En Allemagne, le Geno-Break System répond aux exigences du décret 2001 sur l'eau potable qui stipule que ces installations peuvent être montées sur les systèmes d'eau dès lors que les exigences des paramètres physico-chimiques et microbiologiques sont respectées.]
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[Photo : Ozoneurs Trailigaz à Ispahan en Iran. Oxydant désinfectant, l’ozone est efficace contre les bactéries, les virus et les parasites. Il se caractérise par une grande réactivité avec les matières organiques et minérales. Il casse les molécules de pesticides.]

Les limites de concentration dans l’eau destinée à la consommation humaine ont été établies par l’OMS et l’Union Européenne. Le décret n° 2003-461 du 21 mai 2003 du code de la santé publique français impose de respecter une limite de 25 µg/l depuis le 25 décembre 2003, seuil abaissé à 10 µg/l dès le 25 décembre 2008.

De nombreuses usines sont concernées par l’abaissement du taux de bromates et se préparent à l’échéance de 2008. Ainsi, au Sedif, des études sont menées depuis 2000 sur un pilote installé à Neuilly-sur-Marne (94) et Sagep a entrepris des études sur chacun de ses sites pour abaisser la valeur du paramètre bromate. Les pistes pour ce dernier le conduisent à utiliser de l’eau de javel contenant de faibles taux de bromates et d’optimiser la post-ozonation sans remettre en cause le niveau de désinfection. En conséquence, le seuil de 25 µg/l peut être respecté sur les trois sites de Sagep en période dite chaude, en réduisant les temps de contact de l’eau avec l’ozone et en neutralisant l’ozone résiduel en sortie de réacteur sans remettre en cause le niveau d’action bactéricide et virulicide, en utilisant en post-chloration une solution d’hypochlorite de sodium ne contenant qu’une très faible teneur en bromate. Cependant, en région parisienne, il semble difficile de respecter la limite de qualité de 10 µg/l sans compromettre la désinfection. Pour produire une eau conforme, il est envisagé de mettre en place une technique de désinfection par rayonnement UV dosée à 600 J/m² de façon à inactiver les parasites (tel Cryptosporidium) et les micro-organismes (bactéries et virus) et à diminuer les doses d’ozone injectées au préalable.

Il semble donc que pour les stations confrontées aujourd’hui à un problème de bromates, la stratégie puisse être la suivante : maintenir la pré-ozonation qui ne produit pas de bromates, diminuer les doses d’ozone et les temps de contact en inter-ozonation, ajouter des UV en fin de traitement pour assurer une désinfection qui ne se fera plus, ou moins, en inter-ozonation.

Ce sont les UV qui devraient être retenus par le Sedif dans le cadre du concept multi-barrières en complément aux traitements par le chlore et l’ozone. Là aussi, des études sont en cours pour valider la filière qui ne sera équipée qu’après l’accord des autorités sanitaires.

« Mise en conformité des installations de post-ozonation des usines de production d’eau de consommation de la Sagep vis-à-vis du paramètre bromate » par L. P. Duguet, S. Bowland, A. Montiel – JIE 2004, conférence N26

Le chlore et l’ozone pour lutter contre les PE

Les traitements à base de chlore et d’ozone peuvent-ils aider à éliminer les perturbateurs endocriniens (PE) ? Pour trouver une réponse scientifique à cette question, deux laboratoires poitevins, le laboratoire de chimie de l’eau et de l’environnement du CNRS et le laboratoire de chimie analytique de la faculté de médecine et de pharmacie, associés à la direction qualité et environnement de Sagep ont mené des travaux sur l’élimina-

[Encart : Un stérilisateur nouvelle génération chez Bordas Spécialement conçu pour la désinfection de l’eau potable, le Gerni 500000 fabriqué par la société Bordas permet de traiter jusqu’à 600 m³/h d’eau. Il possède une nouvelle génération de lampes UV Long Life dont la durée de vie est de 16 000 heures (2 ans) et une puissance UVc considérablement accrue. Le système de nettoyage automatique et mécanique des gaines quartz par vérin hydraulique assure une efficacité constante du traitement UV sans les risques liés à l’utilisation de produits chimiques. Le nettoyage s’effectue sans l’arrêt du traitement de l’eau. La gestion du stérilisateur est assurée par un écran tactile avec report des informations par SMS : visualisation du fonctionnement de l’appareil UV, des défauts et de la maintenance à effectuer. La gamme UVGERMI pour l’eau potable peut traiter avec un seul appareil UV des débits de l’ordre de 1 000 m³/h.]
[Encart : Abiotec présente la nouvelle génération de systèmes UV “bersonInLine +” L’efficacité de la désinfection UV des micro-organismes dépend de la puissance UV reçue et du temps d’exposition. Il est donc fondamental d’étudier le trajet des particules élémentaires. La modélisation CFD (Computational Fluid Dynamics) permet de prédire et de comprendre les passages préférentiels du fluide, les vitesses d’écoulement, les pertes de charge, la distribution des particules et l’homogénéité de la dose UV appliquée. La nouvelle gamme de systèmes UV “bersonInLine +” bénéficie de cette simulation. Elle offre ainsi des performances exceptionnelles tout en garantissant une absence de “trous noirs” dans le réacteur, qui devient une véritable barrière sanitaire, rendant impossible le passage de germes non traités.]
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…tion des perturbateurs endocriniens par le chlore et l’ozone. Ces travaux, menés sur sept composés parmi les substances les plus fréquemment rencontrées, ont été présentés aux JIE 2004 en septembre dernier à Poitiers*. Les premiers résultats exposés sont encourageants. Les sept composés sont plus ou moins oxydés par le chlore et l’ozone. Une dégradation est donc possible.

Les expériences ont été menées dans un réacteur fermé à 20 °C et à pH 7. Pour limiter les réactions radicalaires, les expériences d’ozonation ont été effectuées en présence d’un piège à radicaux. Les expériences ont été menées en présence d’un excès d’oxydant ou en présence d’un compétiteur de comportement connu.

Tous les composés étudiés ont une rapide élimination dans des conditions fortes d’ozonation de l’eau (Ct de 10 mg·min/l). Avec le chlore, pour des valeurs de Ct voisines de 50 mg·min/l, certains composés sont significativement éliminés, sauf le 4-n-nonylphénol qui connaît une dégradation partielle et la progestérone qui n’est pas dégradée.

Ces premiers éléments sont rassurants quant à l’élimination des perturbateurs endocriniens, mais ils ne préjugent pas de la toxicité des sous-produits formés. Ils présentent une activité biologique potentielle et leur présence nécessite une étude approfondie portant sur leur stabilité et leur activité biologique.

À suivre…

* “Élimination par le chlore et l’ozone de composés perturbateurs endocriniens” par M. Deborie, E. Barron, B. Rabouan, P. Legube – JIE 2004, conférence n° 17.

[Photo : Oxydant puissant, les UV détruisent les micro-organismes à rayonnement important et cassent les molécules de pesticides.]
[Photo : Le Sedif utilise déjà le traitement UV depuis 1999 dans son usine ultramoderne de Méry / Oise, où Abiotec a fourni 5 systèmes UV InLine pour désinfecter 7000 m³/h alimentant en eau potable 650 000 habitants.]
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