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Chasse aux fuites : une affaire de spécialistes

30 octobre 2012 Paru dans le N°355 à la page 73 ( mots)
Rédigé par : Christian GUYARD

La recherche de fuite sur le terrain reste au coeur d'une stratégie d'augmentation de rendement du réseau de distribution. Les méthodes s'affinent, les matériels sont plus performants et sensibles. L?intervention sur le terrain est l'aboutissement d'une démarche structurée d'action à long terme sur l'ensemble du réseau. Mais l'expérience et l'expertise des intervenants de terrain restent décisives : on ne s'improvise pas chasseur de fuites.

La réduction des pertes en distribution d’eau potable a désormais son cadre juridique contraignant avec le décret du 27 janvier 2012 (loi Grenelle 2) : d’ici fin 2013, les collectivités devront avoir fait le diagnostic de leur réseau puis élaboré un plan de résorption des fuites pour atteindre un rendement de distribution de 85 % en zone urbaine et de 65 à 80 % en zone rurale. La contrainte législative va stimuler la recherche des fuites sur les réseaux. Les professionnels commencent déjà à sentir les effets.

Pour détecter des fuites puis les localiser,

[Photo : Recherche de fuites électroacoustique ou corrélation ? Chaque procédé a ses avantages mais aussi ses limites. L’association judicieuse des avantages de chaque technique augmente la garantie de localiser la fuite avec précision.]

Encore faut-il les utiliser à bon escient. Mais avant toute recherche de fuites, il est impératif que l’exploitant mette en place ou vérifie la qualité de sa sectorisation afin de ne travailler que sur les zones « à risques ». Les prestataires en recherche de fuites peuvent déjà accompagner les petites et moyennes structures pour améliorer leur sectorisation. En général, un contrôle des vannes « à cheval » est indispensable. Ensuite, et seulement ensuite, une recherche de fuites efficace peut commencer.

L’abaissement effectif du taux de fuite se situe autant dans la stratégie à utiliser, la continuité de l’effort, la pérennité des actions, la formation du personnel que dans la performance technique absolue d’un système ou d’un équipement.

Des écueils à éviter

Deux écueils à éviter : l’erreur de diagnostic et le « plaquage » de solutions sur une situation particulière. Hervé Hubon de Geowest cite deux anecdotes : « Une commune connaissait un différend avec sa voisine sur des livraisons d’eau. Le comptage du vendeur ne coïncidait pas avec celui de l’acheteur. Une recherche de fuite nous a été demandée, sans résultat et pour cause : il s’agissait d’un problème de compteurs et non de fuite sur le réseau ! » Il faut donc réfléchir avant d’envoyer des techniciens sur le terrain, surtout si l’on considère le coût d’une journée d’intervention d’un prestataire, de l’ordre de 1000 €/j. Hervé Hubon poursuit.

[Encart : Des aides à la réduction des fuites L’obligation faite aux collectivités d’atteindre certains niveaux de rendement s’accompagne d’une sanction : en cas de non-respect, la redevance de prélèvement d’eau émise par l’Agence de l’Eau pour l’usage « eau potable » sera doublée. Les agences de l’eau se mobilisent. L’agence RM&C a obtenu 500 réponses représentant 65 M€ de dépenses à son appel à projets d’avril à août 2012 auprès des collectivités pour l’aide à des actions de réduction de fuites dans les réseaux d’eau potable et d’économies d’eau dans les bâtiments publics. « Près des trois-quarts de ces dossiers concernent des territoires où il n’y a pas de problème quantitatif sur la ressource et qui ne font donc pas l’objet d’aides habituellement » souligne un responsable de l’agence RM&C. Différentes actions sont soutenues : étude d’inventaire de patrimoine, diagnostics de réseaux, pose de compteurs, travaux de réparation de fuites etc. L’aide accordée atteint 50 % des études et travaux dans la limite d’une enveloppe de 10 M€. Elle exercera un effet de levier et sera certainement un déclencheur des actions. L’agence Artois-Picardie, sans adopter un système d’appel d’offres, a également prévu de proposer des aides.]

« Un bureau d’études nous demandait de chiffrer une recherche de fuites par gaz traceur sur un tronçon de 50 km. On ne peut pas chiffrer sérieusement une recherche de fuite sans connaître la nature du réseau, la localisation des branchements ni l’existence d’un plan à jour », conclut-il.

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[Encart : Lutter contre le gaspillage en détectant les fuites et en gérant les consommations Le HWgWLD commercialisé par QL3D peut détecter les fuites d'eau ou les inondations sur toute la longueur de son capteur. Celui-ci est constitué d'un câble sensible aux fuites de liquide et dont la longueur de détection peut aller de 0,4 à 85 mètres. Le câble capteur WLD détecte le plus petit volume d'eau, d’éthylène glycol ou tout autre liquide conducteur. Quelques gouttes de liquide ou même une simple condensation d'eau suffisent pour déclencher l’alarme du détecteur HWgWLD. Ensuite le câble de détection peut être séché et réutilisé de nombreuses fois. Sur le même modèle que pour l'électricité, Hydrelis propose une gamme complète de disjoncteurs d'eau destinés aux entreprises, aux collectivités territoriales et aux gestionnaires de parcs immobiliers. La gamme Switch Flow offre non seulement la mise en sécurité automatique de l'installation en cas de fuite ou de rupture de canalisation, mais également d'autres fonctions telles que la fonction horloge, ce qui permet une mise en sécurité automatique en dehors des heures d'utilisation des bâtiments. Bien utilisés, les Switch Flow permettent d'économiser couramment 30 % sur la facture d'eau. Hydrelis offre aussi la possibilité de piloter à distance ces équipements : ouverture, fermeture et suivi de la consommation sont possibles avec un simple clic sur son PC ou même sur son smartphone. Tous les produits sont conçus pour fonctionner sans alimentation électrique externe et pour résister à l'environnement des fosses à compteur.]

réseau, son profil, les matériaux de canalisations et leur diamètre, les terrains, etc. En fonction de cela, le spécialiste choisira la méthode de recherche la plus adaptée. Corollaire : on ne s'improvise pas chercheur de fuite. Si l'on ne pratique pas au quotidien, mieux vaut faire appel à des prestataires de service ayant accumulé de l’expérience. De plus, la recherche de fuites n'est pas une science exacte, même si les appareils utilisés sont basés sur des lois physiques indiscutables. Christophe Ullmann, directeur de l’activité Services de Gerris, département de VonRoll Hydro, n’hésite pas à l’affirmer : « Le succès d’une détection de fuite se partage moitié entre la performance de l'appareil utilisé et le savoir-faire de l’opérateur. »

La majorité des méthodes mises en œuvre repose sur l'analyse des vibrations mécaniques provoquées par la fuite qui se propagent dans la canalisation (eau et tuyau) et le sol. L’arrivée des conduites en PE ne facilite pas les choses car le matériau transmet peu les vibrations. En outre, le bruit d'une fuite n’est pas corrélé à son débit : une fuite noyée, même importante, est silencieuse. De plus, le débit de fuite varie selon la pression du réseau. La chasse aux fuites sera plus ou moins fructueuse selon différents paramètres tels que le matériau dont est constituée la conduite à inspecter, l'heure à laquelle l'inspection est réalisée, etc.

Une large palette de moyens

Le marché des équipements disponibles reflète bien l’évolution des techniques et des technologies : arrivée du numérique, variété des modes de télécommunication, etc. L’écoute directe sur le réseau se conçoit lorsque des fontainiers ou des releveurs de compteurs font leur tournée régulière. Une réalité pour de petites communes en campagne, plus vraiment adaptée pour les villes, d’autant que la télérelève de compteurs tend à se répandre. Ces appareils simples sont par exemple le Leckpen de VonRoll Hydro avec un indicateur de niveau sonore à LED et casque radio, l’Aquascope 3-Pocket Ground, le Stetophon 04 de Sewerin (avec casque radio ou filaire), le Mikron de Primayer avec son électronique CMS de dernière génération, ou le Detek-40 de Ponsel, appareil maniable, facile d'utilisation, à LED indicateur de niveau de bruit de fuites et casque.

Autre moyen d’écoute directe plus sensible, le microphone posé directement sur le sol avec écoute par casque qui demande une formation sérieuse et de l’entraînement.

[Photo : Le système Zonescan 820 de Gutermann, commercialisé en France par TD Williamson, comprend des pré-localisateurs de fuites avec corrélation instantanée à distance et transfert des données par radio, GSM, WiFi.]
[Photo : Le Detek-100 de Ponsel est conçu pour les écoutes au sol et les pré-localisations. Simple d'utilisation, il est doté d'un écran lumineux, d'une mémorisation des mesures et d'un filtrage électronique. Il a une autonomie de plus d'une journée de travail en continu grâce à une batterie interne rechargeable.]
[Photo : Le HL 5000 H2 de SebaKMT permet de combiner détecteur de gaz traceur, pour les fuites minimales, et l’appareil classique « Hydrolux » d’écoute au sol. Un deux-en-un économique et pratique.]

ment si l'on veut obtenir des résultats. L'opérateur pose le capteur directement sur le sol, écoute quelques instants et parcourt pas à pas le linéaire de canalisation suspecté suite à une sectorisation par débitmétrie ou après une campagne de prélocalisation acoustique. Ces appareils ont gagné en sensibilité, en facilité d'écoute (casques sans fil, filtres sonores, etc.) pour détecter des fuites à plus grande profondeur. Les constructeurs ont amélioré l'utilisation et la lecture : mémorisation d’écoutes pour comparer les dernières mesures, filtres en fréquences, affichage en dB ou en fréquence, etc. Ce sont les constructeurs : Gutermann avec ses Aquascopes 3 et 550, Primayer avec Mikron et ses capteurs pour les enrobés, les sols battus et les terres meubles, Hydreka Xmic (avec différents accessoires), ou encore Sewerin et sa canne d’écoute AquaTest T10 (avec casque sans fil et possibilité de détection de canalisation) et l'Aquaphon A 100 (avec mémorisation du niveau sonore au point d’écoute précédent) sans oublier le Logl de VonRoll Hydro, le Detek-100 de Ponsel qui mémorise les derniers niveaux sonores, visualise graphiquement le niveau sonore de la fuite, avec casque, filtrage électronique des bruits parasites, etc.

Détecter puis localiser la fuite

La méthode de détection la plus déployée aujourd’hui est la sectorisation acoustique, grâce à des appareils (logger ou prélocalisateurs) placés sur des vannes de sectionnement, en pied de poteau incendie. Ils enregistrent en continu sur plusieurs mois, voire en permanence les bruits

[Encart : Prélocalisateurs fixes : attention aux pièges ! Les régies d'eau d'une certaine importance se tournent de plus en plus vers des solutions fixes de détection des fuites en installant des prélocalisateurs à demeure sur leurs réseaux. Elles font donc des appels d'offres auprès des fournisseurs. Rien de plus normal. Chez Primayer on pointe un risque sur ces appels d'offres : selon le maillage plus ou moins serré qu'un fournisseur proposera, le nombre d’appareils à installer variera de manière importante, comme le coût final. Pour entrer sur un marché, un fournisseur pourra ainsi annoncer un nombre de prélocalisateurs faible, basé sur des performances maximales de détection. L'efficacité risque de ne pas être au rendez-vous. Primayer qui commercialise les appareils Phocus SMS+ recommande un rayon de 250 m pour des fuites supérieures à 1 m³/h sur des réseaux en fonte ou acier, et 150 m pour des fuites supérieures à 0,5 m³/h sur branchement et 50 m pour des fuites supérieures à 4 m³/h sur branchement en PE. Mais la société met aussitôt en garde : les distances de pose doivent surtout être un compromis entre optimisation du coût du parc de prélocalisateurs et fiabilité de la détection des fuites ! On peut avoir des “faux négatifs”, c'est-à-dire pas de fuite détectée car l’intervalle entre capteurs est trop important, ou des faux positifs si l'on abaisse trop le seuil de détection et l'on détecte trop d'alertes déclenchant des interventions. Dans le premier cas, les fuites continuent et entraînent des pertes de revenus (et d'autres ennuis), dans le second c'est le budget d'intervention qui explosera. Dans les deux cas, le client sera mécontent et tout le monde est perdant. Malheureusement pour les comptables, les fuites ne sont pas normalisées ! Il faut donc faire preuve d'intelligence et privilégier les échanges constructifs, par exemple en réalisant des essais avant toute commande ferme afin de valider sur le terrain, avec les caractéristiques réelles du réseau, les distances permettant une écoute performante.]

sur la canalisation (généralement la nuit entre 2 h et 4 h, période la plus calme). Le logger se présente sous une forme cylindrique (3 à 5 cm de diamètre, 10 à 15 cm de long), souvent doté d'un aimant pour un contact franc avec le carré de la vanne. Il contient le détecteur (micro, accéléromètre), de l'électronique (acquisition des mesures, mémoire), une pile, une interface électronique, un système de télécommunication pour transmettre les enregistrements. Plusieurs appareils sont déposés en des points stratégiques du réseau. Les enregistrements sont télérelevés (relève au vol drive-by, GSM, radio VHF) puis analysés (et stockés) sur ordinateur, souvent grâce

[Photo : Système de corrélation multipoints Enigma de Primayer pour la localisation des fuites.]
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[Photo : Alternative à l’hydrogène, l’hélium est mise en œuvre par Heliotrace sur les réseaux d’eau. La vitesse d’inspection varie entre 4 et 8 km par jour selon la nature du terrain, le niveau de fuite recherché, la linéarité et l’accessibilité du parcours.]

À un logiciel spécifique. Les constructeurs se distinguent par la qualité du capteur d’écoute, les filtres développés pour éliminer les bruits parasites, la consommation électrique (autonomie de 3 à 7 ans), le traitement informatique. Christophe Ullmann indique que « la sensibilité s’est accrue ces dernières années sur les accéléromètres, en atteignant 50 V/g, ce qui permet des mesures fiables même sur des canalisations plastiques ; mais plus elle augmente, plus on récupère de bruits parasites et plus il faut développer des filtres ». Tous les constructeurs ont développé ces pré-localisateurs : Ortomat chez VonRoll Hydro (résultat visible sur site au travers d’un contrôleur lors d’une tournée et télétransmis par radio) et Ortomat MT (fonctions accrues et transmission GSM et radio), SePem chez Sewerin (SePem 01 GSM avec transmission par SMS), Permalog + et Permanet SMS chez Hydreka, N3 de SebaKMT, LeakTEK-100 de Ponsel, Phocus 2, Phocus SMS+ ou Phocus HR de Primayer.

Les prélocalisateurs détectent la fuite mais ne la localisent pas précisément. C’est la tâche des corrélateurs : l’écoute se fait en deux points de part et d’autre de la fuite (quelques dizaines de mètres jusqu’à 200/400 m). Les deux signaux sont comparés (corrélés) en temps par un logiciel. Le décalage temporel nécessaire pour faire coïncider les signaux est représentatif de la position de la fuite entre les deux points de mesure. Si la conduite est homogène, le positionnement est très précis, moins d’un mètre. S’il y a des réparations avec différents matériaux et qu’on l’ignore (plans pas à jour) le résultat est plus aléatoire. Une écoute en pas à pas permettra d’affiner la position.

L’opérateur doit bien maîtriser le maniement de l’appareil, mais aussi savoir interpréter le résultat. La radio numérique a facilité le déploiement de ces mesures par corrélateur. C’est la gamme SeCorr de Sewerin (le 300 entièrement numérique), MicroCall+, MicroCorr Touch et SoundSens i (multicapteurs synchronisés, utilisables sans PC pour une facilité d’utilisation sur le terrain et stockage jusqu’à une semaine de données) d’Hydreka, CorTek 200 et 300 de Ponsel, LOG 3000 de VonRoll Hydro, Aquascan 610 et 610 PC, Aquascan TM pour grand diamètre. En plus de son corrélateur numérique Eureka Digital, Primayer propose un corrélateur acoustique portable avec console dont la corrélation en temps réel permet des recherches simples et rapides. Le Zonescan.net ou Zonescan 820 de Gutermann, commercialisé par T.D. Williamson, est un système à postes fixes qui allie les deux technologies de pré-localisation et de corrélation. Ce constructeur a développé depuis deux ans le logger Zonescan 820 qui s’utilise en combinaison avec le système de communication Alpha par radio. Les prélocalisateurs sont installés à demeure, la relève des enregistrements et le traitement des données journalières pour localiser précisément la fuite sont automatiques. « C’est le premier système entièrement automatisé qui fonctionne de façon totalement autonome sur le terrain. L’enjeu est le contrôle en continu du réseau, la localisation rapide des fuites et la réduction des coûts globaux » explique Luc Bade de Gutermann France. On s’affranchit de l’expertise de l’écoute humaine ; c’est une économie très importante en termes de personnel qualifié et d’intervention. « Pas complètement cependant, mais plutôt que d’avoir plusieurs équipes de chercheurs de fuites on pourra n’en conserver qu’une seule » précise Luc Bade. Plusieurs villes en France commencent à s’équiper (Lyon, Bordeaux, SDEA en Alsace) et Gutermann cite plusieurs références au niveau mondial dont Abu Dhabi avec 10 000 loggers et 3 500 répéteurs en place !

Développé pour le réseau complexe et très maillé de Londres, l’Enigma, système de corrélation multipoints de Primayer, permet avec 8 appareils et grâce à leurs enregistrements de longue durée réalisés de préférence la nuit lorsque le bruit de fuite ressort mieux, de disposer jusqu’à 28 corrélations de trois tirs espacés d’une heure chacune. Au-delà de la précision de la corrélation, notamment grâce à une fonction de calcul de vitesse, le fait de disposer la plupart du temps de plusieurs corrélations pour la même fuite simplifie la recherche dans des réseaux maillés avec un environnement bruyant et des canalisations aux tracés plus ou moins bien repérés.

[Photo : Agrippa propose de son côté l’Hydrotech, qui fonctionne aussi bien avec un mélange gazeux (azote/hydrogène) 80/20 %, 90/10 % ou 95/5 %. L’alarme de l’Hydrotech, à la fois acoustique et visuelle, est activée dès la mise sous pression.]
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[Encart : Un guide pour lutter contre les fuites dans les réseaux d’eau potable Depuis juillet 2010, la loi Grenelle 2 impose aux services dont le taux de perte en eau est supérieur au taux fixé par décret, de mettre en œuvre un plan d'actions de lutte contre ces fuites. Pour faciliter la mise en œuvre de ce texte de loi et aider les collectivités, l'Onema a confié à l'Irstea une étude sur la réduction des fuites dans les réseaux d'eau potable. Des investigations de terrain ont été menées avec le syndicat intercommunal d’ali- mentation en eau potable de Coulounieix-Razac en Dordogne et son exploitant, la Saur, et avec le syndicat départemental d'eau et d'assainissement du Bas-Rhin. À l'issue de ce travail, les chercheurs proposent un modèle qui permet aux collectivités de se faire une représentation des fuites dans leur réseau, qui peuvent aller du simple suintement diffus au jaillissement spectaculaire. Pour faciliter la recherche et la localisation des fuites et ainsi hiérarchiser les actions à mettre en œuvre, ils préconisent la sectorisation du réseau, c'est-à-dire sa division en sous-réseaux homogènes. De la conception de la sectorisation au calcul des débits des secteurs, en passant par l'estimation de la pression et l'évaluation de la consommation nocturne, le guide propose des méthodes et des indicateurs pour ensuite calculer les pertes d'eau dans les réseaux. Quatre leviers pour diminuer les pertes d'eau sont passés en revue : rapidité d’intervention, recherche active des fuites par différentes techniques, contrôle de la pression, restauration ou renouvelle- ment ciblé du réseau. Enfin, diverses stratégies financières des plans d'actions sont analysées dans des contextes éco- nomiques différents et des approches d’évaluation économique sont proposées aux gestionnaires des services pour répondre à des interrogations fréquentes : comment financer le renouvellement des réseaux ? Quelle réponse l'intercommunalité peut-elle apporter ? À partir de quel coût la mise en place d'une politique de recherche de fuites devient-elle économiquement viable ? Ce guide est disponible sur le portail : www.documentation.eaufrance.fr]

Les technologies évoquées travaillent toutes sur les vibrations de structure. Il est possible également de faire une écoute directe dans l'eau de la canalisation, mais il faut un capteur spécifique et la possibilité de l'introduire dans la canalisation. Ce qui est beaucoup plus intrusif donc demande du personnel spécialisé.

Les fuites muettes : des méthodes spécifiques

Reste le cas des fuites muettes. Leur détection est possible par traçage au gaz. On utilise le plus diffusant des gaz, l’hydrogène, en mélange à 4 % dans de l'azote pour éviter les risques d’explosion. Deux possibilités s’offrent au chercheur de fuite : soit l’envoi du mélange directement dans la conduite pleine, soit dans une conduite purgée. L'hydrogène s’échappe au niveau de la fuite, diffuse dans le sol et atteint la surface où on le détecte grâce à un capteur spécifique. La méthode est très sensible, mais la réalité des situations peut réserver des surprises. Elle n’est donc pratiquée que par des personnels formés.

Chez T.D. Williamson, le Catex 3 permet de localiser avec précision les fuites sur le réseau en détectant l’hydrogène. Son échelle en PPM (0 à 10 000 ppm) lui confère une grande précision de la mesure.

[Photo : Le Catex™ 3, cet explosimètre-catathomètre à trois échelles (PPM, LIE et GAZ) de T.D. Williamson, permet une localisation précise des fuites d'eau par détection de l’hydrogène. Son échelle PPM allant de 0 à 10 000 ppm lui confère une grande précision de la mesure.]

Le Variotec® 460 Tracergas de Sewerin est un appareil de mesure de gaz conçu spécialement pour cette tâche. Grâce au capteur à semi- conducteur intégré, l’appareil présente une sensibilité transversale faible à l’humidité et au méthane. Ceci permet d’éviter des erreurs de détection. La sonde cloche permet d’optimiser le temps de réaction du système de mesure, permettant un travail plus efficace et économique. Toutes les mesures acquises peuvent être enregistrées et lues sur ordinateur.

Chez SebaKMT, le capteur sans entretien du Hydrolux H2 convient bien à la détection de fuites minimes. Les signalisations optiques et acoustiques aident l'utilisateur dans sa recherche. La sonde peut être séparée de la baguette porteuse rapidement et aisément, ce qui facilite la détection dans les espaces fermés.

Agrippa propose de son côté l'Hydrotech, qui fonctionne aussi bien avec un mélange gazeux (azote/hydrogène) 80/20 %, 90/10 % ou 95/5 %. L’alarme de l’Hydrotech, à la fois acoustique et visuelle, est activée dès la mise sous tension.

Ponsel propose le GazTek et ses différents accessoires possibles de détection de gaz : capteur ventouse, chariot, sonde tapis.

Alternative à l’hydrogène, l’hélium

[Photo : Gasena H2 (4 % H2 – 96 % azote) est le nouvel appareil de recherche de fuite au gaz traceur de VonRoll Hydro.]
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[Photo : Le Variotec® 460 Tracergas de Sewerin est un appareil de mesure de gaz conçu spécialement pour la détection des fuites. Grâce au capteur à semi-conducteur intégré, l’appareil présente une sensibilité transversale faible à l’humidité et au méthane. Ceci permet d’éviter des erreurs de détection.]

Elle est mise en œuvre par Heliotrace sur les réseaux d’eau. La miniaturisation des spectromètres de masse et l’amélioration des techniques de prélèvement d’échantillons d’air du sol par aspiration en surface en font maintenant une technique fiable et économique. Les prélèvements, effectués à intervalles réguliers, ne durent que quelques secondes. Ils sont réalisés directement en surface pour les terrains poreux, mais nécessitent parfois une perforation pour les revêtements étanches. L’enregistrement continu de la teneur en hélium avec alarme permet de repérer les anomalies. L’ensemble du matériel électronique est installé dans un véhicule tout-terrain qui accompagne le chantier d’inspection. Le parcours de l’ouvrage doit donc être accessible, mais il est possible de déporter le prélèvement jusqu’à 100 m ou plus en utilisant des flexibles d’aspiration pour les secteurs qui ne sont accessibles qu’à pied. La vitesse d’inspection varie entre 4 et 8 km par jour selon la nature du terrain, le niveau de fuite recherché, la linéarité et l’accessibilité du parcours.

Easyleak propose de son côté TRACE400, un appareil qui utilise la technologie de détection de fuite par l’hélium. « L’avantage de ce gaz consiste surtout dans le respect des normes sanitaires concernant le mélange entre le gaz hélium et l’eau potable à l’inverse de l’hydrogène », souligne-t-on chez Easyleak.

Lyonnaise des Eaux, en partenariat avec la société Advitam, a développé SmartBall, un procédé dont le principe repose sur un capteur acoustique inséré dans une balle en mousse qui est introduit à un point de la conduite d’eau. Poussé par le courant, le capteur se déplace et enregistre les informations acoustiques sur les fuites qu’il rencontre. Après récupération du capteur en aval, les informations enregistrées sont analysées pour donner une localisation précise des fuites.

À Dijon, 13 kilomètres de canalisation en fonte d’un diamètre de 800 mm ont été ainsi inspectés par le capteur sans qu’il soit nécessaire de vider le réseau d’eau. La méthode est efficace sur de grands linéaires lorsque l’on ne souhaite pas interrompre le service.

[Encart : Traçabilité des ouvrages enterrés : Ryb lance la commercialisation d’Eliot® Les canalisations en plastiques sont par nature inertes et difficilement détectables une fois enfouies. Seuls les relevés topographiques permettent de les situer. Mais l’environnement urbain évolue, rendant difficile une vision précise et exhaustive du sous-sol. Quant aux techniques de localisation, elles sont complexes et difficiles à mettre en œuvre. Pour résoudre ce problème, Ryb Industrie vient de lancer la commercialisation de la première canalisation plastique détectable et communicante au monde baptisée Eliot®. Eliot constitue une avancée importante en matière de suivi et d’entretien des canalisations, de réduction des risques d’accident et des coûts liés à l’arrachement des canalisations, mais également de traçabilité avancée des ouvrages enterrés. Intégrant, en son cœur, un nouveau type de technologie RFID aujourd’hui brevetée, cette canalisation offre plusieurs caractéristiques : - Une détection jusqu’à 1,50 m de profondeur d’enfouissement, avec une précision horizontale de quelques centimètres, - Une insensibilité des opérations de détection, de localisation et de lecture des informations stockées à l’intérieur de la puce, à l’environnement de la canalisation : enterrée dans tous types de sols et même immergée dans l’eau, - Un temps de réponse d’un dixième de seconde, - Une capacité de stockage d’informations : type de canalisation détectée, date de fabrication, date de pose, numéro de série, diamètre, pression nominale, etc., - Un dispositif intégré dans la canalisation autonome qui ne nécessite pas d’alimentation électrique, - Un système de lecture simple compatible avec les produits du marché, - Un signal mesuré en surface caractérisant précisément la canalisation détectée, et évitant ainsi la confusion en cas de proximité de plusieurs réseaux. De même, afin de rendre détectable l’ensemble des ouvrages enterrés, Ryb a développé, suivant la même technologie, un marqueur électronique pouvant s’adapter sur n’importe quel type de canalisations (PVC, PE, Fonte, Acier, Béton, …) ou points singuliers de l’ouvrage. Ce système se positionne à l’aide de bandes autocollantes directement sur le produit à localiser. Et cela reste valable dans n’importe quel type de sols ou d’environnements magnétiques.]
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