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Canalisations d'assainissement : privilégier un matériau pour ses qualités intrinsèques

30 mars 2012 Paru dans le N°350 à la page 67 ( mots)
Rédigé par : Christophe BOUCHET

La part représentée par le coût de la fourniture des canalisations dans le prix de revient total d'un chantier d'assainissement n?excède que rarement les 10 à 15 % du montant total de l'investissement engagé. Dès lors, mieux vaut privilégier un matériau pour ses qualités intrinsèques et son adéquation à la problématique considérée plutôt que pour son prix. Fonte, béton, acier, PRV, grès ou thermoplastiques, les matériaux comme les techniques de fabrications évoluent constamment.

En France, le linéaire du réseau d’assainissement avoisinerait les 360 000 km : 280 000 km concerneraient la collecte des eaux usées et 80 000 km seraient affectés à la collecte et à l’acheminement des eaux pluviales. Un patrimoine considérable donc, qui s’est constitué progressivement à partir de la fin du 19ᵉ siècle et dont la valeur de remplacement à neuf est évaluée aujourd’hui à 79 milliards d’€. Mais les menaces qui pèsent sur ce patrimoine sont nombreuses.

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[Encart : La part représentée par le coût de la fourniture des canalisations dans le prix de revient total d'un système d’assainissement excède rarement 10 à 15 % du montant total de l'investissement engagé. Le reste est absorbé par les études, la conception et surtout les travaux de pose qui nécessitent généralement des moyens lourds donc coûteux. Dès lors, mieux vaut privilégier un matériau pour ses qualités intrinsèques plutôt que pour son prix.]
[Photo : Les coûts exorbitants associés au remplacement prématuré de canalisations enterrées, fait que le choix initial quant au meilleur matériau disponible représente souvent la décision la plus économique à long terme.]

La première, bien connue, concerne son rythme de renouvellement, jugé bien trop lent. Le montant de l'investissement de renouvellement annuel effectif constaté avoisinerait les 400 millions d’€ (soit 0,65 % de sa valeur totale), ce qui induit une durée de vie de 100 ans minimum, soit bien au-delà de la réglementation française qui impose l'amortissement des réseaux d'assainissement et propose des cadences réglementaires d’amortissement de 50 à 60 ans.

À ce rythme de renouvellement trop lent maintes fois souligné par Canalisateurs de France, s’ajoute une dégradation de la qualité des réseaux posés depuis quelques années. Ce constat, effectué par Canalisateurs de France, la Chambre de l'Ingénierie et du Conseil de France, la Fédération des industries du béton, la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies et le Syndicat National des Contrôleurs de Réseaux d’Assainissement a amené ces organismes à sensibiliser les maîtres d’ouvrage sur les dispositions de l'arrêté du 22 juin 2007 qui leur impose un suivi dans le temps du fonctionnement et des performances de leurs réseaux. Un suivi matérialisé par la tenue d'un manuel d’auto-surveillance, par la réalisation d'un contrôle annuel du dispositif de surveillance et par une vérification annuelle des performances du réseau. Des contraintes qui font que l’époque où on pouvait oublier le réseau après sa réception est totalement révolue.

Et pourtant, beaucoup de maîtres d’ouvrage n'ont pas encore pris conscience de leurs obligations dans ce domaine. Pire, seuls 10 % des services d’eau et d’assainissement auraient une connaissance précise de leur patrimoine enterré selon la Direction de l'eau et de la biodiversité. Une situation qui devrait évoluer rapidement, le décret du 27 janvier 2012 imposant désormais aux collectivités la réalisation d’un descriptif détaillé des réseaux d’eau et d’assainissement avant le 31 décembre 2013. Ce texte, qui ouvre la voie à la mise en place d'une gestion patrimoniale des réseaux, va imposer aux collectivités un important travail de recensement : date de la pose, matériaux dont ils sont composés, réparations effectuées, etc.

Outre une meilleure connaissance du réseau, il va également permettre un meilleur suivi de son fonctionnement et contribuera à la mise en place d'outils d'aide à la décision en matière d’entretien, de réhabilitation ou de renouvellement. À terme, ces outils permettront d’évaluer les performances de réseaux par types et de juger l'aptitude à l'emploi des canalisations en fonction de leurs matériaux constitutifs. Car lorsqu’il faut renouveler, prolonger ou construire un réseau d’assainissement, l'une des premières questions qui se posent au maître d’ouvrage est celle du matériau : béton, fonte, PRV, grès ou thermoplastiques, quel matériau choisir et en fonction de quels critères ?

Une chose est certaine : la part représentée par le coût de la fourniture des canalisations dans le prix de revient total d'un système d’assainissement excède rarement 10 à 15 % du montant total de l'investissement engagé.

Le reste est absorbé par les études, la conception et surtout les travaux de pose qui nécessitent généralement des moyens lourds donc coûteux. Dès lors, mieux vaut

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La qualité de la pose : un facteur essentiel

Le meilleur des matériaux considéré par rapport à une application donnée ne donnera ses performances optimales que s'il est convenablement mis en œuvre. Le fascicule 70 du CCTG définit les règles du dimensionnement mécanique des canalisations et traite des conditions de mise en œuvre et de réception. Il spécifie la qualité des produits préfabriqués utilisables dans les ouvrages d'assainissement par l'application de normes et d'avis techniques et renvoie aux marques de qualité volontaires pour l'attestation de la conformité de ces produits. Chaque constructeur fournit également des conseils spécifiques à chacun de ses systèmes. Le point déterminant reste bien souvent les assemblages, notamment par emboîtement. Les longueurs d'emboîtement, fonction du diamètre des tuyaux, doivent être scrupuleusement respectées. Lorsque des découpes sont indispensables, elles doivent être réalisées avec soin en chanfreinant les bords, ou en dénudant certaines parties. Toutes ces recommandations sont incluses dans les nombreuses normes européennes (EN) et internationales (ISO) ou à défaut nationales (NF, BS, DIN, etc.) relatives aux tuyaux et accessoires constituant des réseaux d'assainissement. Chaque constructeur les décline pour ses propres produits. Le label qualité NF attribué par le CSTB pour les tuyaux et raccords assainissement de certains producteurs offre une garantie supplémentaire aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre grâce à des audits sévères durant la production et des exigences techniques plus contraignantes que les normes européennes.

En outre, des professions œuvrent en partenariat pour proposer des guides pratiques visant à optimiser la qualité des chantiers d'assainissement ; c'est par exemple le cas de la FIB et du CERIB qui éditent des documents conjointement avec des organismes comme Canalisateurs de France ou le SYNCRA.

Privilégier un matériau pour ses qualités intrinsèques plutôt que pour son prix.

Privilégier un matériau pour ses qualités intrinsèques

Béton, fonte ductile, acier, PRV, grès ou thermoplastiques, chacun de ces matériaux présente des avantages et des inconvénients, des forces et des faiblesses qui leur sont propres si bien qu'aucun d'entre eux ne peut véritablement prétendre être universel.

La résistance et la longévité d'un matériau, premier gage de pérennité d'un réseau, n'est pas le critère le moins disputé par les différents fabricants présents sur le marché ! Il est vrai que les coûts exorbitants associés au remplacement prématuré de canalisations enterrées fait que le choix initial quant au meilleur matériau disponible représente souvent la décision la plus économique à long terme. En la matière, la fonte et le béton disposent d'un recul important et ont fait leurs preuves.

Les tuyaux en fonte ductile commercialisés par Saint-Gobain PAM, Electrosteel ou VonRoll Hydro, disponibles du DN 80 au DN 2000, sont considérés depuis longtemps comme un gage de pérennité. Trois cent cinquante ans après leur fabrication, certains tronçons du système hydraulique alimentant les jardins du château de Versailles ont été récemment remplacés par Saint-Gobain PAM (voir EIN n° 319). Bien qu'en fonte grise, ils étaient encore en bon état… Seuls les joints en cuir simple ou double peau qui assuraient l'étanchéité de l'ensemble et les entretoises en plomb qui permettaient de compenser la déviation de l'axiométrie étaient devenus défaillants ! Depuis, la fonte a bien sûr beaucoup évolué. Devenue ductile depuis les années 1960, elle a ajouté à ses nombreuses qualités une haute limite élastique, une grande résistance aux chocs et à la traction. Recyclable à l'infini, elle permet une réutilisation des sols excavés et peut supporter les environnements les plus difficiles grâce aux revêtements intérieurs et/ou extérieurs. Saint-Gobain PAM dispose d'une gamme étendue dédiée aux marchés de l'assainissement :

  • • Integral pour réseaux gravitaires et sous
[Photo : Les tuyaux Integral – Tous Terrains, PUX (revêtus de polyuréthane) de Saint-Gobain PAM sont conçus pour traverser des milieux très corrosifs. Ils ont été récemment mis en œuvre dans le cadre de la construction de l’émissaire en mer de la station d’épuration de Capo Lauroso, en Corse.]
[Photo : En béton, d’autres formes de tuyaux, autres que circulaires, existent également sur le marché : les tuyaux ovoïdes, les elliptiques sont utilisés (clichés Moduloval ou Bonna Sabla) lorsque des contraintes de pose sont rencontrées : faible hauteur de recouvrement ou volume de terrassement limité, encombrement urbain contraint (par exemple, largeur de tranchée).]
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[Photo : D’autres innovations ont vu le jour ces dernières années comme par exemple le Fildo® de Bonna Sabla, un tuyau en béton armé « droit » sans tulipe mais pourvu d’une bague polymère en emboîtement femelle, permettant un strict respect du fil d’eau, un appui continu sur la canalisation tout en simplifiant la pose.]
  • • pression pour les gammes de diamètres 80 à 2000 mm,
  • • Pluvial® pour réseaux d’eaux pluviales pour la gamme de diamètres 350 à 2000 mm,
  • • Tag32® pour réseaux gravitaires de diamètres 150 à 300 mm.

Les revêtements des tuyaux en fonte ductile sont adaptés aux différents effluents transportés ainsi qu’aux différentes corrosivités de sols dans lesquels les conduites sont posées.

Les tuyaux Integral® pH1 allient par exemple forte résistance mécanique à résistance à la corrosion. Revêtus de polyuréthane, ils sont conçus pour transporter des effluents très agressifs et/ou soumis à des fermentations septiques. Les tuyaux Integral® « Tous Terrains » PUX (revêtus de polyuréthane) sont quant à eux conçus pour traverser des milieux très corrosifs.

Ces tuyaux ont par exemple été récemment mis en œuvre dans le cadre de la construction de l’émissaire en mer de la station d’épuration de Capo Lauroso, en Corse (voir E.L.N. n° 349). Chez VonRoll Hydro, le revêtement PUR intégral (un polyuréthane à structure moléculaire tridimensionnelle) du tuyau VonRollGeoe-copur® le protège de la corrosion. À l'intérieur, le PUR offre une résistance chimique de pH 1 à pH 14, équivalente au grès et au PRV, tout en restant assez léger. Quant au tuyau pression VonRollrock, sa gaine antichoc permet une pose en terrain rocheux et le rend résistant aux chutes de pierres lors de l’enrobage.

Electrosteel propose de son côté une gamme complète de tuyaux et raccords assainissement en fonte ductile munis du nouveau revêtement breveté 400 g/m² de Zinc Aluminium. Son tuyau « TT » assainissement muni de polyéthylène extérieur résiste aux situations de corrosion extrême (pose d’une conduite DN 500 « TT assainissement NF » dans la mangrove de l'île de Mayotte). Tous les tuyaux et raccords assainissement Electrosteel sont verrouillables pour les refoulements grâce à leur bague de joint NBR « VI+ » haute performance, un avantage apprécié des entreprises de pose. Deux revêtements intérieurs appliqués par centrifugation selon la norme NF EN 598 sont proposés : le ciment alumineux pour les applications usuelles et le Ceramic Epoxy pour les applications pH1.

À noter que des raccords, accessoires, robi-

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[Photo : VonRoll propose des tuyaux en fonte ductile avec revêtement intérieur en polyuréthane (PUR) et manteau extérieur en PUR (vonRollGeoe) ou revêtement en zinc et bitume (vonRollrocpur).]
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[Photo : Proposé par Hobas en version centrifugée ou par APS France en enroulement filamentaire, le PRV peut atteindre le DN 4000. De nombreux accessoires permettent de réaliser des réseaux parfaitement homogènes incluant tés, coudes et selles de branchement. Sa légèreté combinée à sa résistance fait son succès.]

nets-vannes, ventouses et clapets en fonte permettent de réaliser des réseaux parfaitement étanches et homogènes.

Béton, acier et PRV : de très grands diamètres

Le béton proposé par Bonna Sabla, Stradal ou Urvoy bénéficie également d’une longévité et d'une durabilité incontestée. Rigide, indéformable, de diamètre constant, résistant à l’abrasion et aux agressions chimiques, recyclable, les tuyaux en béton sont utilisés pour des diamètres de 400 à 4000 mm. Ils sont le plus souvent constitués de béton armé ou non, parfois de béton à âme-tôle ou de béton fibré acier. Conformément à la norme NF EN 1916, ils sont classés en « séries » d’après leur nature et leur résistance à l’écrasement. Les assemblages, qui adoptent des principes divers en fonction notamment du diamètre et de l’épaisseur de la paroi, reçoivent une bague d’étanchéité en caoutchouc et des joints souples qui présentent l’avantage de permettre une pose rapide tout en s'accommodant de faibles désalignements ou désaxements résultant d’imperfections de mise en œuvre ou de mouvements de terrain. Le béton a lui aussi beaucoup évolué ces dernières années. Les progrès réalisés en termes de compacité ont permis une amélioration des performances mécaniques et ses performances en termes d'étanchéité permettent de réaliser des réseaux homogènes parfaitement étanches.

Fibral® de Stradal est une nouvelle gamme de tuyaux dédiés à la collecte des eaux pluviales en béton fibré d’acier. La fibre, mélangée aux différents composants du béton et répartie de façon homogène, apporte une cohésion dans le corps du tuyau et accroît ses performances mécaniques. Dès leur fabrication, les tuyaux sont dotés d'un joint intégré qui permet d’assurer leur étanchéité laquelle est vérifiée de façon systématique, à l'eau comme l’exige la norme. Sur les installations automatisées, la totalité des tuyaux peuvent être testés à l'air. Sur ces installations, un meulage systématique de l’about femelle est appliqué sur les tuyaux. Ce meulage garantit un bon emboîtement, une meilleure compression du joint et donc une étanchéité améliorée.

D’autres innovations ont vu le jour ces dernières années comme par exemple le Fildo® de Bonna Sabla. Ce produit est un tuyau en béton armé « droit » sans tulipe mais pourvu d'une bague polymère en emboîtement femelle, permettant un strict respect du fil d'eau, un appui continu sur la canalisation tout en simplifiant la pose. Ce système offre la possibilité au poseur de s'affranchir de la préparation de niches dans la tranchée pour accueillir la tulipe d'un tuyau classique. De par sa souplesse et son étanchéité, la bague polymère Fildo® fiabilise l'assemblage. Le joint est lui intégré et limite les aléas liés à sa mise en place. Une butée mécanique en fond d’emboîtement garantit le parfait positionnement du tuyau Fildo®. Bénéficiant de la marque NF, son étanchéité est systématiquement testée en usine.

D’autres formes de tuyaux, autres que circulaires, existent également sur le marché : les tuyaux ovoïdes, les elliptiques sont utilisés lorsque des contraintes de pose sont rencontrées : faible hauteur de recouvrement ou volume de terrassement limité, encombrement urbain contraint (par exemple, largeur de tranchée).

Autre avantage du béton, la possibilité

[Photo : Fabriqués en acier S 235 galvanisé selon la norme française NF A 36-321, les tuyaux Spirel de Tubosider existent en différentes longueurs allant de 3,4 m à 13,4 m dans des diamètres allant de 300 à 3000 mm.]
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[Photo : Tuyau assainissement en fonte DN 200 d’Electrosteel. Ville de Lanester : refoulement verrouillé - Vr HP (2012).]

de réaliser des canalisations de grandes dimensions, circulaires ou rectangulaires pour réaliser par exemple des ouvrages de rétention adaptés à la lutte contre les inondations (Moduloval de Bonna Sabla).

Une possibilité également offerte par l'acier. Parmi les avantages de ce matériau, sa capacité à être utilisé pour réaliser des canalisations de gros diamètres (jusqu'à DN 4000), l'étanchéité et surtout son faible poids qui permet une grande rapidité de pose (de 80 à 360 m/jour selon diamètre). Fabriqués en acier S 235 galvanisé selon la norme française NF A 36-321, les tuyaux Spirel de Tubosider existent en différentes longueurs allant de 3,4 ml à 13,4 ml dans des diamètres allant de 300 à 3000 mm.

Homologués par la Direction des Routes et Autoroutes, ces tuyaux ont été reconnus conformes aux recommandations et règles de l'art définies par le SETRA, notamment en ce qui concerne leur robustesse et durée de vie, la durée minimale de service prise en considération par le SETRA étant de 70 ans. Tubao d’Auzou Citermes est disponible en plusieurs épaisseurs (1,65 mm, 2 mm, 2,5 mm et 3 mm) et en version monobloc jusqu'à 21 mètres de longueur.

Plus léger que le béton et la fonte et comparable à l'acier à application égale, le PRV proposé en France par Hobas et APS France commence à trouver de nombreuses applications en eaux usées et eaux pluviales. Les avantages de ce matériau composite sont nombreux. Sa grande résistance mécanique et ses performances hydrauliques, doublées d'un poids relatif réduit et d'une résistance à la corrosion exceptionnelle, en font un produit efficace, durable et simple à mettre en œuvre. Ils sont actuellement fabriqués et disponibles soit par centrifugation par Hobas, soit par enroulement filamentaire par APS France (Flowtite), du DN150 au DN4000, complétés par une gamme exhaustive de pièces de raccords standards étendue elle-même quasiment à l'infini par un large éventail des pièces spéciales : ouvrages de toute taille sur mesure, regards de visite préfabriqués en PRV et donc totalement insensibles à l’H₂S.

Hobas a en ce domaine un grand recul avec une histoire propre qui remonte à la fin des années 1950 ; pour exemple, la première canalisation posée en 1961, une conduite forcée de 3,2 km en DN1000 qui est toujours en opération et qui illustre, au travers d'essais de contrôle réguliers, les performances au long terme du produit (fixées aujourd'hui à 50 ans par les normes de référence NF EN).

Autre exemple plus récent, pour acheminer les effluents sur la toute nouvelle station d’épuration de Campo Dell'Oro, le PEHD, le PRV et la fonte ont été mis en concurrence. C'est finalement le système de canalisations en PRV centrifugé d’Hobas qui a été choisi, une première en Corse où la fonte s'imposait le plus souvent. Mais les difficultés liées au tracé retenu et la variété des conditions géotechniques rencontrées ont cette fois plaidé en faveur d'un matériau aussi pérenne mais plus léger donc plus facile à mettre en œuvre. « La simplicité et la rapidité de mise en œuvre ont pesé de façon très importante dans le choix effectué par la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien » souligne Nathalie Blusseau du Bureau d'études techniques Pozzo.

[Photo : Canalisations Tubao by Auzou Citernes, en diamètre 1000 et 1200 mm dans le cadre de la construction d’un immeuble collectif de 54 logements et bureaux pour Emmaüs habitat à Aulnay-sous-Bois (93).]
[Photo : Avec Awadukt HPP SN16 titulaire de la marque NF 442, lancée en 2011 (DN 125 à DN 630), Rehau est l'un des rares fabricants à proposer un système homogène en polypropylène pour concevoir un réseau d’assainissement incluant tubes, branchements, regards et raccords et ceci de l’habitation particulière jusqu’à la station d’épuration.]

di Borgo chargé de superviser ce chantier. Synonyme de longévité, le grès reste très apprécié en assainissement. Des tuyaux posés il y a plus d’un siècle ont été déterrés intacts. Totalement insensible à la présence d’H₂S et aux courants vagabonds, le grès bénéficie d'une forte résistance mécanique ce qui permet de l’utiliser dans un grand nombre de situations. La résistance à l’écrasement d'un tuyau en grès de diamètre 400 est par exemple de 80 kN/m en classe 200. EuroCeramic, repris par Steinzeug-Keramo, propose EuroTrad®, un tuyau en grès vitrifié, vernissé à collet doté de deux systèmes d’assemblage incorporés en usine conformes aux exigences de la norme NF EN 295. Le premier qui équipe les tuyaux de DN 100 à DN 200 mm repose sur un joint en élastomère et fonctionne par retournement d'une lèvre qui, comprimée par un pédoncule lors de l’emboîtement, assure une bonne étanchéité. Sa fixation par compression s'effectue dans une gorge de la collerette à l'aide d’un anneau d’acier inoxydable forcé mécaniquement ce qui élimine tout scellement ou collage. Le second système, utilisé du DN 200 au DN 600, repose sur des joints coulés en usine sur le bout mâle à l'aide d’un polyuréthanne souple et dans la collerette à l'aide de polyuréthanne rigide. L’étanchéité s’obtient par compression de la garniture du bout mâle. L’alignement du fil d’eau s’effectue à l’aide de repères de crête visibles sur la génératrice supérieure du tuyau qu'il suffit d’aligner lors de la pose.

Les techniques de mise en œuvre du grès évoluent également. EuroCeramic propose ainsi EuroTop™, une gamme complète (DN 100 à DN 300) de tuyaux en grès produits grâce à une technologie de cuisson ultra-rapide des tuyaux (quelques heures au lieu de quelques jours) qui permet de réduire les coûts tout en améliorant sensiblement la qualité. Son maniement s’en trouve également facilité grâce à un poids réduit : par exemple pour le DN 200, la réduction de poids est de 48 % par rapport à une canalisation en grès traditionnelle.

La gamme est équipée d’un manchon d’accouplement auto-centrant en polypropylène qui assure un assemblage sûr ainsi qu'une étanchéité dans les deux sens. Également spécialisée dans la production et le développement de tuyaux et d’accessoires en grès, Steinzeug-Keramo propose de son côté une gamme complète de tuyaux du DN 100 mm jusqu’au DN 1400 mm ainsi que des tuyaux de fonçage (du DN 150 au DN 1400), des tuyaux d’alignement, des tuyaux de drainage et des regards d’inspection en grès également.

Les thermoplastiques : des progrès constants

L’arrivée des matériaux thermoplastiques il y a quelques décennies a considérablement modifié la physionomie du marché de l’assainissement. Appréciés pour leur légèreté et par conséquent pour leur faible coût de mise en œuvre, ils présentent également bien d'autres avantages parmi lesquels une bonne résistance à la corrosion et aux agressions chimiques.

Des qualités qui n’ont fait que s’accroître au fil du temps et qui résultent des progrès de la chimie, de l’apparition de nouveaux polymères (PE100, PVC bi-orienté...) et des innovations en fabrication (injection, extrusion, etc.).

La résistance à la traction et à la compression ainsi que la dureté qui dépend essentiellement de la nature de la cohésion entre les chaînes de polymères se sont améliorées, tout comme la résistance au choc liée à la cohésion intermoléculaire et à la dissipation de l’énergie dans le matériau.

Le PVC a atteint des taux de résistance exceptionnels grâce aux tubes structurés. Les tubes à triple paroi atteignent ainsi aujourd’hui une rigidité annulaire de CR16 grâce à l’utilisation, dans la couche intermédiaire, d’un PVC expansé intégrant une bonne proportion de matière recyclée (PVC-R). Il en résulte un gain de résistance,

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[Photo : Concept unique dans la famille des tubes PVC, les tubes Wavihol de Wavin, grâce à une paroi homogène constituée d'une succession d’alvéoles, permettent de conserver toutes les qualités indispensables à un tuyau PVC grand diamètres en conciliant légèreté et résistance à l’écrasement.]

mais aussi une économie de matière première et un poids du mètre courant réduit. Les systèmes de canalisations en PVC commercialisés par Pipelife, Sotra-Seperef, Wavin, Rehau, Nicoll, en Polypropylène (PP) proposés par Rehau, Pipelife ou Polypipe ou en Polyéthylène (PE, PEHD) commercialisés par Pipelife, Polypipe ou Ryb ont profité de ces évolutions.

En PVC, les canalisations Bipeau® de Pipelife (DN 125 à DN 630) et Ultra 16® de Sotra-Seperef (DN 125 à DN 500) présentent un coefficient de rigidité de CR16. C’est, à ce jour, la plus grande résistance disponible pour une canalisation PVC d’assainissement gravitaire. Ce coefficient leur permet d’être posées à moins d’un mètre de profondeur en présence de charges roulantes ou à forte profondeur à plus de 2,50 mètres.

Outre sa gamme standard Eco TP (DN 12 à 400 en SN4, SN 8 et SN 16), Wavin propose de son côté sa gamme Wavihol (DN 500 à 830, SN4 et SN8). Concept unique dans la famille des tubes PVC, les tubes Wavihol, grâce à une paroi homogène constituée d'une succession d’alvéoles, permettent de conserver toutes les qualités indispensables à un tuyau PVC grand diamètre en conciliant légèreté et résistance à l’écrasement. Naturellement, les gammes Eco TP et Wavihol sont compatibles avec l’ensemble des autres gammes TP Wavin (boîte d'inspection et regard visitable TEGRA, boîte d'inspection Wavin Karbon et raccords SDR 34 et 41).

Les tubes annelés double paroi offrent également une rigidité et une flexibilité améliorée, même dans les gros diamètres. Leur couche extérieure annelée amortit les chocs, leur couche intérieure, lisse, permet l’écoulement optimal des eaux usées. Très résistants aux chocs et aux vibrations, ils font leurs preuves depuis plusieurs années sous les autoroutes, les pistes d’aéroports, les voies de chemin de fer... L’élément nouveau qui a permis de réduire la quantité de matière première et d’élever le niveau de performance, est la possibilité d'utiliser du PVC bi-orienté pour la couche intérieure grâce à la soudure au laser des deux parois, une nouvelle technique de fabrication qui renforce la cohésion de la structure.

Ductile, flexible, inerte chimiquement, bénéficiant d'une très bonne tenue à l’abrasion (5 fois plus résistant que le béton et 3 fois plus que le PVC) et d’une très bonne tenue aux chocs à basse température, le PE, également présent en assainissement, a lui aussi notablement progressé. Les nouvelles générations de PE présentent un meilleur comportement à la fissuration des tubes. Des charges peuvent être exercées sur un tuyau lors de son installation ou lorsqu’il est en service comme par exemple des poinçonnements et des défauts de surface causés par une pose approximative. Une haute résistance à la propagation lente de fissures est donc importante pour atteindre la durée de vie attendue. Différents tests permettent de s’assurer de cette tenue à la fissuration, le plus connu étant l'essai sur tube entaillé (NF EN ISO 13479). Spécialement étudiée pour résister aux effets du poinçonnement, la gamme Prolinear (DN 75 à DN 800) de Ryb est la première canalisation en polyéthylène qui se pose sans matériau d’apport. Cette gamme de canalisation est entièrement soudée. Le réseau d’assai-

[Photo : En PVC, les canalisations Bipeau® de Pipelife et Ultra 16® de Sotra-Seperef présentent un coefficient de rigidité de CR16. C’est, à ce jour, la plus grande résistance disponible pour une canalisation PVC d’assainissement gravitaire.]
[Encart : L’Ecopal de Polieco, certifié NF A 442, de couleur grise extérieure et noire intérieure, permet de différencier ce produit « haut de gamme » des autres produits similaires présents sur le marché français et de proposer une alternative sur des appels d’offres ou l'utilisation.]
[Photo : Polieco]

L'assainissement est ainsi monolithique et sans joint d’étanchéité. L'étanchéité est absolue et les racines n’ont aucune possibilité de pénétrer dans le réseau pour l’obstruer.

Par ailleurs, les tubes annelés en PE offrent maintenant la possibilité de disposer d'une gamme complète de tubes et d’accessoires certifiés NF. La marque NF A 442, Assainissement Gravitaire en Matériaux Thermoplastiques, a permis à Polieco France de mettre à disposition du marché la plus large gamme de tubes annelés et d’accessoires certifiés NF, de fabrication française. La gamme Ecopal, certifiée NF, SN8, 100 % PEHD vierge, comporte des diamètres allant du DN/OD 250 au DN/ID 800 ainsi qu’une gamme complète de pièces et d’accessoires (TES, coudes, culottes, manchons, pièces de connexion sur regards bétons,...) permettant de réaliser des réseaux à partir d'éléments, tous certifiés NF. Polieco propose également Ecobox® (DN 125 à DN 800), un tube annelé double paroi SN 8, intégralement fabriqué à partir de polyéthylène recyclé.

La jonction entre les tubes se fait au moyen de manchons en PEHD et de joints en EPDM. Pour garantir une étanchéité maximale, Polieco commercialise également un joint expansible baptisé “No-Loss”. Une fois en contact avec un milieu humide, ce joint augmente de trois fois son volume initial dans un délai de 24 heures. Grâce à cette caractéristique, il occupe tout l’espace entre les annelures du tube et la paroi intérieure du manchon augmentant ainsi de manière importante l'étanchéité.

Le polypropylène (PP), utilisé depuis plus de 30 ans pour la fabrication de systèmes de canalisations, a également bénéficié de l'apparition d’une nouvelle génération de résines PP-B, appelées “Stiff PP” ou PP à haute rigidité, ce qui a considérablement augmenté les atouts des canalisations PP en assainissement enterré. L'utilisation de ces résines a permis d’optimiser et de compléter les avantages traditionnels du polypropylène : une bonne résistance à tous types d’agressions chimiques, une plage de température de service étendue jusqu’à 90 °C, une haute résistance à l’abrasion ainsi qu’une faible densité (900 kg/m³) générant un faible poids des différents éléments constitutifs.

Les systèmes de canalisations PP proposés par Ryb, Rehau, Pipelife ou Polypipe permettent de proposer des systèmes complets et existent sous deux aspects : parois lisses ou parois structurées, dimensionnés pour des classes de rigidité CR 4, CR8 ou CR10. Avec Awadukt® HPP SN16, lancée en 2011 (DN 125 à DN 630), Rehau est l’un des rares fabricants à proposer un système homogène en polypropylène pour concevoir un réseau d’assainissement incluant tubes, branchements, regards et raccords et ceci de l’habitation particulière jusqu’à la station d’épuration. Un atout important aux yeux de Dominique Anceaux, directeur du département Génie civil et infrastructures chez Rehau, pour qui l'homogénéité d’un système est aussi un gage de pérennité : « On ne peut juger de la pérennité d’un réseau et de son vieillissement que si le matériau est homogène, qu'il a été mis en œuvre industriellement de la même manière et qu’il évolue dans toutes ses composantes de la même façon ». La rigidité de l'Awadukt® HPP SN 16 autorise une utilisation sous faible et fort recouvrement et le réemploi des matériaux.

Pipelife propose de son côté une gamme de tubes lisses en polypropylène trois couches compactes de rigidité 10 kN/m² et 12 kN/m² (DN 110 à 500) qui a largement fait ses preuves depuis de nombreuses années dans les pays scandinaves et germaniques avant d’être proposée en France. Des raccords et regards entièrement en PP complètent le système.

Chez Ryb, la paroi nervurée d’Ultra Rib 2 (DN 150 à DN 500) a été étudiée pour répondre à l'ensemble des contraintes d’un réseau d’assainissement : même lors de tassements ponctuels, les nervures absorbent les contraintes dues à des charges localisées. Avec une rigidité de 16 kN/m², Ultra Rib 2 peut être posé entre 0,5 et 10 mètres de couverture.

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