Your browser does not support JavaScript!

Bilan d'exploitation de l'installation de méthanisation des effluents de l'abattoir de Mont-de-Marsan

29 juillet 1988 Paru dans le N°120 à la page 67 ( mots)
Rédigé par : M.r. DENIS, N. MILANDE et B. RAYMOND

Un grand nombre d’établissements de l’industrie agro-alimentaire (abattoirs, conserveries, brasseries, élevages, salaisons,…) rejettent des effluents très chargés en matière organique, dont une part importante est présente sous forme de matières en suspension (matière cellulosique dans les effluents d’élevage ou d’abattoir, protéines dans le cas des effluents de brasserie ou de conserverie,…). Ces rejets sont difficiles à dégrader dans de bonnes conditions économiques avec les procédés aérobies classiques ; la méthanisation permet, en revanche, un pré-traitement efficace et assez poussé de la pollution carbonée qu’ils contiennent, la production de biogaz utilisable sur le site contribuant à rendre ce processus économiquement acceptable. Nous avons mis au point, à l’aide d’essais menés sur des installations de laboratoire, puis sur des installations pilotes ayant fonctionné pendant de longues périodes en sites industriels, un procédé de méthanisation permettant d’éliminer 60 à 90 % de la pollution contenue dans les rejets liquides de ce type d’industrie, qui a été conçu de façon à assurer la stabilité des taux d’épuration malgré les variations de charge inévitables en site industriel, sans entraîner un suivi contraignant pour l’industriel. Ce procédé a fait l’objet de plusieurs applications, notamment à l’abattoir de la ville de Mont-de-Marsan.

L’INSTALLATION DE L’ABATTOIRDE MONT-DE-MARSAN

L’abattoir de Mont-de-Marsan a une capacité d’abattage de 4 500 t/an et fonctionne environ 210 jours par an.

L’installation de méthanisation traite en continu les effluents suivants :

  • — sang des bovins et ovins et eau de lavage des bacs de saignée,
  • — contenu des panses de bovins,
  • — rejet de la triperie-boyauderie,
  • — eau d’échaudage.

Ces produits, qui représentent 75 à 80 % de la pollution rejetée par l’abattoir, sont collectés à l’aide d’un réseau séparatif. Le mélange d’effluents est à une température voisine de 30 °C et il représente une quantité de DCO à traiter comprise entre 350 et 475 kg/jour.

L’installation comprend :

  • — un fermenteur de 70 m³ de volume utile (sur un volume total de 85 m³), muni d’un agitateur mécanique et d’un échangeur de chaleur,
  • — un décanteur de 14 m³ à flottants, muni d’un racleur à graisses,
  • — une pompe d’alimentation et une pompe de recirculation des boues,
  • — une armoire de commande assurant le fonctionnement automatique de l’installation.
[Photo : L'installation de méthanisation.]

L’installation d’utilisation du biogaz comprend :

  • — une conduite de transport de gaz avec pot de condensation,
  • — une chaudière de 70 kW à brûleur mixte biogaz–gaz naturel avec passage automatique d’un gaz à l’autre suivant la pression de biogaz.

MISE EN SERVICE DE L’UNITÉDE MÉTHANISATION

L’installation a été mise en eau et ensemencée en novembre 1986 ; cependant, les travaux de modernisation de l’abattoir (pour mise en conformité avec les normes CEE) n’ont été terminés qu’en juillet 1987. Entre novembre 1986 et juillet 1987, l’unité a été alimentée de façon discontinue à raison de quelques m³ d’effluent par semaine ; cette période, qui ne présente pas d’intérêt du point de vue de l’exploitation, a permis d’adapter la biomasse à l’effluent d’abattoir et de limiter ainsi le retard à prévoir lors de la mise en service et de la montée en charge de l’installation.

L’exploitation réelle de l’installation n’a donc débuté qu’en août 1987 et les mois d’août et de septembre ont été consacrés essentiellement à la mise au point des dispositifs d’évacuation des contenus de panses, de mélange de la fosse de collecte des effluents (sang prove-

nant des bacs de saignée des bovins, contenus de panses, rejet de la triperie-boyauderie et du bac d’échaudage des porcs), de séparation et de récupération des matières flottant à la surface du décanteur.

Il faut noter à ce sujet que le cahier des charges de l'installation de Mont-de-Marsan était particulièrement sévère puisqu'il prévoyait de traiter par méthanisation, outre l’effluent de la triperie-boyauderie et les eaux d’échaudage, la totalité du sang des bovins et la totalité du contenu des panses (matière solide comprise, l'abattoir n’étant pas équipé de presse à matière stercoraire). La mise au point du brûleur de la chaudière, alimenté au biogaz, a d’autre part été réalisée en septembre et au début d’octobre.

Le débit d'effluent chargé envoyé vers l'installation de méthanisation a varié, suivant la quantité d’animaux abattus, entre 10 m³/j (période creuse en fin d’année 1987, par exemple) et 30 m³/j (les lundis et vendredis). Signalons, à ce sujet, que le tonnage abattu peut évoluer, à l'abattoir de Mont-de-Marsan, dans un rapport de 1 à 15 d’un jour à l'autre, et que l'installation de méthanisation subit donc des variations de charge très importantes.

RÉSULTATS OBTENUS

Épuration de l’effluent

Les valeurs moyennes et extrêmes des analyses sur échantillons prélevés en amont de l'installation (dans la fosse de collecte des effluents) et en aval (en sortie de décanteur) sont données ci-dessous :

Éléments Valeurs moyennes Valeurs extrêmes
DCO 45 g/l 35 à 70 g/l
MES 25 g/l 15 à 37 g/l
MS 36 g/l 20 à 55 g/l
MG 12 g/l 9 à 14 g/l

L'effluent de sortie présente les caractéristiques suivantes :

  • — DCO : 10 à 13 g/l soit un taux d’épuration moyen de 75 %
  • — MES : 1,5 à 3 g/l soit un taux d'épuration moyen de 90 %
  • — MS : 2 à 4,5 g/l soit un taux d’épuration moyen de 90 %
  • — MG : 2,5 à 4 g/l soit un taux d’épuration moyen de 73 %

On constate que, malgré les forts écarts de concentration et de charge à l'entrée de l'installation, les concentrations de sortie sont relativement constantes.

Production de gaz

La production de gaz varie, suivant la charge entrante, entre 20 m³/j et 60 m³/j. Ce gaz, qui contient environ 60 % de méthane, est utilisé en totalité par l'abattoir pour la production d’eau chaude. La production de gaz représente, pour 60 m³/j, 360 kWh thermiques par jour d’activité.

La consommation d’énergie thermique de l'installation est nulle lorsque le personnel de la triperie-boyauderie ferme les robinets d’arrivée d'eau froide après usage, puisque la température de l'effluent est alors proche de la température de fonctionnement du fermenteur (30-35 °C).

La consommation d'énergie électrique se décompose comme suit :

  • — agitateur du fermenteur : 2 kW × 12 h/j = 24 kWh
  • — pompe d’alimentation : 2,5 kW × 1,5 h/j = 3,75 kWh
  • — pompe de recirculation : 4 kW × 0,5 h/j = 2 kWh
  • — racleur à graisse et à flottants : 0,15 kW × 8 h/j = 1,2 kWh
  • — appareils divers : 1 kW × 4 h/j = 4 kWh

soit environ 35 kWh électriques par jour d’activité.

[Photo : Chaudière avec brûleur mixte biogaz-gaz naturel]

Production de boue

Il n'y a pas eu de soutirage de boue biologique depuis la mise en service de l'installation. Les pertes en boue du surnageant de décantation sont incluses dans les valeurs de MES en sortie données ci-dessus.

Les flottants (essentiellement constitués par la part non méthanisable des matières solides provenant des contenus de panse), et les matières grasses non méthanisées sont récupérés à l'aide du racleur dans des bacs de 1 000 litres pour mise en décharge (à raison de 1 à 2 bacs par semaine).

Suivi de l’installation

Une fois la période de mise au point des divers équipements de l’installation terminée, celle-ci ne demande qu’une surveillance régulière de 0,25 à 0,5 h/jour d'un employé du service entretien de l'abattoir, qui vérifie le bon fonctionnement de l'ensemble (informations centralisées sur le tableau de l’armoire électrique) et nettoie tous les deux ou trois jours l’hélice de l’agitateur de la fosse de collecte (afin de retirer les cordelette provenant des contenus de panses qui s’enroulent autour de l’hélice).

Il faut noter, d’autre part, que la stabilité du fonctionnement de la station d'épuration de la ville de Mont-de-Marsan, qui reçoit les effluents de l'abattoir, a été grandement améliorée depuis la mise en service de l'installation de méthanisation.

Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements