Étant donné la diversité des matières organiques et des sels contenus dans les eaux, il est très important de chiffrer certains paramètres représentatifs de leur degré de pollution.
Actuellement, divers organismes désirent que les industriels mettent en place des systèmes d’autocontrôle de leurs rejets. La DCO peut être l’un de ces paramètres car elle représente l’enveloppe de tous les corps susceptibles de demander de l’oxygène (oxydation chimique), en particulier, les sels minéraux oxydables (sulfures, sels de métaux de valence inférieure) et la majeure partie des composés organiques, biodégradables ou non.
La méthode de mesure de la DCO est normalisée, en France, selon la norme T90101 [1] ; internationalement c’est la norme ISO qui est appliquée [2].
Nous nous proposons de démontrer l’importance d’un suivi en « temps réel » de la DCO lors de mesures sur le terrain, de comparer les points de vue de l’exploitant, du financier et de l’analyste relativement aux matériels existants.
Lors de mesures sur le terrain, on prélève souvent un échantillonnage moyen toutes les heures [3]. Selon les cas, on analyse un échantillon moyen sur 24 heures asservi au débit, ou un échantillon moyen nocturne asservi au débit avec un échantillon moyen diurne asservi au débit, ou une analyse sur chaque échantillon moyen horaire. Ce dernier cas, s’il peut permettre de mieux comprendre l’évolution des charges, est très onéreux en analyses. Aussi est-il intéressant de disposer d’un moyen d’autocontrôle simple à mettre en œuvre sur le terrain qui, par une première approche, permet de mieux connaître les problèmes généraux ; ainsi on ne soumet à une analyse fine que les échantillons représentatifs.
La DCO, qui représente l’ensemble des matières et organismes consommateurs d’oxygène, constitue un paramètre important à suivre lors de mesures sur le terrain ; de plus sa mesure ne nécessite pas l’emploi d’un appareillage trop sophistiqué.
Pour déterminer la valeur de la DCO il existe deux grandes familles d’appareillages :
- — ceux installés sur des équipements qui effectuent une mesure en continu,
- — ceux, plus adaptés à notre problème (car transportables), qui permettent d’effectuer manuellement une mesure sur des séries d’échantillons.
Types d’appareillages transportables
La présentation classique de l’appareillage, selon la norme, comprend une batterie de ballons avec chauffe-ballon, d’une puissance unitaire d’environ 200 W (figure 1) ou une plaque chauffante pour 6 à 8 Erlenmeyers d’une puissance de 1 500 W environ (figure 2). Chaque ballon est surmonté d’un bloc de réfrigération relié à une alimentation en eau. Le chauffage est souvent régulé à l’aide d’un système à bilame ou triac simple. Cette régulation n’est pas très progressive et elle entraîne souvent une ébullition à « gros bouillons » qu’impose ce type de réfrigération. Actuellement on peut adapter des régulateurs électroniques de température qui sont d’un prix beaucoup plus élevé.
Depuis trois ans est apparu un nouveau DCO-mètre (figure 3) qui, sans utiliser de microdoses par rapport aux quantités recommandées par la norme [1], permet de réaliser des économies sur les produits, en affectant d’un coefficient réducteur de 2,5 les doses préconisées ; en outre, on dispose d’une régulation de température au degré près. Le bloc de chauffe possède une grande inertie thermique qui permet d’obtenir à l’ébullition un léger frisson du liquide, ce qui ne nécessite plus les blocs de réfrigération précédents. Ici sont utilisés des tubes de condensation à air qui permettent un encombrement moindre de l’appareillage et, surtout, qui ne le rendent plus tributaire d’une alimentation en eau. On dispose ainsi d’un appareillage très adapté à l’autocontrôle et aux mesures sur le terrain.
* Filtre Eaux, Faculté des sciences de Limoges.
** Laboratoire de génie chimique appliqué aux traitements des eaux, Limoges.
*** Agence de l’Eau Rhin-Meuse.
Tableau I
Qté | Désignation | PU HT | Total |
---|---|---|---|
6 | chauffe-ballon avec régulation à triac simple | 1 052 | 6 312 |
6 | ballon à col rodé et fond plat 500 ml | 90 | 540 |
6 | réfrigérant à boule avec rodage conique à la base | 360 | 2 160 |
3 | mètre de tube laboméca en duraluminium Ø 12 | 20 | 60 |
10 | noix universelle laboméca en laboral | 20 | 200 |
6 | pince laboméca à 3 doigts | 75 | 450 |
1 | rouleau de tube en chlorure de polyvinyle | 466 | 466 |
2 | statif | 510 | 1 020 |
1,2 | mètre de paillasse standard (150 × 75) | 2 000 | 2 400 |
Total HT 13 608TVA 2 531COUT TTC 16 139
Tableau II
Qté | Désignation | PU HT | Total |
---|---|---|---|
1 | rampe d'extraction 6 postes | 5 324 | 5 324 |
2 | statif : 2 barres support vertical, 2 barres de maintien horizontal | 520 | 1 040 |
12 | pinces + noix | 95 | 1 140 |
6 | erlenmeyer 250 ml col rodé | 55 | 330 |
6 | réfrigérant à boule, rodage unique à la base | 360 | 2 160 |
1 | rouleau de tube en chlorure de polyvinyle | 460 | 460 |
0,8 | mètre de paillasse standard (150 × 75) | 2 000 | 1 000 |
Total HT 12 080TVA 2 246COUT TTC 14 326
Tableau III
Qté | Désignation | PU HT | Total |
---|---|---|---|
1 | bloc chauffant pour 6 DCO avec régulateur | 12 000 | 12 000 |
1 | support pour 12 tubes | 1 000 | 1 000 |
12 | tube en pyrex Ø 47 mm, hauteur 250 mm (vendus par 12) | 100 | 1 200 |
12 | réfrigérant à air, longueur 700 mm (vendus par 12) | 100 | 1 200 |
0,45 | mètre de paillasse standard | 2 000 | 900 |
Total HT 16 300TVA 3 032COUT TTC 19 332
Tableau IV (prix arrondis)
Réactifs | Coût NET norme NF | Coût NET autre méthode |
---|---|---|
Acide sulfurique + sulfate d'argent | +35 F | +13 F |
Sulfate mercurique | ||
Dichromate de potassium | +40 F | +15 F |
Sulfate de fer II et d’ammonium | ||
Ferroïne (0,2 ml) | +1 F | +5 F |
Total TC pour 6 DCO +90 F +40 F
Tableau V
Consommations électriques
Appareillage | Uv | Ia | Pe | Temps | Wh unit. | Pour 6 DCO | Prix kWh | Montant Net à payer |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Plaque chauffante pour 3 DCO | 222 | 3 | 666 | 2 h 03 | 1 365 | 2 730 | 1 F | 3,00 F |
Chauffe-ballon pour 1 DCO | 228 | 0,54 | 123 | 2 h 09 | 265 | 1 587 | 1 F | 1,50 F |
6 DCO réfrigérant à air | 224 | 4,4 | 986 | 1 h 08 | 1 117 | 1 117 | 1 F | 1,00 F |
Tableau VI
Coût de fonctionnement
Appareillage | Coût investissement | Réactif | Eau | Électricité | Total pour 5 DCO |
---|---|---|---|---|---|
Plaque chauffante | 14 326 F | 90 F | 3 F | 3,00 F | 96,00 F |
Chauffe-ballon | 16 139 F | 90 F | 3 F | 1,50 F | 94,50 F |
Réfrigérant à air | 19 332 F | 40 F | — | 1,00 F | 41,00 F |
Résultats en autocontrôle
Lors d’un bilan de 24 heures sur une station d’épuration à partir des échantillons moyens diurnes et nocturnes asservis au débit, on a fait réaliser différentes mesures de DCO. Une étude à partir de ces échantillons moyens asservis au débit nous donne des valeurs de DCO dans un domaine proche de la normale et cela ne peut en rien permettre d’expliquer les problèmes que connaît cette station (tableau IX).
Tableau IX
Effluent | Diurne (6 h-22 h) | Nocturne (22 h-6 h) |
---|---|---|
Entrée | 560 mg/l | 250 mg/l |
Sortie | 90 mg/l | 30 mg/l |
Parallèlement à cette détermination traditionnelle, nous avons, grâce à l’appareillage ICPH effectué en « temps réel » toutes les mesures de DCO sur les échantillons moyens bihoraires (figure 4). Ainsi, nous avons déterminé dans la tranche horaire 8 h-10 h une valeur de la DCO de 1 240 mg/l, ce qui nous a amenés à réaliser des échantillons moyens pour des déterminations plus fines de certains produits qui pourraient s’avérer toxiques pour la station. En prévision de ce genre de problèmes le prélèvement en entrée s’effectuait toutes les 2 mn et l’on prélevait 250 cm³ d’effluent.
Sur cet exemple concret, on s’aperçoit facilement de l’importance de l’aspect de l’autocontrôle lié à un appareil portatif facile à mettre en œuvre, tributaire uniquement d’une prise de courant ; en effet, les analyses effectuées sur les échantillons moyens asservis aux débits diurne et nocturne et remises huit jours plus tard par un laboratoire agréé n’apportent pas, dans ce cas particulier, d’aide déterminante (tableau IX et figure 4).
On constate également que, si la notion des précautions d’échantillonnage est prédominante dans la réalisation des échantillons soumis à l’analyse [3], la notion d’échantillon moyen asservi au débit peut selon les cas ne donner qu’une information partielle sur les phénomènes étudiés, et dans les cas extrêmes n’apporter aucun enseignement.
BIBLIOGRAPHIE
1 – Norme NF T 90-101 septembre 1971. Essais des Eaux — Détermination de la demande chimique en oxygène (DCO). Méthode par le dichromate de potassium.
2 – Norme ISO 6060.
3 – J.P. FENELON et M. MAZET — Colloque Européen de Chimie industrielle, Limoges 1988. Les modes d’échantillonnage sur le terrain : inventaire des différents principes d’appareillages. Exemples de résultats d’analyses comparatives selon les modes de prélèvements.