L?efficacité et la pérennité d'un système d'assainissement non-collectif supposent la réalisation d'un certain nombre d'opérations d'entretien et de maintenance qui influent sensiblement sur le coût global du système choisi : vérification du bon fonctionnement de l'installation, absence d'obstruction ou de colmatage, entretien régulier et remplacement éventuel des éléments électromécaniques, renouvellement des organes, gestion des boues produites' Ces opérations sont fondamentales pour protéger son investissement, pour protéger l'environnement et se prémunir contre d'éventuels risques sanitaires. Ces contraintes, trop souvent négligées, doivent être prises en compte dans le choix d'une filière.
Réalisé par
L’efficacité et la pérennité d’un système d’assainissement non-collectif supposent la réalisation d’un certain nombre d’opérations d’entretien et de maintenance qui influent sensiblement sur le coût global du système choisi : vérification du bon fonctionnement de l’installation, absence d’obstruction ou de colmatage, entretien régulier et remplacement éventuel des éléments électromécaniques, renouvellement des organes, gestion des boues produites... Ces opérations sont fondamentales pour protéger son investissement, pour protéger l'environnement et se prémunir contre d’éventuels risques sanitaires. Ces contraintes, trop souvent négligées, doivent être prises en compte dans le choix d’une filière.
Fruit d’une lente gestation, la redéfinition des contours institutionnels et réglementaires de l’assainissement non-collectif a permis de cerner ce mode d’assainissement avec beaucoup de précision. On sait ainsi qu’il concerne directement 15 millions de Français via 5,3 millions d'installations et qu’il est largement majoritaire (+ de 70 %) parmi les 82 % de communes françaises qui comptent moins de 400 habitants. On sait également qu'il recommence à progresser puisqu’aujourd’hui, sur les 180 000 maisons qui se construisent bon an mal an, un bon tiers
reste concerné par cette forme d’assainissement. On sait enfin que 80 % de ces installations sont “non conformes” et que près de 600 000 logements déversent leurs eaux usées dans le milieu naturel sans le moindre traitement.
La publication de l’arrêté “contrôle” du 7 septembre 2009 a permis de placer ces 80 % de systèmes défectueux sous surveillance : aux termes de ce texte, ces installations doivent faire l'objet d’un entretien dont la périodicité, fixée par le maire, ne doit pas excéder 8 ans. Selon qu’elles ont été réalisées ou réhabilitées avant ou après le 31 décembre 1998, elles doivent subir un diagnostic de bon fonctionnement et d’entretien ou une vérification de conception et d’exécution selon les modalités précises. S’enclenche ensuite une procédure similaire à celle d’un contrôle technique automobile : à la suite de sa mission de contrôle, la commune consigne les observations réalisées au cours de la visite dans un rapport de visite transmis au propriétaire. Lorsqu’un risque sanitaire ou environnemental est dûment constaté, elles doivent faire l'objet d'une remise en état par le propriétaire de l'installation dans les quatre ans à compter de la date de notification, délai qui peut être, dans certains cas, encore raccourci par le maire de la commune. Lorsqu’aucun risque n’a été constaté, l'obligation de travaux est reportée au moment de la vente du bien immobilier concerné, l’acquéreur de ce bien étant tenu de faire procéder aux travaux de mise en conformité dans un délai d’un an après l’acte de vente.
Ce dispositif est censé permettre de réduire sur le long terme la proportion de systèmes non conformes parmi les installations existantes mais aussi de conserver en bon état de fonctionnement les installations aujourd'hui conformes.
Mais quid des nouvelles installations ? La loi sur l'eau du 30 décembre 2006 ne prévoyait pas le cas des installations neuves ou à réhabiliter. Des modifications législatives ont donc été apportées par la loi du 12 juillet 2010 dite “Grenelle II”. On distingue désormais deux cas : le cas des installations neuves ou à réhabiliter pour lesquelles le contrôle porte sur un examen préalable de la conception et une vérification de la réalisation ; et le cas des autres installations pour lesquelles le contrôle porte sur une vérification de leur fonctionnement et de leur entretien.
L'arrêté du 7 septembre 2009 relatif au contrôle des installations devrait donc être prochainement révisé pour tenir compte de ces modifications et probablement accompagné d’une circulaire d’application. Si l’on en croit la réponse du Ministère de l’écologie à la question écrite n° 15294 publiée dans le JO Sénat du 10 février 2011 (page 325), les concertations avec les acteurs de l’ANC sur ces projets de textes devraient démarrer au cours du premier trimestre 2011.
La question est d’importance car on sait que mal conçue, mal dimensionnée ou encore mal entretenue, une installation individuelle, même très récente, peut être à l’origine de problèmes environnementaux, voire de risques sanitaires graves en générant une pollution diffuse des sols. Or, le choix d’un dispositif d’assainissement, qu'il concerne une filière dite traditionnelle, une filière compacte ou un dispositif alternatif de type micro-stations, répond en général à des contraintes locales (nature des sols, surfaces, pente...) voire à des considérations financières mais bien plus rarement
des conditions d’exploitation ou de maintenance : l’entretien de l’installation choisie, qui peut être conséquent, est une dimension trop souvent négligée.
L’entretien : une dimension trop souvent négligée
Premier constat : toutes les filières, quelles qu’elles soient, doivent subir un entretien périodique régulier pour fonctionner de façon optimale. Problème : la réglementation laisse beaucoup de latitude au propriétaire, « alors même qu’aucune technique ne peut se passer d’un service associé » selon Jean-Pierre Dautais, Conseiller technologique chez Premier Tech Aqua Purflo. « Malheureusement, le propriétaire ne dispose pas toujours des informations nécessaires pour entretenir correctement son système. En se bornant à lui indiquer que son installation doit être entretenue aussi souvent que nécessaire et qu’elle doit fonctionner correctement, on lui donne une orientation générale sans lui délivrer de vrais repères. Or, l’entretien est fondamental à la fois pour protéger son investissement et pour protéger l’environnement naturel mais aussi humain ».
Second constat, le propriétaire doit être partie prenante à l’entretien de son système. « Éviter de consommer trop d’eau, veiller à ne pas envoyer n’importe quelles substances dans son système sont des règles de base trop souvent négligées. Son implication est indispensable, ne serait-ce qu’au niveau de la surveillance » estime Jean-Pierre Dautais. « Après, il doit faire appel à un professionnel pour associer un service à sa technique, quelle qu’elle soit ».
Les filières traditionnelles qui mettent en œuvre un prétraitement par fosse toutes eaux recevant l’ensemble des eaux usées domestiques associé à un traitement par le sol en place ou reconstitué (tranchées ou lit d’épandage, filtres à sable vertical et horizontal, tertre d’infiltration) n’échappent pas à cette nécessité même si leur entretien reste des plus limité. En filière traditionnelle, on veillera ainsi à vidanger le bac à graisse, lorsqu’il en existe un, tous les six mois environ. La vidange de la fosse toutes eaux devra être réalisée en moyenne tous les quatre ans, la périodicité pouvant éventuellement être adaptée en fonction du dimensionnement de l’installation et du taux d’occupation de l’habitation considérée. L’opération de vidange devra être effectuée par un vidangeur spécialisé et l’élimination des matières de vidange effectuée conformément aux dispositions réglementaires. Le préfiltre, les regards de répartition et de bouclage ainsi que le système d’épandage devront être régulièrement vérifiés et nettoyés de façon à s’assurer de l’absence de toute obturation ou de tout colmatage. « Les filières traditionnelles n’échappent pas plus que les autres à un minimum d’entretien et de surveillance » souligne Jean-Pierre Dautais. « À défaut, elles peuvent accumuler les dysfonctionnements, ce qui peut entraîner un risque pour le particulier ou son voisinage ». D’autant que tous les sols ne vieillissent pas de la même façon. « Des sols plutôt fins à la limite de la perméabilité acceptable vieilliront plus rapidement que des sols appartenant à la catégorie des sableux. Au bout d’un certain temps, on assistera à une diminution conséquente de l’efficacité de l’épandage.
Il devient alors nécessaire de réhabiliter le dispositif.
Pour proposer une alternative au caractère extensif des installations traditionnelles, des procédés compacts sont commercialisés depuis de nombreuses années par certains industriels. Eparco Assainissement avec sa filière compacte Eparco, Simop avec Zeomop®, Stoc Environnement avec Zéofiltre® ou Ouest Environnement avec le compactodiffuseur® proposent des filières basées sur la zéolithe. Premier Tech Aqua Purflo (APC et Calona Purflo), propose de son côté des filtres compacts coco Epurfix® (PEHD), Epurflo® (Polyester armé) et Precoflo® (béton, procédure d’agrément en cours). Stradal fait de même avec ses filtres Coco Epurba® Compact (Béton) et Stratepur® (Polyester). Livrés prêts à poser et compacts, ils conviennent tant pour le neuf que pour la réhabilitation. Formule fiable pour le remplacement d'un dispositif défectueux, ce milieu filtrant n'est pas affecté par les variations d'utilisation saisonnière ou les contraintes climatiques. Rustiques, fonctionnant sans énergie ni appareil électromécanique pour le traitement (probabilité de pannes et remplacement), les filières avec filtre compact coco ont des performances stables et sont économiques dans leur utilisation. Epurfix® et Epurflo® Maxi (jusque 17EH) sont aussi parmi les rares dispositifs agréés à pouvoir être « installés pour fonctionner en intermittence » (cas de l'habitat secondaire). Sebico propose de son côté son Septodiffuseur tandis que Biorock propose un filtre compact utilisant un média pré-traité avec des enzymes constitué de deux étages de filtration. Ces filières compactes reposent sur le principe d'une réduction géométrique du traitement aval des effluents issus de la fosse toutes eaux et présentent la particularité de recevoir une charge hydraulique supérieure aux systèmes traditionnels. À ce titre, elles nécessitent parfois une
Attention plus importante pour éviter tout colmatage du substrat. Pour prévenir les risques de colmatage, Stoc Environnement propose d'intercaler entre la fosse toutes eaux et le lit à massif de zéolite, l'Oxybox, boîte de préfiltration et de rétention des MES. Elle assure aussi une répartition égale sur chacune des zones de filtration grâce à un astucieux système de réglage excentrique.
Sur son filtre Zeomop®, Simop préconise une inspection et un nettoyage au jet (si nécessaire) du plateau de répartition par le trou d'homme prévu à cet effet ainsi qu'une inspection et un nettoyage au jet du tube de collecte associé à une vérification des conduites de ventilations. « Concernant l'entretien de la fosse en amont des filtres, la réglementation impose de la vidanger dès que le volume de boues atteint 50 %. Pour aider l'utilisateur, nous proposons un système d'alarme qui détecte la hauteur du voile de boues grâce à une sonde optique » indique Christophe Letranchant, Chef de produit assainissement autonome chez Simop. « Ce système peut être alimenté par secteur (230 V) ou être complètement autonome (alimentation par panneau solaire) ».
Premier Tech Aqua Purflo dispose d’une structure de service spécialisée, couvrant tout le territoire, pour l'ANC individuel comme regroupé. Pour les filtres compacts coco, s'inspirant directement de l'expérience Québécoise et plus largement Nord Américaine (plus de 50 000 installations suivies depuis plus de 15 ans), chaque filtre est localisé, identifié et “tracé” pendant toute sa durée de vie. Son vécu (installation, opérations d’entretien, niveau de fonctionnement, …) est précieusement sauvegardé dans une base de données mise à jour par les rapports d'intervention et d’audit. Pour le propriétaire, Premier Tech Aqua Purflo propose de prendre en charge tout ou partie de l'exploitation de la filière d’ANC, avec une offre de prestations de service à la carte. Cette offre cible préférentiellement le filtre et son fonctionnement, et le nettoyage du préfiltre associé à la fosse septique. « Nous pratiquons deux types d'interventions, détaille Jean-Pierre Dautais, une intervention sur le milieu filtrant pour en optimiser le fonctionnement par scarification, qui s'accompagne de la vérification de toutes les composantes du filtre. C’est un entretien préventif qui permet au substrat de durer 10 ans ou plus, en fonction de l'utilisation qui en est faite. Après, il y a des opérations plus importantes qui se rattachent à la maintenance et notamment le remplacement du milieu filtrant : car tous les milieux filtrants vieillissent et doivent être changés un jour ou l'autre. Sur les dispositifs intégrant les filtres compact coco, cette opération s'effectue par simple pompage puis remplacement, par les trappes d'accès et sans travaux de terrassement. Le système redémarre sur une durée similaire à la durée initiale voire supérieure si les milieux filtrants sont optimisés. À noter que le milieu filtrant extrait fait partie des rares à être organique et fibreux, il est facile à transformer, en site agréé, et permet la fabrication d’un compost de haute qualité pour le végétal ».
Démarche différente chez Eparco pour qui ce n’est pas l’entretien systématique à fréquence fixe du filtre ou de la fosse qu’il convient de privilégier mais une surveillance continue du niveau de boues de la fosse située en amont de manière à protéger le filtre de tout dysfonctionnement éventuel. « On ne peut s’en remettre à une mesure plus ou moins régulière du niveau de boues », explique Hervé Philip, directeur technique chez Eparco. « Nous avons opté pour une autre solution qui place le système à l'abri des contrôles trop peu fréquents et qui consiste à installer dans nos fosses un détecteur de niveau de boues à fonctionnement continu. Un émetteur lumineux placé face à une cellule photoélectrique déclenche une alarme lorsque le signal est coupé ». Alerté, le propriétaire dispose de plusieurs mois pour faire vidanger sa fosse. « C'est à la fois une garantie de bon entretien de la fosse et une façon de prémunir le propriétaire contre des vidanges superflues », explique Hervé Philip.
Cette solution rend inutile la pose d'un préfiltre de sécurité, ce qui allège l’entretien d’autant puisque ce dispositif de surveillance automatique réduit l’entretien à celui de la fosse. Le filtre en lui-même ne nécessite pas d’entretien particulier, « puisque toute la matière organique qui arrive dans le filtre est consommée par les bactéries et la microfaune présentes dans le milieu. Le matériau filtrant est minéral et inaltérable à l'eau ; la durée de vie du filtre avant qu’il ne soit nécessaire de renouveler le matériau filtrant est de 25 ans », indique Hervé Philip. « Un renouvellement de la zéolite, qui peut alors être valorisée en additif de compostage, permet de repartir sur une durée équivalente ».
Pour en savoir plus sur le fonctionnement de ces filières dans le temps et pour vérifier l'existence d’une corrélation entre les performances d'une filière compacte et son âge, Eparco a mené une étude sur une trentaine de filières compactes de 1 à 5 ans d’âge. Rendue publique en 2008, cette étude a montré que l’ensemble des dispositifs examinés fonctionnaient bien, et qu’aucune corrélation ne pouvait être établie entre les performances et la charge ou l’âge des installations. Le recul d’Eparco porte maintenant sur plus de dix mille installations en France.
Approche similaire pour le Groupe Sebico avec son Septodiffuseur qui se situe dans la lignée des filières traditionnelles avec la compacité en plus, selon Luc Lary, chef de produits traitement de l’eau chez Sebico. « Il s‘agit d’un dispositif constitué d'un prétraitement amont dimensionné de la même façon qu’une filière traditionnelle dans lequel il n’y a ni recirculation ni retour de boues et d’un appareil répartiteur alimentant des unités septodiffuseur mises en œuvre en surface d'une couche de sable ».
Le gros de l’entretien du système correspond donc à la vidange de la fosse dont les boues ne doivent pas dépasser 50 % du volume utile.
Le préfiltre doit être contrôlé tous les six mois. Le nettoyage annuel des tuyaux de répartition à l'aide d’un petit furet suivi du passage d'un simple jet d’eau suffit. Le propriétaire peut se charger lui-même de ces opérations d’entretien en faisant appel, bien sûr, à une entreprise agréée pour la vidange de la fosse, « un point très important car l’expérience montre que les propriétaires qui s’impliquent dans l'entretien de leur système y portent également beaucoup plus d'attention ce qui favorise sa pérennité », souligne Luc Lary.
La durée de vie annoncée de ses diffé-
rents systèmes, variable selon l'utilisation qui en ait faite et leur dimensionnement peut atteindre, voire dépasser les 20 ans. Compte tenu du fait qu’ils ne consomment pas d’énergie et ne comportent pas, ou très peu d’organes électromécaniques, ils restent, malgré un investissement assez élevé au départ, parmi les plus avantageux du marché sur le long terme compte tenu du faible coût de leur exploitation et de leur entretien.
Les filières intégrant le filtre compact Premier Tech (coco), fortes d'un retour d’expérience acquis au Canada et aux États-Unis depuis plus de 15 ans, bénéficient d'une fiabilité et d’une durabilité prouvée. Des avantages que n’ont pas encore les micro-stations d’épuration qui nécessitent pour fonctionner des équipements électromécaniques tels que des pompes de recirculation, des soufflantes, et une gestion des boues plus contraignante. Pour ces systèmes, l’entretien est d’autant plus crucial.
Micro-stations : l’exploitation et l’entretien sont cruciaux
Les micro-stations, devenues depuis les arrêtés du 7 septembre 2009 des dispositifs de traitement à part entière dès lors qu’elles respectent les performances épuratoires minimales de 30 mg/l en MES et de 35 mg/l pour la DBO, cumulent plusieurs avantages parmi lesquels leur compacité qui permet de s’affranchir de gros travaux de terrassements ainsi qu'un prix relativement faible à l’achat, ce qui constitue bien souvent un argument décisif, le budget consacré à l’ANC dans le cadre de la construction d’une maison individuelle, n’étant pas, et de loin, prioritaire.
Les microstations sont soumises à une évaluation technique par les organismes notifiés avant d’être agréées. Cette évaluation inclue l'analyse des modalités d’entretien et de maintenance prévues par les fabricants. Ainsi, sur les 77 critères évalués par le CERIB pour chaque dispositif de traitement candidat à l'agrément, pas moins de 25 critères concernent directement l’entretien et la maintenance.
Sont vérifiés par exemple les prestations proposées par le fabricant pour l'entretien, la liste des opérations de contrôles et d’entretien, ainsi que leur fréquence, la liste des pièces d’usure, ainsi que leur durée de vie annoncée et leur disponibilité.
Elles représenteraient déjà plus de 20 % du parc de l’assainissement non collectif dans certains départements et environ la moitié des nouveaux dispositifs de traitement installés en cas de réhabilitation. Construites et commercialisées par Eloy Water, Neve Environnement, Sortalentz, Simop, Sotec Environnement, Obio Environnement, Francaeux, Graf, Epur, Phyto-Plus Environnement, L’Assainissement Autonome ou Eauclin, elles pénètrent rapidement le marché.
Pourtant, ces dispositifs épuratoires ne sont pas exempts de certaines contraintes. La nécessité de les relier à une alimentation électrique les rendent par exemple inéligible au prêt à taux zéro et difficile à installer lorsqu’il s’agit de fonctionner par intermittence.
Elles intègrent parfois nombre d’équipements électromécaniques qui nécessitent au minimum un contrôle régulier et parfois un remplacement : contrôle du surpresseur et de la pompe de recirculation lorsqu’il en existe, contrôle de l’insufflation d’air, du système de recirculation, du rejet des eaux épurées, du taux de remplissage en boues du décanteur primaire et vidange des boues excédentaires… etc.
« Ces équipements doivent faire l’objet d’une exploitation très attentive. Ils nécessitent nombre de réglages et de vérifications régulières, indi-
que Jean-Pierre Dautais, car si l'installation n'est pas correctement exploitée ou entretenue, le dysfonctionnement surviendra plus rapidement sur ce type de système que sur des installations plus traditionnelles et ses conséquences seront potentiellement plus lourdes. À l'inverse, bien exploitée et correctement entretenue, une micro-station peut durer très longtemps.
Un point de vue partagé chez Sebico qui commercialise Biokube®, une micro-station à cultures fixées immergées composée de deux cuves : un prétraitement dimensionné selon les critères des filières traditionnelles avec recirculation des boues et une cuve assurant la partie traitement et la partie clarificateur. Pour Luc Lary, Chef de produits traitement de l'eau chez Sebico, « ce type de dispositif, plus technique, nécessite certaines précautions incluant par exemple une mise en service du dispositif lors de son installation ou une formation du poseur ». Cette mise en service est suivie d'une proposition de contrat d'entretien consistant en une visite annuelle permettant de vérifier le bon fonctionnement de la micro-station : « nous vérifions le bon fonctionnement général de l'installation en procédant à un certain nombre de mesures : la hauteur des boues dans le prétraitement, l'oxygène dissous (aération), le pH et l'aspect visuel et olfactif de l'eau traitée en sortie de station. Cet entretien permet aussi de suivre le bon comportement des équipements électromécaniques qui peuvent également faire l'objet d'un remplacement périodique préventif, dans la version la plus étendue du contrat d'entretien proposé ».
Phyto-Plus Environnement, qui propose des systèmes d'assainissement autonome pour le particulier et le semi-collectif (de 1 à 500 E.H.), propose également, dans le cadre d'un contrat de maintenance, une visite annuelle effectuée chez le client par un technicien au cours de laquelle sont effectuées différentes vérifications : contrôle du surpresseur, visite de la fosse toutes eaux avec contrôle du niveau des boues, contrôle de la biomasse, décolmatage des membranes d'aération, test du pH, vérification de la qualité du rejet, ... etc. À l'issue de la visite, si aucun problème n'a été détecté, un certificat de conformité est remis au client. S'il s'avère qu'une vidange de la fosse toutes eaux ou/et du décanteur est nécessaire, il sera demandé au client de faire appel à un vidangeur agréé.
Au cours de leur exploitation, la difficulté des micro-stations à assumer de fortes variations de charges et la nécessité de réaliser de fréquentes vidanges sont également des handicaps de poids. Les fabricants se sont donc attachés ces dernières années à redéployer leur offre en présentant des modèles susceptibles de minimiser ces inconvénients.
Pour faire face au problème des variations de charges, plusieurs fabricants ont présenté des modèles fonctionnant sur le principe SBR (sequencing batch reactor) intégrant une régulation plus sophistiquée et permettant de mieux supporter les variations de charge (jusqu'à 500 EH) : de l'air est injecté dans le réacteur biologique afin de brasser les eaux usées tout en alimentant les bactéries en oxygène qui circulent librement dans la liqueur mixte. Contrairement à une boue activée classique, les trois opérations que sont la décantation, l'aération et la clarification se déroulent de manière séquentielle dans une seule et même cuve. La gamme Airoxy® d'Eloy Water fonctionne sur ce principe tout comme Biostep® d'Obio Environnement. Actibloc® de Sotralentz et Klaro de Graf reposent également…
Sur ce principe, en fonctionnant sur 4 cycles journaliers de 6 heures. Après 3 cycles sans variation du niveau dans le décanteur, un transfert se déclenche qui permet de transférer automatiquement les eaux à traiter du réacteur vers le décanteur pour préserver les bactéries. Aquamax d’ATB est également équipé d'une fonction visant à préserver la biomasse épuratrice en réduisant l’aération dès lors qu’aucun effluent n’arrive dans la station durant plus de 4 heures. Klaro-Easy et Klaro-Carat de Graf, Biokube® de Sebico, Topaze de Neve Environnement, Biogest® de Bi-eau intègrent un réservoir tampon et une pompe d’égalisation pour faire face aux variations de charges. Autre avantage des micro-stations en SBR, leur faible consommation en énergie : de 0,16 à 0,19 kWh par personne et par jour. Biofrance d’Epur (5 EH) annonce toutefois une consommation de 0,27 kWh par jour et par habitant (surpresseur 58 W en fonctionnement continu alimentant à la fois l’oxygénation du réacteur biologique et l’air lift de recirculation séquentielle).
Les micro-stations fonctionnant sur le principe de la culture fixée immergée aérée supportent également les variations de charge hydraulique et organique caractéristiques des maisons individuelles et des petites collectivités. En effet, les microorganismes sont fixés sur un support bactérien et ne sont donc pas « lessivés » en cas d’à-coup hydraulique. En outre, l'épaisseur du biofilm présent sur le média s’autorégule en fonction de l’évolution de la charge polluante. Enfin, la simplicité de conception des produits développés sur ce principe rend leur mise en service et leur exploitation aisée et peu onéreuse. C’est pour ces différentes raisons que Eloy Water ou Epur ont choisi cette technologie pour la mise au point de leurs gammes Oxyfix® ou Biofrance®.
Reste l'une des contraintes principales liées à l’exploitation des micro-stations d'épuration : la vidange des boues dont la fréquence peut varier du simple au quadruple.
La vidange des boues : une contrainte forte caractérisée par une absence de référentiels
Les micro-stations à cultures libres ou fixées doivent être vidangées régulièrement sous peine de voir leurs performances décliner très rapidement. Mais quelle est la bonne périodicité ? L’arrêté du 6 mai 1996 prévoyait une fréquence de vidange au minimum tous les 6 mois pour les micro-stations à boues activées et d’un an pour les micro-stations à cultures fixées. La production de boue des dispositifs de traitement est estimée à partir des essais de type initiaux réalisés par les laboratoires notifiés. La fréquence de vidange évaluée lors de l’instruction des dossiers de demande d’agrément correspond à la période lorsque le volume de boue atteint 30 % du volume utile du décanteur.
Dans la pratique, il faut s’en remettre aux préconisations des constructeurs car le volume de stockage des boues des micro-stations varie dans des proportions importantes en fonction de plusieurs facteurs : le process épuratoire, la capacité de stockage.
de la micro-station considérée et le nombre de personnes raccordées à la micro-station. Cette multiplicité de facteurs entraîne une grande diversité de vidanges annoncées par les constructeurs : 1 fois par an chez Stoc Environnement pour l’Oxy 8, 1 fois tous les deux ans chez Graf, 1 fois tous les trois ans chez Sotralentz dès lors que la micro-station Actibloc (de 1 à 50 EH) a été dimensionnée et validée par ses propres services ou 1 fois tous les quatre ou cinq ans chez Eloy Water pour l’Oxyfix (informations statistiques récoltées sur plusieurs milliers d’Oxyfix exploitées chaque année).
« Avant l'abrogation de l'arrêté du 6 mai 1996, Stoc Environnement préconisait deux extractions de boues (et non vidange complète) par an, pour être en conformité avec la réglementation. Les essais de marquage CE ont démontré qu'une seule intervention par an pouvait suffire » indique Joël Robin, Stoc Environnement. « Aujourd’hui, nous proposons un contrat dénommé “Sérénité 10”, dans lequel nous nous engageons sur le bon fonctionnement de la filière durant 10 ans. Ce contrat peut également contenir une clause de garantie totale du matériel sur la même durée ».
Pour Luc Lary, Sebico, il est important pour le particulier de comparer les produits en observant la périodicité d’évacuation annoncée par le fabricant associée au volume utile réservé au stockage des boues. « La dimension stockage est donc essentielle, mais le process mis en œuvre ne doit pas être négligé. Tout dispositif d’assainissement est conçu en fonction d'un objectif », rappelle Luc Lary. « L’objectif affiché avec Biokube®, c’est d’une part une sécurité au niveau du fonctionnement et d’autre part un coût de maintenance le plus bas possible. Nous avons donc retenu un prétraitement – stockage des boues d’un volume de 3 m³ pour une station de 5 EH et inclus dans le process un recyclage des boues secondaires avec les boues primaires ce qui minore la production de boues grâce à la digestion anaérobie et réduit d’autant la fréquence des vidanges ».
En l'absence de tout référentiel commun, un examen attentif des données affichées par les constructeurs s’impose donc. « Un référentiel comportant des lignes directrices et des repères qui seraient les prémices à une règle générale permettrait de clarifier la situation et bénéficierait à tout le monde » estime de son côté Jean-Pierre Dautais, Premier Tech Aqua Purflo. « Il faut accompagner la réglementation et la rendre la plus efficace possible. Un référentiel dans ce domaine y contribuerait car une réglementation n'est efficace que si elle est comprise et que si on donne au propriétaire qui se trouve au centre de tous les dispositifs les moyens, en terme d’information, de l'appliquer correctement ».